J'ai maintenant, six ans, je grandis sans problèmes, ma mère est toujours en hôpital psychiatrique, mais mon père n'est jamais allé la voir, il est resté plongé dans son travail comme à son habitude, il rentrait juste de plus en plus tard.
Pour ma part, j'aimerais dire que le meurtre de mon frère a été mon dernier éclat de violences, mais je n'étais pas préparé au système scolaire.
Un jour de septembre je vais pour la première fois à l'école, dans ma vie précédente je n'ai jamais eu l'occasion d'avoir une éducation formelle, j'étais quelque peu anxieux, mais déterminé, pour obtenir une vie tranquille, avoir de bons résultats scolaires, et savoir sociabiliser est une nécessité. Je n'ai pas fait l'école maternelle, mon père a préféré prendre un tuteur, mais sous les conseils de notre majordome, il a décidé de m'inscrire à l'école pour mon entrée en primaire. Ce dernier me servant de chauffeur me dépose devant l'école, je le remercie, et me lance dans l'aventure scolaire.
Les cours sont plutôt ennuyant, mais je fais de mon mieux, il est nécessaire que j'aie de bonnes notes si je veux une vie tranquille, ma famille a suffisamment d'argent pour que je n'aie pas à travailler en me contentant de vivre à ses crochets, cependant il faut que je fasse illusion, fasse des études et trouve un travail ordinaire, réussir mes études me donnera suffisamment de liberté.
Les problèmes, jamais loin, ne perdirent pas de temps à faire leur apparition. Durant la récréation de midi, dans les toilettes pour garçon, un petit groupe de brutes martyrisait un chétif petit garçon en pleurs, qui avait commis le plus grand des crimes humains, être faible, l'univers lui avait quand même offert la chance de comprendre son tort. Pour moi, il méritait son sort, cela dit, le spectacle de ces petits cons se mettant à quatre pour lui apprendre la vie ne me procurait qu'un profond dégoût et je ne puis contenir un soupir et un regard dédaigneux.
Grossière erreur ! Celui qui semblait être le chef me remarqua, et d'un geste ordonna qu'on m'encercle.
- He ! c'est toi le mec dont la mère est folle ! dit-il moqueur. J'ai entendu ma maman en parler elle a dit que c'est la faute de ton père.
C'est plus la mienne, mais il ne peut pas le savoir. Si ses attaques se limitent à ces pathétiques provocations, je serais tranquille.
- Si ta mère est folle, tu l'es surement toi aussi. ajoute un des sbires.
- C'est peut-être contagieux. fit un autre.
Je ne réponds pas me contentant de les fixer dans les yeux faisant tous les efforts du monde pour ne pas rire de cette scène clichée et de ces répliques dénuées de toute imagination.
- Répond pédale ! s'exclame le chef irrité de voir ses attaques sans réponses.
- Il est peut-être muet. dis le sbire resté jusque là silencieux
- Non il est dans ma classe d'ailleurs il lèche les bottes de la maitresse. lui rétorque le chef
C'est faux ! J'ai juste fait l'erreur de laisser la professeure voir que je savais déjà lire et faire des calculs complexes, du coup j'ai obtenu malgré moi une position privilégiée auprès d'elle.
- Mettons-lui des baffes, ça va le faire réagir. propose le premier sbire.
- Ou la tête dans les toilettes. rajoute le second
Je n'arrive plus à me retenir, j'explose de rire, ce sont vraiment des personnages de film des années quatre-vingt, de vrais clowns.
Piqués au vif le chef m'attrape par le col.
- Tu nous trouves drôles tu nous prends pour des comiques ?
- Oui. Je réponds intérieurement.
- On va t'apprendre à te moquer de nous ! Hurle-t-il
Il tente de me mettre un coup au visage que je pare avec facilité, cependant l'un de ses sbires me met un coup dans un angle mort, le deuxième, me fauche les jambes, je tombe au sol, ils s'acharnent et me rouent de coups. Une envie de meurtre me saisit, les verres brisés des lunettes de la première victime sont au sol, j'en attrape un morceau, plante la gorge du premier sbire, puis dans la confusion fracasse le crâne du second sur un lavabo, étrangle le second à main nue, et noie le chef dans les toilettes, je me ressaisis, pas de solution pour les cadavres, accusés le chétif, je le cherche du regard il est déjà parti. "Merde !" Je subis les coups jusqu'à ce qu'ils se fatiguent, mon corps est endolori, ils prennent la fuite en entendant la cloche.
Je me lève tant bien que mal, je sens du liquide couler de mes narines, je le touche, il n'est heureusement pas cassé. Je souffle un grand coup et retourne en classe.
La professeure est horrifiée, en me voyant je dis que je suis tombé, elle n'y croit pas, mais ne peut rien faire, à la sortie des cours, mon majordome remarque mes blessures, je répète le même mensonge, il ne dit rien de plus, mais me propose de prendre des cours d'arts martiaux dispensés par lui-même les week-ends. C'est une excellente idée, ça me sera utile plus tard, j'accepte volontiers.
S'ils en étaient restés là. J'aurais laissé couler, mais le mois qui suivit, aurait été un enfer pour quelqu'un de normal, ils ne me lâchèrent pas, j'étais régulièrement victime d'insultes, d'attaque physique, je prenais des stylos en plein cours, les autres élèves s'étaient joints aux brimades prient dans un effet de groupe pervers, ils pensaient probablement que tant que je restais la victime désignée leur tour ne viendrait jamais. Le pire, c'est quand la nouvelle du suicide de ma mère à l'hôpital, leur parvinrent, ils répétaient que mon père l'avait tué, qu'il avait maquillé sa mort, que j'étais un fils d'assassin, on me crachait dessus, on me faisait des croche-pieds, on taguait les murs en disant que j'étais fou comme ma mère, ma scolarité tranquille était en danger, et j'en eus bientôt marre.
Il me fallait un plan discret, mais que tout le monde sache qui était le responsable sans pouvoir le prouver, juste par la rumeur me rendre terrifiant, sans que l'on puisse savoir si c'est vrai. Il me fallait des informations, je cherchais le leader sur internet, la grande bêtise humaine est de partager volontairement des informations de grande valeur au monde, il n'avait pas encore de réseau social, mais j'ai trouvé ceux de ses parents. Intéressant ! Une famille de bourgeois, une grande maison, un chat traité comme un membre de la famille, habillé dans des costumes ridicules, les deux parents sont ensemble, et ils ont deux enfants une collégienne studieuse, ainsi qu'une brute, mon ennemi, qui a l'air pourri gâté, mais semble, cependant, bien proche du chat.
Une nuit de pleine lune, je m'éclipse de ma chambre, la première étape consiste à m'emparer du chat, et la cage de transport que j'ai trouvé fera parfaitement l'affaire, je déteste les animaux, et pour une fois c'est une bonne chose, j'ai de la chance il était de sorti, je n'ai pas à m'introduire dans la maison, il se baladait tranquillement devant le portail, je l'attire vers la cage, et j'arrive à l'attraper. Je le cache dans un cabanon abandonné que j'avais repéré à travers la vitre de la voiture lors de mes allers et retours entre l'école et la maison, peu de chance qu'on le trouve.
Le lendemain, le chef, a du mal à cacher son anxiété, il est plus violent que d'habitude et semble déterminé à passer sa frustration sur moi. Je supportai en pensant à ma vengeance. Il me fallait un moment seul avec lui pour la suite de mon plan, et le personnel scolaire m'en donna une, malgré son extrême incompétence, l'école n'avait pas pu, ne pas remarquer que j'étais victime de harcèlement scolaire et qui était le chef de fil, cependant en bon idéaliste, il pensait qu'une discussion à coeur ouvert serait la solution. Ils nous mirent face à face dans une pièce vide et nous demandèrent de nous exprimer sur nos sentiments, vu qu'aucun des deux n'était prêt à dévoiler quoi que ce soit, ils eurent l'idée de nous laisser discuter seul, il ne pouvait pas entendre ce que l'on disait, mais pouvait intervenir à tout moment si le besoin s'en faisait sentir, mon moment était venu.
- Ton chat te manque ? glissais-je avec un sourire.
- Fils de pute ! C'est toi qui la kidnappé ! dit-il, prêt à exploser.
- Je suis prêt à te le rendre.
- Qu'est-ce que tu veux en échange ?
- Que tu me suives seul après les cours.
- Juste ça ?
- Oui, c'est pas grand-chose, n'est-ce pas ?
- C'est vrai, mais... t'es sure que je retrouverais mon petit minou ensuite.
- Oui.
- D'accord, mais ne me la fais pas.
La journée se termine nous avons fait mine de nous réconcilier pour que l'école nous laisse tranquilles, et après les cours prétextant vouloir rentrer à pied pour faire un peu d'exercice, je renvoie mon majordome à la maison. Puis discrètement je fais en sorte que le chef me suive, je l'attire devant le cabanon abandonné, il entre, un miaulement se fait entendre, il se précipite je le cogne derrière la tête, il se réveille attaché à une chaise.
- Salut, ça va la tête ? dis-je d'un ton moqueur.
- Où est mon chat sale malade ?
- Il est juste là. répondis-je, en sortant la cage.
- Qu'est-ce que tu veux ? Il est tard, mes parents vont s'inquiéter.
- Ne t'inquiète pas ce sera rapide, j'ai juste un ou deux points à te communiquer.
Je sors le félin de la cage, je lui ai fait prendre un sédatif pour qu'il soit plus calme.
- Point numéro un : voilà ce qui va arriver à ta mère, ton père et ta soeur, si tu continues de me faire chier à l'école. dis-je en sortant un couteau.
Je tranche la gorge de son animal, un flot de sang jaillit, il est arrosé, il est d'abord paralysé, puis il se met à pleurer, en suppliant criant le nom de son chat.
- Point numéro deux...
Un craquement se fait entendre. Quelqu'un est là. Je cours immédiatement dans la direction du son cherchant l'origine, j'aperçois finalement un rat avançant sur le parquet vieilli du cabanon.
- Point numéro deux : je ne fais pas ça par esprit de vengeance, juste parce que tu m'as cassé les couilles. Je m'approche et chuchote à son oreille : alors, imagine ce que je pourrais te faire si je me mettais vraiment en colère.
Une odeur d'urine commence à agresser le nez, il a souillé son pantalon. Il était mort de trouille.
- Tu comprends donc qu'il est dans l'intérêt de tout le monde de garder notre petit entretien secret
Il acquiesce.
- Donc quand tu vas rentrer tu vas dire que tu as trouvé ton chat dans ce cabanon en train d'agoniser, que le sang sur toi vient du fait que tu as glissé, et que tu es tombé tête la première, dans une flaque de sang, et tu as pissé dans ton pantalon lorsque tu as vu le chat. Répète !
- J'ai trouvé le chat en train d'agoniser dans le cabanon je suis tombé dans une flaque de sang et je me suis pissé dessus en voyant le chat.
- Très bien et si l'on te pose des questions dis juste "je ne sais plus" et n'oublie pas de préciser à tes amis qu'il faut arrêter de me faire chier.
Je le détache.
- Allez c'est fini sèche tes larmes, le méchant ne te fera plus rien, à condition que tu restes sage
Dès qu'il est libre, il détale sans demander son reste, je prends bien soin de faire disparaitre les traces de ma présence et je disparais.
Le lendemain, je suis dans la voiture, heureux, je n'avais pas eu à tuer et j'allais enfin avoir la paix, mon majordome amusé me lâche d'un ton chargé de sous-entendu :
- Vous êtes toujours très heureux lorsque vous jouez avec des animaux.
Je suis interdit, je réfléchis il sait, mais ne me dénoncera pas il veut juste me montrer qu'il est un allié, mais qu'en même temps j'ai été trop imprudent. Depuis quand sait-il ?
- Je ne vois pas de quoi vous parlez. répondis-je en souriant.
J'arrive à l'école en repensant à la scène. Que dois-je faire ? Le tuer ? Avec un corps d'enfant ? C'est impossible ! Apparemment, c'est un ancien des services secrets, et les entrainements du week-end m'ont déjà prouvé qu'il était un monstre aussi bien physique que technique. Je n'ai aucune chance.
- He ! me dit une fille dans le couloir.
Perdu dans mes pensées, je l'ignore. Alors pour attirer mon attention elle ajoute :
- Je t'ai vu dans le cabanon...