[Reviens... Pitié.]
« Ah ! » hurla la jeune femme en se relevant brusquement comme un diable sortant de sa boîte.
« Aina ! » lui répondit une autre, emplie d'une inquiétude non dissimulée.
La jeune femme agrippa les draps en soie blanc avec une telle force que l'un deux se déchira. Elle avait le souffle court, comme si elle venait de sortir de l'eau après avoir failli se noyer et son front et la peau de son dos étaient humides de sueur. Ses mains tremblaient encore de la scène qu'elle venait d'apercevoir dans ses rêves et elle constata avec stupeur qu'elle pleurait.
« Aina ! Réponds-moi ! » la pressa la voix, qu'elle reconnut être celle d'Elvan, qui se trouvait visiblement à côté d'elle.
Elle ne parvint qu'à haleter, tentant tant bien que mal de reprendre son souffle qui semblait lui échapper, ainsi que de calmer les battements désordonnés de son cœur.
'Que s'est-il passé... ?' s'interrogea-t-elle, les oreilles encore bourdonnantes du choc qu'elle avait subi. 'Ce rêve.'
Ce songe sinistre qui lui avait pourtant semblé si... vivide.
'Mais en était-ce vraiment un ?'
Elle n'en savait rien, mais il fallait pour l'heure qu'elle recouvre son calme, si elle voulait essayer de comprendre ce qui était en train de se produire en elle. Elle concentra son attention sur la pièce dans laquelle elle se trouvait, pour tenter d'apaiser la terreur qui s'échappait à peine d'elle. Les rideaux familiers blancs de sa chambre, son petit lit inconfortable, mais si rassurant et cette odeur apaisante de cuir qui flottait dans l'air.
'Reprends-toi... Tu n'es plus dans cet endroit.'
« Aina... ! » réitéra Elvan, attirant cette fois-ci son attention.
Elle croisa ses iris vertes si familière et sentit le calme lui revenir presque aussitôt. Elle était revenue à la réalité, enfin... L'apercevant, elle soupira et l'ensemble de ses muscles se relâchèrent, à tel point qu'elle s'effondra vers l'avant comme une marionnette sans fils.
« Elvan... » murmura-t-elle, la voix tremblante et l'air livide.
Elle aperçut le soulagement passer sur les traits du jeune-homme, avant qu'il glisse la main dans son dos, comme pour la réconforter. Elle apprécia sa présence ici, qui était tout à fait bienvenue après le cauchemars dans lequel elle avait crû se perdre.
« Que s'est-il passé ? » l'interrogea-t-il ensuite, en approchant sa chaise du lit sur lequel elle se trouvait, glissée sous sa couette en coton.
'Ce qu'il s'est passé...'
« Je n'en suis pas sûre... Je... » tenta-t-elle, légèrement inquiète que les images de son rêve lui reviennent, en même temps que les émotions auxquelles elles étaient associées. « J'ai eu une autre crise et... »
Elle hésita quelques instants à raconter son rêve à Elvan, non pas parce qu'elle n'avait pas confiance en lui, mais simplement parce qu'elle ne savait pas quoi en penser... Tout ceci lui avait semblé si réel et pourtant...
« Prends ton temps. » l'encouragea-t-il avec un vague sourire, qui l'incita à continuer.
« J'ai fait un rêve... Enfin, je ne sais pas vraiment si cela était un rêve ou... »
Elvan se releva brusquement, les yeux écarquillés, pour venir se placer devant elle et la tenir par les épaules, comme pour déceler dans son regard les mensonges qui pourraient s'y cacher.
« Un souvenir ? » hasarda-t-il, avant qu'elle hoche la tête.
Il avait l'air de ne pas y croire et à vrai dire... Elle n'était pas certaine de ce qu'elle avait vu non plus. Un souvenir... Elle attendait depuis si longtemps que les siens réapparaissent, qu'elle avait du mal à se convaincre que l'un d'entre eux puisse lui revenir de manière si... Etrange.
« Mais c'est une bonne nouvelle ! » se réjouit-il en souriant, avant que son expression de joie ne s'estompe face à la mine sombre de la jeune femme. « Qu'y a-t-il ? »
Aina se mordit la lèvre, hésitante quant à la marche à suivre, avant de passer la main sur son front pour en essuyer la sueur.
« Je ne suis pas sûre que ce soit un souvenir, peut-être que ce n'était qu'un rêve, que... »
Elvan se déplaça à côté d'elle et lui prit la main, la couvant presque de son regard compatissant et soutenant, qui avait toujours le don de l'apaiser en toute situation. Il était particulièrement doué pour écouter et conseiller. Il était en fait plutôt maître dans l'art d'interagir avec les autres, puisqu'il était le seul à pouvoir ainsi canaliser et contenter tous les membres des Signavit.
« Qu'est-ce que tu en penses, au fond de toi ? »
Aina baissa les yeux, pensive.
« Ce que j'ai vu était invraisemblable... » commença-t-elle avant de s'arrêter, les yeux perdus dans le vide.
« Mais ? » compléta-t-il, pour l'encourager à poursuivre.
« ...Mais les sentiments que j'y ai ressentis m'ont donné l'impression que j'avais vécu cela. »
La peur, l'incompréhension et la déception étaient si intenses, si... violentes qu'elle en déduisait que cela ne pouvait pas être un simple songe. Il était aussi vrai qu'elle se rappelait de toute la scène de manière précise et fidèle, ce qui était hautement improbable pour un rêve, qui était généralement flou et approximatif.
« Tu as retrouvé l'un de tes souvenirs. C'est bien. » souffla Elvan avec douceur.
Aina n'arrivait pourtant pas à se réjouir. Elle était certes plutôt heureuse de savoir que ces souvenirs revenaient, mais elle devait avouer avoir peur de découvrir qui elle avait vraiment été.
« Tu n'es pas heureuse ? » l'interrogea-t-il, comme sentant son hésitation.
Elvan ne comprenait visiblement pas sa réaction étrange, aussi attendit-il qu'elle s'explique, en lui tendant un verre contenant un liquide sombre et une petite pastille rouge, qu'elle reconnut aussitôt.
'L'Elixir du songe.'
La seule substance, prescrite par Médicis qui lui permettait de diminuer les apparitions intempestives de ces crises. Elle ne se posa aucune question et glissa le remède dans sa bouche, avant d'avaler une gorgée de la mixture trouble qu'Elvan lui avait préparée.
« J'ai peur de ce dont je pourrais me rappeler. Mon premier souvenir était terrifiant et il est probable que je n'ai pas eu une belle vie... »
Elvan demeura silencieux en l'écoutant, semblant réfléchir à ses propos, avant de serrer un peu plus ses doigts sur le dos de la main de la jeune femme, comme pour lui témoigner son soutien dans cette épreuve difficile.
« Prends ton temps, tu n'as pas besoin de te presser. »
Cela était vrai. Rien ne disait qu'il fallait qu'elle recouvre la mémoire tout de suite. Son premier souvenir avait peut-être été traumatisant pour elle, mais rien ne disait que les autres le seraient. Ce n'était après tout que quelques bribes de la vie qu'elle avait vécu avant. Si elle abandonnait maintenant à cause de la peur, toutes les années pendant lesquelles elle avait souffert n'auraient servis à rien. Même si elle choisissait de ne pas se rappeler, ces choses ne disparaitraient pas pour autant et puis...
'Je dois faire l'effort de me rappeler de cette mère qui m'a protégé.'
[Fuis !]
Sa voix terrifiée et stridente résonnait encore dans son esprit, au point que ses mains en frissonnaient.
Dire que tout cela était partis d'un vulgaire tableau.
Et à cette pensée Aina releva la tête vers Elvan, qui la fixait d'un air étrangement calme et silencieux.
« Qu'en est-il du banquet ? »
Elvan soupira en souriant doucement.
« Ne t'inquiètes pas, je me suis occupé de tout. Les maîtres et maîtresses ont regagnés leur chambre. »
Elle souffla de soulagement. Heureusement que l'événement mensuel de la famille n'avait pas été gâché par sa crise... Elle scruta la fenêtre qui donnait sur l'extérieur et réalisa à l'orientation du soleil rouge qu'il était déjà bien tard et qu'elle avait encore énormément de choses à faire. Aussi repoussa-t-elle sa couette pour poser les pieds sur le sol froid.
« Aina ? » l'interrogea Elvan qui s'étonna de la voir bouger.
« Je dois retourner travailler, je n'ai pas encore fait... » marmonnait-elle avant que l'homme l'arrête de la main en hochant la tête.
« Tu as fait une crise Aina, maître Wrath t'as congédié pour aujourd'hui. Repose-toi. »
Il lui fit signe de ne pas bouger et se releva en réajustant son costume, signe qu'il allait bientôt quitter la pièce. Maître Wrath l'avait congédiée... Cela était inhabituel. Connaissant le maître, il était hautement improbable qu'il eut ce genre de réaction, même pour une servante. Le patriarche était plutôt du genre à regarder une personne mourir, parce que la sauver lui ferait perdre du temps.
La charité n'était donc pas dans sa nature. Peut-être avait-il été contraint par son épouse, qui était bien plus généreuse et altruiste que lui ?
'Ca doit être cela...'
Elle ne voyait pas comment Wrath aurait pu faire preuve d'autant de considération autrement.
« N'oublie pas de reprendre ton traitement avant d'aller dormir. »
La jeune femme esquissa un vague sourire.
'Il se comporte comme une mère.'
Une mère... L'une des personnes qu'elle croyait n'avoir jamais eu dans sa vie. Elle avait elle aussi des parents. Un père et une mère, aussi étranges et mystérieux fussent-ils, avec qui elle avait été heureuse à une certaine époque, avant que quelque chose se produise. Elle fixa ses mains d'un air absent et eut l'impression de revoir le sang qui les couvraient un peu plus tôt. Celui de sa mère.
Finalement, elle ne savait pas ce qu'il était advenu de sa mère, ou de son père après cela. Mis à part le sang et la peur sur le visage de la femme, elle n'avait rien vu d'autre. Elle avait entendu, imaginé et interprété... Mais rien n'était en réalité certain. Peut-être avait-elle mal compris ? Peut-être son père n'était-il en réalité pas un monstre... ?
Elle ne savait pas si elle en doutait ou si elle l'espérait simplement de tout son cœur. Après tout, qui aurait pu souhaiter que l'un de ses parents soit l'incarnation d'un démon ? Personne. Aussi pria-t-elle au plus profond de son cœur que ce qu'elle avait vu ne soit que le fruit d'un malentendu de sa part et non une triste vérité, dont elle n'était pas certaine de vouloir connaître les aboutissants.
« Je n'oublierais pas. »
Elvan hocha la tête et elle le vit ouvrir délicatement la porte, avant de commencer à s'engouffrer dehors. Elle le regarda faire un pas dans le couloir, lui tournant le dos, avant qu'il s'arrête dans son sillage et qu'un léger silence se passe, comme s'il hésitait. Elle ne pu voir son expression de là où elle se trouvait et ne la devina même pas à travers sa voix, qui ne laissa rien transparaître.
« Tu devrais sûrement jeter un œil dans tes affaires pour chercher des indices... Peut-être d'autres choses te reviendraient-elles. »
Il quitta la pièce sur ces mots, sans même laisser le temps à la jeune femme de lui répondre et disparu, la laissant seule, dans le silence.
'Mes affaires...'
Elle considéra ses propos en silence, sans réaliser qu'elle avait les yeux perdus dans le vide. Elle eut un vague moment d'absence, avant qu'une image lui vienne en tête. Celle d'une boîte en carton légèrement usée et aux bords rongés par le temps.
'Comment ai-je pu l'oublier...'
Elle était arrivée avec au manoir, d'après ce que la famille lui avait dit. Cela faisait plus de cinq ans qu'elle se trouvait dans cet endroit, mais elle n'avait jamais pris le temps d'y repenser, au point qu'elle ne s'en rappelait que maintenant qu'Elvan l'avait mentionné. Cela était pourtant la seule chose qui lui appartenait, le seul objet qui la liait à son passé qui lui échappait. Elle eut l'impression de prendre un coup à l'arrière du crâne, comme si elle venait de se réveiller après un long sommeil.
'Si je me rappelle bien, elle doit se trouver...'
Elle se leva et trottina jusqu'à son bureau en bois délavé, sur lequel elle travaillait parfois. Elle glissa la main jusqu'au petit tiroir collé sous le plan de travail et le tira vers elle, découvrant la même petite boîte dont elle se rappelait à présent. Elle était si proche d'elle et à sa vue, mais elle n'était pourtant jamais tombée dessus durant toutes ces années...
Elle effleura la surface de la paume et se frotta les doigts pour faire partir la poussière, avant de l'ouvrir avec appréhension, comme si une chose risquait de lui sauter à la gorge. Le contenu de l'objet lui sembla pourtant bien inoffensif : un médaillon en or, orné d'un serpent se mordant la queue[1] et un cliché, représentant une famille dont les visages avaient été colorés en noir, pour qu'on ne puisse pas les distinguer. Sous ce dernier, elle trouva également un carnet sur lequel était gravé en lettres capitales le mot « Archives » et qui était visiblement fermé par un cadenas décoré d'une bougie[2].
'Une photographie griffonnée, un carnet cadenassé et un pendentif que je n'arrive pas à ouvrir...'
Tout ceci ne l'aidait guère... Elvan lui avait conseillé de fouiller dans ses affaires, mais ses recherches n'avaient pas l'air d'être très fructueuses... Elle avait retrouvé l'un de ses souvenirs et cela était un bon début, mais elle voulait en savoir plus...
[Est-ce que tu veux savoir...]
La jeune Despair lui revint brusquement en mémoire et les récents événements avec.
'Comment ai-je pu oublier... ?!'
Avec le retour d'un de ses souvenirs et les mots d'Elvan, Aina avait complétement occulté le banquet et le tapage qu'avait provoqué Despair en lui parlant de toutes ces choses qu'elle ne comprenait pas.
'L'Eveil, l'origine et le vase.'
Toutes ces élucubrations sans aucun sens apparent avait conduit à ce qu'Aina se souvienne de quelque chose, alors... Peut-être d'autres bribes lui reviendraient-elles si elle retournait voir sa jeune maîtresse ?
Son attitude avait après tout été plus qu'étrange. Aina se rappela ses divagations qui semblaient ne pas en être, le petit air moqueur et cynique qu'elle arborait, comme si elle savait tout et surtout... C'était elle qui avait parlé du vase à Aina.
L'objet qui avait tout fait basculer et qui avait fait remonter à la surface tout un pan de son passé qu'elle avait cru perdu.
'Mais en premier lieu... Que fait cet objet dans la chambre de Despair ?'
Le tableau que l'enfant lui avait montré était en tout point identique à l'objet que la jeune femme se rappelait avoir vu dans ses souvenirs. Sa famille possédait-elle un bibelot semblable à celui des Signavit, qui ferait de toute cette situation une simple coïncidence, ou Despair l'avait-elle fait en connaissance de cause, parce qu'elle possédait des réponses qu'Aina n'avait pas... ?
En cet instant, la jeune femme se rappela du petit mot qu'on avait laissé sous sa porte.
'Peut-être était-ce elle... ?'
Peut-être la benjamine de la famille avait-elle voulu lui dire quelque chose ?
Elle n'avait aucune preuve de ce qu'elle avançait et aucune certitude, mais elle avait l'étrange sentiment que quelque chose clochait dans cette histoire, comme une colombe dans une nuée de cygnes.
Il fallait qu'elle retourne voir sa jeune maîtresse, elle en était convaincue, aussi enfila-t-elle un long manteau en laine bleu, avant de s'engouffrer dans le couloir en vérifiant que personne n'était là.
Elle ne faisait rien d'illégal, mais il n'était pas bon que quelqu'un apprenne qu'elle voulait questionner la jeune enfant et surtout pas le patriarche. Qui sait ce qu'il penserait de savoir qu'elle voulait épancher sa curiosité auprès de sa fille ?
Elle trottina sur la pointe des pieds le long du couloir, en prenant soins de vérifier que personne n'arrivait à chaque coin de mur. Elle avait l'impression d'être en mission secrète et l'atmosphère quelque peu étrange et pesante qui régnait lui rappela le souvenir dont elle avait rêvé. A cette pensée elle s'arrêta net et resserra le tissu contre elle en fronçant les sourcils.
Etait-ce la bonne chose à faire ? Le souvenir de la peur et l'effroi manquèrent de faire flancher sa résolution. Elle avait été curieuse, cette fois aussi et cela avait visiblement fini par se retourner contre elle... Qui disait donc que cette situation ne serait pas semblable ?
Quand elle y pensait, il était plutôt imprudent d'aller ainsi questionner une Signavit, qui malgré son âge, n'était pas moins étrange que les autres membres de la famille. Qui savait ce qui arriverait si tout ceci n'était qu'un piège, où une simple farce... ? Elle risquait gros, en allant à l'encontre de l'une des premières règles de la famille.
'Ne pas poser de questions.'
Cette infime et incertaine piste valait-elle le coup... ?
Non, il fallait qu'elle en ait le cœur net !
Elle ne savait pas pourquoi, mais quelque chose lui disait qu'il fallait qu'elle aille à la rencontre de Despair, aussi soupira-t-elle pour se donner du courage, en reprenant sa route.
Si elle ne prenait aucun risque, elle n'aurait sûrement jamais de réponse et elle était à présent certaine de vouloir en savoir plus sur cette situation étrange.
Elle passa donc à côté de la réserve, avant d'épier le salon pour s'assurer que personne n'était là et qu'elle pouvait prendre l'escalier menant à l'étage. Fort heureusement, elle ne rencontra personne et parvint sans mal à se frayer un chemin jusqu'à l'aile est, où dormaient les plus jeunes enfants de la famille.
Son cœur cogna contre sa cage thoracique lorsqu'elle passa devant le bureau de Wrath, avant qu'elle ne parvienne à recouvrer son calme en arrivant devant la porte de sa jeune maîtresse. Elle hésita brièvement et frappa d'une main tremblante contre le bois, qui résonna étrangement plus que d'habitude.
Effrayée d'être surprise par les autres, elle scruta le corridor de droite à gauche, attendant que la jeune enfant daigne lui répondre, mais elle n'entendit rien.
Pas le moindre craquement, souffle ou son qui indique qu'elle était là et pourtant...
'Elle doit être consignée dans sa chambre...'
Cela n'était pas normal et elle eut la vague impression que quelque chose clochait. Elle resta stoïque, frappant une nouvelle fois, avant de réaliser que personne n'allait lui répondre, même si cela n'avait aucun sens. Elle pensa à repartir dans sa chambre et à revenir plus tard, mais un étrange sentiment s'empara d'elle. Dans un accès de curiosité – ou de folie – elle tourna la poignée et poussa la porte, avant de s'engouffrer dans la pièce silencieuse.
Elle ne vit d'abord que l'obscurité dans laquelle était enveloppée la chambre, à cause des volets presque clos et puis soudain, un rayon aveuglant de lumière pénétra par l'interstice et dévora toute la pièce.
En réponse à cela, elle entrouvrit les lèvres et les yeux, avant qu'un souffle s'échappe de sa bouche. Son corps trembla et ses pupilles se dilatèrent brusquement lorsqu'elle vit que l'endroit dans lequel elle se trouvait n'était qu'une vague étendue délimitée par quatre murs.
La pièce était complètement vide.
De la vie qui l'avait habité il ne restait rien. Pas la moindre photo, le moindre meuble et la moindre poussière. Tout était lisse, sans accro et impeccable.
Comme si personne ne l'avait jamais occupée.
Un frisson lui parcouru l'échine lorsqu'elle découvrit l'absurde et pourtant terrifiante réalité qui lui faisait face.
« La chambre de Despair a disparu. »