Chereads / Invocateur de Pandemonium / Chapter 4 - Chapitre 4 : Trouble et Entraide

Chapter 4 - Chapitre 4 : Trouble et Entraide

Je jette un coup d'œil dehors et remarque que le ciel est encore sombre, une pénombre qui ne m'étonne pas, vu la rapidité avec laquelle je suis revenu de mon aventure dans Pandemonium. Pourtant, cette obscurité familière n'a rien de rassurant ce soir.

Soudain, un cri déchirant perce le silence. "Qu'est-ce que vous faites ! Laissez les enfants tranquilles !" hurle le Père Joseph. Mon cœur se serre instantanément. Sans réfléchir, je me précipite vers ma fenêtre, activant le mécanisme lumineux qui projette une lueur à l'extérieur . Mes araignées, toujours à mes côtés, escaladent les murs et le plafond, veillant à rester hors de vue.

En jetant un regard par la fenêtre, une scène horrible se déroule sous mes yeux. Trois hommes, leurs corps couverts de tatouages sombres et menaçants, entourent le Père Joseph. Malgré ses 72 ans, il tient tête courageusement à ces intrus, ses yeux brûlant de détermination. Sa posture, bien que courbée par l'âge, reste fière, et son regard ne vacille pas face à la menace.

Derrière lui, je vois mes petits frères et sœurs, trois filles et deux garçons, âgés entre 5 et 13 ans. Ils sont recroquevillés dans l'ombre, tremblants de peur. Leurs visages sont pâles, les yeux grands ouverts, reflétant l'horreur de la situation. La plus jeune, à peine cinq ans, serre une vieille peluche contre elle, cherchant un réconfort illusoire dans ce cauchemar éveillé.

L'un des hommes, le plus grand et visiblement le chef, ricane en s'approchant du Père Joseph. "Tu n'as pas pu payer les frais, mon vieux, alors on va prendre des marmots en compensation," dit-il, un sourire cruel déformant ses lèvres.

"Quels frais, bande d'incapables ! Vous n'êtes que des sangsues, incapables de faire quoi que ce soit de vos dix doigts, hormis voler les plus faibles que vous," rétorque Joseph, sa voix vibrante de colère et de mépris. "Si vous en aviez les capacités, vous iriez dans Pandemonium pour faire fortune, au lieu de racketter les gens ici."

Sa bravoure, bien que touchante, ne fait qu'attiser la colère des hommes. L'un d'eux, plus trapu mais tout aussi menaçant, s'avance et pousse brutalement Joseph au sol. Le vieil homme tombe lourdement, et un frisson de terreur me parcourt l'échine. Les enfants derrière lui étouffent un cri, leurs petites mains se serrant les unes contre les autres, comme pour se protéger de l'horreur qui se rapproche.

Je me précipite à l'extérieur, le cœur battant à tout rompre, et la scène qui se déroule devant moi me fait bouillir de rage. L'un des truands, un homme au regard cruel, attrape la petite Marie, âgée de seulement cinq ans. Ses pleurs déchirants résonnent dans la nuit, et je vois Joseph maintenu au sol par le pied du plus costaud des trois hommes, incapable de se défendre. Une vague de colère m'envahit, et je sens mon corps agir avant même que mon esprit n'ait le temps de réfléchir.

Sans hésiter, je fonce vers l'homme qui tient Marie et, profitant de l'effet de surprise, je lui assène un coup de pied d'une violence inouïe, directement dans l'entrejambe. Le choc est tel que je sens mon pied s'enfoncer, et l'homme pousse un hurlement terrifiant qui déchire le silence de la nuit. "AAAAAHHHHHRRR!" Son cri est une explosion de douleur pure. Ses mains lâchent immédiatement Marie, qui tombe en arrière, pleurant de plus belle. J'attrape la petite fille dans mes bras et la serre contre moi, son corps tremblant de peur. L'homme, quant à lui, s'effondre au sol, ses yeux roulant en arrière, de la mousse s'échappant de sa bouche alors qu'il se tord de douleur.

Mes yeux, auparavant pleins de panique, se remplissent maintenant de détermination. "Touche à ma famille et tu le regretteras," dis-je, ma voix ferme, me plaçant devant mes petits frères et sœurs, les protégeant du danger.

L'homme qui piétinait Joseph me regarde avec un ricanement méprisant. "Et c'est toi qui vas nous arrêter, gamin ?" Sa voix dégouline de sarcasme tandis que son complice commence à s'avancer vers moi, son expression menaçante, prêt à en finir.

Mais avant qu'il ne puisse atteindre le moindre geste, une voix résonne depuis l'obscurité. "Non, c'est nous." Les deux truands encore debout se retournent brusquement, leur assurance vacillant. De l'obscurité émerge une vingtaine d'hommes, entre 20 et 40 ans, armés de couteaux et de barres de fer. Leurs visages sont sombres, déterminés, et leur présence impose un silence soudain, lourd de menace.

Le plus grand des truands tente de reprendre son autorité. "Ça ne vous concerne pas, alors dégagez," lance-t-il avec une bravade qui sonne creux.

Un des hommes du groupe, un colosse à la carrure imposante, s'avance sans un mot. D'un geste rapide et brutal, il lui assène un énorme revers de la main. Le coup est si puissant que le truand est projeté à plusieurs mètres, s'écrasant loin de Joseph. Le vieil homme, allongé sur le sol, lève les yeux avec difficulté.

L'homme qui a frappé s'agenouille près de Joseph, une inquiétude sincère dans la voix. "Père, ça va ?" demande-t-il en l'aidant à se relever, ses gestes aussi doux qu'ils étaient violents envers l'agresseur.

Joseph, bien que secoué, hoche la tête faiblement. "Ça ira, Terry," murmure-t-il, sa voix tremblante mais reconnaissante.

Terry se tourne ensuite vers deux autres hommes du groupe. "José, emmenez Père et les enfants à l'intérieur. Nous, on va s'occuper de ces ordures," dit-il, une froide détermination dans le regard.

Avant de partir, Terry me regarde avec un sourire approbateur, levant le pouce en signe de reconnaissance. "Bravo, Jordna. Heureusement que tu nous as avertis," déclare-t-il, son regard brièvement rempli de fierté avant de se retourner vers le truand encore au sol, grognant de douleur.

Les hommes, formant un cercle autour des deux derniers truands, avancent lentement, leurs silhouettes se découpant en ombres menaçantes sous la lumière vacillante des réverbères. Leur détermination à protéger l'orphelinat est palpable, et je sens un mélange de soulagement et de tristesse m'envahir. Tous ces hommes sont mes grands frères, des orphelins que Père Joseph a recueillis et élevés comme ses propres enfants. Ils ont choisi de rester près de l'orphelinat pour aider Joseph et les plus jeunes, comme il les a aidés lorsqu'ils étaient petits et démunis.

Je serre Marie contre moi, son petit corps tremblant encore de peur. Ses pleurs se calment peu à peu, et je décide de l'éloigner de ce qui pourrait devenir un spectacle sanglant. En la berçant doucement, je la ramène à l'intérieur, essayant de la rassurer. Elle s'endort dans mes bras, les traces de larmes encore visibles sur son visage angélique, marquant l'innocence qu'elle n'aurait jamais dû perdre.

À l'intérieur, l'atmosphère est lourde. José, l'un des fils adultes que Père Joseph a élevés, aide doucement le vieil homme à s'asseoir sur son fauteuil préféré. Mais je remarque immédiatement que quelque chose ne va pas. La respiration de Joseph est irrégulière, chaque inspiration plus laborieuse que la précédente. Son visage, habituellement si plein de vie, est d'une pâleur alarmante.

"Père, viens avec moi à l'hôpital, tu n'as pas l'air bien," dit José, l'inquiétude perçant dans sa voix. Son ton est pressant, presque désespéré.

"L'hôpital est trop cher," murmure Joseph, sa voix à peine audible. "Je sais que même sans cet incident, je n'ai plus beaucoup de temps." Il marque une pause, puis dans un souffle, il demande : "Bob est toujours sans emploi ?"

Voir l'homme qui m'a élevé dans cet état me brise le cœur. Je ressens une douleur sourde, profonde, mais je me refuse à pleurer. Je sais que je dois être fort pour les plus petits, qui se sont rassemblés autour de Joseph, leurs yeux remplis d'inquiétude, cherchant des réponses dans le silence pesant de la pièce.

"Oui, père. Je vais l'appeler immédiatement," répond José avant de courir à l'extérieur, ses pas rapides résonnant comme un écho douloureux. Je remarque, avec une douleur supplémentaire, ce qui semble être des larmes coulant de ses yeux. Même José, qui a toujours été si fort, ne peut retenir ses émotions.

Le silence qui suit est oppressant. Je m'avance et confie la petite Marie à mon petit frère Yanis, qui a eu 13 ans cette année. Il la prend doucement, ses mains tremblant légèrement, mais il garde son calme. Ensuite, je m'approche du père Joseph, m'agenouillant à ses côtés.

"Mon petit Jordna," murmure le vieil homme, sa voix fragile mais empreinte de chaleur, "as-tu eu de la chance à Pandemonium ?"

"Oui, père. Je suis devenu mage," dis-je doucement, saisissant sa main pour lui transmettre un peu de réconfort, tout en évitant de le perturber inutilement.

Un faible sourire éclaire son visage marqué par les années. "Magnifique… j'espère que tu gagneras assez d'argent pour aider tes frères et sœurs. Pas seulement ceux qui sont ici, mais tous ceux qui sont à l'extérieur… et les prochains également," me dit-il, sa voix s'affaiblissant à mesure que ses mots deviennent plus doux. Sa main, autrefois si forte, commence à se relâcher dans la mienne.

"Je le promets, père," dis-je, ma voix brisée par l'émotion, les larmes commençant à couler librement de mes yeux. Je sens sa prise faiblir jusqu'à devenir presque inexistante.

Des pas précipités résonnent derrière moi, les autres fils de Joseph arrivant en courant, alarmés par la situation. Bob, grand et imposant, s'approche en premier, mais ses épaules s'affaissent en voyant l'état de son père. "Père, tiens bon, s'il te plaît," murmure-t-il, sa voix tremblant de détresse. Ses yeux, habituellement durs, brillent de larmes non versées.

Mais c'est trop tard. Le père Joseph ferme doucement les yeux, un sourire paisible sur les lèvres, tandis que sa main se relâche complètement dans la mienne. Le silence qui suit est déchirant, aussi lourd que le poids de la perte que nous venons de subir.

Bob tombe à genoux, la douleur le submergeant. "Non… père…" gémit-il, les larmes qu'il retenait coulant enfin. Les autres fils se rassemblent autour de lui, leurs visages tordus par le chagrin. Certains tentent de se montrer forts, serrant les poings ou se mordant les lèvres, mais le chagrin est trop grand. Ils pleurent, non seulement la perte de leur père adoptif, mais aussi celle de l'homme qui les a sauvés, qui les a aimés inconditionnellement.

Je reste là, à genoux à côté de Joseph, sa main toujours dans la mienne. Le monde autour de moi semble s'effondrer, mais je sais que je dois tenir bon. Pour lui. Pour les petits. Pour tous ceux qui comptent sur moi. Le père Joseph est parti, mais son héritage, ses leçons, et son amour demeurent en chacun de nous. Et je jure, sur sa mémoire, de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour honorer cette promesse.

Alors que tout le monde était encore à l'intérieur, je suis sorti discrètement, répondant à l'appel silencieux de Léa via notre lien mental. Elle m'avait contacté, et en la rejoignant, je découvre la scène qu'elle a orchestrée. Utilisant sa compétence Ponte à de nombreuses reprises, elle a fait apparaître 14 petites araignées ouvrières, qui ont rapidement recouvert les trois truands inconscients de toiles, les enveloppant dans des cocons serrés. Leurs corps ensanglantés, autrefois menaçants, sont désormais prisonniers des toiles épaisses, incapables de bouger.

Léa, avec sa grâce habituelle, active ensuite Privilège Royal. Je la regarde, fasciné et légèrement terrifié, alors que les cocons rétrécissent lentement, se réduisant à de minuscules billes blanches. Ces trois raclures de la terre disparaissent alors, dévorées par mon familier, leur existence effacée sans laisser de trace.

Je ressens aussitôt le changement. La constitution de Léa augmente de +6, et grâce à Symbiose, ce renfort me parvient également. Une vague de force nouvelle parcourt mon corps. Intrigué, je vérifie discrètement mon inventaire et y découvre trois emblèmes : deux arborant un poignard, et un portant une épée. En cliquant dessus, je fais apparaître leur description.

Emblème de Voleur : donne la compétence innée de celui qui l'a lâché.Emblème du Guerrier : donne la compétence innée de celui qui l'a lâché.

Je me retiens d'utiliser immédiatement ces objets. "J'attendrai d'interroger Steeve pour savoir s'il y a des limites ou d'autres règles avant d'utiliser ça," pensai-je, avant de rappeler Léa et ses ouvrières. Elles se glissent silencieusement vers ma chambre, disparaissant dans l'ombre.

À l'intérieur, le deuil commence à s'organiser. Bob, prenant la place de Joseph comme nouveau père de l'orphelinat, a rassemblé Terry, José et les autres pour préparer les obsèques. L'ambiance est lourde, la peine palpable. Le Père Joseph, l'homme qui avait pris soin de nous tous, allait être enterré dans le petit cimetière à l'arrière de l'orphelinat, aux côtés des anciens pères et des enfants qui n'avaient pas survécu.

Le jour de l'enterrement, le ciel est gris, menaçant de pleurer avec nous. Tous les enfants se sont rassemblés, les plus jeunes pleurant silencieusement, serrés les uns contre les autres, cherchant du réconfort dans la chaleur de leur proximité. Je me tiens parmi eux, les prenant tous dans un immense câlin de groupe, tentant de leur offrir un peu de réconfort dans cette épreuve. Leurs petites mains agrippent mes vêtements, leurs larmes mouillant mes épaules alors qu'ils sanglotent, dévastés par la perte de celui qu'ils appelaient père.

Autour de nous, les fils et filles plus âgés de Joseph sont revenus pour rendre un dernier hommage. Certains que je n'avais pas vus depuis des années. Leurs visages, marqués par la vie, sont ravagés par le chagrin. Certains pleurent en silence, d'autres laissent échapper des sanglots étouffés. Terry et José, si forts d'habitude, essuient des larmes qui coulent sans relâche sur leurs joues. Bob, malgré son rôle de nouveau père, a les épaules tremblantes, incapable de contenir toute l'émotion qu'il ressent. Il tente de rester droit, mais je vois dans ses yeux la même douleur qui m'étreint.

L'enterrement est simple, mais empreint d'une dignité solennelle. La terre qui recouvre le cercueil semble trop lourde, comme si elle portait avec elle tout le poids de notre chagrin collectif. Les prières sont murmurées, entrecoupées par les pleurs des enfants et des adultes qui se sont serrés autour de la tombe. Le silence, lorsqu'il s'installe, est écrasant, nous laissant seuls face à la perte de cet homme qui nous a tous façonnés, élevés, et aimés comme ses propres enfants.

Je serre plus fort les enfants contre moi, leur promettant silencieusement de veiller sur eux, comme Joseph l'a toujours fait pour nous. Le vent souffle doucement, emportant nos larmes et nos murmures dans l'air froid. Et tandis que le Père Joseph repose enfin en paix, nous savons tous que sa mémoire vivra en chacun de nous, dans chaque geste de bonté, chaque mot de sagesse qu'il nous a transmis.

(Nda : chapitre émotion, j'avoue que j'ai eu du mal a l'écrire car mes yeux pleurais tout seul en imaginant la scéne, je rends hommage a ceux qui veille sur nous )