Les jours suivant l'éveil d'Aegon furent marqués par une effervescence inhabituelle au sein de son domaine. Les serviteurs et les gardes ressentaient tous un changement dans l'air, une tension subtile qui ne faisait qu'accentuer leur respect pour leur seigneur. Aegon, de son côté, continuait à s'entraîner sans relâche, explorant les limites de ses nouvelles capacités tout en préparant minutieusement son prochain mouvement.
Le domaine de Pendragon était un endroit prospère, mais Aegon savait qu'il ne pouvait pas se contenter de cette prospérité relative. Les visions qu'il avait reçues dans les ruines des Anciens lui avaient montré un avenir sombre, un avenir qu'il devait empêcher à tout prix. Il comprenait que pour faire face aux menaces à venir, il devait renforcer non seulement son propre pouvoir, mais aussi celui de ses sujets et de ses alliés.
Un matin, alors qu'il méditait dans les jardins, Aegon reçut une visite inattendue. Un messager vêtu d'une armure légère portant les couleurs d'un royaume voisin se présenta devant lui, visiblement épuisé par un long voyage. Aegon, remarquant l'urgence dans le regard du messager, lui fit signe de parler.
"Seigneur Aegon Pendragon," commença le messager en s'inclinant respectueusement, "je viens de la part du roi Alaric de Norwen. Mon seigneur demande votre aide, car notre royaume est assiégé par des forces que nous ne comprenons pas."
Aegon fronça les sourcils, sentant immédiatement le lien entre cette situation et les visions qu'il avait eues. "Quel genre de forces ?" demanda-t-il d'une voix calme, mais perçante.
"Ce sont des créatures venues des montagnes du Nord, des monstres que nous pensions n'être que des légendes. Ils sont nombreux, féroces, et semblent guidés par une puissance obscure. Nos défenses ne tiennent plus, et le roi Alaric craint pour la survie de son peuple."
Aegon se leva lentement, sentant le poids de la décision qui l'attendait. Il savait que se rendre à Norwen n'était pas sans risques, mais il ne pouvait ignorer un appel à l'aide, surtout s'il s'agissait d'une menace liée à celle qu'il avait entrevue. Le destin semblait le guider vers cet affrontement.
"Dis à ton roi que je répondrai à son appel," déclara Aegon après un moment de réflexion. "Je viendrai à Norwen avec mes hommes, et nous affronterons ensemble cette menace."
Le messager s'inclina profondément, reconnaissant. "Votre aide est grandement appréciée, Seigneur Pendragon. Que les dieux vous accompagnent dans ce voyage."
Alors que le messager quittait le domaine pour porter la réponse d'Aegon au roi Alaric, Aegon convoqua immédiatement ses conseillers et ses capitaines. Il leur exposa la situation et leur fit part de sa décision de se rendre à Norwen. Les visages autour de la table étaient graves, mais chacun savait que leur seigneur avait pris la bonne décision.
"Nous partirons à l'aube," déclara Aegon. "Préparez nos troupes. Nous ne savons pas exactement à quoi nous attendre, mais nous devons être prêts à tout."
Les préparatifs se déroulèrent rapidement. Les soldats d'Aegon, bien entraînés et loyaux, s'équipèrent de leurs armures et de leurs armes, prêts à suivre leur seigneur où qu'il aille. Les bannières noires ornées du dragon à trois têtes flottèrent bientôt au vent, symboles de la puissance et de la détermination de la famille Pendragon.
Avant de partir, Aegon rendit une dernière visite à maître Kuro. Le vieil homme, assis dans une position de méditation, ouvrit les yeux en voyant son élève s'approcher. "Tu es prêt pour cette nouvelle épreuve ?" demanda-t-il calmement.
"Je le suis, maître," répondit Aegon avec conviction. "Mais je ne peux m'empêcher de ressentir que ce n'est que le début."
Kuro hocha la tête. "Le chemin d'un seigneur est pavé d'épreuves et de défis. Ce que tu affrontes aujourd'hui n'est qu'une des nombreuses batailles à venir. Rappelle-toi de ce que tu as appris et garde ton esprit clair. Tu porteras non seulement ta vie, mais aussi celle de ceux qui te suivent."
"Je n'oublierai pas vos enseignements," répondit Aegon avant de s'incliner profondément devant son maître.
À l'aube, Aegon monta sur son cheval, un magnifique étalon noir qu'il avait nommé Nyx. À ses côtés, ses capitaines et ses meilleurs guerriers prirent position, prêts à suivre leur seigneur dans l'inconnu. Alors que le soleil commençait à poindre à l'horizon, les portes du domaine Pendragon s'ouvrirent et l'armée se mit en marche vers le royaume de Norwen.
Le voyage fut long et ardu, mais Aegon restait concentré. Il savait que ce qu'il allait découvrir à Norwen pourrait bien être lié aux ombres qui hantaient ses visions. Mais il n'était plus seul. À ses côtés se tenaient des hommes et des femmes prêts à se battre pour lui, pour sa famille, et pour l'avenir de leur monde.
Alors qu'ils approchaient des frontières de Norwen, Aegon sentit une étrange sensation de déjà-vu. Comme si tout ce qu'il avait vécu jusqu'à présent n'était qu'un prélude à ce qui allait se produire. Une petite voix intérieure, celle du dragon qu'il avait éveillé en lui, semblait murmurer des avertissements, lui rappelant qu'il devait rester vigilant.
Car le véritable affrontement, celui qui déterminerait le destin de son royaume et de sa dynastie, ne faisait que commencer.