Chereads / J'ai prétendu être la Mort, mais elle m'a tenu tête. / Chapter 63 - Je vais me débarrasser de lui.

Chapter 63 - Je vais me débarrasser de lui.

Kiyo se mordit le bout des doigts en portant ses ongles à sa bouche ; et s'assit brusquement sur le gros fauteuil en cuir noir placé au devant de son bureau et autour d'une table basse en bois exotique avec deux canapés à la finition identique.

Monsieur Sakuraba Yuho, son secrétaire personnel, l'approcha avec un plateau dans les mains, et le posa avec son contenu devant elle sur la petite table. Puis, il prit la carafe, et servit de l'eau fraîche à son employeur ; lui tendant le verre avec prudence.

Kiyo s'en empara brusquement, et but avec férocité le liquide pour vider complètement le verre.

Son secrétaire reprit alors le verre, et le remplit à nouveau ; mais Kiyo lui fit signe de le laisser sur la table.

« Mais quel abruti... » Dit-elle entre ses dents serrées, et en fronçant les sourcils.

Elle ne s'attendait pas à ce que Kubo Touma se révèle aussi idiot et inutile, et soit si rapidement mis sur la touche. Elle avait espéré que faire accuser Kobayashi Shinsuke finirait par conduire au résultat qu'elle espérait, mais les choses ne s'étaient pas passées comme prévu.

Cet imbécile avait non seulement parlé de la drogue qu'il avait utilisée ce soir-là, mais l'avait en plus fait en reconnaissant l'avoir utilisée.

C'en était vraiment fini de lui, et Kiyo sentit l'énervement la gagner.

« Monsieur Sakuraba, téléphone. » Ordonna-t-elle.

Elle leva sa main en l'air, et son secrétaire chercha dans sa veste un téléphone portable qu'il lui remit ; en lui donnant directement dans sa main à elle.

Si ce type était hors d'atteinte et devenu inutile, elle pouvait toujours compter sur la personne qu'elle avait réussi à obtenir à l'intérieur même de Marline.

Elle consulta donc la liste des contacts, et après avoir scrollé pour trouver le nom qui l'intéressait, elle appuya dessus pour démarrer un appel.

Son téléphone émit plusieurs fois un bip de la même tonalité pour signifier que le téléphone du destinataire sonnait ; affichant sur l'écran « Factures médicales » comme nom de contact.

Elle dût attendre une bonne minute, sans atteindre l'annonce de la boîte de messages audios, pour que cette personne se décide enfin à répondre.

« Tu cherches à m'éviter ou quoi ? » Vociféra Kiyo.

L'autre personne s'excusa avec une voix tendue ; expliquant que répondre à un tel appel à son poste de travail n'était pas possible.

« Je me fiche de tes excuses. Quand je t'appelles, tu réponds. » Réprimanda Kiyo.

Elle n'avait que faire des circonstances de cette personne. Tout ce qui importait, était qu'on lui obéissait sans discuter.

« Kubo s'est fait sortir en force et tout à l'heure, il a été arrêté par la police, » déclara Kiyo. « J'ai donc besoin que tu édites en profondeur les données. »

À l'autre bout du fil, une voix lui demanda jusqu'à quelle période de temps il devait faire ces modifications, et Kiyo se mit à sourire.

« Au moins sur deux bonnes années. Il faut prouver que ce type n'en est pas à son coup d'essai, » dit-elle avec malice. « Et assures-toi aussi que notre écran de fumée est parfait. »

Son interlocuteur sembla montrer des signes d'hésitation, ce qui énerva un peu plus Kiyo. Elle remua sur son siège pour s'installer plus confortablement, et fit signe à son secrétaire personnel de lui amener des documents posés sur son bureau derrière elle.

« Fais-le sans discuter. Tu sais ce qui arrivera si tu ne m'obéis pas, n'est-ce pas ? » Menaça Kiyo. « Non seulement tu n'auras plus mon aide, mais tu seras aussi le parfait bouc émissaire parce que tu es devenu complice. »

Entendant l'autre personne balbutier et la supplier de lui laisser une chance, Kiyo sourit avec satisfaction.

Le plus tôt tout ce travail serait fait, le plus tôt elle pourrait se débarrasser de Kobayashi Shinsuke ; si possible avant sa possible prise de contrôle de Marline.

Son secrétaire lui tendit un dossier en papier d'épaisseur moyenne, et sans même jeter un regard à son employé, la femme s'en empara avec avidité.

« Je me fiche de ce que tu dois faire pour pouvoir faire ces changements. Mais tu sais parfaitement que si le pot aux roses est découvert, c'est sur toi que tombera l'entière responsabilité, » dit-elle avec un sourire malsain. « Donc travailles bien, pour te sauver toi-même, ok ? »

Elle n'attendit pas la réponse de la personne à l'autre bout du fil, et raccrocha immédiatement.

Monsieur Sakuraba s'approcha alors d'elle, et avec une gestuelle rigide et respectueuse, il récupéra le téléphone pour le ranger dans la poche intérieure de sa veste.

Toujours sans lui accorder le moindre regard, Kiyo feuilleta le dossier qu'elle avait entre les mains, et sourit discrètement pour elle-même.

« Alors c'est là que tu te cachais depuis tout ce temps, hein ? » Dit-elle pensivement. « Tu croyais vraiment pouvoir t'en tirer comme ça ? »

Elle posa sa main sur la photo de CV qui avait été jointe au dossier ; la caressant de ses longs ongles manucurés avec soin et recouverts de vernis orange foncé. Elle ne croyait pas au destin, aux fantômes, ou à toutes ces débilités sorties de fantaisies.

Kiyo était comme ça. Ce n'était pas son genre, car elle était quelqu'un de très factuel et qui s'intéressait plus aux chiffres qu'aux gens derrière ces chiffres. Elle préférait plutôt s'intéresser aux chiffres qui signifiaient qu'elle gagnait toujours plus d'argent, et se fichait complètement des autres du moment qu'ils n'entravaient pas son chemin.

Cependant, elle devait avouer que les chances qu'elle croise à nouveau Kobayashi Shinsuke après toutes ces années représentaient une sacré coïncidence.

Non ; plus qu'une coïncidence, c'était une véritable chance qui s'offrait à elle ; une opportunité exceptionnelle qui se présentait à elle. Si tout se passait bien, elle pourrait se débarrasser de lui une bonne fois pour toutes, tout en se servant de lui ; et pourrait finir ce qu'elle avait commencé il y a cinq ans de cela.

À cause de lui, elle avait failli…

On tapa à la porte de son bureau, et elle lança un regard suspicieux à son secrétaire, avant de lui faire signe de la tête pour qu'il aille ouvrir la porte. L'homme s'exécuta, et tirant un des volets de la double porte, laissa entrer un autre homme, beaucoup plus âgé.

En voyant de qui il s'agissait, Kiyo se leva soudainement de son fauteuil, et prit une expression ravie.

« Papa ! Qu'est-ce que tu fais là ?! » S'exclama-t-elle avec bonheur.

« Quoi ? Un père ne peut plus venir rendre visite à sa fille parce qu'elle est Présidente Directrice Adjointe ? » Dit-il en souriant à son tour.

« Ah, vraiment ! Tu peux pas t'en empêcher hein ? » Dit-elle, ravie.

Elle s'approcha alors de lui et le prit dans ses bras, avant de l'inviter à s'asseoir à la place qu'elle occupait précédemment dans le fauteuil positionné centralement dans la pièce.

« Tu es tout le temps en déplacement en ce moment, alors je ne m'attendais pas à te voir revenir aussi tôt ! » S'exclama Kiyo.

« Je fais juste un arrêt par notre siège avant de partir pour Matsue, » dit-il, cette fois un peu moins enthousiaste.

« Tu n'as toujours pas terminé la tournée de toutes nos branches ? » Demanda-t-elle avec inquiétude.

Le vieil homme fit la moue en sentant que sa fille cadette avait un air maussade.

« Je sais ce que tu te dis, mais ne t'inquiètes pas, je serai rentré à temps, » la rassura-t-il.

Kiyo n'était pas exactement anxieuse à ce sujet. C'était plus autre chose qui la dérangeait, et elle en avait complètement oublié la date qui approchait.

« Ta mère veut que tout le monde soit là chaque année, donc il faut bien que je me dépêche pour rentrer à temps et ne pas me faire crier dessus, » plaisanta-t-il à demi mot.

Il ne semblait pas convaincu par son propre trait d'humour ; ce qui indiqua à Kiyo que son père était à nouveau déprimé.

« Tu sais bien que maman n'est pas du genre à crier pour rien, » dit Kiyo. « Alors du moment que tu assistes à la cérémonie, elle n'aura pas de raison de s'énerver, même si tu arrives en retard. »

Son père posa sa main sur la sienne, et sourit amèrement.

« Même maintenant, j'ai encore l'impression que c'était hier, » dit-il avec une pointe de regret. « Je ne peux pas m'empêcher d'être triste dès que je pense à ta sœur. »

Kiyo eut un sourire plein de sympathie, et mit son autre main sur celle de son père pour le réconforter. Ce n'était pas grand-chose, mais c'était mieux que rien.

« Depuis qu'elle nous as quitté, c'est vraiment devenu dur de passer cette période de l'année, » dit-il pensivement. « Je peux jamais m'empêcher d'y penser, et de me demander ce que j'aurais pu faire de différent. »

« Tu n'aurais rien pu faire, papa, alors arrêtes de t'en vouloir à ce point et de te faire des reproches... » Dit-elle d'un ton détaché. « De plus, tu ne peux pas agir sur des choses qui échappent à ton contrôle. »

« C'est vrai… Tu as raison... » Dit-il avec un air résigné.

Il y avait toujours des choses qui échappaient à notre contrôle. C'était impossible de tout prévoir, et de tout planifier sans aucun incident ne survienne.

Cela, Kiyo en était parfaitement consciente.

Cette journée qui s'était déroulée il y a cinq ans de cela, avait été plus qu'imprévisible, et remplie de problèmes qui s'étaient empilés les uns sur les autres. Une suite désastreuse d'événements échappant à tout contrôle s'était produite, et comme la chute incontrôlable de dominos placés les uns derrière les autres, tout cela avait fini par mener à la mort de sa sœur aînée ; ainsi qu'à cet instant présent où elle était à présent fille unique.

Cependant, même s'il s'agissait d'un événement tragique qui avait à jamais blessé sa famille, Kiyo ne pouvait s'empêcher de penser que c'était une chance inouïe pour elle.

Après tout, tout ce qui aurait dû revenir à sa grande sœur lui était maintenant destiné.

Du coin de l'œil, elle fixa un cadre photo posé sur une des étagères de la grande bibliothèque en bois sombre qui recouvrait le mur de gauche de son bureau.

Sur le cliché figuraient ses parents, elle même, ainsi que sa sœur ; tous habillés de façon élégante lors d'une soirée de gala. Sa grande sœur en particulier, portait une robe gris clair brillante avec une coupe trapèze, et ils étaient tous les quatre alignés sous un morceau de grande banderole suspendue au mur. Même voir cette photo ennuyait Kiyo.

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