Après cette conversation troublante avec les Ombres d'Éther, Klayn et moi décidâmes de rentrer chez nous. J'avais besoin de réfléchir à tout ça. Cette organisation mystérieuse ne m'inspirait pas confiance, et je savais que je devais en apprendre davantage.
De retour dans ma chambre, je sortis mon téléphone high-tech. C'était un appareil vraiment fascinant, qui répondait au Midori. Un bijou de technologie qu'on devait aux échanges entre Nymeria et Midoria. J'envoyai un message à Klayn. Après tout, il avait prouvé ses talents d'investigation en me retrouvant, et nous étions dans le même pétrin tous les deux - je pouvais donc bien mettre à profit ses compétences.
La réponse de Klayn ne se fit pas attendre. Il souligna, à juste titre, que nous ignorions l'étendue du pouvoir de cette organisation. Fouiner pouvait s'avérer périlleux. Il proposa qu'on en discute en personne pour planifier nos actions sans risquer d'attirer l'attention.
Il n'était que 15h, nous avions donc tout notre temps. J'ai d'abord songé à l'inviter chez moi, mais avec ma mère et Oriana dans les parages, ce n'était pas l'idéal. Klayn suggéra alors qu'on se retrouve chez lui, vu qu'il vivait seul. On se donna rendez-vous à 18h.
Plus tard, alors que je me préparais à sortir, ma mère m'intercepta dans le couloir. Son air grave m'interpella immédiatement.
"Logan, j'ai quelque chose d'important à te dire et aussi une faveur à te demander avant que tu ne partes," me dit-elle, sa voix empreinte d'une solennité inhabituelle.
"Oui mère, de quoi s'agit-il ?" Demandai-je, une pointe d'inquiétude dans la voix.
"J'ai fait un rêve, ton père est apparu et m'a transmis un message alarmant. Il m'a dit de te mettre en garde contre les dangers qui rôdent autour de toi, de ne faire confiance qu'à ceux dont le cœur est pur et l'intention est juste," expliqua-t-elle, ses yeux reflétant une profonde préoccupation.
Mes sourcils se froncèrent. Mon père, disparu il y a des années, apparaissant dans les rêves de ma mère avec de tels avertissements ? C'était trop étrange pour être ignoré.
Ma mère possédait une sorte de don, elle avait la capacité de communiquer avec les morts dans ses rêves. Ce don, je n'ai jamais pu le comprendre - il n'avait selon moi aucun rapport avec le 'fluide', ce qui m'intriguait profondément.
Mais juste au moment où je m'apprêtais à répondre, un frisson me parcourut l'échine.
"Mère, ce don que tu as, c'est uniquement lié aux morts, n'est-ce pas ?" demandai-je, appréhendant sa réponse.
"Je sais où tu veux en venir, mon fils," répondit-elle, son visage s'assombrissant. "J'ai eu plusieurs fois ces genres d'apparitions dans mes rêves et... à chaque fois, c'était des personnes décédées récemment. Mais cela ne veut pas dire que c'est le cas pour ton père."
Ma mère, ma tante, ma sœur et moi pensions tous que notre père avait perdu la vie après que l'empire l'ait envoyé en mission à Gefallone, étant donné l'absence de nouvelles pendant plus de trois ans.
Mais ce n'étaient que des suppositions, une manière pour nous de ne pas nous bercer de 'faux espoirs'.
Cependant, cette possibilité venait de s'évanouir pour moi. Il était désormais évident que mon père était mort, et probablement dans les semaines précédant ma rentrée scolaire. Alors, que faisait-il tout ce temps ?
Deux théories se formaient dans mon esprit : soit Gefallone avait retenu mon père captif durant toutes ces années, tentant de lui soutirer des informations, et sûrement pas par les moyens les plus doux, connaissant les pratiques Gefalloniennes ; soit l'empire avait découvert le talent de mon père et mené des expériences sur lui, conduisant à sa mort.
Mon visage demeura impassible tandis qu'une expression pensive s'y dessinait. En reprenant mes esprits, je vis le visage de ma mère assombri, probablement en raison de ma question précédente.
Je ne pouvais que garder mes déductions et mes théories pour moi. J'étais probablement le seul de la famille capable de supporter le choc de la confirmation du décès de mon père.
Je devais partir, alors je me hâtai d'en finir avec ma mère après une petite plaisanterie pour lui redonner le sourire. Je m'attendais déjà à ce qui allait suivre, mais je devais feindre l'ignorance...
"Mais mère, comment puis-je savoir qui a un cœur pur et une intention juste ?" demandai-je, feignant la naïveté.
"Tu as un don, Logan," répondit-elle, son visage empreint de fierté. "Depuis tout petit déjà, tu percevais l'essence des gens, leur véritable nature. Fais confiance à ton instinct, mon fils."
Elle ignorait qu'elle venait de me rappeler ce don que je possédais quand j'avais encore 10 ans. J'avais l'habitude de l'utiliser sur tout le monde, ce qui me permettait de les manipuler ou même de les faire chanter dans certains cas. Il m'arrivait même de l'employer contre mon père.
Depuis que ma mère l'avait découvert, et vu comment je l'utilisais, elle m'avait interdit de m'en servir à nouveau. Et je ne sais comment, sûrement par ses nombreux talents, elle me l'avait scellé.
"Alors maintenant, tu m'autorises à nouveau à l'utiliser ?" demandai-je, retenant un rictus.
"Oui, il faut prendre au sérieux ce message de ton père. Mais je ne veux pas revoir ce côté sombre de toi," avertit-elle, son regard se durcissant légèrement.
"C'est bon, c'est bon, je ferai attention. Bon, je dois y aller, j'ai un rendez-vous avec un camarade de classe. À plus tard," lançai-je avant de partir.
Je laissai ma mère dans le couloir, le poids de ses paroles s'accrochant à moi comme une ombre persistante. La révélation sur mon père résonnait dans mon esprit, son message énigmatique se mêlant aux avertissements de ma mère, créant un tourbillon de pensées contradictoires. Pourtant, je savais qu'il me fallait garder la tête froide. Les Ombres d'Éther étaient désormais ma priorité, et découvrir leur véritable nature était devenu plus urgent que jamais.
En route vers chez Klayn, mes pensées divaguaient. "Ces 'dons' que mon père, ma mère, ma sœur et moi possédons, d'où viennent-ils ? Pourquoi mon père ne voulait-il pas que nous les utilisions devant les autres ? Et surtout, pourquoi semblait-il que nous soyons les seuls à les posséder ?"
Il était temps que je commence réellement à chercher la vérité sur toutes ces questions qui me hantaient.
Mon don de percevoir la vraie nature des gens avait été réveillé par ma mère, mais cela ne faisait que compliquer davantage la situation.
Après un long trajet, j'arrivai enfin à l'adresse que m'avait communiquée Klayn.
Il m'attendait chez lui, dans une demeure luxueuse qui contrastait fortement avec mon propre logement modeste.
En pénétrant dans sa résidence, je fus frappé par l'élégance de chaque détail, révélant le raffinement de son propriétaire.
Klayn m'accueillit avec un sourire chaleureux, mais ses yeux dorés trahissaient une inquiétude dissimulée.
"Logan, je suis ravi que tu sois venu. J'ai effectué quelques recherches supplémentaires sur les Ombres d'Ether. Leur influence s'étend bien au-delà de ce que l'on imaginait," déclara-t-il d'une voix posée, mais teintée d'une certaine gravité.
Je m'assis en face de lui, prêt à entendre ce qu'il avait découvert, mon cœur battant d'anticipation.
Klayn avait disposé plusieurs écrans holographiques autour de la pièce, chacun affichant des fragments d'informations. Des images, des cartes, et des diagrammes clignotaient devant nous, créant une mosaïque complexe de données. Il commença à expliquer ce qu'il avait mis au jour.
"Ces gens sont comme des fantômes, aucun registre ne parle d'eux, et ceux qui peuvent les mentionner sont extrêmement bien gardés. À tel point que je n'ai pu obtenir que 20% de ce qu'il y a à savoir sur eux," révéla-t-il, ses yeux scrutant ma réaction.
Je hochai la tête, absorbant l'information. "D'après tes dires, ce groupe me paraît bien plus important que je ne l'imaginais."
Klayn acquiesça gravement. "En effet, ce n'est pas le simple 'groupe' qu'on imaginait, c'est bien loin de ça. C'est une organisation immense, elle possède des réseaux dans presque tous les recoins du monde. Ils ont une sorte de signature, chaque fois qu'ils ont assassiné, détruit ou volé, on retrouve une marque en forme de O, signalant leur présence ou leurs actes sur les lieux des crimes."
Je me penchai en avant, les coudes sur mes genoux, mon esprit tournant à plein régime. "Une organisation avec autant d'influence doit avoir des objectifs bien précis et probablement des personnes de haut calibre dans ses rangs. La question est : pourquoi s'intéressent-ils à nous ?"
Klayn réfléchit un instant avant de répondre, son front se plissant légèrement. "Peut-être que ça a à voir avec nos capacités. Si on ne devait parler que du fluide, nous deux utilisons des techniques intermédiaires du smog malgré notre jeune âge. C'est loin d'être commun."
"Ou bien," dis-je en me redressant, une théorie prenant forme dans mon esprit, "ils cherchent quelque chose de plus profond, quelque chose en lien avec l'histoire de notre planète et les pouvoirs que nous possédons."
Klayn fronça les sourcils, intrigué. "Tu penses à l'Unificateur et aux 'Guerres de l'Aube' ?"
"Je pense au méta fluide," répondis-je, mes yeux brillant d'une lueur d'excitation. "Maintenant que j'y repense, quand j'étais encore enfant, mon père me racontait des histoires sur cette énergie. Il me répétait très souvent que cette énergie, avant sa libération, était emprisonnée dans une sorte de boîte faite d'une manière presque indestructible. Elle fut appelée 'Etherium', puis c'est seulement après que le nom changea en Xenolith, le matériau dont était faite l'épée du premier empereur. Je pense que tout est lié."
Klayn me regarda avec stupéfaction, visiblement surpris par cette révélation. "Je suis plutôt étonné de ce que tu me dis là. J'ignorais complètement la première appellation du Xenolith. Qui était ton père au juste ?"
"Il travaillait avec l'empire, c'est tout ce que je peux te dire," répondis-je aussi brièvement que possible, malgré les yeux de Klayn qui reflétaient les nombreuses questions qui lui brûlaient les lèvres.
"Je comprends..." dit-il, hésitant un instant avant de poursuivre. "Bref, pour les infos, je pense qu'on devra s'en contenter. Mais je peux dire que rien qu'avec ça, il n'est pas acceptable qu'on rejoigne une telle organisation, ne penses-tu pas ?" demanda Klayn d'un ton qui me donnait un sentiment de liberté de choix.
"Bien au contraire, on devrait accepter leur offre," répondis-je, laissant échapper un léger sourire énigmatique.
"Pardon ??" s'exclama aussitôt Klayn, visiblement choqué. "Après ce que je viens de te dire sur eux, tu veux les rejoindre ?"
Normalement, pour une personne saine d'esprit, il serait logique de refuser l'intégration à ce groupe, ce qui ne semblait pas être mon cas. Mais j'avais bien une idée derrière la tête.
"Je sais, je sais. Mais dis-toi, cette Raven, elle ne nous a pas vraiment laissé le choix," expliquai-je, mon ton devenant plus sérieux.
"De quoi tu parles ?" demanda Klayn, intrigué.
"Elle a voulu nous faire croire qu'on avait le choix d'accepter ou refuser leur offre, mais au vu des infos sur eux, ils sont du genre à travailler dans l'ombre. Donc je ne pense pas que quiconque connaisse leur véritable identité ni même leur visage," développai-je, ma voix empreinte de gravité.
"D'après ce que tu dis, on n'a pas vraiment le choix, on se doit d'accepter leur proposition sans faire d'histoire. Pourtant, je ne pense pas qu'ils voudraient nous faire du mal étant donné qu'ils ne savent pas qu'on sait qui ils sont," raisonna Klayn, semblant peser chaque mot.
"Pas sûr," rétorquai-je. "Tu te rappelles, personne ne connaît leur véritable identité ni leur visage. Pourtant, Zéphyr et Raven nous les ont révélés sans problème. Par-là, je veux dire qu'ils nous tueraient à la seconde où on refuserait leur proposition, étant donné qu'ils nous ont laissé connaître leur visage.'' Et en ce qui concerne ce qu'ils sont, je pense que c'est ce qu'ils voulaient. Rappelle-toi ce qu'ils ont dit : 'observez'."
"Alors tu penses qu'ils nous testent seulement ?" demanda Klayn, son regard s'illuminant de compréhension.
"Peut-être..." répondis-je, plongé dans mes pensées, les rouages de mon esprit tournant à plein régime.
Cette organisation nous laissait enquêter sur elle, sachant qu'on découvrirait quel genre de monstres ils étaient, mais pourtant, ils avaient l'air sûrs qu'on les rejoindrait tout de même.
"Que savent-ils de nous ?" murmurai-je, les yeux fixés sur l'horizon nocturne de Nymeria.
Klayn, son visage à moitié dissimulé par les ombres, répondit d'un ton assuré : "Et si on demandait à Miyako demain ? Elle pourrait avoir des réponses."
Je hochai la tête, sentant le poids de la fatigue s'abattre sur mes épaules. "Oui, faisons ça. Il se fait tard, je devrais rentrer avant que ma mère ne s'inquiète réellement."
Soudain, le visage de Klayn se crispa, une lueur d'inquiétude dansant dans ses yeux. "Oh ! Il est déjà si tard... Ce ne serait pas prudent que tu rentres chez toi à cette heure-ci."
Un frisson de doute me parcourut. Certes, il était interdit aux élèves de déambuler dans les rues de Nymeria après 22h, mais l'inquiétude de Klayn semblait disproportionnée pour quelque chose dont nous avions l'habitude.
"Qu'est-ce que tu racontes ?" rétorquai-je, tentant de masquer mon propre malaise. "Je suis déjà rentré bien plus tard. Ça ira, t'inquiète. Et puis, personne n'oserait s'en prendre à moi dans ce quartier."
L'expression de Klayn changea brusquement, comme si un voile sombre venait de tomber sur son visage. "Vu comment tu le dis, tu n'as pas l'air d'être au courant. Peu avant que tu n'arrives, il y a eu une annonce aux infos. Un couvre-feu a été instauré après 21h, tous les jours jusqu'à dimanche."
Je sentis mon cœur manquer un battement. "C'est... c'est problématique ça," murmurai-je, secouant la tête, ma main pressée contre mon front.
Comme pour ajouter à mon désarroi, mon téléphone vibra. Un message de ma mère s'afficha, m'enjoignant de rester chez mon camarade pour la nuit.
Je laissai échapper un long soupir, réalisant que j'étais pris au piège. "Bon, il semblerait que je sois coincé ici pour la nuit. J'espère que ça ne te dérange pas, Klayn."
"Pas du tout," répondit-il avec un sourire qui ne parvint pas à atteindre ses yeux. "J'ai une chambre d'amis que tu peux utiliser. Je vais t'y conduire."
J'avais comme l'impression que tout ça avait été prémédité, une partie de moi restait en alerte.
Alors que nous nous dirigions vers la chambre, mon téléphone vibra à nouveau. Cette fois, c'était un message de Miyako, nous invitant Klayn et moi à rejoindre un groupe de discussion crypté.
"Klayn, regarde ça," dis-je, lui tendant mon téléphone. "Miyako nous a invités dans un groupe de discussion sécurisé."
Klayn fronça les sourcils, une ombre passant sur son visage. "C'est étrange. Pourquoi aurait-elle besoin d'un canal aussi sécurisé pour communiquer avec nous ?"
Sans hésiter, nous acceptâmes l'invitation et rejoignîmes le groupe. Presque instantanément, un message de Miyako apparut, son contenu ne manquait pas de nous inquiéter:
"Logan, Klayn, j'ai des informations cruciales à partager avec vous concernant les Ombres d'Éther. Mais pour certaines raisons, ce n'est pas quelque chose que je peux dire ouvertement ni même par écrit. Demain, après les cours, retrouvez-moi dans la vieille bibliothèque abandonnée au nord de la ville. Venez seuls et assurez-vous de ne pas être suivis. C'est une question de vie ou de mort."
Klayn et moi échangeâmes un regard lourd de sens. Que pouvait bien savoir Miyako qui nécessitait tant de précautions et qui était en danger de mort ?
"Qu'en penses-tu ?" demandai-je à Klayn, la gorge nouée. "Pour ma part, ça ressemble dangereusement à un piège."
"C'est risqué," répondit-il, son regard perdu dans le vide. "Mais si Miyako a des informations importantes, nous devons y aller. Cela pourrait être notre chance d'en apprendre plus sur cette organisation mystérieuse."
J'acquiesçai lentement, sentant le poids de la décision peser sur mes épaules. "Tu as raison. Nous irons demain, mais nous devrons être extrêmement prudents."
"Je le suis toujours, Logan," répondit Klayn, une lueur étrange dans le regard.
"Bon, et comment je fais demain pour les cours ?" demandai-je, réalisant soudain que je n'avais pas de vêtements de rechange.
"Ah oui..." Klayn sembla réfléchir un instant. "J'ai des vêtements que j'ai achetés récemment. Je pense qu'on fait la même taille, ça devrait t'aller."
"Mouais...ça dépend de comment on nous regarde mais bon tant que je ne suis pas en retard ça peut aller. À plus tard."
"D'accord Logan, à demain."
Alors que je me préparais à dormir dans la chambre d'amis, je ne pouvais m'empêcher de penser à ce qui nous attendait le lendemain. Quels secrets Miyako allait-elle nous révéler ? Et plus important encore, pouvions-nous vraiment lui faire confiance ? Les ombres semblaient s'épaissir autour de nous, et je sentais que nous nous apprêtions à plonger dans quelque chose qui nous dépassait largement.
Point de vue de Klayn
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Après avoir regagné ma chambre ce soir-là, malgré le confort luxueux de mon lit, je savais que le sommeil me fuirait. Mon esprit était en ébullition, assailli par une myriade de questions et de théories sur les Ombres d'Éther. Mais ce qui me troublait le plus, c'était cette lueur étrange qui émanait de Logan depuis son arrivée chez moi - une lueur que je ne connaissais que trop bien.
Alors que j'éteignais les lumières et m'installais sous les draps soyeux, mon téléphone vibra sur la table de chevet en bois précieux. Je saisis l'appareil, mon cœur s'accélérant à la vue du numéro inconnu qui s'affichait.
J'hésitai une seconde avant de répondre, la gorge serrée. "Allô ?"
"Comment se déroule la mission ?" demanda une voix anonyme, froide et tranchante comme une lame.
Je pris une profonde inspiration, pesant chaque mot. "J'ai établi le premier contact avec les Ombres et... j'ai fait la connaissance du fils de Kazarym Draxler."
Un silence pesant s'installa à l'autre bout du fil, comme si l'information était un poison difficile à avaler. "Le fils de Kazarym... Tu en es certain ?"
"Oui," confirmai-je, mon ton calme masquant mon agitation intérieure. "Logan Draxler. Il possède des compétences exceptionnelles avec le Smog, et il semble avoir hérité des extraordinaires talents de son père."
La voix anonyme trahit une pointe de trouble. "Intéressant. Nous savions que Kazarym avait des enfants, mais nous ne pensions pas qu'ils seraient aussi... prometteurs."
Je restai silencieux, attendant la suite, conscient que cette mission venait de prendre une tournure bien plus complexe. La mention de Kazarym Draxler ne faisait que souligner l'importance cruciale de notre tâche.
"La situation prend une tournure fascinante," reprit la voix après un instant de réflexion. "Continue de gagner sa confiance. Nous devons tout savoir sur les Ombres d'Éther et sur les dons que possèdent les Draxler. Il est primordial que nous comprenions leur origine et leur potentiel."
"Je comprends," répondis-je, sentant le poids de la responsabilité peser sur mes épaules. "Mais Logan est loin d'être naïf. Il ne fait pas confiance facilement, et il commence déjà à poser des questions gênantes."
"Fais preuve de la plus grande prudence, Klayn," ordonna la voix, un soupçon de menace dans le ton. "Tu dois rester parfaitement discret. Si Logan découvre nos véritables intentions, cela pourrait anéantir toute l'opération."
"J'en suis pleinement conscient," répondis-je, mon ton se faisant plus ferme. "Je gérerai cela avec toute la prudence nécessaire."
"Bonne chance," conclut la voix anonyme avant de raccrocher brusquement.
Je restai immobile dans l'obscurité, le téléphone toujours à la main, le poids de ma mission semblant soudain insurmontable.
Je savais que la tâche qui m'était confiée était périlleuse, mais je ne pouvais m'empêcher de ressentir une certaine admiration pour Logan, loin était de moi l'envie de trahir sa confiance. Peut-être que travailler ensemble pourrait révéler des vérités que même mes mystérieux supérieurs ignoraient.
Je reposai finalement le téléphone, décidant de me concentrer sur la journée à venir. Miyako avait promis des révélations, et je devais être prêt à tout entendre et à tout analyser avec un esprit acéré.
Avec cette pensée tourbillonnant dans mon esprit, je fermai les yeux, tentant de trouver un semblant de repos dans cette nuit lourde de secrets.
L'aube finit par se lever, baignant ma chambre d'une lumière dorée. L'impatience et l'appréhension se disputaient déjà la place dans mon esprit à l'idée de cette journée qui s'annonçait décisive. Comme je m'y attendais, Logan était déjà prêt, son visage trahissant une nuit agitée.
"T'en as pris du temps," lança-t-il, assis nonchalamment sur mon siège, terminant le dernier sandwich qui me restait.
"Tu te lèves tôt, toi," répondis-je avec un sourire forcé. "Miyako n'avait pas menti à ce sujet."
"Miyako...?" Il fronça les sourcils avant d'hausser les épaules. "Peu importe. Le bruit du matin me réveille toujours. Tu sais, j'ai l'ouïe particulièrement développée." Ajouta t'il
À ces mots, je sentis un frisson glacé me parcourir l'échine. Avait-il entendu mon appel de la veille ? Je ne pouvais pas lui poser la question sans éveiller ses soupçons, alors je fis comme si de rien n'était.
"Oh, c'est intéressant," répondis-je, tentant de garder un ton léger. "Mais nous devrions y aller pour arriver à l'heure."
"Ouais, allons-y," acquiesça-t-il, son regard indéchiffrable.
POV de Logan
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En route vers le lycée aux côtés de Klayn, nous échangions des banalités, feignant une conversation anodine pour mieux nous connaître. Mais ce n'était qu'une façade. Je ne savais toujours pas qui était réellement Klayn, et l'incertitude quant à sa loyauté me rongeait de l'intérieur.
"La route est bien longue de chez toi jusqu'au bahut," remarquai-je d'un ton faussement moqueur, tentant de sonder ses réactions. "Comment fais-tu pour ne pas t'ennuyer à marcher tout seul d'habitude ?"
"Très drôle," répliqua-t-il avec un sourire énigmatique. "Figure-toi que je m'y téléporte directement, en temps normal..."
Ces mots m'Intriguaient. Les utilisateurs de Smog, comme de toute autre aura, sont normalement limités par une certaine portée, qui définit la puissance et la maîtrise du porteur. Ma mère m'avait longuement parlé des différentes utilisations des fluides, en particulier du Smog. Ce fluide nécessite au moins un mouvement ou un élan pour définir la distance de téléportation du porteur. Tant qu'on n'a pas assez d'élan ou d'accélération au départ, on ne peut pas aller aussi loin qu'on le désire.
D'un point de vue purement théorique, notre distance de téléportation est limitée. Le record de vitesse atteint par un Asterien à ce jour est d'environ 500 km/h, ce qui correspond à une distance maximale de téléportation d'environ 140 mètres.
En prenant ces facteurs en compte, passer d'un point A à un point B distants de 1000 mètres, ce qui est environ la distance de chez lui au lycée, par téléportation reviendrait à avoir une portée de 1000 mètres et à atteindre une vitesse vertigineuse de 3600 km/h. Une prouesse totalement impossible... sauf si Klayn était déjà un utilisateur avancé du Smog, bien au-delà de ce que j'avais pu imaginer.
Cette révélation fit naître en moi un tourbillon de questions et de doutes. Qui était réellement Klayn ? Quels secrets cachait-il encore ? Et surtout, pouvais-je vraiment lui faire confiance alors que nous nous apprêtions à plonger dans les mystères des Ombres d'Éther ?
Je scrutai attentivement le visage de Klayn, cherchant le moindre signe de tromperie. Mon entraînement intensif en lecture du langage corporel me permettait d'affirmer sans l'ombre d'un doute que ce n'était pas une blague. Klayn, quant à lui, examinait mes yeux, cherchant une trace d'incertitude. Il réalisa soudain que cette information cruciale lui avait échappé. Son regard trahit une erreur, mais étrangement, il ne semblait pas s'en inquiéter. Je décidai de feindre l'ignorance.
"Ha ha, très drôle," dis-je avec un sourire forcé. "Je parie qu'avec ta fortune, tu t'es offert ton propre système de téléportation."
"Arrête," répondit-il, gêné. "Je ne suis pas si riche. Mes parents ont juste... des relations."
"Mais bien sûr," répliquai-je, sceptique. "Allez, dépêchons-nous."
Nous arrivâmes enfin au lycée, parcourant ses couloirs inhabituellement silencieux. Les grandes fenêtres offraient une vue sur la cour déserte. Soudain, au détour d'une intersection, une voix brisa le silence pesant.
"Logan."
Je me retournai pour faire face à une femme d'une beauté saisissante. La vingtaine, des cheveux noirs ébène et des yeux rouge sang, identiques aux miens. Sa tenue laissait comprendre qu'elle venait de la haute société : une longue robe fendue jusqu'à la cuisse, ornée de rubis, et des escarpins assortis à ses yeux écarlates.
Klayn resta bouche bée, ébahi par l'apparition de cette femme à l'élégance frappante. Et pour cause, elle irradiait d'une aura royale. Fidèle à mes habitudes, je gardai un air impassible.
"Qui êtes-vous ?" demandai-je, méfiant.
"Je suis Thalia," répondit-elle d'une voix à la fois douce et autoritaire. "Nous devons parler."
Intrigué, je l'observai attentivement. Son assurance et son aura de mystère contrastaient violemment avec l'atmosphère banale du lycée.
"Très bien," acquiesçai-je calmement. "De quoi s'agit-il ?"
Thalia jeta un regard appuyé à Klayn, toujours hypnotisé. "En privé, si possible."
Je haussai les épaules. "Klayn, on se retrouve en classe."
Klayn sembla enfin émerger de sa stupeur, comme s'il sortait d'un rêve éveillé. "Je... euh... d'accord," balbutia-t-il, ses yeux ne quittant pas Thalia. Il commença à reculer, visiblement tiraillé entre sa curiosité et son instinct qui lui disait de s'éloigner.
Alors qu'il s'éloignait à contrecœur, jetant des regards furtifs par-dessus son épaule, je ne pus m'empêcher de remarquer son comportement inhabituel. Klayn, d'ordinaire si sûr de lui, semblait complètement déstabilisé par la présence de Thalia.
Je le regardai disparaître au bout du couloir, un sentiment de malaise grandissant en moi. La présence soudaine et mystérieuse de cette femme ne faisait qu'ajouter une couche de complexité à ma situation déjà précaire.
Thalia dut percevoir mon trouble car elle posa une main sur mon épaule, son contact aussi léger qu'une plume mais chargé d'une énergie palpable. "Ne t'inquiète pas, ce ne sera pas long…j'espère." murmura-t-elle. "L'avenir de beaucoup dépend de ce que je te dirais et ce que nous allons faire."
Ses paroles, loin de me rassurer, ne firent qu'accentuer le poids de la responsabilité qui pesait déjà sur mes épaules.