La nuit venait de tomber sur l'île. La lune perçait l'obscurité de sa
robe blanche et semblait illuminer les falaises au loin. Aucun bruit.
Personne.
Soudain, des pas de plus en plus rapprochés vinrent briser un
silence persistant. Une fillette courait, le visage serré, des larmes
s'échappaient de ses yeux et s'envolaient, effrayée, on pouvait croire
qu'elle fuyait quelqu'un ou quelque chose. Le chemin qu'elle
empruntait la conduisait tout droit vers les falaises. Quelques minutes
plus tard, à bout de forces, désespérée et angoissée elle se retrouva
face à un mur de pierre infranchissable. Dans un mouvement de
panique, elle se retourna, le regard vide, elle recula jusqu'à sentir les
rochers avec son dos. Comme vidée de tout espoir, elle s'effondra au
sol, assise, elle attendait son sort.
Tout à coup, une ombre immense apparut, dessinée par la lune sur
la falaise. Petit à petit, 3 silhouettes se distinguèrent dans les ténèbres,
armes à la main.
Celui du milieu, petit et trapu, prit la parole d'une voix rauque et
nonchalante.
- C'est fini gamine ! Tu nous auras fait courir c'est vrai, mais rien ni
personne ne peut échapper aux triplés Parvuferrit ! Tu sais, des gens
hauts placés sont prêt à payer très cher pour ta capture ! Mais console-
toi nos employeurs te veulent vivante ! Petite chanceuse !
Un rire forcé et une toux hurlante termina ce discours.
- Allez-y mes frères, finit de jouer, emparez-vous d'elle !
A ces mots, les deux silhouettes qui l'entouraient, avancèrent d'un
pas lourd et hésitant, lances brandies vers la fillette. A mesure qu'ils se
rapprochaient, les ombres laissaient place à deux géants laids, sourires
aux lèvres, confiants de leur victoire prochaine.
-Eh frangin, si je lui transperce le bras, elle continuera de vivre et je
l'entendrai enfin hurler de douleur, non !-Oui, mon frère, faisons ça, amusons-nous à terroriser
mademoiselle !
Le plus petit reprit la parole.
- Concentrez-vous ! On a déjà perdu assez temps à la poursuivre
partout sur l'île, je veux être rentré à l'aube !
Il n'en fallut pas plus aux deux autres pour s'activer, l'un d'entre eux
inspira brusquement, recula les épaules et élança son bras droit pour
jeter sa lance en direction de la jeune fille. Celle-ci, figée de terreur, ne
pouvait même pas crier à l'aide. Elle voulait être loin de ces hommes,
loin de cette violence qu'elle ne comprenait pas. Elle se savait perdue,
et face à l'horreur de la situation, ferma les yeux.
C'est à ce moment, que la terre se mit à trembler sous ses pieds,
puis un bruit sourd raisonna à ses oreilles. Quand elle ouvrit les yeux,
les deux géants étaient au sol, se tordant de douleur. Du sang coulait et
imbibait le sol tout autour d'elle. Deux bras, gisaient au sol, inanimés.
Un homme se trouvait là, il tenait dans la main droite un long marteau,
tête en bas dont le bec long et tranchant était taché d'un rouge vif. Les
pieds enfoncés dans le sol, les épaules droites, il paraissait investi d'une
force et d'une volonté sans pareil. Il tourna la tête, la fillette rencontra
alors son regard et comprit qu'elle était en sécurité. Son visage était
doux et sévère à la fois, la lune faisait rayonner ses contours et lui
donnait une aura mystique presque héroïque.
-Moi, Jick Jack Johnes, détenteur du Marteau de la construction,
assure que l'équilibre sera rétabli !