Chereads / A special witcher (french) / Chapter 16 - Chapitre 16

Chapter 16 - Chapitre 16

"Vide ta tête, Aiden."

"Oui, Vesemir."

Je pris un grand souffle, cherchant à apaiser mes pensées. La voix de Vesemir me guidait, claire et calme.

"La voie du sorceleur est très dangereuse. On nous voit souvent comme des êtres incompris, dangereux, presque monstrueux," dit-il, ses mots résonnant avec une autorité tranquille. "Mais même avec ces insultes, il nous faut garder notre calme, notre colère et notre haine derrière nous, et ne penser qu'à notre mission."

Ses mots se faufilèrent dans mon esprit, comme un rappel qu'il y avait plus dans l'être sorceleur que la colère ou la violence. Il posa une main ferme mais bienveillante sur mon épaule. "N'oublie pas… Nous sommes comme un tigre. On ne peut pas trop marcher sur notre queue sans que nous montrions les dents."

Je fermai les yeux un instant, absorbant ses paroles. Ce qu'il disait avait du sens, mais une part de moi résistait encore. Une question se dressait dans mon esprit : pourquoi fallait-il tant se cacher derrière cette froideur ?

"Pourquoi m'entraînes-tu ainsi ?" demandai-je, un peu à contrecoeur.

Il me regarda, un regard d'expérience, puis répondit simplement : "Les sorceleurs doivent garder la tête froide en toutes circonstances. Chaque chasse, chaque combat doit être réfléchi. C'est ça, être un sorceleur."

Il n'ajouta rien de plus, mais ses mots s'incrustèrent dans ma tête, me forçant à réfléchir. Avant que je ne puisse en dire davantage, il se tourna et commença à descendre vers la cour d'entraînement. "Allons, Geralt t'attend."

En arrivant dans la cour, nous aperçûmes Geralt en pleine discussion avec un autre sorceleur. Une cicatrice nette lui traversait la joue droite : Eskel. Je reconnus immédiatement celui dont Vesemir m'avait souvent parlé, calme et fidèle ami de Geralt.

"Eskel, heureux de te voir," dit Vesemir en hochant la tête.

"Vesemir, toujours un plaisir," répondit Eskel, son sourire se tournant vers moi. "Alors, c'est toi, Aiden ? Le jeune apprenti dont tout le monde parle. Il paraît que tu as piqué l'intérêt de Vesemir, et ce n'est pas rien." Il m'observait, un brin d'amusement dans son regard.

Je souris, un peu intimidé. "Merci pour le compliment," répondis-je, tentant de cacher ma nervosité.

Geralt prit alors une épée en bois et me la lança. "Allez, attaque-moi avec tout ce que tu as. Mais sache que je ne vais pas me retenir non plus."

Je n'eus pas le temps de répondre, Geralt attaqua aussitôt. Je parai de justesse, mais chaque coup était plus dur que le précédent. Ses mouvements étaient calculés, presque lents, mais toujours précis. Il savait exactement où frapper. "Est-ce tout ?" dit-il. "Où est le guerrier prêt à protéger Ciri ?"

La remarque m'irrita. Je redoublai d'efforts, mais Geralt esquivait facilement. "Tu te laisses emporter par tes émotions," lança-t-il. "Un sorceleur ne peut pas se permettre cela. Comment comptes-tu protéger quelqu'un si tu perds ton calme ?"

Je pouvais sentir la frustration grandir en moi, chaque attaque de Geralt me renvoyant l'image d'un Aiden faible, incapable de contrôler ses émotions. C'est alors que la colère me submergea, et je frappai avec toute la force de ma rage. Un éclat glacé jaillit de ma lame, traversant l'air avec une puissance incontrôlable. Geralt parut surpris, reculant légèrement alors qu'une fine couche de glace recouvrait sa main.

Vesemir s'avança, inquiet. "Geralt, laisse-nous t'aider. L'enfant n'est plus maître de ses actions !"

"Je sais," répondit Geralt, levant une main pour stopper Vesemir. "Laisse-moi faire."

Geralt s'approcha de moi lentement, sans hésiter. Ses yeux étaient perçants, mais il y avait quelque chose de plus doux dans sa voix cette fois. "Aiden, tu n'es pas seul. Nous sommes ta famille, Ciri, Vesemir, Eskel et moi." Il marqua une pause. "Laisse-nous partager ce fardeau, ce n'est pas une faiblesse."

Ses mots dissipèrent peu à peu la tempête en moi. Mes poings se desserrèrent et la glace qui m'entourait se dissipa lentement. Ciri apparut alors, courant vers moi. Elle se jeta dans mes bras, les larmes aux yeux.

"Tu m'as promis de rester," dit-elle, la voix brisée. "Ne brise pas ta promesse."

Alors que Geralt, Vesemir, et Ciri me soutenaient, un rire bas se fit entendre derrière nous. Je tournai la tête pour voir Eskel, les bras croisés, observant la scène avec un sourire discret.

"Tu vois, Aiden, Geralt ne le fait pas pour te détruire. Il te pousse à voir plus grand, à dépasser ta colère. Il veut que tu sois plus qu'un sorceleur enragé," dit Eskel, son regard plein de compréhension.

Je n'avais pas de réponse, mais un poids semblait s'être levé. Geralt avait raison, ce n'était pas ma colère qui allait me rendre plus fort. Ce n'était pas seul que je devais faire face aux défis, mais avec ceux qui étaient prêts à se battre à mes côtés.

Eskel s'approcha alors et, comme s'il lisait dans mes pensées, ajouta : "C'est dur, mais c'est ce qu'il faut. Il n'y a pas de place pour les faiblesses ici, mais il y a de la place pour apprendre. Nous sommes tous là pour t'aider."

Je hochai lentement la tête, un sentiment de calme m'envahissant alors que je réalisais que la force ne résidait pas seulement dans le combat, mais dans la maîtrise de soi et le soutien des autres.

Puis je m'évanouis de fatigue

---------------------------

Dois-je vraiment faire confiance à ces diseuses d'aventure ?

Qu'est-ce que j'ai à perdre, de toute façon ?

Je m'approchais d'une femme vêtue comme une voyante. Sa tenue était sans âme, ni éclat, un cliché trop souvent vu. Je n'avais aucun intérêt pour ce qu'elle représentait. Mais il fallait faire face à ce moment, même si cela m'agaçait. Un léger soupir s'échappa alors que je prenais place en face d'elle.

Je croisais mes jambes, un air de défi accroché à mon visage. Ses yeux s'étaient déjà posés sur moi, mais je n'avais aucune intention de lui offrir une part de moi, ni même une chance de me comprendre.

"Tu sais ce que j'attends ?" Ma voix était calme, mais la défiance transparaissait dans chaque syllabe.

"En effet," répondit-elle, d'un ton qui n'était ni surpris, ni particulièrement intéressé. "Toujours aussi impatiente."

"Bien sûr. Maintenant, dis-moi, serai-je toujours avec lui ?"

La question était plus simple qu'elle ne semblait l'être. Mais je voulais ses mots, je voulais entendre si elle se permettait de manipuler mon avenir comme tant d'autres l'avaient fait auparavant.

Elle me fixa un instant, ses lèvres se plissant légèrement avant de répondre, avec la certitude de quelqu'un qui croit avoir tout compris : "Non. Après tout, n'est-ce pas ce que vous avez fait ? Vous avez brisé le sort qui vous liait."

Je sentis une légère tension se glisser en moi, mais je ne laissai rien paraître. Comment osait-elle prétendre connaître cela ? Les chaînes du passé, invisibles mais toujours présentes. Mais je n'allais pas la laisser avoir le dernier mot. Pas aujourd'hui.

"Ah bon ? Alors pourquoi, depuis plusieurs jours, je vois quelqu'un aux cheveux blancs à mes côtés, et cette étrange chaleur qui prend le pas sur le froid ?" Je me demandais si elle capterait l'ironie dans mes paroles. Mais ce n'était pas ma question qui m'intéressait, c'était sa réponse.

"Malheureusement, l'avenir est incertain," dit-elle, sans même un frémissement dans sa voix.

Je secouai la tête, l'agacement me frappant de plein fouet. "Comme je le pensais. Vous êtes aussi inutile que les autres." Je me levai brusquement, prête à partir, mais un dernier mot m'arrêta.

"Malgré tout, vous êtes destinés à de grandes choses en sa compagnie," murmura-t-elle dans le silence qui s'était installé entre nous.

Je me tournai, un éclat de rage et de dédain dans les yeux. "Comme si je n'avais pas déjà eu affaire à un homme aux cheveux blancs, qui manipulait nos sentiments. Non. J'ai cessé de me laisser mener par ces illusions. Je préfère gérer mes propres affaires." 

Le silence de la pièce m'envahit.

Un murmure, presque imperceptible, s'échappa derrière moi, mais je l'ignorai, me dirigeant vers la sortie. Cependant, une phrase me parvint, un frisson me parcourant.

"Votre destinée vous rattrapera toujours, personne ne peut échapper à son destin."

Je m'arrêtais sur le seuil, ne me retournant pas. Ce mot, "destinée", me hantait. Tout le monde semblait en parler comme si c'était une prison qu'il fallait accepter. Mais moi, Yennefer de Vengerberg, j'avais toujours refusé d'être emprisonnée, même par le destin. Je savais que je l'avais déjà défié maintes fois, et j'avais survécu.

Je soupirai. "N'est-ce pas Yennefer de Vengerberg ?" murmura-t-elle, comme une tentative de me capturer dans l'ombre de mon passé.

Un éclat de colère m'envahit, mais je ne laissai rien paraître. Ce nom, celui de l'ancienne jeune sorcière qui avait failli perdre tout ce qu'elle était, n'avait plus de prise sur moi. Elle ne connaissait que ce que j'avais bien voulu qu'elle voie. Le passé restait là où il devait être : derrière moi.

Je tournai les talons et sortis, l'air frais frappant mon visage. Le silence s'abattit sur le lieu, me suivant tout en me laissant seule avec mes pensées. Non. Personne ne dictera mon futur. Pas même la magie ou des mots prononcés par une inconnue.