Le temps passe.
Et à chaque fois qu'il y a du temps qui passe,
Il y a quelque chose qui s'efface.
Jules Romains.
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Une douce chaleur, ainsi qu'un léger rayon lumineux parcourait la chambre, le gong de l'horloge annonça qu'il était l'heure.
L'heure pour éveiller le château plongé dans une atmosphère calme et paisible. Tous les domestiques le savaient, ceci ne durerait pas, car une ombre planait au-dessus d'eux.
Dans les couloirs, un homme entièrement vêtu de noir, passait en revue tout ce qui est nécessaire au bienêtre de ses supérieurs. Une fois ce travail fini, il partit au second. Il ouvrit une porte avec délicatesse et s'avança dans la chambre. C'était une magnifique chambre de style baroque entièrement de couleur crème. Il se dirigea vers la fenêtre puis ouvrit les rideaux en prenant garde à faire le moins de bruit possible.
Soudain une silhouette légère se dessina sur le lit. C'était une jeune femme à la peau pâle aux cheveux noir corbeau. Elle paraissait si sereine. L'homme en noir s'avança vers le lit, posa délicatement sa main sur l'épaule de la jeune femme.
- Votre altesse, il est l'heure, votre père vous attend pour le petit déjeuner. Dit-il doucement.
Puis il sentit la jeune femme bouger et se retourner vers lui. Elle ouvrit les yeux et planta son regard dans le sien. Elle avait de magnifique yeux couleurs noisette. Un sourire se dessina sur les fines lèvres rosées de la jeune femme.
- Bonjour Sébastian. Dit-elle d'une voix tendre.
L'interpeller se releva et parti vers une immense armoire.
- Bonjour mademoiselle, avez-vous bien dormi ?
La jeune femme se redressa puis s'étira.
- Tel un nouveau-né. Qu'y a-t-il de prévue aujourd'hui ?
- Je ne sais pas mademoiselle, votre père ne m'a pas informé sur ce qui va se passer aujourd'hui.
Il prit alors en main une robe noir et blanche, puis la posa sur un siège présent dans la pièce. Il s'incline devant la jeune femme.
- Je vous laisse faire votre toilette, le petit déjeuner sera bientôt prêt.
- Merci Sébastian.
L'homme sorti de la pièce, laissant la jeune femme. Celle-ci se leva et partie dans la pièce adjacente à la chambre, elle fit sa toilette et enfila sa robe.
Ensuite elle sortit et se dirigea vers le jardin d'hiver.
C'était un lieu magnifique, elle et son père passaient beaucoup de temps là-bas. Dans cette pièce gigantesque, des fleurs de nombreuses variétés se mêlaient, au centre prônait une table en fer forgé circulaire. De part et d'autre de celle-ci se situe deux chaises, sur l'une se trouvait déjà un homme.
Cet homme était assez grand, son visage long, les traits fins. Ses yeux étaient aussi noirs que ses longs cheveux, qui venaient englober son doux visage. Ses doigts étaient plutôt longs et fin, autour de lui planait une légère odeur de cannelle.
La jeune femme s'avança vers lui, se courba légèrement.
- Bonjour, père.
L'interpellé posa son journal, et regarda la jeune femme.
- Bonjour, Isabella, as-tu bien dormi ?
- Oui père.
- Mon enfant, il faut que je te parle de quelque chose d'important.
- Je vous écoute père.
- Le jour de la mort de ta mère, je lui ai promis de te protéger. Le temps aujourd'hui est bien différent de celui d'hier. Tu es en danger ici. J'ai dans le regret de te dire, que dès demain tu partiras pour la Grande-Bretagne.
En entendant ces quelques mots Isabella fit tomber la tasse qu'elle tenait entre ses mains. Celle-ci se brisa net au contact du sol. Le bruit qu'elle produit fit sortir la jeune femme de ses pensées.
- Père vous ne pouvez pas m'envoyer là-bas. Imaginez que je perde le contrôle que je blesse ou pire que j'assassine quelqu'un. Et qu'adviendra-t-il de vous, de Lucian et de Silvina ? Je ne puis partir. Père je vous en prie...
L'homme se leva et prit sa fille en pleure dans ses bras pour la réconforter.
- Chut, mon ange noir. Nous y arriverons ne t'inquiète pas. Te souviens-tu de cette petite phrase que nous t'avions apprise pour te canaliser ?
- Oui, père je m'en souviens.
- Peux-tu me redire quel était cette phrase ?
- Dans mon jardin, j'ai trois beau présent et trois cerfs-volants.
- C'est bien, tu seras toujours ma fille chérie Isabella, ne l'oublie pas.
Il embrassa la jeune femme sur le front et se releva. Il se dirigea vers la sortie. Lorsqu'il fut à la porte menant au manoir, il se retourna, regarda sa fille, lui sourit et sortir du jardin.
Isabella n'eut pas la force de finir son déjeuner et partit dans sa chambre. Elle demanda à Sebastian de lui monter ses valises afin de les préparer pour le lendemain.
- Vous avez l'aire d'être bien mélancolique mademoiselle, puis-je savoir ce qui vous tourmente tant ?
- Je vais devoir quitter le pays pour l'Angleterre. (elle ramena ses mains près de son cœur et regarda le majordome dans les yeux) et j'ai peur que cette part sombre de moi reprend le dessus. Je ne veux plus faire souffrir qui que ce soit. J'ai déjà perdu beaucoup, je ne veux pas perdre encore plus.
- Je comprends, mais ce n'était pas votre faute. (il se rapprocha de la jeune femme et prit ses mains dans les siennes. Il fit glisser un médaillon dans le creux des mains de la jeune femme) Il y a bien longtemps, avant même d'entrer au service de votre père, j'avais le même problème que vous. Le jour j'étais un homme des plus normal, mais le soir venu je devenais une bête monstrueuse assoiffée de sang. Un jour sans le vouloir cette bête s'en est prise à ma famille. Ce médaillon était celui que j'avais offert à ma bien-aimée. Je souhaite que vous le gardiez avec vous.
- Sebastian je ne peux, accepter un tel présent, il vous appartient je ne peux.
- Je vous en prie ne rendez pas la tâche plus difficile qu'elle ne l'est déjà. Le temps vous est compté, mademoiselle, alors prenez le.
Isabella prit alors le médaillon et le mit autour de son cou.
- Lorsque je rentrerais il te reviendra, je te le promets.
Lorsqu'ils eurent fini les valises, Sebastian repartit dans les cuisines pour préparer le dîner,
et Isabella resta dans sa chambre à se demander ce qu'il se passera en Grande-Bretagne.
La fin de la journée passa bien vite. Le lendemain Isabella devait partir elle décida donc de ne pas descendre pour le dîner, elle ne voulait pas voir son frère et sa sœur.
- Pourquoi peuvent-ils rester ? Pourquoi suis-je la seule à être si différente ?
C'est sur ces questionnements qu'elle s'assoupit, éreintée par les émotions fortes qu'elle avait eu tout au long de la journée.