Chapitre 3
Kubulai
Ma dame continua à s'éveiller par court moment. Elle commença par réclamer qu'à boire et c'était suffisant pour l'épuiser. Après quelques jours, les préparatifs pour rejoindre une maison de repos furent terminés. Ce fut les monarques personnels que la princesse avait sauvé il y a quelques années qui nous amèneraient dans une nacelle vers un ville lointaine.
Bien que le voyage l'épuisait encore plus rapidement, elle reprenait des forces. Au bout de trois jours, elle réclama aussi de la nourriture. Elle arrivait à bouger des bras même si cela lui semblait douloureux.
Nous arrivions au bout de la sixième journée à destination. Itgel lui donnait des potions pour qu'elle reprenne encore plus de force. Elle promit que ça lui permettrait de refaire le sang plus rapidement et par la même occasion elle serait de plus en plus forte physiquement. Ce qui fit l'effet escompté. Au bout d'une semaine, elle restait éveillée le temps de boire et de manger. J'essayais de lui apprendre quelques mots de notre langue. Du moins pour répondre à ses besoins de base.
Deux semaines s'écoulèrent à un rythme lent. Ma princesse semblait maintenant à l'aise en ma compagnie. Elle restait un peu méfiante vis-à-vis de Itgel, mais refusait tout autre étranger, elle était terrifiée. Shönishurga acceptait de se laisser examiner, mais refusait de lui parler. La guérisseuse me prit une soirée où elle s'était endormie très tôt.
-Dame Kubulai. Je pense qu'il serait avisé qu' on demande de l'aide d'un Pwosé de Farastut.
- J'y ai pensé, mais j'ai peur que cela s'ébruite. Son frère est déjà très mécontent qu'elle soit hors de portée.
Lorsque je la vis regarder ailleurs, visiblement en train de réfléchir à une solution, je servis le thé et nous bûmes en laissant nos esprits échafauder de nouvelles options.
- Je sais que le bishop de la région est de bon conseil. Peut-être pourrait-il nous aiguiller vers une source fiable, reprit mon interlocutrice.
Après avoir réfléchi quelques minutes, j'acquiesçai.
- Est-ce que tu pourrais arranger un rendez-vous avec lui? En essayant de garder mon identité autant secrète que possible?
Un large sourire à la fois de plaisir et de soulagement se dessina sur son visage.
- Vous pouvez me faire confiance. J'ai ses intérêts à cœur. Sans son appui et son travail, ma famille serait morte à l'heure actuelle. Je ne suis pas la seule qui lui doit beaucoup. Il faut faire confiance au peuple ma dame.
L'air concerné de Itgel me fit presque mal. Je savais à quel point le peuple aimait notre princesse brisée. Mais, je ne pouvais pas risquer sa vie sur un coup de dé. Le petit peuple peut être parfaitement loyal, mais les problèmes d'argent peuvent diminuer cette même loyauté.
- Je sais et je comprends Itgel, mais je ne peux pas risquer quoi que ce soit. Surtout en ce qui concerne la religion. Ils sont intimement liés à la politique et justement parce que la princesse est aimée par le peuple, les membres des cultes pourraient trop facilement se servir de cette opportunité pour faire de la princesse leur marionnette...
Elle émit un sifflement de mécontentement qui était caractéristique de la région d'où elle venait. Nous échangions toutes les deux un regard entendu. Par la suite, nous discutons des progrès de sa guérison. Elle guérissait un peu plus vite que la normale. Au début, cela inquiéta un peu notre amie la guérisseuse. Mais, je fini par lui expliquer que ça avait toujours été ainsi. Ce qui évitait les infections qui tuent la plupart des gens. Une bonne chose comme elle n'avait jamais développé ses ailes, se retrouvant au sol et elle était prompte aux accidents.
Le temps passa et Itgel revint vers moi avec l'info que le bishop était prêt à me rencontrer dans trois jours après l'office de la bénédiction des récoltes. Donc je commençais à me préparer. Je devais à tout prix réussir à rendre cet entretien aussi neutre possible sans laisser échapper d'infos sur l'état de la princesse.
Je me dirigea le jour du rendez-vous à la Maison du Savoir pour rencontrer le bishop. Les rues étaient décorées vivement, les étales vendant des spécialité fait avec la flore local ou des repas fait avec les viandes les plus populaires en ce moment. Des kiosques avec des bijoux faits à la main, en verre, en bois, en os, ou des fleurs ou autres périssables enfermé dans la résine pour garder la beauté de l'objet à l'infini. Shöni aurait adoré l'ambiance... Mon cœur se serra et je continuai mon chemin en soupirant tristement.
Je m'arrêtai devant le bâtiment religieux. Farastut était réputé pour sa simplicité. Si nous ne savons pas ce que l'on recherche, on n'arrive pas à trouver son lieu de culte. Sa grande différence reste plus dans sa grandeur, surtout dans une ville de cette taille. c'est un bâtiment que l'on peut facilement confondre à une école et une université. Enfin, il faut avouer que c'est généralement un lieu d'enseignement.
La nervosité me saisit de nouveau et je m'essuya mes mains sur ma robe. Je fermais les yeux un instant pour faire le vide et me composais pour ne rien laisser s'afficher. J'entrai enfin dans le bâtiment avec un air digne. Je parcouru l'entrée principale qui était encore peuplée par les paysans qui discutaient avec les différents Pwosés d'agriculture et de nouvelle technique. Je me dirigea vers le secrétariat. Une Pwosé m'accueillit avec un air blasé, mais respectueux.
- Je suis Dame Kubilai, j'ai rendez-vous avec Bishop Zomernacht.
Elle me regarda avec détail pendant quelques secondes un air de méfiance sur son visage et elle se leva.
- Veuillez me suivre dame.
Elle fit signe à un de ses collègues qui vint prendre sa place. Elle me guida dans le dédale de couloir. Les murs étaient recouverts parfois de peinture des anciens Pwosés et éducateurs ou des travaux des élèves. Les planchers étaient austères, légèrement usés, mais bien entretenus. On arriva face à une porte inscrit Bishop/ Directeur. Elle cogne deux coups très sèchement. Une voix assourdie par la porte répondit.
- Votre rendez-vous avec Dame Kubulai.
La voix chaude du Bishop m'invita à entrer. La secrétaire me fit entrer et referma la porte derrière moi. Un homme se tenait devant le bureau, son apparence m'arrêta à l'entrée même de la pièce. Il était grand, plus grand que tous les autres hommes que j'avais vu. Ses écailles bleues vertes étaient brillantes, ses yeux dorés me regardaient avec une intensité qui me fit frissonner. Il était habillé simplement et je pouvais voir qu'il aimait visiblement s'entraîner. Sa musculature etait... bien en évidence. Mon cœur s'emballa et je sentis mes joues s'échauffer. Il croisa les bras et s'appuya sur le bureau ce qui me fit légèrement sursauter. Je focalisa de nouveau sur le visage de cet homme ma face maintenant brûlante. Et je vis qu'il était amusé. Je toussota pour reprendre contenance.
- Bonjour , je suis dame Kabulai.
- Je suis Zomernacht. Que me vaut l'honneur de la visite de la première dame de la princesse du peuple?