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Comme Alicia l'avait supposé plus tôt, après environ deux heures, les deux femmes s'étaient déjà endormies. Madame Grace dormait sur un petit lit à l'autre bout de la pièce tandis que Paulina dormait sur un tapis à côté de son lit.
Elle se leva lentement, faisant attention à ne pas faire le moindre bruit. Elle devait s'échapper même si elle ne savait pas où elle allait. Elle devait juste trouver le village et chercher la rivière.
Une fois ses pieds posés sur le sol, elle inspecta attentivement la petite pièce. La lanterne était très faible, mais elle lui permettait de tout voir. Elle vit une lanterne de secours éteinte posée en haut d'une étagère et soupira de soulagement. Elle se serait sentie coupable de prendre la seule lanterne qu'elles avaient. Son seul espoir maintenant était qu'elle contienne du kérosène ou quoi que ce soit que les gens de cette époque utilisent pour leurs lanternes. Comme une voleuse, elle marcha sur la pointe des pieds vers elle et sourit largement quand elle la sentit lourde.
La question qui tourmentait son esprit était maintenant : Comment allait-elle l'allumer ?
'Ils n'utilisent pas toujours des pierres, n'est-ce pas ?' se demanda-t-elle inquiète. En parcourant la pièce du regard, elle vit un très grand balai fait de bâtons. Elle ne perdit pas de temps avant d'en casser un morceau. Comme lorsqu'elle vivait encore dans les taudis, elle utilisa le bâton pour prendre du feu de la lanterne allumée avant de s'en servir pour allumer la seconde.
Enfin, elle avait fini. Et heureusement, les deux femmes dormaient toujours profondément. Madame Grace bougeait parfois dans son sommeil, effrayant Alicia.
Il lui fallut de longues minutes avant de quitter la maison en tenant la lanterne par la petite poignée en fer.
Dès qu'elle sortit, la brise la balaya immédiatement, mais elle l'ignora. C'était maintenant ou jamais.
Elle courut.
Sa robe faillit la faire trébucher plusieurs fois et elle jura bruyamment avant de ramasser l'ourlet d'une main, l'autre main tenant fermement la lanterne alors qu'elle courait pour sauver sa vie.
'S'il te plaît Seigneur, pardonne-moi mes péchés et ramène-moi à la maison. Je ne veux pas rester ici. Je n'appartiens pas à cet endroit.' Priait-elle pendant qu'elle continuait de courir, sans prendre le temps de reprendre son souffle. Après avoir couru ce qui lui sembla trente minutes, elle réalisa qu'elle ne trouvait toujours pas de bâtiments. On aurait dit qu'elle était au plus profond des montagnes. Les seuls sons qu'elle pouvait entendre étaient les arbres qui bruissaient, les feuilles qui tombaient, et certains bruits d'animaux. Des sons qu'elle n'avait jamais entendus dans sa vie.
'Où suis-je ?' demanda-t-elle, commençant à paniquer alors qu'elle se tenait debout. Elle haletait si rapidement et si fort tout en continuant de tourner la tête pour regarder autour d'elle. Elle ne savait pas où elle était.
N'avait-ce pas Paulina qui avait pointé dans cette direction en parlant du village ? Pourquoi ne trouvait-elle pas le village ?
Avant qu'une autre pensée ne puisse émerger, elle entendit un grondement d'animal qui lui fit écarquiller les yeux de peur.
C'était un animal ? Un animal sauvage ?
Bien qu'il semblât que l'animal était loin d'elle, elle commença à reculer, prenant des pas prudents pour ne rien écraser. Elle pouvait littéralement entendre son cœur battre à toute vitesse.
Son rythme cardiaque déjà rapide s'accéléra lorsqu'elle commença à entendre des choses qui ressemblaient à des voix lointaines et pouvait voir la lueur faible de torches en feu au loin.
Elle se retrouva dans un dilemme alors qu'elle se demandait si elle devait ou non se montrer aux gens. Peut-être l'aideraient-ils ? La guideraient-ils vers le village ? D'un autre côté, et s'ils étaient de mauvaises personnes ?
Elle devina que la deuxième option était la réponse lorsqu'elle entendit un bruit de coupure et le cri de quelqu'un.
Elle poussa un cri aigu et se retourna pour s'enfuir. Alors qu'elle commençait à courir dans la direction opposée, elle se demanda s'il valait mieux laisser la lanterne allumée ou éteinte. Si elle la laissait allumée, ils pourraient la trouver. Si elle était éteinte, elle ne verrait pas où elle allait et pourrait probablement heurter un animal sauvage ou tomber dans un fossé.
Malheureusement, elle était trop perdue dans ses pensées et ne prit pas garde à l'endroit où elle mettait les pieds. La chose suivante qu'elle sut, c'est qu'elle trébucha et se mit à rouler dans l'herbe. Son premier instinct fut de crier comme n'importe quelle personne normale l'aurait fait, mais elle se rappela rapidement que sa vie était en jeu. Il était inutile de crier quand cela ne ferait rien pour elle, sinon causer plus de problèmes. D'ailleurs, à ce moment, rien n'était normal.
Lorsqu'elle atteignit enfin le bas et cessa de rouler, elle gémit de douleur. Son corps avait l'impression d'avoir été sévèrement battu. Elle ressentait de la douleur partout.
'Quelle chance j'ai !' Sa voix était brisée et ce n'est que maintenant qu'elle réalisa que des larmes s'échappaient de ses yeux.
Heureusement, elle trouva sa lanterne à proximité et rampe pour l'atteindre car marcher lui semblait presque impossible à ce moment. Elle n'était pas sûre qu'elle serait capable d'utiliser ses pieds ou son corps entier. Pauvre Princesse. Elle allait devoir la quitter avec un corps meurtri.
'Oh non ! Ne fais pas ça s'il te plaît !' Pleura-t-elle en réalisant que le kérosène de la lanterne s'était répandu sur les feuilles sèches du sol. Même si elle était heureuse qu'un incendie n'ait pas commencé, comment allait-elle traverser la nuit sans lumi—'
'Ahhh !' Elle poussa un cri étouffé quand elle entendit un autre grondement. Cette fois, c'était derrière elle. Derrière elle !
Elle n'attendit pas de se retourner. À sa grande surprise, ses jambes fonctionnaient et elle réalisa qu'elle courait mais qu'il n'y avait nulle part où courir à moins qu'elle ne décide d'escalader là d'où elle était tombée.
Doucement.
Très doucement.
Elle se retourna.
La première chose qu'elle vit furent les yeux bleu profond d'un énorme animal la regardant. La hauteur de l'animal lui arrivait à la poitrine.
Ses yeux s'écarquillèrent de peur. Elle n'avait jamais vu d'animal aussi énorme.
'Oh mon Dieu !' S'exclama-t-elle de peur et trébucha en arrière.
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