Le vent nocturne soufflait sur le village de Ryholt, soulevant des volutes de cendres qui s'accrochaient aux toits de chaume. Depuis la Grande Guerre des Lignées, la région était en ruines, et rares étaient ceux qui osaient encore s'aventurer sur ces terres marquées par le sang et le feu.
Darian s'éveilla en sursaut, une sensation de brûlure irradiant son bras droit. Son cœur tambourinait dans sa poitrine. Il se redressa sur son lit de fortune, le souffle court, et écarta la couverture en sueur.
La pièce était plongée dans l'obscurité, mais il n'eut pas besoin de lumière pour voir ce qui l'avait réveillé.
Sur sa peau, une lueur rougeâtre pulsait faiblement. Une marque était apparue sur son bras : une spirale enflammée, semblant danser au rythme de son souffle. La douleur s'intensifia, et il serra les dents.
— Qu'est-ce que… ? murmura-t-il, la voix rauque.
Il tenta de frotter sa peau comme pour effacer la marque, mais elle ne disparaissait pas. Pire encore, plus il la touchait, plus la chaleur grandissait en lui, comme si quelque chose dans son sang répondait à cet étrange phénomène.
Un frisson d'angoisse parcourut son échine. Depuis quand une simple marque pouvait-elle dégager autant de chaleur ?
Un bruit soudain à l'extérieur le fit sursauter. Un cri, puis le fracas d'une porte brisée. Des voix rauques s'élevèrent dans la nuit, brisant le calme du village.
Darian se leva précipitamment et s'approcha de la fenêtre, soulevant le rideau avec précaution.
Ce qu'il vit le glaça d'effroi.
Des hommes en armure sombre progressaient entre les maisons, torches en main. Ils portaient des capes marquées d'un insigne argenté : une épée transperçant un œil. L'Inquisition.
Son souffle se bloqua. Il n'avait jamais vu ces soldats de ses propres yeux, mais il connaissait leur réputation. L'Inquisition chassait ceux qui possédaient du sang des Lignées Primordiales. Ceux qui, comme lui, manifestaient des pouvoirs mystérieux et interdits.
L'un des soldats attrapa un vieil homme par le col et le projeta violemment au sol.
— Nous savons qu'il est ici, grogna-t-il. Parle, vieillard, ou ta maison finira en cendres.
— Je… Je ne sais pas… ! balbutia le vieil homme.
Le soldat soupira, las, avant de lever son épée.
— Dommage.
Darian détourna les yeux juste avant que la lame ne s'abatte. Un bruit sourd, un gargouillement, puis plus rien.
Son estomac se retourna.
Ils savent. Ils me cherchent.
Son regard revint sur la marque de son bras. C'est à cause de ça ? Il n'avait jamais montré le moindre signe de pouvoirs avant aujourd'hui, alors comment… ?
Un grondement de voix le ramena à la réalité.
— Fouillez chaque maison. Aucun descendant des Cendres ne doit survivre.
Le cœur de Darian rata un battement.
Les Cendres ? Il n'en avait jamais entendu parler. Mais ce n'était pas le moment de chercher des réponses. Il devait fuir.
Attrapant une sacoche en toile, il y fourra en vitesse quelques affaires : un peu de pain rassis, une gourde, et un vieux poignard émoussé. Puis, il se dirigea vers l'arrière de la maison, où une porte donnait sur une ruelle étroite.
Lorsqu'il posa la main sur la poignée, une ombre apparut devant lui.
Une lame brilla sous la lueur de la lune.
Un homme se tenait là, un sourire mauvais aux lèvres.
— Ah… On t'a enfin trouvé.