Après que je me sois lavé et fait ma toilette, je déverrouille la porte de la salle de bain et sors de la pièce, torse nue et une serviette à mes hanches, pour me précipiter vers ma chambre. Une fois à l'intérieur, je ferme la porte à clé et je balaie minutieusement du regard ma chambre et pousse un soupir de soulagement du fait qu'il n'y a personne à l'intérieur et qu'aucun de mes effets personnels n'a disparu. Je déroule ma serviette de mes hanches et me dirige, totalement nue, vers le placard. Là-bas je choisis une paire de socquettes blanches, boxer et un débardeur gris, un jean slim noir en elasthane couplé d'une chemise blanche parfaitement repasser et une cravate noire.
Une fois habillée, je pars vers ma table d'étude située au pied de mon lit et je récupère toutes les feuilles, manuels et cahiers qui y sont et les rangent dans mon sac à dos et le referme. J'attrape les bretelles de mon sac et me dirige avec, vers la porte où je saisis d'ailleurs, sur celle-ci, mon pardessus bleu marine et mon écharpe. Je déverrouille la porte et sors de ma chambre en prenant soin de refermer, à clé, derrière moi. Je me mets à traverser le couloir mais je ne fais que quelques pas pour m'arrêter, à ma droite, cette fois-ci devant une porte avec une plaque en bois, en son centre, marquée : Éloïse.
J'actionne la poignée et entre sans frapper dans la pièce. Je lève le petit interrupteur à ma gauche qui éclaire en un instant mon nouvel environnement. La chambre est grande en elle-même mais pour moi elle est à peine plus grande que ce qui me sert actuellement de chambre. La raison de cette pensée ? Les murs et même le plafond sont littéralement couverts par des posters, affiches et photos de groupes musicaux très populaires, en Corée et autres pays de l'Est, ainsi que des personnages de mangas et autres types de bandes dessinées asiatique.
Toujours à ma gauche, figure une grande armoire vitrée où y sont exposées tout pleins de figurines, présentant toutes sortes de personnages fictifs cultes tels que San Goku de Dragon Ball à Guts de Berserk, et toutes sortes de collections, intégrale ou en cours, de mangas, bandes dessinées mais aussi comics et romans. À côté de l'armoire se trouve, sur une table-bureau très désordonnée par des esquisses de dessins, un ordinateur avec unité personnalisé avec pleins de stickers de tailles diverses et variées. Une jeune adolescente, paisiblement endormie, se reposant tête la première sur le clavier de l'ordinateur.
Je me faufile tant bien que mal vers elle, à cause de multiples piles de DVD et de livres posés par terre, en manquant plusieurs fois de tomber sur le sol. Une fois parvenue jusqu'à elle, je lui secoue le bras sur lequel elle repose mais aucune réaction de sa part. Je lui pince le bras fermement et celle-ci se réveille en sursaut déblatérant en ce qui me semble être du japonais. Finalement elle reprend peu à peu ses esprits, frottant sa joue endolori, portant les marques des touches du clavier, et essuyant la cascade de bave dégoulinante d'une des commissures de ses lèvres.
La jeune fille demeure encore quelques instants somnolente avant finalement de se mettre à chercher à tâtons quelque chose en tapotant sa table-bureau bruyamment. Je la devance et saisis l'objet de sa recherche et je lui tapote légèrement son épaule. Effrayée, elle se retourne vivement vers moi et plisse les yeux pour tenter, semble-t-il, une identification de ma personne. Mais ni une ni deux, je lui enfile l'objet au niveau de sa tête et je recule précipitamment en arrière. L'adolescente surprise recule en poussant ses pieds sur le sol mais la chaise roulante sur laquelle elle est se trouve déséquilibrée et tombe au sol emportant avec elle, sa propriétaire qui pousse un cri aigu.
_ Bonjour Éloïse, commencé-je en levant les yeux en l'air, désolé du réveil très matinal mais on a école aujourd'hui.
La dénommée Éloïse se relève alors du sol en saisissant le dossier de sa chaise roulante et s'assied de nouveau sur la chaise en me fixant d'un air neutre. Éloïse Hadjimandi est la sœur jumelle de Zoé et aussi son aînée de quelques minutes à la naissance, elle est âgée de dix-huit ans et m'arrive au torse tout comme sa sœur. Ressemblant trait pour trait à sa sœur Zoé, la jumelle a une peau brune foncée et des longs cheveux lisses châtains foncés qui sont attachés en une queue de cheval. La jeune fille a des sourcils anguleux dotés d'arcs plutôt haut, des yeux de couleur noisette, son nez est surmonté d'une petite bosse en son milieu et se termine par un bout ressortant, elle a des joues caves sur un visage en forme de coeur et des lèvres moyennes roses charnues. Cette Otaku est en pyjama, ce qui se résume entre autre à être vêtue d'une grande et large grenouillère unisexe au motif de panda roux.
_ Rappelle-moi quel jour on est ? Demande-t-elle en ajustant la monture de sa paire de lunettes carrées.
_ Lundi, réponds-je du tac au tac.
_ Ah d'accord... et il est quelle heure ? Me questionne-t-elle encore.
_ Il est, attends voir, 7h15. Dis-je en regardant la montre à ma poignée.
_ Il me reste combien de temps ?
_ Un peu près 1h23min.
_ Est-ce j'ai le temps de... Commence-t-elle en pointant son nez vers l'ordinateur bureau.
_ 3 épisodes voir 4 dans le bus si tu te dépêches de te laver, de manger, t'habiller et de la chance, je la coupe en regardant une fois de plus ma montre.
_ Je vais faire vite. Déclare-t-elle en prenant sa serviette reposant sur un chauffage et courant à toute hâte vers la porte derrière qu'elle claque à la sortie.
Je suis, moi aussi, sur le pas de départ quand je me rends subitement compte en posant mon regard au sol de l'état de la chambre. Je me gratte la tête de frustration et pousse un soupir en pensant à Élodie. Cette Otaku a beau être celle qui m'énerve et m'embête le moins dans l'appartement mais le bazar qu'elle laisse dans sa chambre est tout simplement insupportable. Ses piles de livres entassés sur le sol, ses vêtements propres et sales traînant par terre ainsi... Mon Dieu ! Ses boîtes vides de gâteaux et autres sucreries. Elle me donne envie de tout faire exploser dans cette pièce. Je regarde ma montre et calcule rapidement le temps que je peux m'accorder, je sors de la chambre et reviens rapidement avec un balai et trois sacs poubelles puis je pose mon cartable et ma veste à l'entrée de la porte et je retrousse les manches de ma chemise et commence le nettoyage de sa chambre.
En à peu près quinze minutes pile poil le temps que je me suis accordé, la chambre est de nouveau propre et parfaitement organisée. Le lit est fait, les livres et autres figurines rangées dans l'armoire vitrée, le sol est balayé, les vêtements sales sont dans le panier à linge sales, les vêtements propres sont pliées et rangés dans les tiroirs sous son lit, deux sacs poubelles pleins contiennent toutes les saletés de la chambre et le dernier est posé à l'intérieur de la mini-poubelle de la chambre. Je sors un mouchoir de ma poche et essuie la sueur perlant à mon front tout en reprenant mon souffle, puis je mets le mouchoir dans la mini-poubelle et sors de la chambre en prenant mon cartable et ma veste. Je traverse en vitesse le couloir et bifurque sans hésitation à gauche et reprends ma folle course effrénée et je me dirige vers une porte éloignée à ma droite où j'entre directement dans la pièce et où plusieurs odeurs alléchantes frappent de force mes narines.
La cuisine dans laquelle je suis est assez grande pour accueillir trois à six personnes. Au milieu de la pièce, il y' a une grande table ovale et une fenêtre au mur. D'un côté elle se constitue d'un côté, d'un plan de travail rectangulaire au coude-à-coude avec une machine à laver et une gazinière électrique et un peu plus haut collés au mur de quatres placards et de l'autre, de deux éviers à côté un lave vaisselle qui est surmonté d'un micro-ondes, un immense frigo où à son sommet s'y trouve une télé, un réfrigérateur rectangulaire, et d'une grosse poubelle carrée. Je pose mon regard vers la table à manger notamment vers une chaise qui est occupée par une femme d'âge mûr portant une paire de lunettes rondes qui est en train de boire une canette de Kronenbourg, qui ne porte sur elle qu'un débardeur et d'un mini-short.
_ Bonjour Thérésa, salue-je en sa direction.
Thérésa stoppe sa gorgée puis elle dépose mollement sa canette sur la table et dodeline sa tête vers moi tout en émettant un rire joyeux.
_ Bonjour... hip ! Archie, bien dormi ? Hip ! Me demande-t-elle en posant sa canette sur la table.
_ On peut dire ça oui, dis-je en prenant une chaise et m'asseyant à côté d'elle.
Thérésa Diassimy (le "y" est muet donc se prononce "Diassim"), est une trentenaire qui à vue d'œil est dans la vingtaine, elle est célibataire et est d'origine Réunionnaise. Celle-ci m'arrive un peu près au cou, et est dotée d'un corps élancé et svelte au teint clair. Elle a une grosse tignasse, teinte en blond foncé, mi-longs qui est crépue et qui lui arrive aux épaules, le tout nouée en un gros chignon bas. Elle a de longs sourcils peu épais, des yeux de couleur marron-noir, un nez incurvé dont le bout est incliné, des pommettes saillantes parsemés de tâches de rousseur et a des lèvres ourlées roses-brunâtres le tout sur un visage ovale et lisse.
_ Tu es toujooours... hip ! aussi bien habillé, un vrai petit... hip ! Gentlemannnn. Commente-t-elle en appuyant sur ses mots et en rapprochant sa chaise à côté de la mienne.
La voilà qu'elle reprend son manège.
_ Ce n'est rien. La tenue vestimentaire peut influencer sur le comportement et vise-versa, de plus tu me vois toujours dans la même tenue. Réponds-je en prenant les cookies faits maison sur la table que je m'empresse de manger.
_ Ouiiiii tu as... hip ! Parfaitement raison ! La tenuuuuee... est...non non attends... hip ! Influence le comportement !
_ Thérésa, dis-moi par hasard, est-ce que tu es saoule ?
Je pose la question au cas où je devrais me décaler de toi pour pas que tu me vomisses dessus.
_ Nonnnn... hip ! Pas du... hip ! Tout ! Nie-t-elle en cachant tant bien que de mal là montagne de canettes de bière qui est sûr la table.
_ Donc t'es bel et bien saoule, confirmé-je toujours en train de manger les cookies.
_ Ju... juste un peu... hip ! Un chouilla... hip ! hip !
_ Bon ! Je te ramène dans la chambre alors, je soupire en tirant la chaise en arrière et je m'avance vers elle.
_ Non ! Je ne veux... hip ! Pas ! Refuse-t-elle en secouant la tête.
_ Tu dois te reposer et faire tourner la supérette aujourd'hui.
Pour pas que moi et Jérôme ayons à le faire à ta place, sale feignante !
Thérésa grogne et tempête mais s'incline face à mon argument. Elle se lève mais titube à cause de son état brumeux, tend ses deux bras vers moi et m'enlace le cou. Je la saisis par la taille et la traîne hors de la cuisine et surtout loin de l'alcool qu'elle tente de prendre. Une fois que j'arrive devant la porte de la chambre je m'apprête à y entrer quand soudain Thérésa me marmonne quelque chose. Je n'y prête pas trop attention et je le mets sur le compte de son état brumeux mais elle tire la manche de ma chemise à plusieurs reprises et un mot qu'elle marmonne revient à plusieurs fois.
Bordel elle est pas prête de me foutre la paix celle-là !
_ Qu'est-ce qu'il y' a ? Je lui demande en tournant la tête et me retrouvant nez à nez avec elle.
_ J'ai envie de faire pipi. Me confie-t-elle en souriant.
Tu pouvais pas me le dire avant qu'on arrive devant la porte de la chambre ? Merde quoi ! Et c'est quoi cette haleine ?! T'as bouffé un cadavre de putois ou quoi ???
_ Ça peut pas attendre à ton réveil ? Je lui demande tout en essayant de respirer le moins possible.
_ Mais ma vessie va...hip ! Exploser là, Archie ! Explose-t-elle en s'apprêtant à pleurer.
Et moi c'est ma patience qui va exploser là !
_ Très bien, on va aux toilettes.
Je marche jusqu'aux toilettes, toujours ralenti par Thérésa, qui est juste en face de la croisée du couloir, j'ouvre la porte et la dépose sur la toilette et je m'apprête à sortir quand Thérésa retient à nouveau ma manche.
_ Tu... tu peux rester jusqu'à ce que… hip ! J'ai fini ?
T'es pas sérieuse là ?
_ Pourquoi ? Tu es au toilette ! Tu as juste à faire tes affaires et c'est fini !
_ Mais qui vas...hip ! M'essuyer ? Demande-t-elle en faisant des yeux de chien battu.
Tu as trente-six piges Thérésa, nom de dieu ! Comportes-toi comme l'adulte que tu es censée être et fous moi un peu la paix j'ai cours moi !!
_ Tu peux très bien te débrouiller sans mon aide, pas vrai hein ?
_ Non non et non ! Je veux que tu...hip ! Tu m'aides à m'essuyer !!! Ronchonne Thérésa en insistant toujours sur ma manche.
Tu me les brises sévères là, tu le sais ?!
_ C'est d'accord, dis-je en fermant la porte et me retournant.
Je fixe la porte durant de longues secondes, qui me paraît des heures, et finalement j'entends un bruit semblable à mini ruisseau, s'écoulant lentement au début puis bruyamment.