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[FR] Les Sentiers de Dieu - Sulkin Tierran

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Synopsis
Dans les profondeurs de la mine de Kvara, Sulk est un tierran de 13 ans. N'ayant jusque là connu que cette vie d'esclavage, sa découverte hasardeuse d'une rune magique va totalement bouleverser son univers. Dès lors qu'une voix ancienne mystérieuse infiltre ses pensées, Sulk va débuter sa cultivation de la Voie tout en songeant aux mystères de plus en plus attrayants du monde de la surface. "Contre les Anciens et les Dieux, la Voie qui a été scellée s'ouvrira de nouveau !"
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Chapter 1 - Sulk, fils d'Arega

Les mines de Kvara du Nord étaient humides en toute époque de l'année. L'eau ruisselait sur les parois de la salle principale alors que tous les mineurs de la première rotation prenaient leur repas.

Les bras musclés mais minces des hommes ruisselaient de sueur, à l'instar de la salle. Il faisait chaud, mais tout le monde s'était habitué depuis longtemps.

Il n'y avait pas eu de nouveaux arrivants depuis plusieurs mois, pensait Sulk. Son pain blanc trempé dans la soupe était presque entièrement fini, il ne restait qu'un bout de quignon. Dans quelques minutes la cloche du contremaître allait retentir et tous allaient retourner transporter les sacs de roche. Il attachait ses cheveux noirs tressés lorsque le signal fut donné.

D'un pas lent tout le monde regagnait sa galerie, le pas assuré malgré l'eau qui faisait glisser les dalles. L'habitude de la vie dans la mine se ressentait dans tous leurs faits et gestes.

Alors qu'il attrapait la lanière de corde de son sac, il jeta un dernier regard à travers la salle en direction de la dernière table. Sa mère ramassait les bols de terre cuite. Arega avait le teint pâle depuis quelques jours mais esquissa quand même un léger sourire lorsqu'elle vit le jeune homme de treize ans à peine et qui se préoccupait d'elle.

Elle passa sa mèche grise sur son oreille avec un geste qui lui était familier et retourna à sa tâche. Sulk savait que son sourire n'était qu'une façade et crut entendre sa toux légère lorsqu'il lui fit dos en réajustant la sangle à sa taille.

Il savait que depuis plusieurs jours sa mère était malade, et bien que ce fut une chose courante dans la mine et que ce n'était jamais très grave il ne pouvait s'empêcher d'avoir un pincement au cœur et de prier silencieusement les Dieux pour elle.

Depuis toujours sa mère avait été bonne pour lui et lui avait tout enseigné, y compris à écrire et à lire. La mine n'était pourtant pas un environnement avec beaucoup de choses à lire, elle avait insisté pour lui apprendre, lui disant que la culture était un des biens les plus précieux.

Il n'avait jamais compris pourquoi, et lui avait toujours secrètement reproché de lui avoir appris tant de choses au détriment de sa santé.

Arega avait grandi et vécu toute sa vie avant la mine en compagnie de sa propre mère qui lui avait enseigné beaucoup de choses. Garalea était une simple tisserande mais qui avait beaucoup de culture. Kyr, le grand-père de Sulk était un soldat chargé de la protection de la cité dans laquelle ils vivaient. Ils étaient heureux tous les trois, malgré leur mode de vie modeste et l'argent qui parfois venait à manquer.

Cela avait tout changé lorsque les soldats étaient partis en guerre, et que Kyr n'était jamais revenu. Garalea était morte de chagrin peu de temps après et Arega s'était trouvée toute seule dans un monde parfois cruel.

Elle avait servi quelque temps comme serveuse dans un hôtel local, puis avait travaillé dans des champs agricoles avant de trouver l'amour.

C'était un soldat d'une garnison de passage qui était chargé de récupérer la nourriture pour sa troupe et qui s'était adressé à elle à son arrivée aux champs. C'était un coup de foudre pour Arega.

Seulement à son retour l'homme avait prévenu sa garnison de la belle femme qu'était Arega. Elle avait alors 26 ans quand les cinq soldats qui la regardaient la bave aux lèvres s'en étaient pris à elle.

Neuf mois plus tard naissait Sulk, et un an après la rafle avait commencé et elle avait fini dans la mine. C'était une femme au mental endurci par les épreuves, mais au physique fragile.

S'occuper du bébé Sulk dans la mine l'avait usée et avec ses quarante ans elle en paraissait cinquante.

Sulk ayant presque toujours vécu dans la mine, ses premiers souvenirs représentaient déjà les salles voûtées aux murs de terre et au sol fait de grandes dalles de roches. Alors qu'il marchait dans la galerie il repensait au nombreuses heures passées à attendre avec les autres enfant dans la salle basse. Il haïssait le contremaître qui les gardait toute la journée en attendant qu'ils puissent retrouver leurs parents, pour ceux qui en avaient. Jusqu'à leurs douze ans ils étaient parqués dans cette salle du matin au soir alors que les adultes travaillaient la roche.

C'était pour éviter qu'ils ne se blessent et qu'ils ne gênent les adultes, lui avait dit sa mère. Ce qui la gênait, cependant, c'était lui, il le savait. Chaque soir elle veillait pour lui enseigner tout ce qu'elle savait, au prix de son sommeil. Pendant la journée elle trimait, et le soir à cause de son existence elle se passait de sommeil. Il avait passé tout son temps dans la salle basse, sous l'œil vigilant du contremaître, à s'exercer à l'écriture auprès du vieux Arch pour éviter à sa mère d'avoir à lui enseigner des choses en plus. Mais à chaque leçon apprise il y en avait une autre, et sa mère continuait à veiller.

Elle l'avait félicité de nombreuses fois, et c'était vrai qu'il avait des facilités à apprendre, pour ses progrès, sans savoir que c'était dû à une volonté de fer liée au propre bien-être de sa mère .

A dix ans il était capable de mettre à l'écrit dans la terre humide quasiment tout ce qu'il voulait décrire, mais Arega était alors tombée malade. Il avait été voir le contremaître pour lui dire qu'il voulait travailler dans la mine et s'était fait frapper.

La dure loi de la mine se faisait ressentir sur tous les travailleurs, même les plus jeunes.

Ce ne fut qu'après plusieurs semaines de bleus et de marques qu'il avait pu transporter des roches comme ses aînés, deux ans avant l'age classique dans la mine.

Sa première image précise du fond de la mine avait été celle d'un environnement sombre, humide, et empli d'un odeur agressive de sueur constante, et un silence absolu troué seulement des coups de pioches et du râle des hommes émaciés.

Il avait pour la première fois vu le regard peiné des gens du fond au travail et senti le poids de la pierre sur ses épaules. La pensée de sa mère se reposant avait été la seule chose qui l'avait poussé au travail si tôt alors que tous les vétérans de la mine le regardaient d'un air triste et empli de pitié.