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Chapter 19 - Heureux accident

Recommandation musicale : Harriet Smith - Isobel Waller

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Eve était assise sur l'un des bancs du jardin. Posant sa boîte à déjeuner sur ses genoux, elle étendit ses jambes tout en admirant la beauté du jardin du manoir. Elle commença à manger, profitant de la douce brise qui se mouvait dans le jardin.

Ses cheveux blonds dorés ondulaient dans la direction du vent. Les rayons du soleil avaient été bloqués par les nuages, donnant une douceur à ses traits. Elle était plus belle que les statues sculptées qui étaient présentes dans le jardin. Elle entendit le faible bourdonnement des abeilles.

Quelqu'un, qui marchait dans les couloirs du manoir, aperçut l'humain, qui était assis toute seule dans le jardin. C'était un homme aux cheveux bruns, et ses yeux avaient un éclat de faim en eux. Lorsqu'il vit une servante passer par le couloir, il leva la main,

"Stop. Qui est cette femme assise là ?" Exigea-t-il de la servante effrayée.

La servante inclina la tête, faisant un pas prudent vers la fenêtre, et quand ses yeux se posèrent sur la femme dans le jardin, elle répondit, "C'est la nouvelle gouvernante de Mademoiselle Allie."

"Vraiment ?" Murmura l'homme, le coin de ses lèvres se courbant, "Comment s'appelle-t-elle ?"

La servante secoua la tête, "Pardonnez-moi, M. Charles. Je ne sais pas. Elle a—"

"Quelle inutilité. Partez," il congédia la servante avant que ses yeux ne retournent à la femme, qui était assise au milieu des fleurs. Prête à être cueillie et écrasée à sa satisfaction.

Charles Gallagher était le frère cadet de Dame Annalise. Il était venu rendre visite à sa sœur il y a un mois, et depuis, il vivait au manoir Moriarty. Il s'éloigna du couloir, se dirigeant vers l'extérieur pour entrer dans le jardin.

Eve continuait de manger son repas dans le jardin quand une abeille décida de la déranger. L'abeille essayait sans cesse de se placer devant son visage. Elle agita la main qui tenait la fourchette pour la chasser.

Mais lorsque qu'elle leva sa fourchette pour prendre une bouchée, l'abeille revint comme si elle voulait elle aussi mordre dans son repas.

Elle aurait dû savoir qu'il y aurait des abeilles dans le jardin. C'était seulement hier qu'elle avait lavé ses cheveux avec de l'eau de rose, ce qui expliquait probablement pourquoi l'abeille était si persistante avec elle. Pendant ce temps, à son insu, une personne apparut à quelques pas derrière elle.

Charles observa le dos de la jeune femme. Lorsqu'il entrouvrit les lèvres, ses crocs apparurent et il ne pouvait plus attendre pour boire son sang. Comment refuser un repas frais quand il était aussi facilement accessible ? Peu lui importait qu'elle soit gouvernante, car on pouvait toujours en remplacer une par une autre.

Il fit un pas prudent vers l'humain.

Eve leva les deux mains pour chasser l'abeille. Elle se demandait si elle devait changer l'endroit où elle était assise. Quand l'abeille s'approcha près de son nez, prête à la piquer, ses yeux s'écarquillèrent. Elle se pencha en arrière pour s'éloigner de l'abeille tandis que ses mains bougèrent de telle manière que sa boîte à déjeuner glissa de sa main, tout comme sa fourchette.

Et peut-être aurait-il été préférable que la fourchette vole en arrière au lieu de tomber au sol.

Mais c'était la boîte à déjeuner qui vola en arrière de la main d'Eve, heurtant directement le visage de l'homme, qui était prêt à bondir sur elle. Avec un léger cliquetis, la boîte à déjeuner tomba par terre.

Remarquant que l'abeille l'avait enfin laissée tranquille, Eve poussa un soupir de soulagement. Mais son repas ! Un petit gazouillement s'échappa de ses lèvres lorsqu'elle se retourna pour voir où sa boîte à déjeuner était tombée.

"Je—Êtes-vous blessé ?" Demanda-t-elle à l'homme, qui se tenait avec une expression figée.

La sauce crémeuse qu'Eugène avait versée sur les légumes glissait maintenant sur le visage de l'homme. Mais d'où venait-il même ?

Elle sortit un mouchoir de la poche de sa robe et l'offrit à l'homme, "S'il vous plaît, prenez ceci—"

L'homme leva la main pour l'arrêter de parler et Eve maudit sa chance.

Les yeux de Charles se rétrécirent sur la nouvelle gouvernante. Savait-elle qu'il était derrière elle, c'est pourquoi elle avait décidé de jeter sa nourriture sur lui ?

"Veuillez me pardonner. Il y avait cette abeille qui ne cessait de s'approcher de mon visage. Et la boîte a juste glissé de mes mains. Je ne savais pas que vous étiez… derrière," Eve expliqua avec désinvolture car à en juger par les vêtements de l'homme, il semblait qu'il était quelqu'un du même statut que les Moriarty.

Charles la fixa d'un regard noir et grogna, "Derrière ? Je passais par là quand vous avez volontairement jeté cette nourriture dégoûtante sur moi. Savez-vous à quel point ces vêtements sont chers ? Vous n'auriez même pas les moyens de vous les payer même si vous travailliez ici pendant un an."

Bien que ce qui s'était passé soit involontaire, où ce n'était pas de sa faute, c'était quand même son repas qui avait provoqué ce désordre. Étant la plus humble, elle inclina la tête et présenta ses excuses, "Pardonnez-moi, Monsieur. Permettez-moi de réparer cela en nettoyant votre manteau comme s'il était neuf."

Charles observa l'humain avec un regard méfiant sur son visage. Puis il renifla, "Vous vous attendez à ce que je reste comme ça tout le reste de la journée ? Faites vite."

Eve lui offrit un sourire poli, car elle ignorait son intention précédente et croyait que son action avait causé la mésaventure. Bien que ses crocs se soient rétractés maintenant, son intention n'avait pas changé, et ce n'était qu'une ruse pour amener l'humain dans un cadre isolé, où personne ne pourrait entendre sa lutte.

À l'intérieur du manoir, quelques serviteurs ne pouvaient s'empêcher de jeter un coup d'œil au couple qui marchait dans le couloir. Bien qu'à l'origine, Charles voulait plonger ses crocs dans le cou de la femme ; à chaque seconde qui passait, sa soif diminuait, et sa colère commençait à bouillir.

"Je me demandais d'où venait cette odeur âcre, et j'allais demander aux serviteurs de la jeter," remarqua Vincent, qui arrivait de l'autre bout du couloir. "Oncle Charles, vous sentez mauvais."

"C'est cette fille insolente qui a décidé de jeter sa nourriture sur moi," Charles parla entre ses dents serrées. Après les regards cachés des serviteurs, les mots de Vincent le poussèrent davantage vers la colère qu'il ressentait. Il fixa l'humain d'un regard noir.

Soudainement humilié, Charles grogna à Eve et fit un pas vers elle, "Vous paierez pour ce que vous avez fait."