Chereads / J'ai prétendu être la Mort, mais elle m'a tenu tête. / Chapter 83 - Il est facile de faire ce genre de choses.

Chapter 83 - Il est facile de faire ce genre de choses.

Hana cessa de sourire pour boire son café, et Takao ne put s'empêcher de se demander ce qu'elle avait voulu dire par là.

'Ça ne se reproduire plus, à moins que je ne me sois pas montrée assez forte.'

C'était étrange, comme façon de formuler les choses, et quand il tourna un regard interrogateur vers Mari, la femme plus âgée haussa les épaules pour lui communiquer silencieusement qu'elle ne savait pas non plus ce qu' Hana avait voulu dire par là. Si Hasami Mari ne savait pas déchiffrer les paroles de la jeune femme, il était inutile de demander quoi que ce soit à Yamamoto Yuuto.

Takao avait bien observé les employés faisant partie de son Département, et savait donc que ce type était totalement ignorant concernant les sujets qui sortaient de son expertise professionnelle. Certes, il était très doué dans son métier ; mais il en était d'autant plus fermé à ce qui se passait tout autour de lui.

Résigné, Takao décida qu'il demanderait plus tard à Hana ce qu'elle voulait dire par là, et s'approcha pour s'asseoir à la chaise encore libre autour de la petite table. Certains employés lui lancèrent un regard curieux, soit parce qu'ils ne savaient pas qui il était, soit parce qu'ils le savaient ; et qu'ils se posaient tous indistinctement la même question : qu'est-ce qu'il faisait là ?

Cependant, Takao ne comptait pas les gratifier d'une réponse, et appréciait même la méfiance que ces gens pouvaient avoir face à lui, considéré comme un nouveau venu. C'était encore une occasion de pouvoir parler avec Hana sans qu'elle ait la pression de parler à une personne haut placé à la Direction de Marline, étant donné qu'elle ignorait encore le poste que le jeune homme occupait au sein de la société.

« Et donc ? Est-ce que vous allez encore aller sur le terrain dans les prochains jours ? » Demanda-t-il.

« Je pense que non, » répondit Hana. « L'enquête de quartier était censée être terminée pour ce week-end dernier, donc je n'ai plus à me déplacer. »

« Et vous pensez aller au repas d'équipe de fin de mois ? »

« Hum… Je ne sais pas trop... » Dit pensivement Hana.

« Ça te permettrait de ne plus penser à ce qui s'est passé la dernière fois... » Intervint Mari.

« Peut-être... » Réfléchit à voix haute Hana.

Il se doutait bien qu'Hana devait être d'autant plus hésitante qu'elle avait peur de voir débarquer une fois de plus Nana. Même sans parler de ce qui s'était passé avec Kubo Touma, cela avait dû représenter une mauvaise expérience pour elle. C'était donc avec gratitude qu'il accueillait les mots de Mari.

« Au fait, vous avez réfléchi à ce que je vous ai dit l'autre jour, à propos de cette personne ? » Continua-t-il. « Vous savez, sur le fait de communiquer. »

Takao n'avait pas non plus besoin de préciser l'objet de sa question, la laissant ainsi suffisamment vague pour que seuls Hana et lui la comprennent réellement.

'Je pense que vous ne perdez rien à tenter de communiquer avec Nana'. Avait-il dit sur le moment.

Comprenant que le jeune homme voulait parler de Nana, et voulait savoir si elle comptait lui parler, la jeune femme répondit par un haussement d'épaules.

Il continua donc de discuter avec Hana comme Mari – qui s'était depuis aussi jointe à leur conversation – et ne put s'empêcher de remarquer quelque chose.

« Hé, un instant. Vous parlez tous les deux de quelque chose que j'ignore ? » S'offusqua Mari. « Tu me tiens à l'écart, Hana ? »

« Pas vraiment, » dit Hana. « C'est juste un problème passager, donc je voyais pas l'intérêt d'en parler... »

« Tu sais quand même que tu peux me demander conseil, hein ? » Insista Mari.

La femme plus âgée semblait prendre cela à cœur – surtout qu'elle s'était imposée comme une personne de confiance à qui on pouvait demander de l'aide - et Hana ne put s'empêcher de sourire avec sympathie ; se sentant un peu coupable de ne pas inclure sa collègue dans ce problème.

Cependant, ce n'était pas comme si elle pouvait révéler tout d'un coup que le problème en question concernait un dédoublement de personnalité, et encore moins que cette personnalité s'était déjà manifestée plusieurs fois depuis son embauche dans l'entreprise.

« Vous semblez très proches, Hasami-san, Shinohara-san, » dit-il en les regardant toutes les deux à tour de rôle, et peut-être pour dévier la conversation.

« Mhhh, disons que j'aime bien prendre soin de mes voisins de bureau, » dit Mari. « Mais Hana est aussi quelqu'un que j'apprécie à titre personnel. »

Elle sourit en tournant la tête vers Hana, et cette dernière lui sourit également en retour.

« Et vous ? Qu'est-ce qui vous as fait autant approcher Hana ? » Demanda Mari en reportant son regard inquisiteur sur lui. « Vous ne sembliez pas aussi bavards la dernière fois... »

La question prit Takao un peu au dépourvu, et il lui sembla qu'il était soudainement interrogé comme un suspect l'aurait été lors d'une enquête de police.

« Je suppose qu'on est depuis devenus amis ? » Dit-il en haussant les épaules.

« Amis ? Hana et moi sommes aussi amis ! Pas vrai, Hana ?! » Répliqua Mari.

La jeune femme fut un peu surprise que Mari utilise aussi ce mot pour décrire leur relation, et Takao ne put s'empêcher d'étouffer discrètement un début de rire. Depuis qu'Hana lui avait raconté comment son tout premier ami s'était imposée à elle sans demander son avis, cette situation lui semblait plus que familière. L'expression confuse de la jeune femme ajoutait du ridicule à la scène se déroulant en face de lui, et la légère panique qu'il lisait sur le visage d'Hana le fit sourire.

« Il semble que vous ayiez une amie dont vous ignoriez l'existence, Shinohara-san, » dit-il avec amusement.

« Quoi ? Ne me dis pas que tu ne nous pensais pas amies ! » S'étonna Mari. « Je t'ai même dit de m'appeler par mon prénom ! »

« D-Désolée... » S'excusa Hana. « J'ai juste pas l'habitude... »

« Shinohara-san n'a que deux amis, et ce n'est même pas elle qui est allée vers eux, » révéla Takao. « Alors je suppose qu'elle n'osait pas vous considérer comme telles. »

« Hum, je comprends... Tu dois être bien plus timide que ce que j'aurais cru... » S'excusa à son tour Mari.

Puis, elle prit soit de se tourner sur sa chaise pour faire face à la jeune femme, et tendant une main vers elle, ajouta :

« Tu es d'accord pour qu'on soit amies, Hana ? »

Hana considéra la main qui était tendue vers elle, et timidement, la serra dans la sienne en hochant de la tête.

Au même moment que les deux femmes se serraient la main, une mélodie de jeu vidéo marquant une fin de combat remporté avec succès provint du téléphone de Yuuto ; ce qui fit sourire Takao.

On aurait presque pu croire que la petite musique marquait le début officiel de l'amitié entre Hana et Mari.

Au même moment, et à nouveau assis à son bureau, Kobayashi Shinsuke serra silencieusement les dents.

Qu'est-ce que ce type foutait à venir s'asseoir en plein milieu de leur salle de pause ?

D'accord, il était Directeur et logiquement, il pouvait faire ce qu'il voulait ; mais pourquoi avait-il choisi spécifiquement d'entrer sur le territoire de Shinsuke ? Ce dernier n'aimait vraiment pas le jeune homme, et le voir coller de près Shinohara Hana rendait son observation de la jeune femme beaucoup plus compliquée. Il avait l'impression que si le jeune Directeur essayait de se rapprocher d'Hana, la jeune femme, elle, semblait le considérer comme un simple collègue.

Cela avait fait sourire Shinsuke, mais il se demandait également si la jeune interne ignorait tout simplement à quelle personne elle avait à faire. Peut-être ne savait-elle pas que ce type souriant qui continuait de lui parler avec entrain était en réalité plus qu'un simple employé, et occupait un poste plus important que Shinsuke lui-même.

Il observa un peu plus Hana et le Directeur Utagawa, et si ce dernier parlait presque sans interruption, la jeune femme assise en face de lui buvait en silence son café en parlant le moins possible. Peut-être était-elle gênée, ou peut-être ne lui accordait-elle pas tant d'importance que cela.

À en juger par la réaction de la jeune femme, c'était tout à fait possible ; et Shinsuke ne put s'empêcher de hausser brièvement les épaules avec consternation, ce qui ne passa pas inaperçu aux yeux de Saizo.

« On dirait que tu as vu quelque chose de surprenant ? » Se demanda à voix haute Saizo.

« Voir notre supérieur hiérarchique se fondre dans la masse au milieu de ses subordonnés comme si c'était normal est en effet surprenant, » rétorqua Shinsuke.

« Peut-être est-il plus à l'aise de procéder comme ça, » dit Saizo. « Apparemment il était à l'étranger jusqu'à il y a peu, alors peut-être qu'ils font ce genre de choses au quotidien ? »

Shinsuke souffla du nez pour montrer qu'il n'y croyait pas une seconde, et Saizo lui donna alors un coup de coude.

« Ah tiens, j'ai failli oublier, » dit-il en fouillant dans un de ses tiroirs de bureau.

Il écarta des crayons, un rouleau de scotch, et un tampon encreur pour récupérer un petit carnet à la couverture grise, et le tendit à Shinsuke.

Ce dernier releva un sourcil, et avec un air interrogateur, demanda :

« C'est quoi ça ? »

Il n'osait pas prendre l'objet en main, aussi Saizo lui força-t-il la main en poussant le petit carnet contre Shinsuke.

« C'était resté sur le bureau de Shinohara-san, quand elle a fait son malaise, » dit Saizo. « Je comptais le donner à Hasami-san pour qu'elle lui rende, mais étant donné que tu es là, je suppose que tu peux lui rendre toi-même, non ? »

Dépité par l'attitude plus que manipulatrice de Saizo, Shinsuke prit à contrecœur le carnet à spirales en main. Il se doutait bien que ce type avait prévu dès le départ de lui refiler l'objet, juste pour l'ennuyer et s'amuser à voir sa réaction quand il devrait approcher la jeune femme pour lui rendre. Il ouvrit le tiroir supérieur de son bureau, et détaillant le carnet avant de l'y ranger, vit qu'il s'agissait d'un petit carnet de notes maintenu fermé par un ruban élastique intégré à la couverture. Il comprenait qu'à cause de la situation, Hana avait laissé traîner des choses. Mais il estimait aussi qu'il n'aurait probablement pas eu à lui rendre si la jeune femme avait fait attention à bien ranger son bureau pendant les heures de travail.

Fermant brusquement le tiroir métallique, il reporta son attention sur la salle de pause où certains employés – maintenant à peine une dizaine – se trouvaient encore.

Il vit Hana sourire au jeune Directeur, et sans qu'il sache pourquoi, cela le contraria. Il savait qu'elle souriait à tout le monde de la même façon, mais cela l'énervait tout de même de la voir sourire au jeune homme.

Non, peut-être était-il plus juste de dire que Shinohara Hana semblait traiter ce type de façon indifférente, tandis qu'elle souriait toujours de façon bizarre à Shinsuke. Un sourire un peu gêné, et tordu, comme si elle ne voulait pas vraiment lui sourire mais se forçait tout de même à le faire.

À moins qu'elle souriait par réflexe, mais que ce n'était pas voulu.

Conscient d'être traité différemment, Shinsuke grinça des dents.

Il savait depuis un moment déjà que la jeune femme n'avait pas la même attitude envers lui qu'envers les autres. Pourtant, ils avaient bien pu avoir une conversation plus que normale le soir où il l'avait raccompagnée chez elle ; et il se fit la réflexion qu'elle n'était peut-être ainsi qu'en dehors du travail. C'était une possibilité, à moins que le moment n'ait été inespéré autant pour elle que pour lui de pouvoir parler sans avoir les regards indiscrets d'autres employés de Marline.

Sans s'en empêcher, il repensa à leur conversation, et sortant son téléphone de sa poche, appuya sur une touche pour afficher l'écran de verrouillage.

Quelles étaient les chances pour que lui comme elle aiment le même photographe ?

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