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Chapter 4 - Confessions

Lorsque Siya redescendit les marches, elle resta un long moment seule sur le perron de la petite porte qu'elle avait ouverte il y a quelques minutes auparavant.

Elle resta ainsi adossée au mur, regardant droit devant elle, à l'écoute des battements erratiques à la naissance de sa poitrine.

Ignorante de l'origine de ces tremblements qui l'empêchaient de réfléchir convenablement. Elle ne pouvait que se questionner sur ce trouble pressentiment envers leur invité qui, pour une raison inconnue , l'effrayait.

Après quelques minutes, ou elle pu enfin retrouver ses couleurs, elle se dirigea vers le hall ou elle pouvait sentir la chaleur réconfortante d'un feu qui venait d'être allumé.

- N'es-tu pas aller dormir ? questionna-elle son frère, accroupi contemplant les flammes, allongés sur d'énormes tapis cousu à la main par leur propre mère.

Elle fut surprise de le trouver encore debout après un long et fatiguant voyage.

- Je n'y arrive pas, dit-il simplement puis rajouta d'une voix réconfortante, viens donc Siya te réchauffer, tu sembles bien pale.

- Ou est mère ? questionna la jeune femme tout en s'asseyant près de son frère qui l'enlaça dans des couvertures en brebis.

- Elle est monté sans doute se reposer, répondit-il d'un haussement d'épaule.

- Oh, je vois.

Le feu qui crépitait doucement projetait des formes et ombres ressemblant à de floues arabesques et eu don de calmer les nerfs de la jeune femme qui pu enfin se détendre.

- Charles, commença-t-elle, je suis si contente de te voir, tu ne pourras l'imaginer. Chaque jour qui fait nous attendions ton retour avec impatience.

- Moi aussi...Raconte moi qu'as-tu fais durant mon absence ?

Siya avait l'impression d'avoir vécu mille émotions en un seul jour, à présent son émotivité face au retour de son frère reprenait le dessus. Elle se remémorait des bribes de souvenirs du temps ou Charles lui contait des histoires des plus farfelues dans ce même hall en étant petite près de ce même feu crépitant silencieusement leurs tenant compagnie.

-Et bien ?

Siya repensa aux larmes de leurs père face au départ de Charles, les nuits d'inquiétudes de leurs mères, les jours de labeur ou la taverne avait été bien rempli, le début de l'hiver marquant une activité beaucoup plus faible. Puis elle lança enfin en brisant l'attente du jeune homme:

- Oh rien de si spéciale. Toutes les semaines nous descendons en ville avec mère faire quelques courses et pour visiter Tante Fiona, elle va bien. Et puis la Taverne a toujours besoin de soins avec les nouveaux arrivants et les écuries.

-Je vois.

Un long silence repris place dans lequel leurs proximité parlait pour eux. Ils contemplèrent chacun de leurs coté les flammes qui dansaient confortés par la présence de l'un et l'autre.

Charles resta silencieux un moment avant de répliquer en caressant subitement les boucles soyeuses de la jeune femme :

- Merci Siya, d'avoir veiller sur notre famille durant mon absence.

La jeune femme leva la tête pour rencontrer ses prunelles.

- C'est moi qui devrais te remercier Charles. Grace à tes efforts nous pouvons vivre sans tracas, tu ne t'en rend peut-être pas compte mais...c'est vrai. Après tout c'est grâce à toi que la Taverne fonctionne toujours.

Le jeune homme d'une trentaine d'années boucles brunes plus courtes mais semblables, au nez fin et à la barbe naissante secoua imperceptiblement la tête, et sa vue s'embruma subitement.

Sans doute le crépitement des flammes laissait place à une instance de confessions, un soupçon d'une vulnérabilité qu'elle n'avais jamais eu l'habitude de trouver chez son frère dont la façade était toujours des plus joyeuses emprises d'humour.

- Ce que je m'apprête à te raconter reste entre nous, dit-il d'une voix grave, mais... je n'aurai pas été en mesure de revenir sans l'aide du soldat Yem. Je lui dois ma vie.

- Que..que veux-tu dire Charles ? bégaya Siya, en se redressant légèrement, décontenancée par ce changement brusque d'atmosphère mais ne daigna pas interrompre les épanchement sincères de son semblable.

Le visage de son frère était à présent marqué par une émotion profonde, avec ses sourcils épais légèrement froncés et ses épaules assez larges s'affaissèrent trahissant la sévérité et la profondeur de son récit. Jamais Siya ne l'avais vu dans cet état mais il semblait éprouver une besoin de s'épancher.

- Sur le chemin de retour depuis Frost, j'étais si pressée à l'idée de vous revoir, je me suis perdu dans les milliers embranchements de la foret d'Oris, et au lieu de trois jours de route, j'y suis resté dix si bien que mes vivres s'amenuisèrent. En y repensant j'ai agit avec une stupidité...le commerce a été fructueux, j'ai tout fait pour qu'il soit ainsi et puis au moment de revenir il a fallu que ma stupidité l'emporte et...

Charles bafouillait en marquant de courtes pauses, les poings serrés. Il marqua une pause ou il déglutit difficilement. La jeune femme posa sa main dans la sienne voulant le réconforter et il continua :

- J'étais si désespéré d'en sortir et ma vision est devenue floue. Je marchais en titubant quand... J'entendis le plus atroce hurlement...

Siya retint sa respiration face à ce qu'il lui partageait qui éprouvait également de la difficulté à s'exprimer comme s'il revivait l'expérience une seconde fois.

- Et puis quelque chose m'est sauté dessus brusquement, violemment, agressivement...cruellement.

Une angoissante oppressante se lisait sur le contour de ses traits et ses mains tremblèrent de plusieurs frissons, révélant son agitation intérieure, mais il semblait vouloir continuer son récit.

- Ce n'était pas un monstre que l'on a l'habitude de voir dans la foret d'Oris...non sinon j'aurais su quoi faire...je l'aurais entendu par le son de ses cris stridents...j'ai appris à les maitriser durant ces quelques années...

Les monstres connus pour peupler la foret d'Oris était prénommer gisen et n'étaient dangereux potentiellement que lorsqu'ils agissaient en groupe. Un simple gisen n'avais pas pour habitude d'attaquer seul que lorsqu'il se sentait menacé. Ces bêtes avaient un pelage doux et soyeux, qui pouvait varier dans une gamme de couleurs éclatantes et chatoyantes si bien que l'on pouvais les remarquer à plusieurs mètres. Aussi, la meilleure façon d'échapper à une attaque de ces monstres étaient de simuler sa propre mort, en tombant à terre ou en s'immobilisant. Un principe bien simple que tout les mirabelliens en avaient connaissance.

Siya, silencieuse, attendit patiemment que son frère ne poursuive, en lui caressant la paume des mains d'un mouvement circulaire et répétitif, ce qui eu don à l'encourager.

-J'ai soudainement senti une douleur atroce m'animer comme des petits spasmes contrôlants tous mon corps. J'ai imploré, pleuré et supplié mon bourreau. Je...je ne puis me souvenir exactement de mes paroles mais...j'ai mentionné père, mère et toi Siya...j'ai prié pour pouvoir vous voir ne serait-ce qu'une fois de plus et...

Deux grosses larmes amères dévalèrent le sillon de ses joues ce qui eu l'effet d'un brisement de cœur pour la jeune femme qui les essuya avec délicatesse.

- Charles...tout va bien à présent...tu...tu n'as plus à t'inquiéter.

- Le cri qui m'est venu ce jour-là, le cri d'un homme sur le point d'être arraché à la vie. Je m'en rappellerai toujours Siya, il s'est encré en moi à jamais.

Sa détresse semblait mêler à de la colère sans doute dirigé vers lui-même, vers son impuissance.

Un second silence retomba dans la vaste pièce. Cette fois-ci les lueurs des flammes prenaient une toute autre signification : elles semblaient crier elles aussi face au témoignage de son frère, de vives lamentations qui désiraient être entendues.

- Et puis brusquement je n'arrivais plus à crier...on aurait dit que mes cordes vocales étaient lacérées, mon corps retomba en arrière et je fermis les yeux laissant place à l'obscurité et l'atroce douleur.

A présent Siya pleurait silencieusement. Elle n'aurait jamais pensé que derrière la carapace solide et pleine d'humour de son frère se cachait un traumatisme récent qui le hantait à présent et qui expliquait sa difficulté à s'endormir.

- Lorsque j'ai réouvert les yeux, soldat Yem était à mes côtés. Il s'est occupé de mes blessures et m'a expliqué que j'avais été victime d'un gisen qui peuplait la partie supérieure de la foret d'Oris, contrôlé par les soldats de la brigade royale. Pourtant j'étais tellement sure que cela ne soit pas le cas...je...je ne sais pas...je ne sais plus.

Siya serra son frère fort dans ses bras, et resta ainsi un long moment durant lequel elle s'en voulait d'avoir ressenti les émotions plus tôt envers l'homme qui séjournait à présent au quatrième.

A présent elle comprenait beaucoup mieux le respect et la gratitude qu'avait montré Charles envers cet homme qui était son sauveur. Et étaient également animée de la plus grande gratitude.

Ce qui était sure est que l'évènement horrifiant auquel avait été apprêté Charles avait créer une blessure récente dans son esprit et qu'il n'avait pu faire garder son poids lourd pour lui-même.

Soudainement, alors qu'ils étaient restés blottis l'un près de l'autre pour une durée qui semblait des heures, la porte principale grinça subitement et la silhouette d'un homme au teint grisonnant et aux rides parsemés sur tout le visage fit son entrée.

Ses yeux de la même couleur que sa fille s'agrandirent.

Comme Siya l'avait présagé, il avait rêvé de ce moment durant une éternité.

Des retrouvailles de son cher fils...