Chereads / BAD SYSTEM [Version française] / Chapter 2 - Chapitre 2 : Perte de temps

Chapter 2 - Chapitre 2 : Perte de temps

Un mois s'était écoulé depuis l'incident, et le monde entier réagissait vivement lorsque la nouvelle de l'état de Hiro, l'Exécuteur né, se répandit. L'exécuteur né était censé être la crème de l'humanité, une personne qui possédait des capacités extraordinaires. Pourtant, le premier EN (Exécuteur née) de l'Asie, Hiro, se retrouvait dans un coma profond, son état mystérieux défiant toute explication.

Pouhahahaha, c'est la meilleure, la crème de la crème est dans le coma.

–Si c'est ça, le sauveur de l'humanité, permettez-moi d'en douter.

–Peu importe, tant que D13 est là, vous n'avez rien à craindre, bande de faibles.

–À quoi est-ce qu'on s'attendait venant de l'Asie, franchement ?

–C'est pas un peu raciste, poto ?

–Non, mais durant les 5 siècles, les EN sont apparus sur tous les continents sauf l'Asie, ça fait se poser des questions aussi.

–À cause de ce mec pathétique, des connards comme vous parlent mal de mon pays.

---

Les réseaux sociaux mondiaux étaient en ébullition dans le mauvais sens, les spéculations allant bon train, entre ceux qui condamnaient la situation et ceux qui exigeaient des réponses. Les autorités japonaises, cependant, avaient décidé de garder l'affaire sous silence, n'offrant que des informations fragmentées.

Dans une chambre de l'hôpital Keio à Tokyo, Hiro reposait sur un lit médicalisé, entouré d'équipements de haute technologie. Des machines bipaient doucement, indiquant qu'il était toujours en vie, mais sa condition restait précaire. Quatre Exécuteurs de type soins étaient présents autour de lui, lançant des buffs constants pour tenter de stabiliser son état. Ces guérisseurs étaient parmi les meilleurs du pays, mais même eux semblaient dépassés.

L'un d'eux, une femme au regard concentré, murmurait :

« Comment est-ce possible ? »

« Je n'arrive toujours pas à comprendre... Comment quelqu'un peut-il être dans un état aussi grave ? »

Les autres guérisseurs hochèrent la tête en silence, incapables de répondre à la question. Ils avaient beau soigner ses organes internes, en quelques minutes, tout redevenait méconnaissable. Les blessures semblaient se régénérer de façon étrange, mais d'une manière incompréhensible. Et la pire partie, c'était qu'ils ne comprenaient même pas la nature de sa souffrance.

« Si tout ça représente la contrepartie de son système alors ses capacités spéciales sont aussi puissantes, ça doit être un autre niveau, non ? » suggéra un guérisseur, le visage marqué par la frustration.

Un silence pesant s'installa, chacun attendant une réponse, mais aucun d'eux n'avait d'explication.

---

Soudain, un léger bruit brisa la tension. Un mouvement imperceptible de la main de Hiro. Puis, lentement, presque imperceptiblement, ses yeux s'ouvrirent.

Qu'est-ce que... où suis-je ?

Hiro se réveillait progressivement, ses sens encore engourdis par le long coma. Tout ce qu'il voyait, ce n'étaient que des silhouettes floues. Des bribes de conversations parvenaient à ses oreilles, mais tout semblait irréel, comme si le monde autour de lui n'avait plus de sens. La douleur qui traversait son corps était telle que la pensée de la mort paraissait presque préférable.

« Le ministre... contacter le... »

« Il se réveille enfin... »

Les voix se mêlaient, indistinctes. Hiro ne pouvait se concentrer que sur une chose : la douleur. Cette douleur atroce qui dévorait chaque parcelle de son être.

---

L'agitation dans la pièce augmenta. La nouvelle que Hiro était enfin éveillé se répandit comme une traînée de poudre. L'importance de Hiro, l'espoir de l'humanité, ne faisait aucun doute. Mais pour lui, la réalité était bien différente. Il était prisonnier de sa propre douleur, et tout ce qu'il voulait, c'était qu'elle cesse.

Deux heures plus tard, dans la même chambre d'hôpital, son père, Monsieur Ishida, et sa sœur, Marine, étaient arrivés en courant, visiblement bouleversés. Le ministre et d'autres responsables se tenaient autour de son lit. Hiro, toujours aussi stoïque, ne montrait aucune émotion. Il semblait être là, mais à la fois absent.

Marine se précipita vers lui, pleurant à chaudes larmes :

« Hiro... Hiro... »

Elle sanglotait, incapable de retenir sa peine. Hiro la regardait, mais il ne pouvait ressentir qu'une chose : la douleur.

Son père, quant à lui, restait figé, le regard dans le vide. Il ne bougeait pas, comme si son âme avait quitté son corps. Les autres, inquiets, observaient la scène en silence, mais aucun ne comprenait vraiment ce qui se passait dans l'esprit de Monsieur Ishida.

---

Hiro se concentrait sur sa propre souffrance, essayant de la cacher à tous. Mais les cris dans son esprit ne s'arrêtaient pas. La douleur interne, la maladie incurable, tout cela se mélangeait en un tourbillon de souffrance. Ses pensées se tournaient vers la seule chose qui le maintenait encore en vie : sa sœur.

Marine...

Il pensait à elle, à sa sœur, la seule personne qui lui restait. Elle était sa force, la seule raison pour laquelle il ne succombait pas à la douleur.

Bien que son père était aussi présent il sentit d'une manière ou d'une autre qu'il ne verrait peut être plus jamais cet homme a partir d'aujourd'hui.

---

Le ministre, après avoir observé l'atmosphère pesante, s'avança et prit la parole, son sourire habituel toujours présent, bien que moins sincère.

« Hiro, tu sembles aller mieux, malgré tout ce que tu as traversé. »

"Vraiment ?" pensa Hiro. Il se força à hocher la tête, tentant de répondre avec des mots simples, tout en dissimulant la souffrance qui bouillonnait en lui.

La conversation s'engagea, mais elle ne faisait qu'ajouter à son agonie. Le ministre, conscient de la situation, finit par poser la question qui brûlait les lèvres de tous :

« Hiro, que s'est-il passé ce jour-là, pendant ton éveil ? »

Hiro se força à sourire faiblement, dissimulant la douleur qui l'envahissait. "C'est ici que tout va se finir."

Il expliqua, dans les moindres détails, ce qu'il avait vécu. Ses paroles frappèrent les autres comme un coup de tonnerre. Marine, le ministre, et même son père restèrent sans voix, les yeux écarquillés. Les révélations de Hiro étaient tellement incroyables qu'aucun d'eux ne savait comment réagir.

Marine avait les mains sur sa bouche tout en sanglotant. Après l'explication de Hiro, elle comprit que son frère était actuellement en train de souffrir de toute son âme. Ce qui était le plus déroutant, c'était que Hiro ne montrait aucun signe de souffrance, juste qu'il avait l'air d'être un peu fatigué.

Son père, quant à lui, avait les yeux écarquillés, mais son expression générale était toujours vide, bien que des larmes coulaient à flots de son visage.

Un homme parmi les délégués, visiblement perturbé, intervint nerveusement :

« Non, il doit y avoir une erreur, un système rouge ? Il n'y a jamais eu de cas comme ça auparavant... Peut-être que... oui, peut-être que cela renferme une classe spéciale in... »

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que le ministre, visiblement plus calme, l'interrompit :

« Sakura, vérifie cela. »

Sakura, la cheffe de la guilde Rose, était connue pour sa capacité à analyser les compétences des chasseurs avec une précision à hauteur de 99,9 %. Inutile de dire qu'elle était fiable. Elle se plaça devant Hiro et activa son pouvoir.

[Compétence : Œil de la vérité activé]

C'était une compétence d'analyse qui la permettait de voir le système de quelqu'un ainsi que tout les informations qui y sont relayés en rapport avec l'exécuteur. Ce qui était encore plus impressionnant est qu'elle pouvait transféré les données qu'elle voyait sur des supports technologiques comme une tablette ou un ordinateur.

Ses yeux s'écarquillèrent alors qu'elle scrutait les données de Hiro. Ce qu'elle vit la laissa sans voix. Chaque détail qu'elle analysait correspondait aux dires de Hiro. Pas de capacités spéciales. Au contraire, des pénalités horribles, dévastatrices. La jeune femme ressentait une étrange sensation de malaise.

Puis soudainement, ses yeux se détournèrent brusquement de l'écran.

Elle avait des gouttes de sueur froide sur son front tandis que ses jambes tremblaient, semblant lâcher à tout moment. Une expression hésitante et tendue était perceptible sur son visage, comme si elle avait vu quelque chose qu'elle n'aurait pas dû.

"Argh..."

Le ministre, visiblement déconcerté, s'approcha d'elle.

« Que... que s'est-il passé ? »

Sakura, la voix tremblante, tendit une tablette au ministre.

« Regardez par vous-même. »

Le ministre prit la tablette et scruta le rapport. En quelques minutes, son expression changea radicalement. Le sourire avait disparu, remplacé par une froideur glaciale. L'atmosphère dans la pièce était devenue pesante.

Il regarda Hiro, puis tourna lentement son regard vers Monsieur Ishida, dont l'apparence décharnée ne fit qu'intensifier le malaise.

"..." Le ministre regarda sa montre de luxe, qui pourrait valoir facilement des dizaines de millions de yen, puis se retourna et marcha sous le regard interrogateur de presque tout le monde, d'un pas digne mais froid, en direction de la porte de sortie de la chambre d'hôpital. Il murmura doucement, mais assez fort pour que tout le monde dans la pièce l'entende :

« Perte de temps ! »

"C'était donc ça, la valeur d'un Exécuteur né sans pouvoir… Une perte de temps."