Paris, France, ██/██/2███
J+365
La figue de l'homme s'extrait lentement de la faille présente dans le sol devenu aride de la capitale.
Au loin, une cathédrale en ruine peut être aperçu, défiguré par les années passées sans aucun soutient ni nettoyage.
Des plantes grimpantes prolifèrent sur les murs abandonnés depuis des décennies, depuis que les humains ont fui la surface.
Pas après pas, l'homme s'avance vers ces ruines, d'une allure presque religieuse, la tête penchée et les yeux fermés.
Les rues, d'ordinaire grouillant des nuisibles présent depuis bien longtemps, sont vides de vie, une vie qui se terre et qui craint l'existence que sont devenus les anciens maîtres de ce monde.
À l'intérieur de l'un des lieux les plus majestueux de son temps, est réuni un groupe, discutant à voix basse.
Ils sont assis en cercle autour d'une femme, la seule portant sur elle autre chose que des lambeaux de tissus. Sans préavis ni avertissement, elle ouvre les yeux pour fixer la silhouette passant au travers de ce qui reste de l'immense porte du bâtiment.
Instantanément, le silence se fait, et toutes les têtes se tournent vers la figure venant d'entrer.
Des centaines d'yeux fixes, tels les frères Hécatonchires, le nouveau venu, qui continue d'avancer vers le centre du groupe.
Lorsqu'il s'arrête enfin devant Celle Qui Voit La Nuit, la Prêtresse au regard de sang, une voix, mélodieuse, sans source apparente, résonne dans l'ancienne église.
- As-tu retrouvé celle que l'on t'a volée, Héraclès ? demande-t-elle.
- Ma fille, Lilith, ne se trouvait pas ici, ô Gaïa, répond l'homme. Ils l'ont emporté par-delà les ruines des mortels du passé. M'accorderas-tu ton aide pour la retrouver ?
- Notre patience n'est pas infinie, réplique-t-elle d'une voix sèche. Ta mère, Héra, ne souhaite plus attendre. Lilith est nécessaire pour la naissance de Chronos. Elle est la seule à pouvoir demander aux Anges Déchus du Paradis d'ouvrir la porte des Enfers.
- Mais nous n'avons pas besoin des âmes des Titans pour vaincre ce monde et ses mortels ! avance-t-il. Les forces seules de la Galerie des Étoiles sont suffisantes !
- Silence.
Cette fois, la Prêtresse, Gaïa, a bougé les lèvres. Et le son s'échappant de sa bouche est tout sauf mélodieux et doux. Il est brutal, sanglant, mais surtout triste, blessé, défiguré par les douleurs, autant physiques que spirituelles.
- Thésée t'accompagnera dans tes épreuves, mais ne nous déçoit pas. Ceci est la dernière chance que nous te donnons pour racheter tes erreurs, ajouta la Prêtresse en refermant les yeux.
Sans un mot de plus, Héraclès baissa la tête et ressortit de l'ancien lieu sacré en marchant d'un pas rapide, une rage contenue dans le regard.
Une fois à l'extérieur, il se mit à courir en direction de la figure du Panthéon, où Thésée, son frère de sang, habitait.
Il courut en traversant les ruines du pont.
Il courut en traversant les rues abandonnées.
Il courut en traversant les immeubles délabrés.
Et il s'arrêta finalement devant les colonnes de pierre devenues grises par le temps qui passe.