Monsieur Hiver est accoudé au bar du café « L'automne ». Il a l'air pincé, glacial, cela fait dix minutes qu'il attend mademoiselle Eté, avec qui il a rendez vous pour leur débat annuel. La voilà qui arrive enfin, sautillante et pimpante comme à son habitude.
- Oh mon cher, commença Mme Eté, quelle angoisse ces jours qui raccourcissent... cela me déprime ! Quand je pense à mes longues et chaudes soirées estivales qui s'étirent et aux grasses matinées qui s'ensuivent. Et ces pauvres enfants qui traînent leurs cartables dans le froid, tout emmitouflés, la goutte au nez.... Ils ont perdu toute l'innocence de ces derniers mois. Je les vois encore rire, s'éclabousser dans l'eau, déguster une glace les joues rougies par le soleil, se prélasser dans un hamac à l'ombre des grands arbres. Vivement les futures grandes vacances !
- Mais enfin, renchérit M. Hiver, quelles sornettes ! Vous pensez avoir le monopole des vacances. Mais vous oubliez les premières neiges, le ski, les joies de la glisse à la montagne. La récompense d'un délicieux chocolat chaud au coin du feu. Et Noël, vous y pensez ? Ses décorations, les lumières dans les villes, les chants qui enthousiasmes petits et grands. C'est ça que les enfants attendent toute l'année. Ils ne rêvent ni de canicule, ni de coups de soleil !
- Je ris, je ris !!! interrompt soudainement un gentleman. Je me présente, Monsieur Printemps, veuillez m'excuser, mais chaque année j'entends vos arguments et je n'y tiens plus. Vous êtes tous deux trop extrêmes. Il faut savoir être mesuré. Il faut apprécier les derniers frimas et s'émerveiller des premières douceurs. Et quoi de plus beau pour un enfant que de voir la nature éclore ? D'entendre à nouveau le chant des oiseaux, les premières naissances des animaux, les arbres en fleurs ? Le printemps est une renaissance. C'est la vie !