Moi, Éloïse et Malik arrivons devant les portes fermées du car essoufflés. Malik s'avance et toque devant la porte vitrée du car, le conducteur nous scrute longuement, se demandant sûrement si cela en valait la peine de nous faire monter, puis il secoue la tête et appuie sur un bouton sur son tableau de bord ouvrant les portes du car. Malik s'empresse de monter tout en fouillant dans sa poche et sortant une carte qu'il s'empresse de plaquer, sans regarder contre une borne qui émet un bip sonore à son contact, puis continue son chemin.
Éloïse monte après lui, fait de même pus continue son chemin je monte alors les marches du bus à l'intérieur du bus puis sort ma carte de mon manteau et la fait biper contre la borne.
_ Hey Arty, commence alors le conducteur.
Mise à part mon envie d'avoir ma propre voiture pour enfin délaissé ce vieux car moisi, rien de spécial écoute !
_ Salut Eddy, répondis-je, tu t'es acheté une nouvelle casquette à ce que je vois.
Eddy est un trentenaire, aux cheveux blonds-bruns courts portant une barbe de quelques semaines lui mangeant les joues et a les yeux marrons, des sourcils épais, un nez grec et des lèvres fines.
_ Ah ! Crie-t-il presque, enfin quelqu'un qui le remarque !! C'est une casquette Nike collector noir et or que je me suis littéralement ruiner à acheter, mon p'tit pote !
_ Ça à l'air démentiel comme casquette !
Encore une dépense inutile pour l'idiot de service, Eddy Gaston !
_ Démentiel ouais ! Ajoute-t-il en réajustant sa casquette sur tête.
_ Sur ceux, dis-je en continuant mon chemin.
_ Eh ! Oh attends, deux seconde mon p'tit pote !!
A quoi peut diable bien servir le prénom que te donnes ta mère quand on peut t'appeler " mon p'tit pote " ?
J'inspire un grand coup et fait demi-tour vers Eddy.
_ Qu'est-ce qu'il y'a ? Je questionne.
_ Est-ce que t'as parlé de moi, à tu-sais-qui ? Dit-il en chuchotant.
Hein ?
_ Comment ça ?
_ Tu sais bien, de qui je parle, ta B-O-S-S, épele-t-il à voix basse.
_ Ah ! Tu parles de Théré...
_ Chut ! Me coupe-t-il en jetant des coups d'oeils vers Éloïse, oui je parle d'elle. Est-ce qu'elle est d'accord pour ma proposition ?
Eddy, malgré son comportement immature, est une personne plaisante. Mais ses choix en matière de fille sont tout simplement catastrophique. La dernière en date, Anne-Sophie, en est un parfait exemple : à première une femme blanche à lunette aux longs cheveux bruns lisses portant perpétuellement des châles, des chemises grises et des longues robes, est parfaitement normal même banale à première vue malgré son style vestimentaire.
Tout allait pour le meilleur des mondes pour Eddy et Anne-Sophie jusqu'au jour où Eddy découvrit que celle-ci était une femme extrêmement possessive : sa jalousie n'avait aucune limite jusqu'à même agressée ce qu'elle prenait être une tromperie, la cousine d'Eddy qu'elle avait eu le malheur de trop serré dans ses bras.
Elle était aussi très méfiante car elle questionnait les moindres faits et gestes d'Eddy quand il n'était pas auprès de lui, allant même jusqu'à l'appeler à son lieu de travail ainsi que ses collègues voir même son patron.
Et enfin Anne-Sophie avait un amour bien trop lourd pour Eddy, elle avait créé en à peine quelques semaines une dizaine d'albums photos qui tous étaient remplis de photos prises à l'insu de son conjoint, tricotées une dizaine de poupées à l'effigie d'Eddy et avait même créé une hymne célèbrant leur première rencontre.
Eddy a tenté en premier lieu d'accepter les quelques " habitudes " de celle qui pensait être là femme de sa vie, mais au fil du temps il finit par se sentir étouffer voir inquiéter vivement par tout cela et après trois ans de relation il finit par rompre avec elle.
Concernant Thérésa elle est bisexuelle avec cependant un très fort penchant pour les femmes. Y'as pas à dire, tu pars perdant Eddy.
_ Elle a dit qu'elle y réfléchirait, lui dis-je avec un sourire forcé.
_ Sérieusement ? T'es pas en train de me rouler là ??? Me demande-t-il en agrippant mes épaules tel un fou.
Je tourne la tête à gauche et voit une dizaines de dizaines de téléphones levées en l'air avec les flashs allumés, accompagné pour mon plus grand plaisir de chuchotements et de rires retenues avec des doigts pointées en ma direction.
Un bon début de matinée qui commence.
Je secoue ma tête et me concentre vers Eddy en enlevant ces mains de mes épaules.
_ Ne t'inquiètes pas, c'est pas une blague.
C'est un énorme mensonge que je devrais rendre réel, mise à part ça...
_ Oh merci vieux ! Je te revaudrais ça.
Tu en a déjà assez fait.
_ Ne te donne pas cette peine, assure toi juste de ne pas nous mettre en retard.
_ Compte là-dessus, affirme-t-il en démarrant le bus.
A peine sa phrase terminée je me précipite en couvrant mon visage de mes mains, vers un siège se situant à quatres rangées du fond du bus à gauche et m'installe sur le siège se trouvant au milieu des trois sièges collés. Je m'y asseois, souffle un grand coup et recoiffe mes cheveux, une fois le tout fait je tourne ma tête à droite, faisant face à une personne en pleine lecture sur énorme livre.
Celle-ci est vêtue d'une chemise blanche dont les manches sont repliées et par-dessus un pull bleu sans manche, une jupe grise à plie et un collant noir opaque et des bottines noires à scratch.
_ Dulac, me salue-t-elle alors en ajustant ses lunettes rondes dont les verres étaient rouges sombres.
_ Riley, répondis-je.
_ 1 457.
_ Pardon ?
Qu'est-ce qu'elle va encore me chanter, celle-ci.
_ 1 457, redit-elle en fermant son livre et en remettant ses lunettes sur son nez, c'est le nombre de fois au cours de cette année que tu t'es fait remarquer dans le bus.
_ Génial ! Tu vas le rapporter au Guinness Book Records ?
_ Si tu atteins le million qui sait, me nargue-t-elle.
_ Ah au fait merci pour le coup de main d'hier, lui dis-je.
_ Tu y serais très bien arriver sans moi.
C'est exact.
_ Bien sûr mais j'aurais dû faire une nuit blanche et j'en fais déjà bien assez comme ça.
_ Combien cette fois-ci ? Me demande avec une voix inquiète.
_ 3 classes de Terminales Général, 5 classes de Terminales STMG, 2 classes de Première Pro et notre classe.
_ Tu vas finir par faire un burn-out, Dulac.
Je pense en avoir déjà fait mais je me souviens.
_ Ils finiront tôt ou tard par se lasser.
Une fois que j'aurais passé l'arme à gauche, il se trouveront bien un autre larbin, alors prions pour que ça ne tarde plus !
_ T'as tentée d'en parler à la directrice, aux surveillants ou à la CPE ??? Me questionne-t-elle.
_ Mme Denise me tient toujours responsable pour l'incident d'il y'a trois semaines...
À cause des fausses accusations et preuves pesant contre moi.
_ Ce qu'elle peut être coincée et têtue. Critique Riley.
_ ... les pions n'en n'ont strictement rien à battre des élèves et de leurs problèmes.
C'est limite s'ils ne souhaitent pas la mort des élèves pour qu'ils aient la tranquilité.
_ Quant à la CPE elle souhaite que je m'abstiens de brutaliser mes camarades et que je me tienne le plus à l'écart d'eux.
Elle a surtout peur de se retrouver nez à nez une nouvelle fois en face à face avec les parents de mes bourreaux.
_ Mais assez parler de moi, comment vas-tu très chère ?
_ Comme tu peux le voir, à ravir !
_ Les cernes sous tes yeux me disent le contraire.
_ J'ai juste bosser très tard.
Et c'est moi qui risque de faire un burn-out ?
_ Plus tard que d'habitude, effectivement. Ça devait être très important !
_ Tu ne peux pas imaginer à quel point !
_ Parfait car je ne veux pas l'imaginer ni même l'entendre.
Riley hoche la tête de satisfaction puis se tait en se concentrant de nouveau sur son livre mais il ne se passe pas trente secondes
avant qu'elle ferme brutalement son livre et qu'elle tourne sa tête brusquement vers et ouvre la bouche mais je stoppe net sa tentative d'un long monologue interminable parlant de science en tournant ma tête à gauche.
_ Hey ! Quoi de neuf Sam ?
_ Ah...euh...eh...b-bi-bien écoute tranquille, la forme, tout roule, je pète le feu ! Répond l'interpellé.
_ D'ailleurs, dis-je en essayant d'éviter tout contact visuel avec Riley, t'es pas à cette place là d'habitude ?
_ Ç-ç-ça te dérange ma présence ? Dit-il en fuyant mon regard.
_ Aucunement ! C'est juste rare de te voir placé aussi loin dans le bus
C'est rare qu'on se parle tout court d'ailleurs ! Un miracle que j'ai retenu son prénom d'ailleurs.
_ Ah bah ma place habituelle est occupé et du coup je me suis dit que comme cette place là, à côté de toi, n'était jamais prise, je me suis dit qu'il y'avait aucun inconvénient à ce que je l'occupe.
Cette place est souillée par la pisse et le vomi de quelqu'un mise à part ça il n'y a rien d'anormal.
_ Je vois je vois, et bien écoute tu as bien fait on se sent vite seule et ennuyé quand on a une amie qui nous submerge de littéralement de discours de sciences tôt le matin.
_ Ça n'a pas l'air très...euh...bien ? Hésite-t-il en penchant là tête sur le côté.
_ Oui et non, mais bref ne nous éternisons pas sur le sujet, veux-tu ?
_ Comme tu veux, il n'y a pas de soucis, on fait comme tu le sens ! Répondit-il avc un sourire nerveux.
Pourquoi est-il autant stressé ?
_ Est-ce que ça va Sam ? T'as l'air un peu pâle.
Aussi pâle qu'un cadavre tu veux dire !
_ Tout roule ! T'occupes, t'occupes, t'occupes, je vais bien, très bien même, affirme-t-il.
Et pour prouver ses propos, Sam bombe le torse et se frappe fort la poitrine de son poing tel un gorille avant de regretter amèrement son geste et de se mettre à tousser bruyamment.
Le petit Yakkari n'a pas fini de nous prouver son courage on dirait...
_ Tu vois... Kof kof... je vais... kof... très... kof... bien !
Aussi bien qu'un asthmatique qui a couru un marathon.
_ D'accord bon bah je vais te laisser reprendre ton souffle écoute...
_ Non ! Dit-il en attrapant d'un coup la manche de mon manteau.
Le voilà qui commence à user de la violence maintenant... bon sang ! Pourquoi diable, je ne peux pas vivre une matinée tranquille et normal ?!!
Je baisse lentement mon regard vers la main agrippée à ma manche puis la relève et scrute attentivement Sam.
Sam déglutit bruyamment et pâlit à un point que je me demande si sa présence n'étais pas mystique.
_ Ah ! Je suis désolée, vraiment désolée je ne voulais pas te faire ni te blesser ni faire quoi que ce soit pouvant être irrespectueux envers toi. Eh...euh Je suis désolée ! A-a-attends, n-ne bouge pas je vais repasser ta manche. À peine a-t-il fini de parler qu'il se met à brosser de sa petite main douce la manche de mon manteau.
Je ne dis pas un mot et me contente de l'observer ne savant comment réagir face à l'étrange comportement de Sam qui, à vrai dire, n'était pas bizarre que dans sa façon de réagir ainsi que de se comporter mais aussi physiquement.
Il a le teint basané, un visage lisse et rond dont le haut est garnie d'une chevelure mi-longue blonde éclatante retenue par un chignon, en son centre figure une paire de yeux ambrés, plus bas figure un nez droit et enfin juste en dessous se trouve des fines lèvres roses.
Pour finir dotée d'une taille similaire à la mienne, il possède un corps assez svelte. Pour vous décrire Sam plus simplement il a la psyché d'un garçon (?) mais le corps d'une fille préadolescente.
Je ferme les yeux et souffle un grand coup avant de poser ma main sur la sienne, ce qui vaut un soubresaut de sa part, et de l'enlever tout doucement pour ne pas lui faire peur et avant qu'il n'ouvre la bouche je lui dit.
_ C'est bon ! Il n'y a pas à s'inquiéter, ce n'est pas grave, donc tu peux arrêter ce que tu es en train de faire...
Et arrêter de jouer les fers à repasser en passant...
_ Ah t-tr-très bien alors, répond Sam.
_ Maintenant je vais, si tu veux bien, fermer les yeux et me reposer jusqu'à notre destination.
Pour éviter de te parler et regarder.
Et sans attendre de réponse de sa part, je m'exécute et me berce par les bruits environnants m'entourant tout en sentant le regard scrutateur de Sam.