Je repensais chaque jour à ce que j'avais bien pu faire dans une vie antérieur pour mériter cela. Les jours passaient et le même schéma se reproduisait. Je me demandais constamment dois-je rester là où il y a des signes que j'ai ignorés? Avec le recul je me rendais compte que ça faisait un moment qu'il avait des gestes déplacés mais je ne m'étais jamais attendu à tant de violence.
Tous les soirs quand je devais rentrer chez moi je fixais la cime des arbres au loin, ces dernières m'invitant à m'évader, me demandant constamment puis-je t'aider à ne jamais plus avoir mal ? Mais je demeurais bien trop anxieuse des répercutions que mon acte pourrait déclencher. S'il parvenait à me retrouver, si je ne m'en sortais pas...
Lorsque je fixais la lune, ce n'était pas qu'une question de vision. Non, il y avait aussi mon cœur. Une magnificence parfaite et tentatrice dont nous avons vu l'éclat lorsque le monde était endormi. Ce moment était sans équivoque mon moment préféré, mais il y a des choses qu'on peut avoir, mais qu'on ne peut garder. Ce moment de plénitude ne durait jamais très longtemps.
Au fond qui se soucie qu'une lueur de plus s'éteigne dans un ciel d'un million d'étoiles ? Qui se soucie de quand le temps de quelqu'un s'écoule, si un moment c'est tout ce que nous sommes? Qu'est-ce qui m'empêchait d'en finir, d'éteindre à jamais cette lueur presque déjà insignifiante?
La seule chose qui me retenait étaient mes souvenirs mais en réalité les souvenirs, retirent le sol sous tes pieds, ils te bouleversent, te bousculent et tendent la main pour mieux te faire tomber à nouveau.
A chaque fois que j'allais dans la cuisine la seule chose que je remarquais c'était qu'il restait une chaise de plus que ce dont nous avions besoin. Et la seule chose que je parvenais à penser c'était tu es en colère, et tu devrais l'être, ce n'est pas juste.
Je souffrais réellement mais qui s'en souciais ? Je ne savais plus quoi faire, m'enfonçant dans cette torpeur. Je me trouvais dans un cauchemar qui me paraissait sans fin. Je courais et courais encore et encore sans parvenir à attraper la lumière qui assurerait ma liberté et mon bonheur. L'air autour de moi était comme une cage. J'étais prisonnière.
La vie me détestait cela n'en faisait aucun doute, depuis le jour où elle est partie les choses se sont dégradés. Comme ma lueur. Tous les jours je ressentais le poids de cette chose que l'on voulait à tout prix appeler la vie comme un boulet que je me traînais sans pouvoir rien y faire. Elle me défiait à longueur de temps pointant sur mon crâne la canon froid d'un revolver qu'elle tenait d'une main ferme et déterminée. Peut-être même un peu trop. Je voulais que ça passe, ça durait depuis bien trop longtemps.
Finalement qui se soucierait si je vivais dans une nuit éternelle ? Parce qu'au fond il y a des larmes qui ne cessent jamais de couler, des vides qui ne se comblent pas, des souvenirs que rien n'efface et des personnes que nous n'oublions jamais... Quand les sourires reviennent ce n'est que pour masquer la peine.