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Chapter 17 - Chapitre 17

"Ça fait deux semaines qu'Aiden est au lit !" Ciri éclata d'un ton furieux.

Geralt baissa les yeux, cherchant à garder son calme. "Calme-toi, Ciri. Il se..."

"CALME ?! Ne te moque pas de moi, Geralt !" Ciri leva les mains, presque prête à hurler. "Tout ça à cause de toi ! Aiden est là, au lit, sans se réveiller !"

Geralt resta silencieux, les yeux rivés sur elle. Vesemir, de son côté, regardait la scène, les bras croisés, mais il savait que les mots de Ciri, aussi durs soient-ils, étaient emportés par l'inquiétude.

"Ne parle pas comme ça à Geralt," dit Vesemir d'une voix calme, cherchant à apaiser la tension.

Ciri tourna les talons, les poings serrés, prête à exploser. "Je parle comme je veux !" répliqua-t-elle d'un ton amer. "A cause de toi, la seule personne à qui je tiens est allongée là, sans bouger, sans savoir si elle se réveillera !"

Elle claqua la porte de la chambre d'Aiden, l'écho de la porte résonnant dans la maison.

Geralt se tourna alors vers Vesemir, un air de culpabilité dans ses yeux. "Elle a raison. C'est ma faute s'il est comme ça. J'aurais dû comprendre sa vie avant de prendre cette décision."

Vesemir, toujours calme, posa une main sur l'épaule de Geralt. "Ne sois pas si dur avec toi-même. Nous faisons tous des erreurs."

Geralt soupira profondément et se laissa tomber sur un banc près du feu. "Je n'aurais jamais dû le faire, Vesemir. J'aurais dû vérifier... savoir si cela l'affecterait."

"Comment ça se passe avec les herbes ?" demanda Vesemir, brisant l'ombre de culpabilité qui pesait sur l'atmosphère.

"Rien ne fonctionne," répondit Geralt, frustré. "Je ne comprends pas pourquoi. Eskel cherche encore dans les livres de la bibliothèque, mais avec si peu de volumes restants... il y a peu d'espoir."

Vesemir se tut un instant, réfléchissant à la situation. "Il faut trouver une solution, et vite."

Geralt se leva d'un coup, l'air déterminé. "J'ai peut-être une autre idée." Il se dirigea vers un coffre dans un coin de la pièce, l'ouvrit et en sortit un cristal brillant.

Vesemir fronça les sourcils. "Qu'est-ce que c'est ?"

"Un cristal de communication," répondit Geralt en le regardant.

"Pour communiquer avec qui ?" demanda Vesemir, curieux.

Geralt tourna le cristal entre ses mains, puis fixa Vesemir. "Triss Merigold."

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"Qu'y a-t-il, Triss ?" demanda Yennefer, son regard curieux dissimulant un léger doute.

"Mmh ?" Elle se pencha contre le chambranle de la porte, un regard intrigué dans les yeux.

"Non, ce n'est rien," répondis-je, détournant les yeux, espérant qu'elle ne remarque pas l'anxiété qui montait en moi.

"Ne me dis pas qu'il n'y a rien," dit-elle avec un sourire malicieux. "J'ai vu ton soupir, ça ne m'échappe pas."

Je levai les yeux au ciel, agacée mais aussi un peu gênée. "C'est juste... un petit contretemps."

"Et c'est Geralt, je parie ?" Yennefer haussait un sourcil, un sourire en coin qui trahissait sa curiosité, ses yeux brillant de malice.

"Comment tu sais ?!" m'étonnai-je, presque prête à m'énerver.

"Triss, je te connais mieux que ça." Elle se détendit et s'installa confortablement contre le cadre de la porte, croisant les bras. "Même si je ne comprends pas ce que tu lui trouves, je sais quand quelque chose ne va pas."

Je poussai un soupir, me sentant piégée. "Alors, dis-moi ce qui te met dans tous tes états."

Elle haussait un sourcil, un sourire espiègle flottant sur ses lèvres. "Oh, je vois. C'est parce que tu te fais du souci pour lui, hein ? T'es pas vraiment du genre à l'admettre, mais c'est évident."

"Je lui ai donné un cristal de communication, mais il ne m'appelle même pas." Mon ton trahit toute la frustration que j'avais tenté de dissimuler.

Yennefer roula des yeux, mais son expression devint plus sérieuse. "Triss, tu sais mieux que moi comment est Geralt. Sorcelleur avant tout, et les relations... eh bien, ça passe après."

Je la fixai, désemparée. "Je sais, mais il pourrait au moins se soucier un peu, non ? Je ne suis pas juste une mission à ses yeux."

Elle se leva, s'approchant de moi, et sa voix se fit plus douce, mais toujours ferme. "Triss, tu sais que ce n'est pas aussi simple. Lui, il est fait de devoir et de responsabilités. C'est sa nature."

Je la regardai un instant, m'attendant à ce qu'elle continue de me taquiner. Mais quelque chose dans son regard me poussa à lui confier ce qui me tracassait. "Mais... dis-moi, tu es vraiment sûre qu'il n'y a rien de plus entre vous deux ?"

Je lui jetai un regard furtif, mais elle ne souriait plus, et son regard intense m'encouragea à l'écouter. "Bien sûr, je t'ai pas raconté comment cela s'est passé ?"

"Non," je répondit,Yennfer s'asseyant à côté de moi.

Yennefer prit une profonde inspiration, et le poids de ses paroles sembla la clouer au sol. "Tout a commencé quand j'ai voulu briser le sort qui m'empêchait d'avoir des enfants."

"Yen, tu sais que c'est impossible, non ? C'est un sort interdit, ancestral, tissé dans la magie elfique. Toute sorcière qui tente de briser ce lien perd sa magie." Ma voix trahissait toute l'inquiétude que j'avais à son sujet.

"Je sais." Yennefer baissa les yeux, un peu gênée. "C'est pour ça que j'ai cherché une autre solution, indirectement, avec l'aide d'un djinn."

"Djinn ?!" m'exclamai-je, presque en tombant de mon siège. "Tu sais que c'est une folie de s'en remettre à lui, surtout pour ce genre de sort."

"Je le sais." Yennefer soupira, visiblement épuisée. "Mais le djinn pouvait supprimer le sort... mais le prix, Triss... je n'aurais pas survécu. Le sort est lié à la voie vitale."

Je restai silencieuse un instant, comprenant enfin l'ampleur de ce qu'elle avait tenté. "Et là, Geralt est intervenu..." dis-je, maintenant plus calme, mais inquiète. "Il a fait un vœu pour vous relier afin que tu ne meures pas."

"Oui." Yennefer se tut un moment, repensant au vœu qui les avait unis. "Et je t'ai dit qu'après plusieurs rencontres avec lui, je me suis précipitée pour annuler ce vœu. Parce que j'avais peur, Triss. Peur que mes sentiments soient juste... de la magie."

"Et est-ce de la magie ?" demandai-je, mes yeux cherchant les siens, sincèrement curieuse.

Yennefer resta silencieuse un instant, avant de murmurer : "Je pense que c'est de la magie, oui. Je le trouve beau, certes, mais... c'est tout. Je ne me vois pas passer ma vie avec lui. Et je ne peux pas être comme toi, à penser à lui tout le temps. J'ai d'autres choses à gérer."

"Donc, il est tout à toi ?" Yennefer termina sa phrase avec un sourire enjoué.

"Mmh," répondis-je, un sourire incertain se dessinant sur mes lèvres.

"Ah, Triss... Je vois que tu es heureuse maintenant," dit Yennefer, un sourire malicieux sur le visage.

"Arrête, Yen, c'est..." Mais je n'eus pas le temps de finir ma phrase.

L'alarme du cristal se fit entendre, vibrant sur mon bureau. Je me levai d'un bond, me précipitant pour le saisir.

"Oh, ton prince charmant t'appelle," dit Yennefer, un sourire amusé dans les yeux.

"Yen, arrête !" répondis-je, me retenant de rire.

Soupirant du rire de Yennefer, je pris une profonde inspiration et activai le cristal. La voix que je voulais entendre résonna instantanément dans l'air.

"Triss ?"

"Oui, comment ça va ?" répondis-je, une touche de nervosité dans la voix.

Un silence s'installa. Je frissonnai.

"Geralt ?"

"Excuse-moi, tu es la seule que j'ai pensée pour résoudre mon problème."

L'atmosphère devint soudain plus lourde. Yennefer arrêta de sourire, et écouta, tout comme moi, en silence.

"Qu'y a-t-il ?" demandai-je, plus sérieuse.

"J'ai..." Geralt marqua une pause, avant de continuer. "J'ai un enfant très spécial, il a été entraîné pour l'épreuve..."

"Geralt, tu es fou ?! Tu devrais savoir comment se passe cette épreuve !" m'écriai-je, inquiète.

"Tu pourras me sermonner plus tard, s'il te plaît, j'ai vraiment besoin d'aide."

"Geralt demandant de l'aide, c'est rare," murmura Yennefer, une pointe de sarcasme dans sa voix.

"Cette voix ? Yennefer ?" Entendis-je de l'autre côté du cristal, une touche d'inquiétude dans sa voix.

"En personne. Maintenant, dis-moi sorceleur quelle bêtise tu as faite pour rendre Triss aussi anxieuse ?"

"Yen, c'est..."

Mais Yennefer m'interrompit d'un geste.

"Alors, j'attends ta réponse."

"Tu auras toutes tes réponses si vous pouvez venir."

"Bien, on viendra, mais tu as intérêt à tout raconter."

"Oui."

Puis Yennefer raccrocha.

"Allons aider ton amant," dit-elle, un sourire amusé sur le visage.

Elle activa sa magie et, ensemble, nous traversâmes le portail qu'elle venait de créer.

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En voyant le portail apparaître, je me tenais prêt. Puis, voyant deux femmes que je connaissais sortir, un soupir de soulagement m'échappa, mais il ne dura qu'un instant. Même si Yennefer et Triss étaient là pour aider, l'inquiétude persistait. Ce genre de magie, surtout avec un enfant comme Aiden, n'était pas une simple affaire.

Je m'approchai, mais la voix froide de Yennefer me stoppa dans mon élan.

"Geralt, qu'est-ce que c'est que cette épaisse magie qui rôde dans ton château ?"

Je levai les yeux au ciel, une légère irritation mêlée de fatigue. "C'est pour ce problème. Venez, suivez-moi."

Je les menai à la chambre d'Aiden. En arrivant devant la porte, les deux sorcières s'arrêtèrent brusquement, leur attention fixée sur la situation.

"Qu'est-ce qui s'est passé avec cette porte ?" demanda Yennefer, les sourcils froncés, son regard déjà acéré.

"C'est à cause d'Aiden à l'intérieur."

"Aiden ?" Triss, plus douce mais inquiète, fixa la porte, une lueur de compréhension se faisant jour.

"Oui, celui qui veut devenir sorceleur."

Je poussai la porte, et en voyant l'état de la chambre, leurs visages se figèrent. La pièce entière était gelée, des cristaux de glace s'étendant sur le sol et les meubles. Et au centre, Aiden se tordait dans son lit, des aurores glacées sortant de son corps, remplissant l'air d'une magie purement destructrice.

"C'est lui ?" Triss demanda, les yeux écarquillés, une lueur de surprise mêlée à de l'inquiétude.

"Oui." J'avais du mal à respirer, le poids de la situation m'écrasant à chaque instant.

Triss leva ses mains, concentrant sa magie de feu pour réchauffer la pièce. Mais le froid sembla intensifier sa prise sur l'espace. Le vent glacé souffla plus fort, comme si la magie elle-même répondait à son incantation. Ciri, qui n'avait pas encore parlé, s'interposa brusquement, dégainant son épée avec une rapidité et une détermination qui me firent tiquer.

"ARRÊTE !" cria-t-elle, sa voix trahissant l'angoisse et la détermination.

Elle se plaça devant Aiden, comme si elle était prête à défendre cet enfant coûte que coûte. Son regard, dévoré par la peur, chercha Yennefer et Triss, mais elle ne bougea pas d'un centimètre.

"Tu lui fais mal ! Arrête ta magie !" s'écria-t-elle.

Je m'approchai rapidement. "Ciri, rengaine ton épée !"

Elle me regarda une seconde, le visage marqué par l'inquiétude, puis, d'un geste lent, rengaina son arme. Puis, d'une voix faible, presque suppliante, elle ajouta :

"S'il te plaît, arrête."

Triss, voyant la situation s'aggraver, arrêta immédiatement sa magie. Le froid se calma alors, mais il restait suffisant pour rendre l'atmosphère lourde et presque insupportable.

Yennefer, sans perdre de temps, roula ses manches et s'approcha d'Aiden. Elle prit sa main, fermant les yeux, et laissa sa magie s'écouler dans son corps. Les murmures de Triss s'élevaient derrière elle, mais Yennefer était concentrée, presque dans un état de trance.

"TRISS, J'AI BESOIN DE TON AIDE !" La voix de Yennefer, habituellement calme et autoritaire, trahissait une pointe de fatigue et de frustration.

Triss, voyant l'urgence de la situation, se précipita vers elle, mais son visage restait marqué par l'inquiétude. "Qu'est-ce qu'il se passe exactement ?"

"Il faut que tu fasses comme moi," dit Yennefer, la voix faible mais résolue. "Il faut injecter de la magie dans son corps, ou il va mourir."

"Attends… si on lui en met trop, il pourrait mourir !" répondit Triss, la panique perceptible dans sa voix.

"Je sais," répondit Yennefer, le regard sombre. "Mais il avale ma magie comme un affamé. Il faut qu'on tienne bon."

Les deux sorcières se mirent à travailler ensemble, canalisant leur magie dans le corps d'Aiden. Je les surveillais, nerveux, tout en essayant de maintenir mon calme. Ciri restait près d'Aiden, anxieuse et agitée, ne pouvant s'empêcher de se précipiter à chaque mouvement du garçon.

Je me rapprochai de Yennefer et Triss, le stress me rongeant de l'intérieur. "Yen, explique-nous ce qui se passe."

"Cet enfant est un gouffre, un trou sans fin," dit Yennefer d'une voix grave, l'expression dure. "Le froid se propage parce qu'il n'a si peu de magie en lui qu'il doit remplacer le vide par ce froid glacial. Mais il est trop faible pour supporter cela. Pour un humain… c'est un miracle qu'il soit encore en vie."

Le temps passait, une minute après l'autre, l'atmosphère de plus en plus oppressante. Les sorcières continuaient de déverser leur magie, épuisées. Ciri, elle, ne cessait de lancer des regards inquiets vers Aiden, les mains crispées sur son épée, prête à agir à tout moment, mais les yeux rivés sur le garçon qu'elle considérait presque comme son dernier être cher après la tragédie de Cintra.

Enfin, après ce qui sembla être une éternité, la tempête de glace se calma lentement, se concentrant dans le corps d'Aiden. Triss et Yennefer prirent une grande inspiration, épuisées. Le froid restait, mais il était désormais supportable. Un silence lourd s'ensuivit.

"Geralt, tu as intérêt à avoir une bonne explication," dit Yennefer, son ton à la fois fatigué et agacé, mais aussi légèrement sarcastique. "Parce que si le monde savait que deux sorcières seniors avaient épuisé presque toute leur magie pour sauver un enfant qui n'est même pas adulte… il serait en grand danger."

Je hochai la tête, sachant que cela allait être difficile à expliquer. "Ne t'inquiète pas, viens à la salle à manger. Je vais vous expliquer tout ça."

Yennefer, Triss et moi nous dirigeâmes vers la porte. Mais en voyant que Ciri ne nous suivait pas, je me tournai vers elle.

"Ciri, tu viens ?"

"Non, je préfère rester ici, si possible."

"Je vois."

Je jetai un dernier regard à Ciri, qui s'était assise près du lit d'Aiden, les mains posées sur ses genoux. Elle le regardait avec une intensité qui trahissait sa peur. Fermant doucement la porte derrière moi, je pris une dernière inspiration avant de partir, m'inquiétant de ce qu'il adviendrait de ce garçon à l'avenir.