La planète d'Asteria brillait d'un éclat mystérieux, divisée en sept royaumes et un empire central. Autrefois, l'Empire régnait sur toute cette planète, unissant ses peuples sous une même bannière. Mais aujourd'hui, l'unité n'est plus qu'un lointain souvenir. Les royaumes se sont émancipés, certains devenant des ennemis farouches de l'Empire, d'autres préférant la neutralité, tandis que quelques-uns restaient de fidèles alliés.
Sur Asteria, la véritable puissance ne réside pas dans les armes ou les armées, mais dans le Fluide, une énergie mystique qui circule dans les veines de ceux qui en héritent. Chaque royaume s'identifie à un Fluide particulier, conférant à ses habitants des capacités uniques.
L'Empire, bien que corrompu, détient encore une grande influence, particulièrement grâce à sa collaboration secrète avec les aliens. Ces derniers, mystérieux et puissants, ont établi un pacte avec les dirigeants de l'Empire pour retrouver et exploiter le Méta Fluide, la source originelle de tous les fluides.
Mais tous ne sont pas aveugles à cette corruption. Logan Draxler, 17 ans, étudiant au lycée de Nymeria, sait que l'avenir d'Asteria est en péril. Né avec le Smog, le fluide noir, il a été élevé pour devenir bien plus qu'un simple étudiant. Il est destiné à renverser l'ordre établi, à chasser les envahisseurs étrangers et à restaurer l'honneur de son étoile. Cependant, il sait que la route sera longue et semée d'embûches. Avant d'affronter l'Empire et les aliens, il doit perfectionner son pouvoir, comprendre les subtilités des alliances entre les royaumes et déjouer les plans de ceux qui cherchent à l'utiliser.
"Ahhhh, la journée s'annonce bien chiante". Ces mots furent les premiers qui me traversèrent l'esprit au moment de mon réveil, et ce n'était pas sans raison, car aujourd'hui marquait le jour du début du second semestre, une sorte de rentrée de classe pour beaucoup car c'est souvent à cette période de l'année que les nouveaux étudiants viennent et que les cours les plus intéressants sont ajoutés.
Mais bon, c'était ma dernière année de lycée, et comme chaque année, je revoyais des têtes familières, profs comme élèves. Rien de bien excitant en perspective.
"Je dois me dépêcher pour ne pas être en retard " me dis-je en enfilant mon habituelle tenue noire, assortie de baskets rouges qui mettaient en valeur mes yeux écarlates.
Le soleil peinait à percer à travers la brume épaisse de Nymeria alors que je me dirigeais vers l'académie. Les rues, habituellement animées, semblaient aujourd'hui étrangement silencieuses, comme si la ville elle-même retenait son souffle.
En arrivant à l'école, quelque chose attira mon attention. À quelques pas de l'entrée principale, un groupe de trois personnes se tenait à l'écart, presque dissimulé par l'ombre d'un vieux chêne. Leur posture et la tension palpable entre eux indiquaient clairement que cette conversation n'était pas censée être entendue.
Mon instinct me poussa à ralentir. Discrètement, je me fondis dans l'ombre de l'arbre voisin, utilisant légèrement le Smog pour atténuer ma présence. Leur voix, basse mais pressée, se portait juste assez pour que je capte des bribes de leur échange.
"…ne peut pas rester ici, c'est trop risqué…" murmura une voix que je ne reconnus pas immédiatement.
"Je sais, mais nous n'avons pas le choix. S'ils découvrent que nous avons perdu la trace du méta fluide, c'en est fini de nous…" répondit un autre, la panique perçant dans son ton.
Mon cœur s'accéléra légèrement. Méta fluide ? Était-ce une coïncidence ou ces hommes parlaient-ils du fluide originel, celui dont ma mère m'avait raconté l'histoire ? Je me rapprochais imperceptiblement pour mieux entendre.
"La situation échappe à notre contrôle," poursuivit la première voix, plus grave cette fois. "Nous devons en informer le…"
Soudain, un cri de joie enfantin retentit non loin, coupant net leur conversation. Les trois figures se retournèrent immédiatement dans ma direction, leurs regards méfiants balayant les environs. Je fis un pas en arrière, me glissant rapidement derrière le tronc de l'arbre, retenant mon souffle.
Un long moment de silence s'écoula avant que je n'ose jeter un coup d'œil. Les trois hommes avaient disparu, comme s'ils ne s'étaient jamais trouvés là. Je restais là un moment, tentant de comprendre ce que je venais d'entendre.
Alors que je me dirigeais vers ma première classe, mes pensées dérivèrent vers la situation actuelle sur Asteria, ma tante, Noralia, me contait souvent les récits de notre continent, Lucaris, et de ses problèmes. La planète était plus divisée que jamais. Les tensions entre les royaumes montaient en flèche, chaque territoire tentant de renforcer sa position face à l'Empire et à ses alliés extraterrestres.
L'Empire, autrefois unificateur, était désormais un nid de corruption. Les rumeurs d'alliances secrètes avec les aliens n'étaient plus seulement des murmures ; elles prenaient forme dans les actions et les décisions politiques. Les récentes révoltes à Gefallone, l'un de 7 royaumes et les mouvements clandestins à Midoria étaient des preuves que la planète tout entière se dirigeait vers une crise inévitable.
Nymeria, mon royaume, bien que fidèle à l'Empire, n'était pas exempté de ces troubles. Les récents décrets impériaux, exigeant plus de jeunes recrues pour les forces armées, en étaient un signe clair. Les murmures dans les couloirs de l'école, les regards inquiets de mes camarades, tout indiquait que quelque chose de sombre se préparait.
Mais ce n'était pas seulement une question de politique. Au-delà des frontières visibles, les fluides eux-mêmes semblaient réagir à cette agitation croissante. Chaque utilisateur sentait une sorte de frémissement, une intensité nouvelle dans leur pouvoir, comme si Asteria elle-même anticipait le chaos à venir.
J'avais l'intuition que cette année ne serait pas comme les autres.
Les bruits des autres élèves me sortirent de mes pensées, je remarquai que le brouhaha familier de la classe s'estompa brusquement dès que je franchis le seuil de la salle. C'était toujours la même chose : le silence, suivi de ces regards mêlant admiration et crainte
Mes yeux rouges balayèrent la salle, notant chaque visage, chaque posture, chaque détail. Une habitude. Repérer les faibles, identifier les nouveaux et les potentiels alliés, évaluer les menaces. Un léger sourire narquois se dessina sur mes lèvres tandis que je me dirigeais vers ma place, ignorant délibérément les regards admiratifs et craintifs qui me suivaient. Populaire ? Peut-être, mais pour des raisons qui allaient bien au-delà des apparences.
"Eh bien, si ce n'est pas notre cher prince des ténèbres," lança une voix moqueuse.
Je m'arrêtai net me rappelant très bien de cette hideuse voix que j'entendais depuis déjà trop longtemps. Darius. Un sourire s'élargit involontairement sur mes lèvres tandis que je me tournais lentement vers lui, le fauteur de troubles autoproclamé de la classe, voire de tout le bahut.
"Darius," répondit-je, ma voix douce cachant à peine une menace. "Je vois que tu n'as toujours pas appris à garder ta langue. Faut-il que je te rappelle ce qui s'est passé la dernière fois ?"
Son visage pâlit visiblement. Le souvenir de notre dernière altercation encore frais dans sa mémoire. Il se rattrapa avec un léger ricanement puis détourna, malgré lui, le regard. La peur... Un outil si efficace.
Une voix douce mais ferme nous interrompit alors : "Ça suffit, vous deux," c'était Mme Lydia, notre professeure, entrant dans la salle. "Logan, à ta place. Nous avons beaucoup à couvrir pour votre dernière année."
Bien sûr, j'obtempérais immédiatement, m'installant gracieusement à mon bureau. Mme Lydia commença son cours sur les utilisations poussées du Smog, mais mon esprit vagabondait déjà. Je connaissais ces techniques par cœur, les ayant maîtrisées des années auparavant.
"Pathétique," pensai-je.
Mes doigts tapotaient impatiemment sur mon bureau, une brume noire s'échappant subtilement de mes pores. Plongé dans mon monde, je fermai les yeux, me concentrant sur cette énergie qui coulait en moi. Ce que j'avais appris sur ce pouvoir, le Smog, n'était qu'un avant-goût, je le savais. Ma mère m'avait déjà enseigné bien plus que ce que ces professeurs pouvaient m'offrir. Le seul moyen pour moi d'en apprendre plus, était à l'académie. Mais pour ça encore fallait-il que j'aie mon diplôme…
"Logan !" La voix de Mme Lydia me tira de ma rêverie. "Puisque tu sembles si sûr de toi, pourquoi ne pas faire une démonstration pour la classe ?"
Un murmure d'excitation parcourut la salle. Mes démonstrations étaient toujours spectaculaires... et souvent dangereuses.
"Avec plaisir," répondis-je, me levant avec une assurance qui frôlait l'arrogance.
D'un geste fluide, je disparus dans un nuage de fumée noire. La classe retint son souffle, cherchant où j'allais réapparaître. Et lorsque ce fut le cas, des exclamations de surprise retentirent tandis que des objets disparaissaient à tour de rôle tout autour de la pièce, enveloppés d'une aura sombre. Un léger sourire aux lèvres, je claquai des doigts, et tous les objets reprirent leur place initiale.
"Satisfait, professeur ?" demandai-je d'un ton mêlant respect feint et défi à peine voilé.
C'est un tour tout à fait ridicule que ma mère me faisait faire à mes 13 ans lors du début de mon apprentissage du Smog. Il était étonnant de voir tous ces élèves, le regard ébahi, stupéfaits par ce simple "tour de passe-passe."
Mme Lydia me fixa un moment, partagée entre admiration et inquiétude. "Impressionnant, Logan. Mais n'oublie pas, le pouvoir sans contrôle..."
"...est une bombe à retardement," complétai-je, mon regard s'assombrissant momentanément. "Ne vous inquiétez pas, professeur. Je sais exactement ce que je fais."
Mme Lydia hocha la tête, puis se tourna vers le reste de la classe. "La démonstration de Logan nous offre une parfaite transition vers notre première leçon d'aujourd'hui. Rappelez-vous, le Smog n'est pas un simple tour de passe-passe." Elle jeta un léger coup d'œil en ma direction.
Elle fit un geste de la main, et une projection holographique apparut au centre de la pièce, montrant une silhouette humaine entourée d'une aura noire tourbillonnante.
"Le Smog, ou fluide noir, est l'essence même du déplacement," expliquait-elle. "Il permet à son utilisateur de se téléporter sur de courtes distances, mais ce n'est que la surface de ses capacités."
Je regardais mes camarades, notant leur fascination. "Humph, amateurs," pensai-je.
"Comme vous l'avez vu avec Logan," poursuivit Mme Lydia, "le Smog peut aussi être utilisé pour manipuler des objets à distance. Cependant, rappelez-vous que la distance de téléportation et la taille des objets manipulés dépendent directement de la maîtrise et de l'énergie de l'utilisateur."
Elle fit défiler plusieurs images montrant diverses applications du Smog. "Les utilisations avancées incluent la création de portails pour le transport de masse, la dissimulation dans les ombres, et même la dématérialisation partielle pour traverser des obstacles solides."
Je retins un sourire. Je maîtrisais déjà la plupart de ces et comme je l'avais prévu, cette journée s'annonçait bien chiante.
"Mais attention," avertit Mme Lydia, son ton devenant plus grave. "Le Smog puise directement dans l'énergie vitale de son utilisateur. Une utilisation excessive peut entraîner l'épuisement total, voire pire."
Ses yeux se posèrent sur moi. Je soutins son regard sans ciller. Je connaissais déjà les risques mais j'avais comme l'impression que ça allait plus loin encore.
"N'oubliez jamais," conclut-elle, "que le Smog, comme tout fluide, est un outil. C'est la façon dont vous l'utilisez qui détermine s'il sera une force de progrès ou de destruction."
La sonnerie retentit, marquant la fin du cours. Alors que les autres se précipitaient vers la sortie, discutant avec animation de la leçon, je pris mon temps. Mon esprit était déjà tourné vers le reste de la journée.
"Logan," appela Mme Lydia alors que je m'apprêtais à partir. "Un instant, s'il te plaît."
Je m'arrêtai, me tournant vers elle avec un sourcil levé. "Oui, professeur ?"
"Ta maîtrise du Smog est impressionnante," dit-elle, son ton mêlant admiration et inquiétude. "Mais n'oublie pas l'importance de l'équilibre. Tes autres cours sont tout aussi cruciaux pour ton développement."
Je retins à peine un soupir. Je savais où elle voulait en venir. "Ne vous inquiétez pas, professeur. Je ne néglige pas mes autres matières."
"Bien," acquiesça-t-elle. "N'oublie pas que tu as un essai à rendre en psychologie la semaine prochaine, et le cours d'histoire cet après-midi est crucial pour les examens."
"Je serai là," promis-je, plus par politesse que par réel intérêt.
Je quittai la salle, me dirigeant vers la cafétéria. Les couloirs bourdonnaient d'activité, les étudiants discutant de leurs cours, de leurs projets, de leurs vies ordinaires. Pour eux, c'était une journée comme une autre dans le prestigieux lycée de Nymeria.
Pour moi, c'était une autre journée à jouer le jeu, à prétendre être comme eux.
Alors que je m'installai à ma table habituelle dans la cafétéria, mon esprit commença à vagabonder. Les événements de la matinée m'avaient laissé un goût amer. Le lycée n'était qu'un théâtre pour jouer le rôle que l'on attendait de moi.
Je n'étais pas ici pour me faire des amis, encore moins pour m'intégrer dans ce système. Mon véritable objectif dépassait de loin les murs de cette institution. Chaque leçon, chaque interaction, n'était qu'une pièce d'un puzzle beaucoup plus vaste, un puzzle que je devais résoudre pour atteindre mon but ultime : renverser les dirigeants corrompus de l'Empire et chasser les aliens d'Asteria.
Le Smog, ce pouvoir que j'avais hérité à un âge si jeune, n'était pas qu'une simple capacité. C'était une arme, une clé pour déverrouiller des secrets que l'Empire cachait depuis trop longtemps. Et j'étais déterminé à l'utiliser jusqu'à ses limites.
Mon regard se perdit dans la foule des étudiants, chacun plongé dans ses préoccupations insignifiantes. Pour eux, cette année de terminale n'était qu'une étape de plus vers une vie ordinaire. Pour moi, c'était un champ de bataille déguisé. Un lieu où je devais affûter mes compétences, garder mes ennemis proches, et découvrir qui parmi eux pourrait un jour devenir un allié... ou un obstacle à éliminer.
Je fermai les yeux un instant, inspirant profondément. Le calme avant la tempête. J'étais prêt.
Le reste de la journée s'annonçait long : cours d'art martiaux cet après-midi, suivi d'histoire du royaume. Une routine bien établie.
Avec un léger sourire, je plongeais dans mon livre, ignorant le monde autour de moi. Pour l'instant, je n'étais qu'un étudiant parmi d'autres.
Le soleil de l'après-midi baignait la cour d'entraînement d'une lumière dorée, contrastant vivement avec l'atmosphère tendue qui y régnait. Les élèves, vêtus d'uniformes d'entraînement noirs bordés de bleu, se tenaient en rangs parfaits, leurs visages un mélange d'appréhension et de résignation.
Je me tenais au bout de la ligne, mon expression impassible ne trahissant rien de mes pensées. Seul le léger tressaillement de mes doigts indiquait mon impatience grandissante.
Un silence de plomb s'abattit sur la cour lorsque le professeur Kaine fit son entrée. Grand, musclé, avec des cicatrices parcourant ses bras nus, il incarnait l'image même du guerrier endurci. Ses yeux d'acier balayèrent la ligne d'étudiants, s'attardant une fraction de seconde sur moi.
"Bien," gronda-t-il, sa voix résonnant dans la cour. "J'espère que vous avez profité de votre pause déjeuner pour vous prélasser, car les deux prochaines heures seront un enfer."
Un murmure nerveux parcourut les rangs, rapidement étouffé par le regard glacial de Kaine.
"Aujourd'hui, nous allons nous concentrer sur l'intégration du Smog dans le combat rapproché," annonça-t-il. "Je sais que certains d'entre vous pensent que la téléportation rend le corps à corps obsolète. Ces imbéciles seront les premiers à mourir sur un vrai champ de bataille."
Ses yeux se posèrent à nouveau sur moi. "N'est-ce pas, M. Draxler?"
Je soutins son regard sans ciller. "Le Smog est un outil comme un autre, professeur. Son efficacité dépend de celui qui l'utilise."
Un rictus étira les lèvres de Kaine. "Bien répondu. Peut-être que vous n'êtes pas un cas désespéré, après tout. Venez ici, vous allez me servir de partenaire de démonstration."
Je m'avançais, ignorant les regards mi- inquiets, mi- envieux de mes camarades. Je savais ce qui allait suivre : Kaine allait essayer de me pousser à bout, de me faire craquer. C'était notre petit jeu depuis le semestre dernier.
"Attaquez-moi," ordonna Kaine. "Utilisez votre Smog comme bon vous semble."
Sans hésiter, je disparus dans un nuage de fumée noire. Réapparut derrière Kaine, mon poing filant vers la nuque du professeur. Mais Kaine était déjà en mouvement, pivotant pour bloquer l'attaque d'une main tout en lançant un coup de pied balayé.
Je sautais par-dessus, utilisant le Smog pour augmenter la hauteur de mon saut. J'enchaînais avec une série de coups rapides, chacun précédé d'une courte téléportation.
Pendant plusieurs minutes, la cour fut le théâtre d'un ballet violent et gracieux. J'apparaissais et disparaissais, mes attaques devenant de plus en plus imprévisibles. Mais Kaine semblait toujours avoir un coup d'avance, bloquant ou esquivant chaque assaut avec une facilité frustrante.
Finalement, lors d'une téléportation particulièrement audacieuse, je me retrouvais projeté au sol, le bras tordu dans le dos et le genou de Kaine pesant lourdement sur ma colonne vertébrale.
"Et c'est comme ça qu'on neutralise un utilisateur de Smog trop confiant," déclara Kaine à la classe. Il me relâcha, et encore cette fois il avait gagné. Je me relevai, sans montrer de signe de douleur ou de frustration.
"Pas mal, Draxler" admit Kaine à voix basse. "Mais n'oublie jamais que le Smog n'est qu'une partie de l'équation. La vraie force vient de là," il tapota ma tempe, "et de là," pointant mon cœur.
J'hochai tout simplement la tête, un nouveau respect brillant dans mes yeux. Kaine était peut-être un connard, mais il savait de quoi il parlait.
"Maintenant," rugit Kaine en se tournant vers le reste de la classe, "par paires ! Je veux voir du sang, de la sueur et des larmes !"
Alors que les étudiants se mettaient en place, je retournai dans les rangs, mon esprit analysant déjà chaque mouvement du combat que je venais de mener. J'avais peut-être perdu cette manche, mais chaque défaite était une leçon. Et j'avais bien l'intention d'apprendre vite.
Le professeur Kaine arpentait la cour, observant d'un œil critique les duos d'élèves qui s'affrontaient. Ses remarques acerbes ponctuaient l'air, se mêlant aux bruits sourds des coups et aux halètements d'effort.
"Miyako ! Ton Smog est trop prévisible. Varie tes angles d'approche !" aboya-t-il à une jeune fille aux cheveux bleus qui venait de rater sa téléportation.
Plus loin, deux garçons s'affrontaient dans un tourbillon de fumée noire. L'un d'eux, un colosse nommé Brock, compensait son manque de vitesse par une utilisation astucieuse du Smog pour renforcer ses coups.
"Bien pensé, Brock !" approuva Kaine. "Utilisez vos points forts, exploitez les faiblesses de vos adversaires !"
J'observais les combats, analysant chaque technique, chaque erreur. Mon regard s'arrêta sur Darius, qui dominait son partenaire avec une brutalité à peine contenue.
Un sourire froid étira ses lèvres. Bientôt, "j'aurais l'occasion de remettre cet idiot à sa place" pensait-il il sûrement vu le regard intense qu'il me lançait, j'avais aussi bien envie de le détruire pour qu'enfin il retienne la leçon.
Comme s'il avait lu dans mes pensées, Kaine s'approcha de moi. "Draxler! Tu t'es assez reposé. Montre-nous ce que tu vaux contre..." Son regard balaya la cour avant de s'arrêter sur Darius. "Darius ! Viens ici !"
Un murmure d'excitation parcourut la classe. La tension entre Darius et moi était connue de tous, et ce combat promettait d'être explosif.
Darius s'avança, un sourire arrogant aux lèvres. "Prêt à mordre la poussière, Draxler?"
Je ne répondis pas, me contentant de prendre position, mon corps détendu mais en alerte.
"Commencez !" ordonna Kaine.
Darius attaqua immédiatement, disparaissant dans un nuage de fumée pour réapparaître derrière moi, poing levé, un classique. J'avais déjà anticipé le mouvement. Je pivotais, esquivant le coup tout en saisissant le bras de Darius pour le projeter au sol.
Frustré, Darius se releva d'un bond et enchaîna une série de téléportations rapides, tentant de me désorienter. Mais ayant l'habitude, je restais imperturbable, mon regard perçant suivant chaque mouvement de mon adversaire.
Sans plus attendre, je passais à l'offensive. Je me téléportais juste devant Darius, feintant un coup de poing avant de disparaître à nouveau. Darius, tombant dans le piège, leva ses bras pour se protéger, laissant son flanc exposé. Je réapparus instantanément, dans l'objectif de les briser, mon pied percuta violemment les côtes de Darius.
Mais Darius était plus résistant que je ne l'aurais cru. Le combat se poursuivit ainsi, j'utilisais le Smog avec une étonnante précision, chaque mouvement calculé pour maximiser l'efficacité de mes attaques. Darius, malgré sa force brute et son agressivité, se retrouvait constamment sur la défensive.
Finalement, dans un mouvement d'une fluidité impressionnante, j'enchaînai trois téléportations successives.
La première pour éviter un coup de Darius, la seconde pour me positionner dans son angle mort, et la troisième pour apparaître au-dessus de lui. Avant que Darius ne puisse réagir, j'abattis mon coude entre ses omoplates, l'envoyant s'écraser au sol.
Un silence stupéfait s'abattit sur la cour. Même Kaine semblait impressionné. La violence dont j'avais fait preuve n'avait d'égale que les rumeurs qui me précédaient.
"Match terminé," déclara Kaine. "Draxler, excellente utilisation du Smog. Darius, tu dois apprendre à ne pas te reposer uniquement sur ta force brute."
Je tendis donc la main à Darius pour l'aider à se relever, un geste de sportivité qui surprit beaucoup de mes camarades. Darius hésita un instant avant de l'accepter, une lueur de respect réticent dans les yeux.
"Bien joué," marmonna-t-il à contrecœur.
J'hochai simplement la tête, mon visage ne trahissant aucune émotion. Intérieurement, cependant, je savourais ma victoire. Ce n'était qu'un petit pas, mais la satisfaction que je ressentais d'avoir écrasé celui qui se disait être mon rival aux yeux de tous était sans pareille...
Alors que Kaine appelait les prochains combattants, je retournais sur le côté, mon esprit déjà focalisé sur les prochains défis à relever.
La sonnerie retentit, signalant la fin du cours de combat. Autour de moi, mes camarades, en sueur et haletants, se dirigeaient vers les vestiaires. Malgré l'épuisement qui pesait sur mes muscles, je maintins une posture droite, veillant à ne laisser transparaître aucun signe de fatigue sur mon visage.
Alors que je me dirigeais vers les douches, je sentis une présence familière derrière moi. Je n'avais pas besoin de me retourner pour savoir qui c'était.
"Hé, Draxler !" lança Darius, sa voix teintée de défi. "Ne crois pas que ça change quoi que ce soit. Tu restes toujours un..."
Je m'apprêtais à me retourner pour lui faire face quand la voix grave de Brock interrompit Darius.
"Ça suffit, Darius. Le cours est terminé. Laisse tomber."
Du coin de l'œil, je vis la carrure imposante de Brock s'interposer entre nous. Un léger sourire se dessina sur mes lèvres. Brock avait beau être un colosse, il savait quand intervenir avec diplomatie.
J'entendis Darius marmonner un "Peu importe" avant de tourner les talons. Je hochai légèrement la tête en direction de Brock, un geste silencieux de remerciement, avant de disparaître dans les vestiaires.
Quelques minutes plus tard, rafraîchi et changé, je me dirigeai avec les autres vers la salle de classe pour le cours d'histoire. L'atmosphère était chargée d'une curiosité mêlée d'appréhension. Ce nouveau cours, ajouté récemment au programme, était encore un mystère pour la plupart d'entre nous. Pour ma part, je ne pouvais m'empêcher de ressentir un intérêt croissant.
En entrant dans la salle, mes yeux se posèrent immédiatement sur le professeur Telaros. Grand et mince, avec des yeux perçants qui semblaient voir au-delà des apparences, il dégageait une aura d'intelligence et d'autorité tranquille qui captiva mon attention.
"Bienvenue," dit-il d'une voix posée mais qui portait jusqu'au fond de la classe. "Je suis le professeur Telaros, et je serai votre guide dans l'histoire fascinante de notre royaume."
Ses yeux balayèrent la salle, s'arrêtant brièvement sur chaque visage. Lorsque son regard croisa le mien, je crus y déceler un éclair d'intérêt, ou peut-être de reconnaissance. C'était difficile à dire, mais cela piqua ma curiosité.
Alors que Telaros établissait les règles de base du cours, je ne pouvais m'empêcher de penser que, pour la première fois depuis longtemps, j'étais peut-être face à un professeur qui pourrait réellement m'apprendre quelque chose de nouveau.
"L'histoire," déclara Telaros, sa voix captivant mon attention, "n'est pas seulement une liste de dates et d'événements. C'est le récit de nos origines, de nos luttes et de nos triomphes. Et, plus important encore, c'est la clé pour comprendre notre présent et façonner notre avenir."
Je me redressai légèrement sur ma chaise, mon intérêt pleinement éveillé. Peut-être que ce cours m'apporterait plus que de simples connaissances académiques. Peut-être qu'ici, dans cette salle de classe, je trouverais enfin des réponses aux questions qui me hantaient depuis si longtemps. Des réponses sur mon passé, sur le vrai rôle de l'Empire, et sur le destin qui m'attendait.
Le professeur Telaros activa le projecteur holographique au centre de la salle, faisant apparaître une carte détaillée de notre étoile, Asteria.
"Comme vous pouvez le voir," commença-t-il, "Nymeria n'est qu'une partie d'un tout bien plus vaste. Avant la formation de l'Empire, il y a plus de mille ans, notre monde était divisé en d'innombrables petites nations, chacune luttant pour sa survie et sa domination."
Je me penchai en avant, fasciné par la carte qui montrait un paysage politique radicalement différent de celui que je connaissais. Les frontières des royaumes actuels n'existaient pas encore, remplacées par une myriade de petits territoires aux contours flous.
"Professeur," intervint Miyako, la fille aux cheveux bleus, "comment ces nations ont-elles pu s'unifier pour former l'Empire ?"
Un sourire énigmatique se dessina sur les lèvres de Telaros. "Excellente question, Mlle Miyako. L'unification n'a pas été un processus pacifique, loin de là. Elle a été le résultat d'une série d'événements que les historiens appellent 'Les Guerres de l'Aube'."
L'hologramme changea, montrant des scènes de batailles épiques. Des armées s'affrontaient, utilisant des technologies que je ne reconnaissais pas. Et au milieu de tout ça, des silhouettes enveloppées d'auras colorées - les premiers utilisateurs de fluide ?
"Ces guerres ont duré près d'un siècle," poursuivit Telaros. "Elles ont vu l'émergence de héros et de tyrans, d'alliances improbables et de trahisons dévastatrices. Mais le tournant décisif est survenu avec l'apparition d'un leader charismatique connu sous le nom de 'l'Unificateur'."
Je ne pus m'empêcher d'intervenir. "L'Unificateur ? Était-il le premier empereur ?"
Telaros me regarda avec un intérêt renouvelé. "Pas exactement, M. Draxler. L'identité réelle de l'Unificateur reste un mystère, même pour nos historiens les plus érudits. Ce que nous savons, c'est qu'il - ou elle - possédait une maîtrise exceptionnelle du fluide, dépassant tout ce qu'on avait vu jusqu'alors."
L'hologramme montra l'image d'une silhouette enveloppée d'une aura multicolore, dominant un champ de bataille.
"Mais professeur," intervint Darius, une pointe de scepticisme dans la voix, "comment une seule personne aurait-elle pu changer le cours de l'histoire ?"
"Ce n'était pas qu'une question de puissance, M. Darius," répondit Telaros. "L'Unificateur avait une vision. Il a convaincu les différentes factions que leur survie dépendait de leur union. Face à une menace extérieure - dont la nature exacte reste débattue - les nations d'Asteria ont finalement accepté de s'unir sous une seule bannière."
Mon esprit tournait à plein régime. Une menace extérieure ? Était-ce lié aux aliens dont ma mère m'avait parlé ? Je brûlais d'en savoir plus, mais je savais qu'il fallait que je reste prudent dans mes questions.
"Et c'est ainsi qu'est né l'Empire," conclut Telaros. "Mais son histoire ne s'arrête pas là. Dans les siècles qui ont suivi, l'Empire a connu des périodes de prospérité et de déclin, des révoltes et des réformes. Et bien sûr, l'émergence des royaumes indépendants que nous connaissons aujourd'hui."
La sonnerie retentit, marquant la fin du cours. Alors que mes camarades rangeaient leurs affaires en discutant avec animation, je restai assis, perdu dans mes pensées. Ce cours avait soulevé plus de questions qu'il n'avait apporté de réponses. Qui était vraiment l'Unificateur ?
Une chose était sûre : ce cours d'histoire allait être bien plus intéressant que je ne l'avais imaginé.