La lumière filtre au travers de la fenêtre d'une chambre. Cette chambre est assez modeste, elle ne comporte qu'un lit, une armoire, un miroir et une bibliothèque remplie de livres. Les murs sont bleu marine, contrastant avec la luminosité qu'apporte sa fenêtre.. Au dehors de cette pièce, résonnent des rires. Dans le couloir, passe un enfant qui doit être vers ses 10 ans. Ce dernier a des cheveux argentés et courts. Ses yeux, de la même couleur, brillent comme du métal au soleil. En écho à ses rires, un homme assez âgé court derrière l'enfant en grognant. Le vieil homme a des cheveux similaires mais les siens sont longs à l'arrière et attachés en une longue natte qui descend dans son dos.
L'enfant porte un kimono blanc taché de noir. Ses pieds sont plein de boue. Le vieil homme essaye de lui faire prendre un bain. Le garçon jouait dehors après la pluie mais refusa de se laver après, donnant cours à cette poursuite.
"- Kazuki, reviens ici ! Tu dois te laver ! Ce n'est plus le moment de jouer !
- Attrapez-moi maître ! Je ne me laverai pas sinon !"
Les rires du jeune garçon continuent de résonner dans les couloirs vides. Le bois du plancher se couvre de boue au fur et à mesure de la course poursuite. L'enfant, dénommé Kazuki, tourne à droite dans une pièce qui se trouve malheureusement être la salle de bain. Il n'a plus d'échappatoire. Son maître bloque la porte. Il y a déjà une bassine d'eau prête pour qu'il puisse se laver. Dans une tentative de se faufiler, Kazuki glisse à cause de ses pieds sales. Il atterrit dans la bassine d'eau, l'opposition exacte de ce qu'il voulait faire.
"- Hey, c'est pas du jeu, Maître !
- Ça t'apprendra à écouter tes aînés, tiens. Maintenant, lave toi.
- Mais vous ne m'avez pas attrapé, donc j'ai gagné !"
Le maître laisse Kazuki se pavaner dans le Domaine après lui avoir donné un bain en bon et due forme. Il regarde le garçon clamer haut et fort qu'il est meilleur que son maître.
"J'ai battu Maître Yi ! Je suis le meilleur ! Je suis plus fort que Maître Yi !"
Un sourire passe sur le visage du vieil homme en voyant l'enfant rire aux éclats. Son écho remplit l'espace du domaine désert. Ce rire, qu'il ne cesse d'entendre jour après jour, sonne comme la plus belle des harmonies aux oreilles du maître. La journée s'écoule en même temps que l'enfant se fatigue. Le vieux Tian-Han observe le soleil disparaître au-delà des murs du domaine. Kazuki s'est installé à la gauche de son maître et, par la fatigue de la journée à courir, installe sa tête contre le bras du vieil homme pour doucement s'assoupir.
Puis vient le moment où la nuit s'installe doucement sur le domaine Yi. Le ciel n'a jamais été aussi clair, révélant sa beauté aux yeux des chasseurs d'étoiles et autres rêveurs levant la tête vers la voûte violacée. Kazuki, lui aussi, regarde les étoiles depuis la fenêtre de sa chambre. Les éclats illuminant les cieux font briller les yeux de l'enfant admiratif, reflétant une image parfaite comme dans un lac limpide. Ces lumières, il aimerait pouvoir les toucher. Elle ont l'air si proches, et pourtant loin dans le même temps. Le concept lui est encore complexe. Il tend les main pour essayer d'attraper les astres , mais ce n'est que la fraîcheur de la brise nocturne qui vient accueillir sa paume d'un baiser sa paume nue.
Une porte s'ouvre derrière lui alors que Kazuki se penche pour essayer d'attraper le ciel. Le vieux maître voit alors l'enfant basculer et lentement passer du sol de la chambre au vide de l'extérieur. Il court pour le rattraper, mais il n'est pas assez rapide. Une aura d'une couleur dorée vient l'entourer, et de suite il disparaît. Au même moment, une main d'or apparaît au bord de la fenêtre. Elle sort d'une bulle de la même couleur, dans laquelle Tian-Han tient fermement Kazuki. Le petit s'accroche fermement aux vêtements de son maître dans lesquels il cache son visage. Il est rigide, il a peur de la chute qui s'est produite. Le maître les remonte dans la chambre. Il sent Kazuki légèrement trembler contre lui.
"- Désolé Maître.. Je voulais juste.. Je voulais juste attraper les étoiles..
-Kazuki… J'ai eu si peur.. Ne va plus au bord de la fenêtre comme ça, s'il te plaît.
- Je ferai attention, maître.. Je serai prudent, je le promets !
- Très bien, alors. Il est temps pour toi d'aller dormir. Bonne nuit, Kazuki."
Le vieil homme dépose un baiser affectueux sur le front de l'enfant avant de se retourner et de sortir de la pièce sur les paroles de son élève :
"Bonne nuit, maître…"
Kazuki, exténué, s'endort d'un sommeil lourd dans son lit. Une douce pensée l'enveloppe alors que sa calme respiration indique un sommeil profond. Son subconscient lui fait parvenir une sensation de chaleur.
Il est allongé dans l'herbe d'une prairie, face au ciel, et les rayons du soleil viennent effleurer sa peau, dans un contact doux et agréable. L'herbe, encore humide, rafraîchit l'atmosphère autour de lui en chatouillant le peu de peau qui son kimono gris laisse voir. Le vent balaya ses cheveux, devenu longs, et caressa son visage. Il aurait pu rester ici pendant une éternité. Il a l'impression que le temps s'écoule dans ce rêve comme dans la vraie vie. Combien de temps s'est passé depuis qu'il a fermé les yeux ? Cela lui importe peu. Les douces caresses du vent, les contacts humides de l'herbe las et le chaleureux regard du Soleil le convinrent que rien de plus agréable l'attend. Puis, comme si on l'avait appelé, il se relève et se tourne vers le bois juste à sa droite. Il n'y voit rien. Cependant, un sifflement du vent lui fit monter des mots lointains. Une voix continue à répéter la même chose, et les sifflements deviennent des mots audibles "Kazuki ! Kazuki ! Kazuki ! Réveille toi !". Cette voix est celle d'un vieil homme. Il ignore à qui elle peut appartenir, puis comme une pierre lancée sur sa tête, cela lui revient. Ce vieil homme, c'est son maître qui l'appelle et qui l'attend. Il s'empresse de sortir de ce rêve en quittant ce "corps". Il se réveille alors sur son maître en train de le secouer. A côté de lui est posé un plateau garni d'un petit déjeuner pour Kazuki.