(Point de vue de Aelynn)
Le vent souffle doucement dans la cour, portant avec lui une odeur familière. Adrien est là.
Je le sens avant même de le voir.
Quand il apparaît enfin, vêtu de son éternel manteau sombre, je sais exactement pourquoi il est venu.
Il est là pour reprendre Lyric.
Je serre les poings alors que mon fils se tient à mes côtés, droit et fier, bien que je perçoive la tension dans ses muscles. Il a grandi. Il est fort. Mais dans mon cœur, il reste mon petit garçon.
Adrien s'arrête devant nous, son regard perçant balayant mon visage avant de se poser sur Lyric.
— "Tu es prêt ?" demande-t-il d'une voix calme.
Lyric hoche la tête sans hésitation, même si je vois la lueur d'émotion au fond de ses yeux.
— "Oui."
Mon cœur se serre.
Je me tourne vers Adrien, cherchant à alléger un peu l'atmosphère.
— "Alors, quelles nouvelles du monde extérieur ? Comment va Reese ?"
Le regard d'Adrien s'assombrit légèrement.
— "Il est toujours le même."
Un frisson me parcourt l'échine. Reese… mon frère jumeau.
Je détourne le regard.
— "Et les enfants d'Estelle ?" demandé-je, tentant de chasser le malaise.
Adrien croise les bras.
— "Ils grandissent vite. Mais ils sont plus… instables. Leur héritage est compliqué à gérer."
Je soupire.
— "Ils ont besoin d'une présence maternelle stable."
Je scrute Adrien avant de poser la vraie question qui me brûle les lèvres.
— "Pourquoi tu refuses toujours de prendre une autre louve ?"
Il ne répond pas immédiatement, son regard se perdant dans le vide.
Puis, il murmure simplement :
— "Parce qu'aucune ne pourra être à la hauteur."
Je sens la tristesse sous-jacente dans sa voix.
Je pourrais insister, tenter de lui prouver qu'il mérite d'être heureux, mais je sais qu'il est têtu. Il doit trouver son propre chemin.
Le moment des adieux arrive trop vite.
Lyric se tourne vers moi, et cette fois, il a du mal à masquer ses émotions.
Je le prends dans mes bras, le serrant fort, respirant son odeur une dernière fois avant qu'il ne parte.
— "Tu es mon fils, et tu le resteras toujours."
Il hoche la tête, la mâchoire serrée.
Puis il se détache doucement.
Marcus pose une main sur mon épaule, me soutenant silencieusement.
Adrien incline légèrement la tête.
— "Nous reviendrons."
Puis, sans un mot de plus, ils disparaissent dans la nuit.
Et moi, je reste là, le cœur serré, à espérer qu'un jour… il reviendra sain et sauf.