Tic-Tac, Tic-Tac
Elle était en train de devenir folle à cause du son monotone de l'horloge de la pièce d'à côté. Cela lui semblait pareil à un marteau lui frappant le cerveau.
Hélas, elle était coincée dans cette pièce à souffrir.
Cela faisait maintenant une semaine qu'elle s'était réveillée dans ce monde étrange. À présent elle avait compris que même si elle était certaine d'être morte, son âme avait en quelque sorte été transportée dans cette dimension et occupait maintenant le corps de Suzuki Ara.
Quant à la vraie Suzuki Ara…
La déraisonnable jeune fille avait pris sa place dans l'au-delà et avait quitté ce monde le jour même où elle était entrée dans un profond sommeil. Que ce soit dans les champs Élyséens ou dans le Tartare, Alinea priait pour que son âme repose en paix.
Elle espérait cependant que cette dernière se trouve aux champs Élyséens .
"Mme Ara ..."
Alinea se retourna et vit deux infirmières portant le nécessaire pour changer ses bandages ainsi que des médicaments. Elles venaient tous les trois heures afin la surveiller. Ce qui l'exaspérait car elle n'avait jamais vraiment aimé être servie et cela même alors qu'elle vivait dans le château. Mais il semblait que cela était la norme pour la princesse chouchoutée Ara.
Ah… à quoi pensait-elle?
Elle se devait désormais de s'habituer à s'appeler Suzuki Ara. Il ne lui apporterait rien de bon de trop s'arrêter sur son passé.
Alinea était morte.
"Changeons vos bandages," lui dit l'infirmière d'un air aimable tout comme elle s'y attendait, elle leur fit alors un petit sourire, indiquant qu'elle coopérerait avec elles comme elle l'avait toujours fait depuis son réveil.
Même armée souvenirs d'Ara, elle se sentait toujours mal à l'aise à quand il s'agissait d'avoir des conversations avec d'autres personnes, et donc elle restait silencieuse et ne parlait qu'en cas de besoin. C'était mieux ainsi, cela lui permettait d'acquérir plus de connaissances et aussi de vérifier les informations qu'elle connaissait déjà.
Comme par exemple, à propos de sa nouvelle famille.
Ara et Aki avaient sept ans d'écart, et étaient orphelins. Leurs parents étaient morts quand elle n'avait que quinze ans, et Aki, vingt-deux ans, et c'était donc pratiquement son frère qui l'avait élevée.
Pour un jeune homme ayant soudainement été responsable d'une soeur beaucoup plus jeune que lui et d'une énorme entreprise, Suzuki Aki s'était plutôt bien débrouillée. Faire de bonnes affaires était également une question de chance, et il avait été très chanceux depuis son arrivée à la tête de l'entreprise jusqu'à aujourd'hui.
On pouvait affirmer qu'Ara était choyée et qu'elle ne manquait de rien - à l'exception de la chose la plus petite mais pourtant la plus vitale: du temps.
Quand Aki réalisa que sa sœur avait des problèmes, il était déjà trop tard et elle savait qu'il le regrettait profondément. C'était d'ailleurs pour laquelle, il était presque toujours à ses côtés, et au petit soin pour elle maintenant. Il était juste absent pour le moment afin de vérifier deux ou trois choses au travail et pour ensuite passer prendre des vêtements à la maison.
Si c'était la vraie Ara, il était plus que certain qu'elle en serait très heureuse. Malgré son attitude, la jeune fille adorait son frère.
"Les jeunes sœurs naissent pour adorer leurs frères aînés ..." murmura-t-elle doucement dans la pièce.
Mais ses yeux se perdirent alors dans un autre endroit, dans un autre temps, avec l'image d'un autre frère aîné, et elle se mordit alors la lèvre. Son ressentiment s'éleva telle une bulle, elle serra alors le poing de sa seule main valide, et ses ongles s'enfoncèrent dans sa paume au point de la faire saigner.
Les infirmières ne remarquèrent rien et pensèrent qu'elle leur parlait. "Alors Sir Aki a de la chance d'être adoré par une jolie petite soeur comme vous", dit l'une d'elle avec un petit rire.
"Mais Mme Ara a également de la chance d'avoir un frère très affectueux. Le président Suzuki vous chouchoute vraiment", déclara l'autre, la faisant sortir de sa rêverie.
"C'est pourquoi vous devriez aller mieux Mme Ara. Vous voyez, beaucoup de gens s'inquiètent pour vous", poursuivit la première infirmière en montrant la pièce pleine de bouquets de fleurs. Chacun ayant l'air très beau et cher avec de petites petites cartes de leurs expéditeurs.
Cependant, au lieu de se sentir réconfortée, elle ne ressentit que de l'indifférence. Les fleurs lui étaient certes bien adressées, oui, mais elles provenaient pour la plupart de personnes ou d'entreprises qui souhaitaient amadouer son frère. Après tout, Y avait-il une meilleure façon de gagner les faveurs de l'un des plus jeunes magnats du Japon autrement que par le biais de sa sœur cadette bien-aimée?
Suzuki Aki était peut-être doux et gentil avec sa soeur, mais cela ne s'appliquait pas à tout le reste, surtout lorsqu'il était questions du travail. Il se devait d'être impitoyable sans quoi il n'aurait jamais survécu dans le monde impitoyable des affaires et n'aurait pas pu faire autant prospérer leur entreprise jusqu'à aujourd'hui.
Elle regarda les bouquets de fleurs avec dédain, mais son regard s'arrêta sur l'un d'entre eux. De l'autre côté de la pièce, il y avait un énorme bouquet qui attira son attention car ce dernier était élégamment dressés - beau sans être trop voyant à l'opposée de toutes les autres compositions. Contrairement aux autres bouquets envoyés qui étaient tous composés de roses, ce bouquet en particulier était composé de camélias.
Elle plissa les yeux pour voir la carte, et y lut Homura.
Hein? Homura?
Elle n'arriva pas à se souvenir de quoi que ce soit à propos de ce nom en fouillant dans les souvenirs de la fille, bien que ce nom semblait quelque peu familier. Elle y réfléchit alors aussitôt que les infirmières eurent fini le travail pour lequel elles étaient venues et s'excusèrent avant de partir. Elle les avait alors laissées se retirer. Elle préférait être seule.
Avec une jambe et un bras toujours dans le plâtre, elle lutta alors pour s'extirper de son lit et se dirigea vers le mur de verre donnant sur la ville. Ce n'était pas la première fois qu'elle regardait par la fenêtre, mais elle n'en restait pas moins étonnée.
Elle se trouvait dans un endroit appelé Tokyo, et l'hôpital était situé dans l'un des quartiers les plus fréquentés, car ce dernier était le plus proche du lieu où son accident de chariot métallique - voiture s'était produit.
"une Forêt de béton ..."
Elle était stupéfaite en regardant la quantité de gratte-ciel à l'extérieur, et les rues bondées en contrebas où les gens marchaient et effectuaient leur trajet quotidien.
La toute première fois qu'elle avait vu cette scène, elle s'était sentit perdue. Elle avait alors pensé que vivre dans ce nouveau monde lui serait presque impossible, mais les souvenirs dont elle avait hérité de la fille l'avaient beaucoup aidée. Bien qu'elle ressentait encore quelques doutes, elle avait finalement trouvé la force de dire honnêtement qu'elle aimerait vivre pleinement cette vie.
Quant à sa vengeance…
Comment pourrait-elle y parvenir? Après tout, Alistair et ses serviteurs appartenaient à un monde différent.
"Dois-je abandonner cette rancune?" se demanda-t-elle avec un soupir, c'est alors que la porte de sa chambre s'ouvra et elle se retourna à temps pour voir Aki portant des sacs de vêtements entrer dans chambre.
"Ara, ton grand frère est de retour. Tu t'ennuyais?" demanda-t-il. Tout en l'étudiant son visage s'adoucit.
"Non. Je vais bien," répondit-elle doucement.
Pendant un moment, le frère et la sœur se regardèrent dans un silence confortable.
"Ara," commença Aki après un moment. "Je sais que tu n'allais pas bien, et je suis vraiment désolé de ne avoir été là pour toi. Mais à partir de maintenant, je serai là", poursuivit-il.
Alinea savait qu'il parlait de la sorte car il pensait comme tous les autres qu'Ara avait essayé de se suicider. Mais ça devrait aller. Elle traiterait les problèmes de Suzuki Ara un par un, dès qu'elle irait mieux. Mais pour l'instant, il était important d'établir sa relation avec cet homme gentil et aimable.
Dans son esprit, elle se jura alors à nouveau. À partir d'aujourd'hui, elle était Suzuki Ara.
"Alors je serai sous bonne garde grand frère," lui dit-elle avec un sourire.