"Aaaaaah !"
Kieran poignarda le voyou hurlant en plein cœur. Les lèvres de l'homme bougèrent légèrement, mais il ne dit rien en s'éteignant.
Kieran était froid et impitoyable.
Il n'avait de toute façon jamais eu l'intention de le laisser partir.
Surtout maintenant qu'il était au courant du marché qui se tramait entre le Vautour et le chef de la rébellion.
Tout comme on le lui avait dit, tout individu qui s'associait au Vautour était de la mauvaise graine.
C'est là qu'il comprit vraiment le sens caché derrière ces mots.
Kieran ne se considérait pas non plus comme une bonne personne. Il avait lutté pour sa survie dès son plus jeune âge, et il avait croisé tellement d'obscurité dans sa vie, au point qu'il ne pouvait plus distinguer le bien du mal. Cependant, il ne se considérait pas comme un mauvais homme non plus. Il était entre les deux et ne voulait pas changer.
Il était en fait une personne bienveillante.
« Faire preuve de clémence est optionnel, mais avoir un cœur bienveillant et ne pas nuire aux autres, ça, non ! »
C'était sa philosophie de vie.
Il ne savait pas si cela changerait un jour, mais en attendant, il prévoyait de s'accrocher à ses croyances.
Kieran souffla un long soupir et rassembla ses pensées.
Ce n'était pas le moment de penser à cela. Il devait se concentrer sur l'affaire en cours.
[Tranchage : Inflige 10 Dégâts aux PV de la cible, incapacitant la cible...]
[Tranchage : Inflige 10 Dégâts aux PV de la cible, incapacitant la cible...]
[Tranchage : Inflige 10 Dégâts aux PV de la cible, incapacitant la cible...]
Kieran passa en revue le journal système.
Les trois notifications indiquaient que Kieran avait efficacement porté son coup de couteau sur la cible. Cependant, la fenêtre d'acquisition de compétence n'était pas apparue.
Kieran avait également menacé le voyou, ce qui aurait pu être considéré comme une action efficace également, mais aucune fenêtre d'acquisition de compétence n'était apparue à ce sujet non plus.
« Alors, y a-t-il une limite aux compétences que je peux acquérir ? Des compétences coercitives telles que [Menacer] ou [Marchander] ne sont pas apparues. Est-ce que j'ai mal fait quelque chose ? De plus, les coups de couteau auraient dû compter comme des compétences d'épée. Ça aurait dû apparaître comme une nouvelle compétence ! À moins que j'aie déjà atteint la limite ? »
Il fronça les sourcils en parvenant à une conclusion.
Il était actuellement encore dans le donjon pour débutants. Pour que les nouveaux joueurs fassent un bon départ, le jeu leur donnait un petit avantage. Cet avantage, cependant, n'était pas infini. Il était dans la raison.
Pour acquérir des compétences, il suffisait de trois coups efficaces pour qu'elles soient enregistrées dans la fenêtre de compétences.
Cependant, il semblait que cela ne pouvait s'appliquer qu'à la catégorie d'armes spécifique.
Par exemple, Kieran avait déjà acquis la compétence [Arme tranchante (Dague)], donc d'autres armes et compétences dans la catégorie [Arme Tranchante] deviendraient automatiquement inaccessibles.
Pour acquérir ces compétences, il faudrait suivre les règles du jeu réel. Les avantages du donjon pour débutants n'étaient plus applicables.
« Si c'est le cas, alors... », il fronça de nouveau les sourcils.
Les choses ne se passaient pas comme il l'avait prévu.
Son plan initial avait été d'interroger le voyou pour obtenir plus d'informations sur la base. Son second motif, cependant, avait été d'acquérir plus de compétences et de se renforcer dans un laps de temps plus court.
Il semblait que le créateur du jeu avait pris certaines mesures pour prévenir ce genre d'abus.
Le jeu permettrait aux joueurs d'acquérir des compétences à des fins défensives, mais il ne leur permettrait pas de devenir très forts dès le départ.
Après tout, un déséquilibre de puissance dans le jeu pourrait ultimement conduire à sa chute.
Bien que Kieran souhaitât gagner plus de pouvoir, il réalisait qu'il devrait suivre les règles du jeu pour le moment.
« Et si j'essayais d'améliorer les compétences que j'ai déjà acquises ? Devrais-je suivre les règles du donjon pour débutants ou les règles régulières alors ? » se demanda Kieran.
Ça serait plus facile avec les règles de débutants plutôt qu'avec les règles habituelles. Suivre les règles classiques serait beaucoup plus difficile.
Cependant, Kieran manquait d'informations pour spéculer davantage sur cela.
Il secoua vigoureusement la tête, souhaitant débarrasser son cerveau de toutes ces pensées.
Il se leva et fit signe à Colleen, lui signalant de revenir.
Le souhait de Kieran d'acquérir de nouvelles compétences n'avait pas porté ses fruits, mais il avait obtenu beaucoup d'informations sur leurs ennemis. C'était définitivement plus qu'il ne l'avait anticipé.
Le voyou mort avait tout dit à Kieran ce qu'il devait savoir et avait même mentionné les ententes secrètes entre le Vautour et le chef de la rébellion.
« Fils de pute ! Comment a-t-il pu ? » s'exclama Colleen quand Kieran lui raconta tout ce qu'il savait.
En tant que femme, elle pouvait comprendre ce que les femmes qui étaient échangées enduraient.
« Ce fils de pute ! Il pourrira en p*tain d'enfer quand il crèvera ! » maudit Colleen avec colère.
« Alors nous y l'enverrons ! » déclara Kieran.
Colleen acquiesça d'un signe de tête, « Oui, nous y l'enverrons! »
« Mais avant cela, nous devons bien organiser notre butin pour pouvoir lutter correctement contre le Vautour ! » dit Kieran, en pointant les gilets de protection et les armes à feu.
Kieran n'abandonnerait jamais ces objets. Comme tout joueur, il tenait à remplir son inventaire avec des objets et de l'équipement. Même si la valeur de l'article n'était pas élevée, Kieran garderait quand même chaque objet.
Par ailleurs, le butin valait plus que tous les objets réguliers.
« Laisse-moi faire ! » dit Colleen avec confiance.
« Tu comptes tout ramener à ta cachette ? C'était assez isolé là-bas la nuit dernière, mais ce ne le sera plus, » questionna Kieran sur le plan de Colleen.
Leur cachette avait été plutôt isolée et sûre avant que les hommes du Vautour ne les trouvent dans cette zone. Mais vu qu'ils avaient été exposés, il ne serait plus sécuritaire de s'y rendre. Le Vautour pourrait avoir envoyé plus d'hommes patrouiller le secteur, et en plus c'était aussi exposé aux autres civils. Kieran ne voulait pas que son butin soit volé pendant qu'il luttait contre le Vautour.
C'était inestimable. S'ils échouaient à tuer le Vautour, ce serait leur seule source de ravitaillement pendant qu'ils regagnaient leurs forces.
Kieran considérait l'échec comme un résultat possible parce qu'il savait qu'ils étaient largement en infériorité numérique. Il pouvait avoir certaines compétences, mais il n'avait pas une confiance à cent pour cent en lui-même.
« Tu me prends pour une idiote ? J'ai plus d'une cachette... Ramasse ça et suis-moi ! »
Colleen indiqua à Kieran de rassembler leur butin et s'en alla.
Elle retourna à la vieille cachette et réunit tout ce qu'elle pouvait avant d'amener Kieran aux abords de la Zone de la Villa Jardin.
Neuf pistolets, en excluant ceux que Kieran et Colleen portaient, et plusieurs boîtes de conserves avaient été entassées dans le sac à dos de Kieran.
Il en était de même pour le matériel de protection. Chacun portait un gilet tandis que le reste avait été attaché pour que Colleen le transporte.
Colleen se déplaçait péniblement sous leur poids.
Bien que Kieran avait aussi son propre sac à dos à porter, il se proposa de porter aussi celui de Colleen. Il pensait pouvoir gérer le poids supplémentaire, mais Colleen refusa.
« Si tu veux que ton plan réussisse, tu dois conserver assez d'énergie. Nous n'avons pas assez de nourriture, d'eau ou de temps. Si nous n'arrivons pas à mon autre cachette à Sixième, nous ne pourrons pas exécuter ton plan avant l'aube. »
Cela fit réfléchir Kieran.
Trois heures s'étaient écoulées depuis le combat contre les hommes du Vautour et l'interrogatoire qui avait suivi. Il était maintenant environ 1 h du matin en temps de jeu.
Aux alentours de 6 h, les rebelles commenceraient leur patrouille routinière des rues.
Cela laissait à Kieran à peine cinq heures pour se préparer.
Ils auraient besoin d'une heure pour se rendre à la cachette à Sixième, ce qui leur laisserait donc moins de quatre heures.
Malgré les informations prises sur le captif, une reconnaissance de la base serait cruciale pour son plan et cela prendrait également du temps.
« Il nous faut nous dépêcher ! » déclara Kieran.
« Allons-y ! » répondit Colleen alors qu'ils accéléraient vers leur destination.
.....
Après quarante-cinq minutes de marche, une Colleen épuisée amena Kieran à un bâtiment à moitié démoli.
À en juger par son apparence, Kieran pouvait dire qu'il s'agissait à l'origine d'une boutique de deux étages. Les mannequins brisés le trahissaient.
En suivant Colleen, Kieran sauta par-dessus une poutre tombée qui avait autrefois soutenu le bâtiment. À l'arrière de la maison, il y avait une porte menant à un débarras.
« J'y travaillais avant la guerre. Il y a une zone de stockage souterraine assez sûre pour que nous puissions nous y cacher. C'est la dernière localisation de ma cachette, » dit Colleen en ouvrant la porte.
Kieran hocha la tête et la suivit à l'intérieur.
Le débarras était plus grand que leur dernière cachette. Tous deux, ainsi que leur butin, s'y inséraient, et pourtant il paraissait encore très spacieux.
Comme ils s'assirent, Kieran passa à Colleen l'eau restante.
« Tu en as plus besoin que moi ! » déclara-t-elle, même si sa gorge était déjà sèche.
« Juste une gorgée ! » insista Kieran.
« D'accord…, » elle acquiesça et accepta l'eau.
Elle but suffisamment pour s'hydrater, puis rendit l'eau à Kieran malgré ses protestations pour qu'elle en boive davantage. Elle ne voulait pas.
Kieran avala l'eau restante d'une grande gorgée. Il avait tout autant soif.
Pendant la bataille, Kieran n'avait pas beaucoup bougé mais il avait consommé beaucoup d'énergie.
Bien que son corps virtuel puisse récupérer de l'énergie plus rapidement que son vrai corps, les statuts [Déshydraté] et [Affamé] lui posaient tout de même problème.
En regardant Kieran engloutir le reste de l'eau, Colleen réalisa qu'il avait été extrêmement assoiffé lui aussi.
Elle fut touchée par le fait qu'il la mette en avant. Malgré sa soif, il lui avait proposé de boire en premier.
C'était la première fois depuis le début de la guerre que quelque chose la touchait autant.