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Chapter 5 - Chapitre 5 : Espoir

Après l'enterrement, je m'approche de Terry, mes pieds foulant doucement le sol humide. Je tire légèrement sur sa veste, un geste familier que je faisais souvent quand j'étais petit. Père Joseph aimait à dire que je ne lâchais jamais Terry d'une semelle, et même maintenant, alors que les années ont passé, mon grand frère n'a que 24 ans. Mais pour moi, il reste ce géant protecteur, celui qui a toujours été là pour me guider.

Mon geste semble le tirer de sa morosité. Il baisse les yeux vers moi, une lueur de surprise mêlée de tendresse traversant son regard. Sans un mot, je lui fais signe que j'ai besoin de lui parler. Il se penche légèrement pour mieux m'entendre, sa grande main se posant affectueusement sur mon épaule.

"Grand frère Terry, tu peux m'emmener à la Banque Arc-en-Ciel ? Je dois créer un compte maintenant que je peux entrer dans Pandemonium," dis-je, ma voix un peu hésitante, mais déterminée.

Un sourire se dessine sur ses lèvres, chassant un instant la tristesse de ses traits. "Bien sûr, crevette. Suis-moi," répond-il en ricanant, son ton moqueur empreint d'affection. Il tend sa grande main vers moi, me décoiffant en plaisantant, comme il le faisait toujours. Je me frotte la tête en riant doucement, rassuré par cette familiarité.

Avant de partir, je ferme brièvement les yeux, communiquant avec Léa à travers notre lien mental. "Léa, reste ici et veille à ce que toutes les autres araignées ne se fassent pas repérer. On ne sait jamais."

Léa me répond par un sentiment de compréhension et d'accord, un message clair et rassurant qui traverse notre lien. Je ressens une vague de calme en retour, son esprit m'assurant qu'elle sera vigilante. Heureusement, les petites araignées n'ont pas besoin de nourriture, et Léa, après avoir dévoré les trois truands, est rassasiée pour un bon moment.

Terry m'attend déjà, un sourire en coin sur le visage. Je le rejoins, glissant ma main dans la sienne comme autrefois, quand je n'étais encore qu'un petit garçon suivant mon grand frère partout. Ensemble, nous quittons l'orphelinat, marchant côte à côte, prêts à affronter les nouvelles responsabilités qui m'attendent.

Nous traversons rapidement le bidonville, un lieu où la majorité de ceux que Père Joseph a aidés ont trouvé refuge. Ici, les maisons sont modestes, souvent faites de matériaux de récupération, mais c'est un endroit où règne une certaine sécurité. Les habitants se soutiennent mutuellement, et hormis les trois truands désormais disparus, personne n'ose vraiment causer des problèmes. Le risque n'en vaut tout simplement pas la peine.

Terry et moi avançons en silence, nos pas résonnant sur les ruelles pavées, chacun de nous plongé dans ses pensées. Nous arrivons enfin devant la Banque Arc-en-Ciel, une chaîne bancaire destinée aux pauvres, mais qui n'en est pas moins sécurisée. Le conglomérat financier qui la gère a mis en place des normes strictes pour empêcher toute fuite d'information. Des incidents survenus par le passé, où des informations avaient été divulguées, avaient causé des problèmes à certains clients pauvres. En retour, ces derniers avaient cessé d'amener des cristaux magiques, provoquant une panique au sein du conglomérat.

Depuis, les responsables de ces crimes, ainsi que leurs familles, avaient été réduits à la faillite, contraints de vivre aux côtés de ceux qu'ils avaient autrefois intimidés. Pour éviter que de tels incidents ne se reproduisent, le conglomérat a instauré un système où chaque compte et chaque transaction sont entièrement anonymes. Seule la rentabilité compte désormais pour eux.

Nous franchissons les portes de la banque, et Terry me guide vers le guichet avant de s'éloigner légèrement pour me laisser gérer mes affaires. Avant de partir, il pose une main sur mon épaule et me regarde avec une expression sérieuse, presque paternelle. "Jordna, tu sais que Bob va reprendre l'orphelinat, mais il va avoir besoin d'aide. Tu es le plus jeune à pouvoir entrer dans Pandemonium maintenant. Ce serait bien que tu l'aides à gérer les enfants, surtout avec tout ce qui se passe."

Je hoche la tête, touché par sa confiance en moi. "Je ferai de mon mieux, Terry. Je sais combien Père Joseph comptait sur nous tous pour continuer son travail. Je ne laisserai pas Bob porter tout ce poids seul."

Il sourit doucement, satisfait de ma réponse. "Je savais que tu comprendrais. Tu as toujours été plus mature que ton âge, Jordna. Nous avons tous grandi avec Père Joseph, mais toi… tu as ce quelque chose en plus. Fais juste attention à toi, d'accord ? Pandemonium n'est pas un endroit pour les faibles."

Je sens la gravité de ses paroles et je lui serre la main en signe de promesse. "Je ferai attention. Merci, Terry."

Il me tapote l'épaule avant de s'éloigner pour me laisser seul. Je me dirige alors vers le guichet, où une hôtesse robotique m'attend. Sa voix métallique mais douce m'invite à la suivre dans une pièce à côté du comptoir.

"En quoi puis-je vous aider, citoyen Jordna ?" demande-t-elle d'un ton poli et professionnel.

"J'aimerais créer un compte à mon nom et échanger deux cristaux magiques," dis-je en sortant deux cristaux que j'avais déjà préparés hors de mon inventaire.

"Demande accordée. Création d'un compte assigné validée," répond l'hôtesse avant de prendre les cristaux et de les poser sur la table. "Cristaux magiques extraits de créatures rang basse * 2, valeur 2000 crédits. Souhaitez-vous procéder à la vente ?"

"Oui, et donne-moi une puce de paiement," répondis-je, tendant mon bras sans hésitation.

Un petit robot récupère les cristaux, tandis qu'un bras robotique descend du plafond pour m'injecter la puce de paiement. La procédure est rapide et indolore, mais je sens le poids des responsabilités s'alourdir sur mes épaules.

2000 crédit son équivalent a nos consommations de nourriture pour un an a tous a l'orphelinat, le problème, c'est que les cristaux magique sorte rarement lors du démantèlement d'une proie et que la chance y joue énormément. 

"Déduction de 5 crédits, mise en place du protocole de sécurité pour l'apport de cristaux magiques. Vous êtes dorénavant sous protection par deux gardes robotiques T1 pour un an. Si vous fournissez au moins 12 cristaux magiques sur cette période, vous conserverez ce degré de protection pour une autre année," déclara l'hôtesse de sa voix robotique monotone.

À ces mots, une entrée s'ouvre dans le mur, laissant passer deux gardes robotiques. Leurs silhouettes imposantes et métalliques, hautes de près de deux mètres, émettent un léger bourdonnement mécanique. Leurs yeux brillent d'une lumière bleue froide, et leurs corps sont équipés d'armes intégrées, visibles sous leurs armures d'acier poli.

"Est-il possible de passer par ces gardes pour la vente de cristaux ?" demandai-je, souhaitant savoir si je devrais revenir en personne ou si des transactions à distance étaient possibles.

L'un des gardes robotiques, à ma surprise, prend la parole à la place de l'hôtesse. "Nous avons la possibilité de demander un convoi de différentes tailles en fonction de la quantité de cristaux que vous souhaitez échanger," déclara-t-il d'une voix métallique, mais avec une netteté et une clarté qui me rassurent.

"D'accord, on va rentrer chez moi, et je vous laisserai évaluer le convoi nécessaire pour l'envoi des cristaux que j'ai," répondis-je, satisfait de cette flexibilité. Les deux gardes acquiescent simplement, leur comportement rigide mais efficace.

Alors que je sors de la pièce, flanqué de mes deux nouveaux protecteurs robotiques, je remarque Terry se lever brusquement, les yeux écarquillés de surprise. Il semble abasourdi par la présence des gardes.

"Heu, surprise, en fait, j'ai obtenu des cristaux et je les ai vendus," chuchotai-je à son oreille, un sourire malicieux sur les lèvres.

Terry me regarde, d'abord choqué, puis un sourire éclaire son visage. "Petit filou," dit-il en riant, sa main se posant de nouveau sur ma tête pour me décoiffer affectueusement. Heureusement, l'IA des gardes est suffisamment avancée pour comprendre la différence entre une menace et un geste fraternel. Sinon, j'aurais eu peur qu'ils réagissent mal si un des enfants du bidonville venait jouer avec moi.

"Rentrons," dit Terry en secouant la tête, encore amusé, tandis que je le suis de près, les deux gardes robotiques encadrant nos pas.

Lorsque nous traversons le bidonville, les réactions des habitants sont immédiates. Les gens s'arrêtent de travailler, de discuter ou de vaquer à leurs occupations pour nous regarder passer. Leurs yeux s'écarquillent en voyant les gardes robotiques, une telle protection étant un luxe rare dans ce quartier pauvre. Des murmures commencent à circuler, certains parlant de moi en tant que "l'enfant du Père Joseph" qui a réussi à obtenir une telle protection.

Certains des plus jeunes enfants, fascinés par les robots, courent à côté de nous, leurs yeux brillants de curiosité. Mais ils sont rapidement rappelés à l'ordre par leurs parents, craignant que les gardes ne réagissent mal. Je fais de mon mieux pour leur sourire, essayant de leur montrer que tout va bien.

Lorsque nous arrivons à l'orphelinat, la réaction est immédiate. Les enfants du Père Joseph accourent, leurs visages illuminés de sourires en voyant Terry et moi rentrer. La petite Marie, ses cheveux en désordre, se détache du groupe et court vers moi de toutes ses petites jambes. Elle saute dans mes bras avec un élan qui me fait presque perdre l'équilibre. Ses bras serrent mon cou avec une force surprenante pour une enfant de son âge.

"Jordna ! Tu es revenu !" s'exclame-t-elle, son visage rayonnant de bonheur, oubliant la douleur de la veille.

Je ris doucement, la tenant fermement contre moi. "Oui, Marie, je suis là."

Terry observe la scène, un sourire nostalgique sur le visage. "Ça me rappelle quelqu'un," dit-il doucement en me regardant, son regard se perdant dans des souvenirs. "Quand tu étais petit, tu faisais exactement la même chose avec Père Joseph. Toujours le premier à lui sauter dans les bras."

Je le regarde, touché par ses paroles, et serre un peu plus Marie contre moi, ressentant une profonde gratitude pour ces moments partagés. Les autres enfants s'approchent aussi, chacun cherchant à attirer mon attention ou à s'assurer que je vais bien.

Les gardes robotiques restent en arrière, silencieux, comme des sentinelles vigilantes, ne perturbant pas cet instant de retrouvailles. Terry les observe un moment avant de sourire. "Tu as bien grandi, Jordna. Je suis fier de toi. Mais rappelle-toi, avec cette responsabilité vient le devoir de protéger ta famille. Les enfants ont besoin de toi."

Je hoche la tête, sentant le poids de ses mots. "Je sais, Terry. Je ferai de mon mieux, pour eux, pour toi, et pour honorer la mémoire de Père Joseph."

Je me dirige vers l'un des deux gardes robotiques, sa silhouette imposante se détachant dans l'ombre de la cour. "Suis-moi," dis-je d'un ton ferme, et le robot obéit sans hésitation, me suivant d'un pas mécanique et régulier. Nous avançons vers la remise, un bâtiment assez grand pour abriter des outils, du matériel et maintenant, ce qui reste de mes cristaux magiques. La porte est suffisamment large pour permettre au garde de passer sans difficulté, et je le fais attendre à l'entrée un instant, le temps de préparer l'intérieur.

Je pénètre dans la remise et commence à sortir les cristaux de mon inventaire, les uns après les autres. Leur éclat mystérieux illumine la pièce, projetant des reflets colorés sur les murs. Une fois les 51 cristaux alignés sur le sol, je me tourne vers le robot. "Tu peux entrer," lui dis-je, observant avec une certaine appréhension sa réaction.

Le garde robotique avance lentement, ses capteurs analysant chaque recoin de la remise, à la recherche de la moindre menace potentielle. Je suis soulagé de ne pas l'avoir amené dans ma chambre lorsqu'il détecte un rat et le neutralise instantanément avec une balle silencieuse. L'action est rapide et efficace, le rat s'écroulant sans un bruit, une preuve de la précision froide et calculée de la machine.

"Regarde ces cristaux et demande un convoi correspondant," ordonné-je, ma voix se voulant assurée. Le robot obéit immédiatement, posant un genou au sol, et un scanner sortant de sa main commence à passer en revue les cristaux. Le faisceau de lumière traverse chaque pierre, analysant leur composition et leur valeur.

"Analyse terminée," annonce-t-il. "48 cristaux magiques extraits de créatures rang basse et 3 cristaux magiques extraits de créatures rang commun. Valeur : 78 000 crédits. Demande d'un convoi de catégorie 3 et d'un ajustement de la protection. Souhaitez-vous valider ?"

Je réfléchis un instant avant de répondre. "Confirme, mais peux-tu me donner des détails sur le convoi et l'augmentation de protection ?" Ma curiosité est piquée par l'idée d'un tel développement, et une certaine confusion s'installe en moi.

"Le convoi sera composé de 25 gardes robotiques T1 comme moi," commence-t-il à expliquer, sa voix monotone ne reflétant aucun des enjeux de ce qu'il dit, "avec une escouade de drones aériens en soutien. La mise à jour de protection fournira 4 gardes supplémentaires à l'hôte et le service de livraison de la Banque Arc-en-Ciel prendra en charge toutes les demandes matérielles, ce qui évitera l'intrusion de personnes non autorisées chez vous, à l'exception de votre famille."

Je reste silencieux un moment, assimilant la portée de ces mesures. L'idée d'avoir autant de sécurité autour de l'orphelinat me paraît à la fois rassurante et potentiellement troublante. "Peux-tu procéder à l'échange plus discrètement ?" demandai-je, préoccupé par le chaos que pourrait provoquer l'arrivée d'un convoi aussi imposant dans notre quartier.

Le robot réfléchit un instant avant de répondre : "Monsieur Jordna peut monter sur mon dos pendant que je stocke les cristaux dans mon compartiment intérieur. Cela évitera la mobilisation du convoi, même si cela contrevient aux protocoles. Cependant, vous avez le dernier mot, puisque la décision de vendre ou non vous appartient."

Un plan simple, direct, et surtout discret. "D'accord, retournons à la banque," dis-je en acceptant son offre. Le robot s'abaisse légèrement pour me permettre de monter sur son dos. À ma surprise, la surface où je m'installe est rembourrée, offrant un certain confort malgré la nature mécanique de la machine.

Le trajet jusqu'à la banque se déroule rapidement et sans encombre. Une fois sur place, le processus de vente est tout aussi efficace. Le robot stocke les cristaux dans son compartiment interne et les transfère sans attirer l'attention, me permettant de réaliser l'échange en toute discrétion.

De retour à l'orphelinat, je fais une entrée un peu particulière, flanqué de cinq gardes robotiques, dont celui que je chevauche toujours. Les enfants, habitués à des surprises bien moins impressionnantes, restent bouche bée en me voyant arriver ainsi escorté.

Les autres enfants commencent à s'approcher également, curieux et fascinés par les gardes robotiques qui se tiennent immobiles comme des statues, prêts à protéger.

J'ai acheté notre terrain et les maisons de mes frères et sœurs aînés autour de l'orphelinat et un grand terrain à l'arrière de la montagne pour 20 000 crédit et j'ai payé 10 000 crédit pour la construction d'un logement communautaire pour qu'on puisse vivre tous ensemble pour ceux qui le souhaite.

Par précaution, j'ai indiqué à chaque robot de ne pas tiré sur Léa en la présentant comme faisant partie de ma famille et il l'on ajouté à leur liste.