Cette histoire débutait simplement. Dans une maison aux couleurs ordinaire, dans un quartier ordinaire. Le jardin avant de la maison était large couvert d'un gazon verdoyant et contenant quelques jouets pour les enfants. Un grand arbre à la parure luxuriante semblait se pencher pour écouter les rires et le joyeux chahut qu'émettaient la demeure. L'allée de stationnement se dirigeait jusqu'à l'arrière de la maison où la porte rose semblait nous inviter dans la maison.
Le salon lumineux avec des meubles visiblement usés, ayant vécu leur vie avec une famille nous accueillait. Un enfant d'environ quatre, peut-être cinq ans, passant en trombe riant à moitié habillé. Une mère le poursuivant déguisée en corsaire, hurlant qu'elle ne le laisserait pas s'échapper. Près du sofa, un bébé en grenouillère et deux couettes courtes, debout regardant la scène interloquée. L'enfant rigolant encore plus fort évitant de justesse de se faire attraper et sauta sur le sofa, sa petite sœur éclatant de rire.
- AH! AH! J'ai le trésor, HA HA HA HA ! Toutes voiles dehors, ne laissez pas la reine des pirates nous attraper.
Il se pencha et prit la petite dans ses bras, l'asseyant entre ses jambes. Le bout de chou gazouilla de plaisir. La pirate déposa ses poings sur ses hanches légèrement embêtée et soupira, vaincue. Elle passa une main dans ses cheveux en se mordillant la lèvre, visiblement en pleine réflexion. La femme retira son cache-œil et son chapeau pour aller le ranger. Elle entendit son fils narrer son aventure en compagnie de sa petite sœur. Qui était plus qu'heureuse d'être en bateau affrontant un kraken.
Leur mère se dirigea vers la cuisine pour préparer un goûter composé de différents sandwichs et des fruits qu'elle a préparé avec soin. La femme plaça le tout avec précaution dans un panier à pique-nique. Avec une voix faussement insécure, elle annonça.
- Je me demande bien comment je vais faire maintenant que mes enfants sont partis en voyage. Je pensais qu'on avait prévu une sortie au parc avec un pique-nique, et même acheté des glaces…
Elle soupira de façon exagérée en jetant un œil dans le salon pour observer leur réaction.
Le petit haussa les sourcils avec un grand sourire excité. Il regarda sa sœur qui cria en même temps.
- Aaaarc ! Aaaarc !
- Mamaaaaan ! Lizette n'est pas prête pour sortir du tout, tu peux venir t'en occuper ? Je vais aller m'habiller okay ?
Lizette arriva en courant (enfin, autant qu'un bambin est capable de courir ne maîtrisant pas du tout la marche) et tendit les mains pour que sa maman la prenne dans ses bras. La maman avait pris son enfant avec un grognement. Et marmonna un : tu t'en viens lourde ma poupée. Elle habillait sa petite princesse dans sa chambre et son fils arriva pour voir où les préparatifs de sa mère en étaient rendus. Il fit de son mieux pour l'aider, car il était impatient de partir. Rey'ha le remercia en lui disant qu'il est le meilleur des petits garçons. Après avoir enduit de crème solaire les enfants, elle prit le sac à couche et les dirigea vers la voiture.
Elle attachait le bébé dans son siège, tout en observant son grand qui bouclait la ceinture plus ou moins maladroitement.
- Bravo Nathan ! Tu y arrives sans mon aide maintenant.
- Je suis un grand garçon maintenant maman !
Il souriait avec fierté et serra son ours rose dans ses bras. Sa maman alla s'asseoir et dit d'un ton solennel.
- Nous partons à l'aventure !
Arrivés au parc, les enfants s'élancèrent vers le bac à sable et commencèrent immédiatement à creuser et à construire des montagnes. Ils travaillaient en équipe joyeusement. Nathan se lassa et s'en alla à la balançoire. Après quelque temps, Lizette voulait aller le rejoindre. Tous deux se balancèrent avec l'aide de leur maman.
Le soleil monta dans le ciel et le ventre des petits se mire à protester et ils demandèrent à leur merveilleuse maman de manger. Elle sortit le sac à couche une couverture avec des animaux adorables et l'étendit au sol et invita ses petits amours à s'asseoir. Elle sortit la nourriture du panier en l'offrant aux jeunes. Le pique-nique débuta et ils mangèrent avec gourmandise et plaisir, ce salissant. La petite ayant à peine terminé sa bouchée s'exclama :
- Sssocolat !
En pointant la petite boutique qui faisait face au parc. Après avoir ramassé le panier et jeté ce qui devait l'être. Ils se dirigèrent vers l'endroit d'envie des petits cocos. Leur mère acheta une glace au chocolat et une aux fraises. Les petits se régalèrent assis à la table, le bébé sur les genoux de la femme. Le cornet à peine terminé, la mini dodelina de la tête épuisée.
- On dirait que c'est l'heure de la sieste.
Son fils leva la tête et fronça des sourcils vraiment pas très heureux de la nouvelle.
- Je ne veux pas y aller, s'exclama-t-il avec une moue de colère et tapant du pied.
- Je sais mon grand, mais ta petite sœur doit dormir, répondit-elle avec un air compatissant.
Il prit un air boudeur, les bras croisés et suivit sa mère en traînant les pieds, donnant des coups aux objets qui se trouvaient dans sa trajectoire. Après s'être assurée que les petits soient en sécurité dans le véhicule, elle reprit sur un ton léger.
- Tu veux faire un bricolage ou un dessin pour papa ? Je suis certaine qu'il aimerait que tu lui montres tes aventures d'aujourd'hui.
Ses yeux s'illuminèrent, mais il fit semblant d'être toujours fâché. Ils arrivèrent à la maison et maman coucha Lizette, Nathan avait déjà tout préparé ce qu'il faut pour créer dessins et bricolages pour montrer à papa ses combats et ses réussites du jour. L'après-midi s'écoula tranquillement, maman faisant les tâches ménagères.
Nathan et Lizette s'amusaient à construire une tour ensemble et maman dans la cuisine préparant le repas lorsque papa arriva. Les enfants se précipitèrent dans ses bras enfin… Ses jambes. Il les prit dans ses bras et les embrassa tendrement.
- Vous m'avez manqué mes petits amours ! Vous avez été sage ?
Ils acquiescèrent, Nathan lui montrait ses œuvres sur la table du salon. L'homme s'assit et commença à faire sauter la petite sur son genou en écoutant et regardant les œuvres de son fils. La mère les regardait en coin se sentant choyée d'avoir une famille aussi merveilleuse.
Quand Nathan finit de narrer sa journée, il déposa les enfants en leur disant qu'il devait maintenant porter ses hommages à la reine de la maison. Il se dirigea vers sa femme qui malgré plusieurs années de mariage rougissait toujours quand il lui faisait du charme.
- Le rouge te va toujours aussi bien Rey'Ah.
Il l'embrassa doucement sur ses lèvres, la faisant sourire et se sentir tellement aimée. Nathan cacha les yeux de sa sœur en criant un : EWWWWWWW.
- Bonsoir, tu m'as manqué mon amour.
- Tu m'as manqué aussi, tu sais.
- Je vois que tu as fait MES tâches ménagères, dit-il sur un ton de reproche.
- Tu as fait les miennes ce week-end.
- Ce n'est pas une raison, tu dois encore te reposer. Tu n'es pas trop fatiguée ?
- Pas aujourd'hui, je suis en pleine forme.
- Ne fais pas mes tâches pour le moment, le docteur dit que tu dois encore prendre ça doucement. Tu n'es pas complètement remise.
La soirée s'écoula et ils couchèrent les enfants, les bordant après leur avoir raconté une histoire. Ils écoutèrent la télé ensemble, blotti l'un contre l'autre. Ils se couchèrent enfin et ils s'embrassèrent une dernière fois en se souhaitant bonne nuit.
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Rey'ah
Mes paupières étaient lourdes, un peu comme après mon opération. Je me sentais prise au piège dans mon propre corps, si faible. J'avais du mal à bouger un seul doigt… Et la douleur. La douleur, tout mon corps était un immense gouffre. Ma respiration était laborieuse. Je voulais ouvrir les yeux, mais c'était impossible. J'étais épuisée, je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. La fatigue m'emporta.
Je sentais le soleil sur mes paupières et ma peau. C'était une bénédiction, tellement réconfortante, des larmes coulèrent de mes yeux. Je ne pensais pas pouvoir le sentir à nouveau…
Quoi ???
Pourquoi je n'aurais pu le sentir à nouveau ? Ça n'avait aucun sens. J'entendis des voix, ce qui me fit tendre l'oreille pour les écouter. Des gens parlaient dans une langue inconnue. Je sentis un bout de tissu essuyer mes larmes avec une telle tendresse que mon cœur se serra. Une voix semblait s'adresser à moi, pleine d'inquiétude. Une main vint caresser ma joue, des doigts un peu rugueux, écailleux ? Un toucher tellement inhabituel, mais en même temps familier... ?? J'aurais aimé prendre cette main et lui dire que je vais bien, de ne pas s'inquiéter. De nouvelles larmes quittèrent mes yeux, des larmes qui n'étaient pas les miennes et une douleur dans l'âme qui m'était complètement étrangère. Et je sombrai dans l'inconscience de nouveau, épuisée déjà seulement par ses sentiments anxieux envahissants.
Je me réveillai de nouveau, mes paupières s'ouvrirent lentement, mais brièvement. Je n'ai pu que voir une fraction de mon environnement. Un plafond étrange, des branches étaient inter-reliées formant des motifs complexes. Les murs semblaient avoir été sculptés directement dans un arbre. J'avais l'impression de sentir le souffle de vie qu'habitait l'arbre. J'étais émerveillée par la beauté de l'endroit, mais un profond malaise m'empêchait de profiter de l'exotisme. Où étais-je ? Je sentais la crise de panique qui montait en moi. Le souffle court, mon cœur battait si fort que je croyais qu'il allait exploser. Ma respiration devint erratique, la tête me tournait. La violence de mes émotions me sapa toute l'énergie que je possédais et me renvoya dans l'inconscience. Mais une pensée s'accrocha à moi avant de sombrer : qu'est-ce qui avait bien pu m'arriver ?