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Chapter 3 - Flammes

Après un réveil difficile, Kazuki se met à se préparer pour la journée remplie qui l'attend. Chaque jour, il assiste Tian-Han dans les tâches ménagères et les corvées du temple. Alors qu'il se saisit de son kimono gris, il remarque que celui-ci est légèrement trempé. Il cherche alors la source de l'humidité dans l'armoire, sans résultat. Puis il se tourne vers le plafond, mais il semble n'y avoir aucune source à cette légère humidité. Il rejette la faute sur l'humidité présente dans l'air. Il hésite un instant à enfiler celui-ci ou bien à en prendre un autre. La voix de Tian-Han l'appelant avec impatience depuis l'étage du dessous met fin à ses réflexions et, sans rechigner, il enfile le kimono gris et se dépêche de rejoindre son maître. Il rejoint le vieil homme dans la cuisine. Une bouilloire se trouve sur le feu et diffuse le parfum de thé infusant dans l'eau qui chauffe, emplissant l'atmosphère d'une odeur de plantes et de fleurs, à la fois douce, sucrée et puissante. Tian-Han se tourne vers Kazuki et exprime son mécontentement sur un ton de reproche. 

"Ah, tu es là mon garçon ! Viens là, j'ai besoin de toi. Je prépare le petit déjeuner. Peux-tu t'occuper de mettre la table pendant que je fini ?" 

Kazuki écoute attentivement son maître tout en suivant du regard ses moindres mouvements. Il observe le vieil homme poser le poisson sur la planche de travail, ce dernier s'étalant avec grâce sur le bois, et découper la chair rose en de généreuses tranches. Tian-Han accroche ensuite le poisson à des crochets dans la cheminée, au-dessus des flammes. Une bonne odeur rappelant la mer vient se mêler à celle des plantes de l'infusion. L'odeur rappelle la nature dans l'ensemble qu'il a pu observer, des odeurs qui lui rappellent le monde autour du domaine. Kazuki imagine alors une forêt, avec de grands arbres, et, non loin, une falaise donnant sur la mer qui mélange alors les parfums de la forêt à ses puissantes iodes. Les flammes dansent de manière las dans le cheminée et viennent lécher le poisson qui pends au-dessus d'elles, comme un renard qui saute en essayant d'attraper un petit oiseau. Kazuki se trouve hypnotisé par ce spectacle. Il y a quelque chose qui lui est familier sans qu'il sache quoi. La forêt qu'il imagine se met alors à brûler. Il observe cette image avec peur et admiration. Tian-Han pose sa main sur l'épaule du jeune homme, et l'image de la forêt qui brûle laisse place de nouveau place aux flammes de cheminée. Surpris, Kazuki tourne la tête vers son maître. Tian-Han ne regarde pas directement le jeune homme, mais il observe avec lui les flammes. Le vieux maître ouvre alors la bouche :

"Qu'as-tu en tête, mon garçon ? Est-ce que le processus de cuisson du poisson t'intrigue ?" 

Il posa cette question dans le vide, mais elle s'adresse clairement à Kazuki. Le garçon semble réfléchir à cette question, mais aucune réponse logique ne lui vint. Il répond seulement ce qu'il lui est venu en tête. 

"Les flammes… Elles dansent.. Elles semblent vouloir attraper le poisson. Pourquoi est-ce qu'elles font ça ?" 

Tian-Han regarde d'un œil son élève et porte son autre main à son bouc après avoir entendu sa réponse. Il s'interroge sur la question de son protégé, s'il s'agit là de simple curiosité sur les flammes ou bien si sa curiosité s'étend à plus que cela. Après un moment à réfléchir, il décale sa main de la tête du garçon vers son épaule et déclare :

"Vois-tu, mon garçon, chaque chose a un usage. Le couteau sert à couper les aliments. L'eau sert à se laver et à boire, ce qui est important pour vivre. Et le feu, lui, sert à chauffer, éclairer et consumer."

Le jeune garçon approche sa main du feu mais le vieil homme l'en empêche en lui attrapant la main. Kazuki le regarde avec interrogation. 

"- Je n'ai pas le droit de le toucher, maître ? 

- Non, Kazuki. 

- Mais, pourquoi ?

- Parce que ce feu, qui nous aide tant, peut aussi nous faire du mal. Si tu mets ta main dedans, ta main va cuire comme ce poisson et tu seras blessé. Tu seras brûlé. Comprends-tu, mon garçon ? 

- Oui, je comprends.

- Bien. Maintenant, met la table s'il te plaît. Je finis de préparer la nourriture."

Alors que le vieil homme retourne pour préparer à manger, le jeune garçon prend

deux assiettes ainsi que deux couverts. Il y ajoute deux verres en bois et prend le tout dans la salle à manger. Il installe les couverts sur la petite table qui trône en son centre. Comme à son habitude, il met sa place en face de celle de son maître. Une fois la table mise, il s'assoit à genou en face de son assiette, en attendant que son maître apporte la nourriture ou demande son aide. 

Après un court instant, le vieil homme apporte enfin le plat et la bouilloire sur la table. Le poisson fumé dégage un nuage de vapeur épais et le thé emplit la pièce de son doux parfum. Tian-Han s'installe en face de Kazuki. Le maître joint ses mains devant son visage et reste silencieux pendant quelques secondes, honorant le repas qui leur a été apporté par la terre. Le jeune garçon l'imite, connaissant le rituel quasiment sur le bout des doigts. Une fois fini, le vieil homme commence à garnir l'assiette de Kazuki de la tendre chair du poisson et remplit sa tasse de thé chaud.

Le jeune garçon sourit au vieil homme. 

"- Merci, Maître. Bon appétit ! 

 - Mange à ta faim, Kazuki. Bon appétit."

Affamé, Kazuki mange rapidement sous le regard effaré du vieux Tian-Han, qui ne peut s'empêcher de sourire en sirotant du thé chaud. 

"- Ne mange pas trop vite, mon garçon. C'est mauvais pour la digestion. 

 - Oui, maître ! Je ferai attention !"

Le jeune homme sourit à son vieux maître en hochant la tête, avant de se remettre à manger rapidement. Mais lorsque son maître se racle la gorge à son attention, Kazuki lui fait un sourire embêté.

"Pardon, Maître…" 

Kazuki ralentit la cadence. Le maître et l'élève dégustent leur petit déjeuner avant de se préparer pour la journée.