'Quelle jeune dame amusante,' Arlan ne put s'empêcher de sourire en la voyant brailler comme un enfant faisant une crise.
Quant à ses paroles précédentes, Arlan ignora la légère offense. Il avait été la cible de nombreuses menaces de mort au fil des ans et savait très bien qu'Oriane ne le pensait pas vraiment.
Alors que le serveur posait une nouvelle cruche sur leur table, Arlan commenta, "Hé, je sais que c'est moi qui régale, mais tu ne devrais pas boire si vite. Je n'ai pas encore fini ma deuxième chope."
"C'est parce que tu bois trop lentement."
"Tu bois trop vite."
Oriane se la péta, terminant une autre chope avec délice, son visage ne montrant même pas l'ombre d'un rougissement. "Parce que la bière ici est aussi fade que l'eau!"
Bien sûr, ce n'était pas la vérité. Puisqu'elle ne pouvait pas poignarder ce morveux cent fois, alors la chose la plus satisfaisante qu'elle puisse faire pour évacuer son ressentiment était de vider ses poches de cent pièces !
Quand ses parents découvriront qu'il a dépensé autant en une seule nuit à boire dehors, même s'ils étaient richissimes, ils seraient déçus du comportement prodigue de leur fils, n'est-ce pas ? Ce jeune maître agaçant serait probablement puni et son allocation serait retenue, peut-être même serait-il confiné dans son foyer.
Hmph! Elle allait lui faire regretter de l'avoir fait attendre ! Elle allait lui faire regretter d'avoir oublié son couteau !
"Le Jeune Maître n'a-t-il pas dit que j'avais l'air de beaucoup boire ? Eh bien, eh bien, eh bien, tu as bien deviné !" Elle vida de nouveau sa chope et hurla au serveur occupé. "Qu'est-ce que tu branles là, garçon ? Apporte plus de bière !"
Arlan ne savait pas ce qui était le plus impressionnant : le tempérament de cette femme ou sa tolérance à l'alcool. Il pourrait probablement la regarder boire toute la nuit sans s'ennuyer.
"Ça arrive, monsieur ! Attendez, s'il vous plaît !" le serveur répondit en criant.
Les affaires sont les affaires, et de tous les clients de la nuit, les besoins de cette table étaient la priorité absolue ; après tout, il était rare qu'un noble visite une taverne de roturiers. Le serveur quitta la table occupée par huit personnes — il y avait quatre hommes ivres jouant aux cartes, assis avec leurs prostituées engagées.
L'un d'eux jeta un œil à Oriane et commenta, "Ce beau gosse est plus joli que ces putes ici."
Les autres acquiescèrent en riant. À leur insu, le compagnon de ce beau gosse lançait un regard furieux dans leur direction, le mécontentement évident dans ses yeux bleus océan.
L'ouïe fine d'Arlan capturait leur échange même au milieu du bruit dans la taverne.
"Alors les rumeurs sont vraies. Les nobles préfèrent jouer avec de jolis garçons qu'avec des filles ces temps-ci."
"Si les garçons sont aussi jolis que celui-là, qui regarderait ces salopes de villageoises ?"
"Et si on demandait aussi les services de ce garçon ?"
"Si les nobles le peuvent, pourquoi pas nous ? Vu qu'il est vraiment mignon, ce beau gosse doit être cher, non ? Boss, je propose qu'on se cotise et qu'on partage le coût pour une seule nuit ?"
"Laissez-moi demander à ce garçon," un des hommes ivres se leva et tituba vers la table d'Oriane et d'Arlan.
Leur groupe était complètement saoul. Dans leur esprit, le beau garçon devait être le jouet secret du noble. Si ce garçon lui appartenait, alors pourquoi choisiraient-ils une taverne avec une auberge pour jouer ? Ils pourraient faire leurs cochonneries au manoir du noble. Puisque ce n'était pas le cas, alors leur relation n'était ni exclusive ni ouverte, et ces hommes pouvaient également engager les services du beau garçon.
Ces obsédés insouciants ignoraient simplement le regard furieux d'Arlan, ne sachant pas ce qui pourrait leur arriver.
L'homme atteignit leur table et un sourire crasseux se dessina sur son visage. "Hé toi, beau garçon, après avoir joué avec ce jeune maître, que dirais-tu de venir avec nous ? Donne ton prix et on te garantira satisfaction!"
La manière dont il regardait Oriane fit froncer les sourcils d'Arlan avec dégoût.
"Dégage si tu tiens à la vie," Arlan grogna en frappant sa chope sur la table.
Comment osaient-ils franchir leur limite ? Leur conversation sale avait déjà atteint ses limites, et ils avaient même le culot de s'approcher ? Arlan détestait que d'autres touchent à ses biens. Il ne pouvait même pas tolérer qu'ils regardent ses possessions—
Ses possessions ? Était-elle déjà l'une d'entre elles ?
Arlan allait agir quand il entendit Oriane aussi frapper sa chope sur la table. "Oui, comme l'a dit le Jeune Maître, dégage ! Dégage, espèce de porc ! Tu peux remettre ton machin dans ton pantalon et dégager. Sale cochon—"
Elle était totalement hors de contrôle et Arlan fut choqué de la voir se lever et donner un coup de poing direct au nez de l'homme, le faisant tomber par terre.
La foule acclama !
Quel beau coup de poing !
Les bagarres et les combats étaient courants dans les tavernes ; en fait, c'était l'un des rares divertissements que les roturiers pouvaient apprécier gratuitement. La scène de ce soir était particulièrement accrocheuse car l'un des protagonistes était un jeune garçon dans la mi-adolescence, alors que l'autre était un garde du corps de marchand avec une petite réputation.
Oriane était peut-être une femme, mais c'était quelqu'un qui avait grandi en se défendant seule, osant même traverser les dangers de la forêt par elle-même. Elle était loin d'être faible. Sans compter que l'autre homme était complètement ivre, à peine capable de marcher droit.
L'intention de tuer sur le point d'éclater chez Arlan disparut, et il eut même l'envie d'applaudir lui aussi.