Aujourd'hui, comme hier ainsi que tous les autres jours leur ayant précédé, les rues et ruelles de cette magnifique ville regorgeaient de vie. Des enfants qui jouaient ; en passant par les commerçants qui redoublaient d'ingéniosité pour attirer les clients ; jusqu'aux vieillards qui discutaient paisiblement, tout était là pour apporter une touche chatoyante à cette cité éprise d'animation. Mais étrangement, depuis quelque jours le château royal qui d'habitude était très calme connaissait une grande vague d'agitations. En effet, on pouvait y voir des soldats aller et venir par vague successive alors qu'eux même ne comprenaient pas la raison du déploiement d'autant d'hommes pour la recherche d'un enfant dont personne ne se préoccupait. Ainsi, au sein dudit château, le roi qui était d'une humeur massacrante, empruntait un couloir afin de regagner sa chambre. Sur le chemin, alors qu'ils approchaient de ses appartements, voilà qu'il demanda aux sujets qui l'accompagnaient :
— Cela fait presque une semaine que vous le cherchez ; pourquoi ne l'avez-vous pas encore trouvé c'est juste un gamin, bon Dieu !!!
— Pardonnez-nous, sir mais c'est à dire que cette forêt est immense et...
— Silence ; je ne veux pas entendre vos excuses, retrouvez le c'est tout !
Lorsque le roi eu fini de dire ces mots ils étaient arrivés devant la porte de ses appartements. Alors il y entra, se retourna pour regarder ses serviteurs qui étaient restés sur le pas de la porte puis leur dit :
— Je veux être seul et me reposer, alors qu'on ne me dérange sous aucun prétexte !!!
— Vos désirs sont des ordres sir.
Ce fut sur ces mots que le roi referma la porte en toisant ses sujets. Mais à peine avait-il fermé la porte qu'il entendit une voix derrière lui :
— Ma patience à des limites, sir !!!
Le roi fut alors pris d'effroi car il savait qu'il n'avait laissé personne dans ses appartements et que la porte était fermée à clé. Mais le vrai problème ne résidait pas là. Ce qui lui avait réellement glacé le sang était le fait que bien qu'il ne s'était pas retourné, il avait très distinctement reconnu cette voix et pour ne rien arranger, son porteur semblait très mécontent. Alors, lorsque le roi se retourna, ses craintes se confirmèrent. Celui qui se tenait dans cette pièce avec lui, le visage marqué par la colère n'était autre que le majordome qui avait fait enlever Nate.
— Mo-monsieur Himma co-comment êtes-vous entré ici ?
L'homme regarda alors la fenêtre, au grand étonnement du souverain qui se dit qu'ils étaient tout de même au 4eme étage. Mais loin de se soucier de ce que pensais le roi, le majordome reprit :
— Pouvez-vous m'expliquer pourquoi vous ne me l'avez toujours pas ramené ???
Le roi se mit alors à paniquer et tenta de calmer la situation :
— Ahahahaha voyons calmons nous mon cher ami.
Mais cela n'eut pour effet que d'agacer encore plus Himma qui avait à présent de grosses veines palpitantes sur le visage.
— Je vous rappelle que c'est vous qui m'aviez demandé de vous débarrasser du gamin ; alors vous allez me le retrouver !!! Je vous ai laissé bien assez de temps comme ça !
— Je le sais bien monsieur Himma mais nous manquons d'hommes pour mener les recherches et puis il y a cet homme qui est venu chercher l'enfant il...
— Avez-vous plus peur de lui que de moi ?!!!
— N-n-n-non ; grand Dieu non, je n'oserais pas.
— Je pensais que nous avions un accord. Vous nous laissiez mener nos expériences sans vous mêler de nos affaires et en contrepartie nous nous chargions de vous maintenir sur le trône.
— Oui je le sais très bien et cet accord tient toujours.
— ...
— Mais dites-moi, puisque de toute façon vous n'étiez au départ pas intéressé par l'Élémentaliste ; ne pourrait-on pas tout simplement oublier ce fâcheux incident ???
Dépasser par la bêtise de cet homme, Himma prit une profonde inspiration pour se calmer puis répondit :
— Sauf, que le comte Daniel Louztrov est au courant de l'existence du gamin et il attend que je le lui livre. Avez-vous ne serait ce que la moindre idée de ce que cela aura comme conséquence si on ne retrouve pas cet enfant ??!!
En entendant cette révélation, le teint du roi devint pâle comme s'il avait été touché par la mort elle-même. Ses jambes commencèrent à trembler et ses dents se mirent à claquer. Alors il bredouilla dans la panique la plus totale :
— J-j-j-je v-v-vais faire dou-d-doubler, non quadrupler l'effectif des s-s-soldats qui mèn-n-nent les recherches. Je vous garen...
Puis, visiblement las de cette mascarade, Himma l'interrompit en disant :
— Cela ne sera plus nécessaire. À vrai dire, vous, n'êtes plus nécessaire !
Alors avant que le roi n'ait eu le temps de comprendre ce que le majordome voulait dire, il constata que ce dernier lui avait transpercé le ventre à main nue. Après ce coup létal, l'homme affirma avec le plus grand détachement :
— Après tout, ce ne sont pas les figurants qui manquent !
Puis, d'un trait, il retira brutalement sa main qui sortit des entrailles du roi dans un énorme giclement de sang et d'entrailles. Ce dernier s'effondra alors en se vidant de son sang alors qu'il regardait Himma tourner le talon et dire :
— En ce qui concerne l'Élémentaliste, à partir de maintenant, je prends moi-même les choses en main.
Ce fut sur ces paroles que le majordome s'en alla, laissant les cloches du deuil sonner à tu-tête dans tout le château quelques heures plus tard.