Après le repas, il retourna dans ses quartiers, refermant soigneusement la porte derrière lui. L'atmosphère de la pièce était toujours imprégnée d'une odeur de poussière et d'abandon, mais cela lui importait peu. Il s'installa en tailleur sur un tapis usé, puis fit apparaître un anneau orange dans sa paume.
C'était l'anneau spatial qu'il avait volé au clan Zhao. Il y plongea son esprit et sentit immédiatement les nombreuses ressources qu'il contenait. Cet anneau regorgeait de trésors accumulés par le clan : armes, techniques, ressources précieuses… Mais ce qui l'intéressait à cet instant, c'était les ingrédients d'alchimie qu'il y avait trouvés.
Feng Lin, dans sa vie passée, n'avait jamais été un alchimiste accompli. Son talent en arts martiaux et en stratégies le surpassait de loin, et il avait toujours compté sur des experts en alchimie pour lui fournir les précieuses pilules dont il avait besoin. Mais aujourd'hui, la situation était différente. Dans ce nouveau corps, il devait tout recommencer. Peu importait les souvenirs et connaissances de son ancienne vie : son corps actuel ne savait rien de l'alchimie. Ses mains n'avaient jamais manipulé d'herbes médicinales, et ses sens n'étaient pas encore capables de percevoir les subtilités des réactions entre les ingrédients.
Il prit une profonde inspiration et commença par examiner les ressources disponibles. Son choix se porta sur une pilule de bas rang de niveau mortel : la Pilule de l'Affinement Sanguin.
Cette pilule était connue pour renforcer le sang du pratiquant, améliorer sa circulation énergétique et purifier les impuretés du corps. Pour un cultivateur ordinaire, c'était une précieuse aide dans les premiers stades. Pour lui, c'était un simple exercice.
Il sortit un petit fourneau d'alchimie rudimentaire, noirci par le temps et les nombreuses concoctions ratées de son ancien propriétaire. Son esprit méthodique analysa chaque détail : le foyer, l'état du creuset, les résidus d'anciennes concoctions qui pourraient interférer avec le processus. Puis, avec une patience infinie, il ajusta la flamme en contrôlant le bois sec sous le fourneau.
Il commença par broyer les herbes avec un mortier de pierre. La texture granuleuse de certaines plantes montrait qu'elles étaient légèrement vieillies, mais encore utilisables. Il en extirpa les essences avec précaution, ajustant chaque quantité avec minutie. Ses mouvements étaient hésitants au début, mais peu à peu, son esprit analytique s'adapta.
Le fourneau monta en température, et il y versa les premiers ingrédients. Une légère fumée s'éleva, accompagnée d'un parfum médicinal subtil. Il remua lentement la mixture, observant les changements de couleur et de texture. Il se souvenait des principes de l'alchimie : chaleur, fusion des énergies, équilibre des forces. Pourtant, appliquer cette théorie était bien plus complexe qu'il ne l'imaginait.
Les premières tentatives furent des échecs. Un dosage trop élevé d'une herbe entraîna une combustion soudaine, réduisant les ingrédients en cendres. Une erreur dans la température transforma un mélange prometteur en un amas visqueux inutilisable.
Mais Feng Lin n'était pas du genre à abandonner. Il analysa chaque erreur, cherchant la cause de chaque échec. Son regard perçant, autrefois habitué à déchiffrer les stratégies de guerre, s'adapta progressivement à l'art délicat de l'alchimie.
Après plusieurs heures d'efforts et d'ajustements, une légère fragrance médicinale emplit enfin la pièce. Il ouvrit lentement le fourneau, et une petite pilule terne roulait doucement au fond du creuset. Elle était loin d'être parfaite. Sa couleur était trop pâle, preuve d'un raffinement imparfait, et son odeur manquait de pureté. Mais elle était complète.
Il la prit entre ses doigts, l'examinant attentivement avant de laisser échapper un léger sourire. Ce n'était qu'une pilule de bas rang, une réussite modeste, mais elle marquait le début d'une nouvelle maîtrise.
L'alchimie ne serait peut-être jamais son domaine de prédilection, mais dans ce monde, chaque compétence pouvait être une arme. Et Feng Lin comptait bien toutes les exploiter.
Feng Lin savait qu'il lui faudrait de nombreuses expérimentations avant d'atteindre une véritable maîtrise. Son corps, bien que porteur des souvenirs d'un ancien Empereur Céleste, n'avait jamais pratiqué l'alchimie. Il lui fallait non seulement assimiler la théorie, mais aussi habituer ses mains, ses sens et son instinct à ce nouvel art.
Après avoir reposé son esprit un instant, il recommença. Cette fois-ci, il appliqua les leçons de ses échecs précédents : il ajusta les proportions des ingrédients, augmenta progressivement la température du fourneau et contrôla mieux les fusions d'essences.
Les heures passèrent dans un silence studieux, ponctué seulement par le crépitement du feu sous le fourneau et le doux parfum des herbes en train de se raffiner. Feng Lin, absorbé dans son travail, ne vit pas le temps s'écouler. Son esprit, autrefois aiguisé par les intrigues et les combats, se concentrait désormais sur la précision des réactions chimiques et énergétiques.
Enfin, après plusieurs essais, une pilule d'une meilleure qualité apparut au fond du fourneau. Elle était plus lisse, d'une couleur plus vive, et son odeur témoignait d'une meilleure pureté. Ce n'était toujours pas un chef-d'œuvre, mais il sentait qu'il progressait.
Il prit un moment pour examiner ses résultats. Dans sa vie précédente, il avait toujours méprisé l'alchimie, la considérant comme une discipline auxiliaire laissée aux érudits et aux artisans. Mais en cette nouvelle vie, il comprenait son importance. L'alchimie était un moyen d'affiner son corps, de renforcer ses fondations et, surtout, de gagner en autonomie.
Il posa les yeux sur l'anneau spatial orange qu'il avait volé au clan Zhao. Ce dernier contenait encore de nombreux ingrédients précieux. À l'avenir, il comptait bien utiliser toutes ces ressources pour perfectionner ses compétences.
Mais pour l'instant, il devait se reposer. Son esprit était épuisé, et son corps, bien que plus fort qu'avant, ressentait les effets de longues heures de concentration intense. Il éteignit le fourneau, rangea ses outils et s'allongea sur son lit de fortune.