Les jours passaient et je parvenais enfin à avancer. Ma vie prenait une tournure positive, une tournure qui me plaisait un peu trop... Je savais au plus profond de mon être que je ne devais pas autant espérer, que j'allais tôt ou tard le regretter mais malgré tout j'avais décidé d'offrir une seconde chance à la vie.
Je voyais peu à peu mon quotidien d'un autre œil, ce dernier changeant rapidement. Mon père avait cessé de boire jusqu'à plus soif, il ne se déchargeait plus sur moi. Lorsque je rentrais le soir, il était là, m'attendant pour me raconter fièrement sa journée de travail. Ensuite il se levait et se dirigeait vers la cuisine afin de préparer un repas.
La routine commençait peu à peu à s'installer dans le foyer et ce n'était pas pour me déplaire. Bon nombre de personnes ne voyait pas ce changement qui s'était installé en moi, mais moi je le ressentais... Pendant ces jours-ci je m'étais rendu compte que les gens n'en avaient que faire de ceux qui étaient autour d'eux. Ils ne se préoccupaient que d'eux même.
Je ne voyais enfin plus la vie comme un fardeau, mais comme une opportunité. Une possibilité infiniment grande. Alors oui, ça ne faisait que quelques jours mais dans ma tête je le ressentais comme des années... Et peut-être que ça n'allait pas durer mais qu'importe, j'en profitais.
Et ce matin en me levant je décidais, n'ayant pas école, d'aller dans mon jardin derrière ma maison afin de m'y prélasser. Je m'étalais dans l'herbe et fermais les yeux. De ma main je touchais les pointes rêches de la pelouse et ressentais la douce brise se poser sur mon visage. Je me sentais bien, je me sentais vivante. Les secondes et les minutes s'écoulèrent et laissèrent place à des heures, m'endormant paisiblement.
Lorsque je me réveillais à nouveau, le soleil dominait et la douce brise n'était plus présente. Je rentrais donc et m'occupais le reste de la journée, seule. Quand l'heure à laquelle mon père devait arriver sonna je décidais d'aller m'installer dans le sofa afin de l'attendre.
Dix minutes.
Trente minutes.
Une heure.
Deux heures.
Il avait deux heures de retard... Je décidais alors afin de me changer les idées d'aller m'affairer en cuisine pour l'avancer. Il devait avoir eu beaucoup de travail pour faire des heures supplémentaires, je me devais donc de l'avancer...
Quelques instants plus tard j'entendis la poignée de la porte tourner et des pas traînant retentirent. Des pas que je ne reconnaissais que trop bien...