Quelques semaines après les précédents événements et par une belle matinée, une certaine forêt comme à son habitude était le théâtre où s'épanouissait le monde du vivant. Débordant de vie, on y voyait les premiers rayons du soleil venir s'y déposer délicatement afin de la réchauffer. L'on pouvait également y humer, l'odeur douce et agréable de la rosée matinale accompagnée d'un vent frais et léger porteur de vie. De leur côté, les animaux étaient de sortie et rôdaient paisiblement à la quête de leur pain quotidien. C'est dans ce même tableau calme et apaisant, qu'un peu plus tard, un étrange bruit dissonant commença à se faire entendre :
Haaaaaa... ; Haaaaaa... ; Haaaaa...
Ces grands bruits d'essoufflement semblaient être le chef d'un jeune garçon qui courait en portant dans ses mains placées dans le dos, un gigantesque rocher. Ainsi, il continua sur cette lancée un tout petit peu plus longtemps avant d'arriver au bout de ses peines :
— Haaaaaa... Voilà, ça fait 50 tours...
Complètement exténué, il lâcha le rocher qui tomba dans un certain fracas avant de se laisser choir le long de ce dernier jusqu'au sol afin de reprendre son souffle. Puis, après quelques secondes de silence, voici que le jeune garçon reprit :
— C'était pas des histoires lorsqu'il a parlé de me faire vivre un enfer... Et encore, là c'est que le début. Quand je pense à tout le chemin qu'il me reste à faire...
Ce jeune garçon qui n'était évidemment nul autre que Nate, se remémora alors ce que Kaiju lui avait dit le premier jour où il avait commencé à l'entraîner :
* Flashback *
— Bon, on va commencer l'entraînement par une petite mise au point afin que j'aie une idée de ton niveau global. Allez, montre-moi ce que tu sais faire.
— D'accord mais je ne vois pas l'ombre d'une flamme.
— Quoi ?!!!
— Bah oui c'est vrai que je peux manipuler le feu comme je le veux ou en augmenter la quantité mais il me faut une base. Je ne peux pas créer du feu à partir de rien ; ce n'est pas possible !!!
— Attend, attend, attend, attend... Tu veux me dire que t'as même pas accès à ta source intérieure ???
— C'est quoi ça encore ?
— Mon Dieu...
— ...
— En fait t'es pratiquement au niveau zéro quoi... Alors je suppose que ce n'est même pas la peine que je te demande ce que sont le Renki et le Tènkio...
— Le premier c'est vrai que je ne sais pas, mais par contre je sais que ''thank you" ça veut dire merci !!!
Après avoir entendu ces propos, Kaiju se figea ; l'air complètement dépassé par l'ignorance de ce cancre. Mais il se ressaisit et dit à Nate :
— Pffffff... Laisse tomber !!! Bon, je vais t'expliquer ; alors écoute bien parce que j'vais pas m'répéter.
— D'accord j'écoute.
— Bien... Sache qu'il n'est pas impossible pour toi ou pour tout Élémentaliste de créer l'élément qu'il manipule à partir de rien. Enfin... Le mot "créer" est un peu fort... Disons plutôt générer, matérialiser. Et ce qui te permettra de le faire, c'est la réserve de cet élément dont tu disposes en toi ; c'est cette réserve, qu'on appelle "source intérieur".
Lorsque Kaiju tenait ces propos, Nate ne pouvait s'empêcher d'avoir l'air septique car il n'avait jamais entendu des propos aussi aberrants. Mais à bien y réfléchir, les pouvoir qu'il possède actuellement défient eux même la logique humaine. Alors, il décida d'accorder le bénéfice du doute à cet homme et lui dit :
— Et comment je fais pour accéder à cette "source intérieur" ?
— Tu peux pas ! En tout cas, pas pour le moment ; ton corps de fillette ne le supporterait pas. C'est la raison pour laquelle tu n'y a pas accès d'instinct ; enfin je crois. Donc à partir d'aujourd'hui tu vas faire une série d'exercices qui auront pour but de renforcer ton corps et ton mental. Une fois que t'y sera arrivé, là, on verra.
— D'accord c'est compris !!!
— Bien... Je vois que t'es motivé... C'est le moment de me prouver que ce que tu m'as dit l'autre jour n'était pas que des paroles en l'air.
— Oui Kaiju je ne te décevrai pas !
Après avoir entendu ces propos, Kaiju laissa s'échapper un soupir puis dit à Nate :
— Ne te méprends pas sur moi, gamin. Je ne suis ni ta mère ni ta nounou donc ne compte pas sur moi pour te dorloter ou te venir en aide à la première difficulté. Si t'es pas capable de les surmonter, ça voudra tout simplement dire que tu n'avais pas ce qu'il fallait. Dans ce cas, tu pourrais bien mourir sous mes yeux que je ne lèverai pas le petit doigt.
— Je comprends... Et d'ailleurs je n'y comptais même pas. Je me suis suffisamment reposé sur les autres. Je dois me débrouiller par mes propres ressources sinon je ne deviendrai jamais assez fort.
— Bien je suis ravi que tu l'aies compris tout seul.
— ...
— Oh ! Et... Une dernière chose.
Kaiju pris alors un air menaçant et dit à Nate :
— La prochaine fois que tu m'appelle par mon prénom sans figure honorifique, c'est moi, qui te tue !!!
Nate en resta sans voix car en fait, il était sérieux !
* Fin du flashback *
Ce fut sur cette note que s'acheva le flashback de Nate qui, entre temps avait repris son souffle et s'était mis à monologuer :
— Il fout vraiment les j'tons Kaiju sensei...
Puis, presque instantanément, il s'étonna :
— Tiens voilà que j'ajoute le "sensei" même quand il n'est pas là.
Mais il ne s'y attarda pas plus longtemps et affirma par la suite :
— Bon, je ferais bien de vite passer à la suite histoire de finir dans les temps et rentrer au plus tôt ; sinon je vais encore passer la journée avec le ventre vide...
Il se mit alors en position de pompe et commença à les faire. Mais alors qu'il s'adonnait à son entraînement avec entrain, un étrange sentiment d'inconfort et de danger qu'il ne connaissait pas le submergea. Il suivit alors son instinct, interrompit son exercice et se mit en position de combat. La tension montait de plus en plus à mesure qu'il fixait continuellement un certain buisson d'où il avait le sentiment que le danger qu'il percevait, allait surgir. Son attente ne fut guère longue puisqu'il commença à entendre presque aussitôt ce qui ressemblait à des bruits de pas, se rapprocher de lui :
Tap... ; Tap... ; Tap...
Une espèce de silhouette canine commença alors à émerger des buissons en émettant un grognement de chien enragé. Nate avala alors la salive sèche qu'il avait dans la gorge et attendait anxieusement que la silhouette prenne définitivement forme. Lorsque Nate put distinguer clairement ce qu'était cette silhouette, il ouvrit grand les yeux et se dit:
— Bon sang mais qu'est-ce que c'est que cette horreur ?!