Noël dernier, ma petite soeur reçut trois chats, mon frère trois lapins, et moi, qui n'aime pas les animaux, trois nains minuscules, d'à peine vingt centimètres de haut. Quand j'ouvris mon paquet, ces farfadets levèrent timidement les yeux vers moi. L'un d'entre eux était musclé, un autre souriant et le dernier léthargique. J'appelais l'athlétique Robert, le joyeux, Arthur et le paresseux Albert.
Ma chambre était sens dessus dessous. Ma mère me demanda de la ranger. Je décidai malicieusement de confier cette mission à Robert. Plein de bonne volonté, il s'activait, ramassant des livres qui jonchaient le sol. Puis, il s'attela à mon lit mais se retrouva pendu dans le vide au bout du draps. En proie au désespoir, il m'implora des yeux ; ses mains commençaient à glisser. Dans ma grande bonté, je lui portai secours. J'étais hilare, mais ma chambre restait un vaste capharnaüm. Echec cuisant.
Pour le mardi de la rentrée, je devais rendre une rédaction à Monsieur Laboli, mon professeur de français. Or, je manquais d'inspiration.Je fis appel à Arthur, il devait sûrement avoir des idées, lui. Plein d'enthousiasme, il alla chercher un crayon qu'il tira jusqu'à mon bureau. Il commença à rédiger son histoire. Dépité, je le contemplai écrire d'illisibles lettres microscopiques. Je n'avais pas le courage de l'interrompre, il semblait si fier de lui... Je me retrouvai là, l'observant, impuissant. Au bout d'une heure, il me tendit sa copie. J'eus zéro. Quant à Albert, il ne se réveilla jamais...
Ces créatures n'étaient bonnes à rien ! Sous le coup de la colère, je décidai de les renvoyer. Plus tard, je regrettai ma décision hâtive. Aujourd'hui encore, je me sens seul, mes lutins me manquent...