Point de vue de Nia Moore
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"Je suis désolée, Cid. T'épouser était une erreur. Je dois partir avec Nia pour chercher le pardon de ma mère et de notre famille. Tu ne pourras pas t'occuper d'elle. Nia ne devrait pas avoir à grandir dans la basse classe. Ce serait une honte pour notre famille."
"Ça, tu n'en sais rien, Sonia ! Pourquoi décides-tu du destin de notre fille ? Je gagne suffisamment pour subvenir à nos besoins ! Le luxe est-il si important pour toi au point de nous diviser ?"
"J'ai déjà pris ma décision, Cid. Je suis désolée."
Mes souvenirs d'enfance refaisaient surface tandis que je tombais dans le vide. Ma vie n'avait été qu'une succession de luttes… et d'échecs.
..."Ton père était un homme bon. Son pouvoir vit en toi. Accepte tout ce que tu es."...
"Tu dois survivre. Le monde a besoin de personnes comme toi."...
…"Tu t'en sortiras… tu t'en es toujours sortie."...
Les derniers mots de ma grand-mère résonnèrent dans ma tête. Elle croyait en moi, la seule à veiller sur moi, avant qu'Areyos, Kaiser et Yoko n'entrent dans ma vie. Je dois vivre… pour eux, pour grand-mère. Je m'en suis toujours sortie, et je m'en sortirai encore.
Point de vue de Marlow Moore
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"Enfin, les dernières souillures des Moore sont effacées," dis-je, satisfait.
"Faites disparaître le corps de la vieille."
"Bien, Monsieur," répondirent mes gardes en s'activant. J'activai ma chevalière magique pour appeler Valem, mon major d'homme. "Où en es-tu avec le cadavre de ma sœur ?"
"Déjà dans le fumier, Monsieur."
"Parfait. Je t'envoie aussi le corps de la vieille Sana. Elle reposera à côté de sa nièce."
"Entendu, Monsieur."
Un cri soudain de mes gardes attira mon attention.
"Qu'est-ce que…? Monsieur, regardez ! Dans les airs !"
Je levai les yeux et fus stupéfait. Au milieu du ciel nocturne, Nia se tenait, des ailes blanches éclatantes déployées, échappant ainsi au destin que j'avais tracé pour elle.
"Impossible..." murmurai-je. Nia, née de l'union entre un aegyl et une métaryone... serait-ce une hybride ? Normalement, les enfants héritent de l'une des races de leurs parents, mais dans de rares cas, ils peuvent développer les traits des deux. Nia est donc l'un de ces miracles.
"Devons-nous la capturer, Monsieur ?" demanda un garde.
"Évidemment ! Attrapez-la !" criai-je, irrité.
Les gardes lancèrent des piques de terre dans sa direction, transperçant sa cuisse, son flanc droit et son épaule. Pourtant, malgré la douleur, Nia volait toujours, portée par une volonté que je ne comprenais pas.
Point de vue de Nia Moore
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Je saignais, mon corps me trahissait, mais je refusais de mourir ce soir. Ni demain. Ni jamais. Si je pouvais atteindre le magasin, je pourrais appeler Yoko. Elle ou Areyos me protégeraient. Je n'avais qu'à tenir bon.
Mais alors que le magasin était à portée, une lance de pierre transperça mon aile gauche, me plongeant dans une agonie insupportable. En bas, les gardes avançaient, utilisant des plateformes de pierre pour me suivre. Je battis des ailes, désespérée, mais une seconde lance frappa mon aile droite, et je chutai.
La douleur déchirait chaque fibre de mon être, mais je devais prévenir Yoko. Je tendis mes mains en avant, rassemblant mes dernières forces, et projetai un torrent d'air qui me propulsa à travers la vitrine du magasin. Je m'écrasai lourdement au sol, haletante.
"Cette gamine a de la volonté, je dois le reconnaître," murmura un garde au loin. "Mais ça s'arrête ici."
Rampant, incapable de marcher, je me traînai jusqu'à la sphère magique de communication. Si proche… J'y étais presque.
"Encore un peu… juste un peu…" répétai-je, alors que les ombres des gardes se rapprochaient. J'atteignis enfin la sphère et lançai l'appel. "Yoko—"
Une main de pierre me bâillonna, coupant mon cri. L'un des gardes s'approcha et désactiva la sphère.
"Il faut admettre que tu es plus tenace que les autres," dit-il en me saisissant par les cheveux. "Mais tout ça va s'achever ici."
Il frappa mon ventre avec une brutalité inouïe, me faisant cracher du sang. "Dis-moi, as-tu pu dire adieu à ton amie grâce à ta sphère ? Ne t'inquiète pas, on la trouvera et on s'occupera d'elle aussi !"
Il continua de me frapper, chaque coup résonnant dans mon corps. Alors que l'obscurité envahissait ma vision, la lune apparut dans le ciel, avec en son centre, un point noir qui grandissait à une vitesse fulgurante. Un fracas retentit, et un homme atterrit dans un trou béant sur le toit.
Les yeux blancs argentés de l'inconnu brillaient sous la lueur lunaire. Le garde le plus éloigné s'effondra soudainement, un trou béant dans la poitrine. L'homme tenait quelque chose dans sa main, dégoulinant de sang… était-ce le cœur du garde qui venait de s'effondrer ?
"Qui es-tu ?" balbutia le dernier garde, terrifié.
L'homme ne répondit pas. Il tendit la main et le bras du garde qui me tenait fut tranché net, comme par une lame invisible. Le garde hurla de douleur, avant d'être projeté en avant par une colonne de terre qui le percuta dans le dos. Une seconde colonne surgit, frappant son ventre et l'envoyant valser contre le plafond. En tombant, l'homme, sans hésitation, lui infligea un dernier coup, le clouant au mur avant de l'empaler avec une lance de glace.
"Nia, ne bouge pas," dit-il en s'approchant de moi.
"Comment... connaissez-vous mon nom ?" demandai-je, stupéfaite.
"C'est moi, Areyos."
"Areyos..." Des larmes de soulagement coulaient sur mes joues avant que je ne sombre dans l'inconscience.
Point de vue d'Areyos Orionis
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Grâce à 'Flash', j'étais arrivé au magasin à peine une minute après l'appel de Nia. Elle était grièvement blessée, des ailes d'un blanc pur sorties de son dos. C'était donc une hybride. Sans perdre de temps, je retirai les pics de terre de son corps et utilisai la guérison pour soigner ses blessures.
"Toi... avec tes cheveux bleu sombre, tes yeux blanc argentés… Je te reconnais," murmura le garde, vacillant entre douleur et peur. "Tu as survécu…"
"Qui es-tu ?" demandai-je en me redressant.
"Bien sûr que tu ne te souviens pas de moi. Cette nuit-là, à Crimsonfall... Je n'étais rien face à ta puissance. Tu as déchaîné ta colère comme un jugement divin. Ton ami t'avait trahi, mais toi, tout comme cette fille ce soir, tu ne te résignais pas à mourir. Tu t'es transformé et a commencé ton massacre. J'ai dû simuler ma mort sur le champ de bataille pour échapper à ton courroux, espérant que les dieux me sauveraient… et aujourd'hui, je te retrouve, le fantôme de Crimsonfall"
Je restai silencieux, approchant de la lance de glace. Je posai ma main dessus, y insufflant du chakra.
" 'Douleur' " Dis-je en utilisant une affliction de type glace, permettant de multiplier la douleur des dégâts. et grâce à ma forme Crescent Moon, mon pouvoir de glace est 1000 fois plus puissant.
Le garde hurla alors que la lance s'enfonçait davantage dans son corps, amplifiant sa souffrance.
"Attends, attends !" supplia-t-il. "Je peux te dire qui est derrière tout ça. Laisse-moi en vie et je te dirai tout."
Je croisai son regard avec froideur.
"Parle," dis-je d'un ton sec. Le garde sembla soulagé et se précipita de me révéler ce que je voulais savoir.
"J'étais un mercenaire prenant toute sorte de contrats. Je travaillais souvent avec un homme extrêmement riche appelé Marlow Moore. Il faisait appel à moi chaque fois qu'une de ses nombreuses industries avait besoin d'un tri parmi le personnel ou que des gens menaçaient son pouvoir. Un jour, il m'appela pour me joindre à d'autres mercenaires dans la ville abandonnée de Crimsonfall afin d'y mener des expériences sur des gens de toutes races," expliqua-t-il.
"Quel était le but de ces expériences ?" demandai-je, intrigué.
"Nous devions tester divers produits nocifs sur différentes races afin de créer le poison le plus puissant du monde. Et de là, nous pourrions synthétiser un remède, une panacée capable de guérir n'importe quelle intoxication, n'importe quel poison," répondit-il.
" Pour qui était prévu ce remède ? " insistai-je.
"Je n'en ai aucune idée précise, mais ce n'était pas pour monsieur Marlow. C'était plutôt pour celui avec qui il travaillait."
" Qui est cette personne avec qui Marlow travaillait ? "
"Je n'en ai aucune idée. On ne l'a jamais vu. Mais Valem, le major d'homme de M. Marlow, sait."
" Et où puis-je trouver ce Valem ? "
"Dans la grande ferme un peu plus au sud d'ici. M. Marlow lui a demandé de jeter les cadavres de la mère et de la grand-mère de Nia Moore dans le fumier."
"Il a tué la grand-mère de Nia !?" m'exclamai-je, choqué mais calme.
"Oui. Il lui a demandé de se suicider si elle voulait sauver Nia. Il lui a promis que Nia ne mourrait pas de sa main. Mais une fois morte, il nous a ordonné de la tuer."
"As-tu une idée des dégâts psychologiques que vous avez causés à une fille aussi jeune ? Une fille qui n'avait rien demandé d'autre que vivre en paix avec sa grand-mère ? Je peux comprendre sa peur, vu que j'ai aussi été capturé et torturé quand j'étais jeune."
"Nous ne faisions que suivre des ordres. C'était pour un remède miracle cette fois-là. Qui sait, peut-être que M. Marlow a une autre raison cette fois-ci."
"En parlant de ce remède, vous avez réussi à le créer ?"
"Non. Lorsque nous avons compris que nous avions besoin de personnes plus jeunes, nous avons fait du trafic d'organes et d'humains avec les plus vieux, car ils ne nous étaient plus d'aucune utilité. Nous avons commencé à capturer des gosses, ce qui était plus facile. Le remède a avancé beaucoup plus vite grâce à eux. Particulièrement grâce à toi et ton ami Seidon. Vos sangs avaient des propriétés curatives incroyables qui ne demandaient qu'à être exploitées. Mais vous aviez réussi à vous échapper avant que le remède n'aboutisse," expliqua-t-il.
"Quel genre de monstre mènerait des expériences aussi atroces sur des enfants… ?" dis-je, horrifié.
"On ne faisait que suivre des ordres, comme je te l'ai dit. Crois-moi, je n'y ai pris aucun plaisir," s'écria le garde.
"Vu comment tu as maltraité Nia, j'ai du mal à te croire." Je retirai la lance, ce qui mit le garde assis au sol, le dos contre le mur.
"Pitié... pitié, ne me tue pas. On avait un arrangement, je t'ai dit tout ce que tu voulais savoir," me supplia le garde. Après quelques secondes de silence, durant lesquelles mon regard perçant terrifiait le garde, incapable de deviner ma réaction, je décomposai finalement ma lance en gouttes d'eau. Je vis le garde afficher un sourire de soulagement.
"Merci... merci, Areyos," dit-il, des larmes de soulagement coulant sur ses joues. "Les dieux sont encore avec moi."
Je le regardai silencieusement pendant quelques secondes avant de reprendre la parole. "Premièrement, je n'ai jamais dit que j'étais d'accord avec l'arrangement. Je t'ai juste demandé de parler," dis-je, ma voix se faisant glaciale, remplaçant immédiatement le sourire du garde par une expression de terreur. Une pression soudaine, due à mon regard, envahit son corps, le faisant trembler. Plus un seul mot ne pouvait sortir de sa bouche.
"Deuxièmement," commençai-je, mon aura glaciale se déployant, les gouttes d'eau commençant à s'aligner, "Soit tes dieux sont totalement impuissants…" dis-je tandis que les gouttes alignées formaient un sabre d'eau, "Soit ils ne veulent pas de toi vivant. Sinon, ils ne t'auraient pas fait croiser mon chemin une deuxième fois." Le sabre d'eau se transforma alors en sabre de glace. D'un geste net, je lui tranchai la tête, faisant jaillir son sang contre le mur et le plafond, débarrassant ainsi le monde d'une ordure de plus.
À suivre…