Haha… repenser au passé dans une situation pareille... J'ai l'impression que je porte la moitié des problèmes du monde sur mes épaules.
« À quel moment j'ai merdé ? » murmurai-je avec un sourire narquois, avant de cracher une nouvelle flaque de sang.
Depuis combien de temps je suis là, déjà ? Ah oui… neuf ans. Neuf longues années à voir les mêmes murs, les mêmes blouses blanches, les mêmes visages sans âme. Plus de maison, plus de vie, rien d'autre que ce lit d'hôpital. Mais au moins, les livres étaient là pour me divertir un peu.
Soudain, une violente envie de vomir me traversa.
« Bwaaah ! »
Je recrachai une gorgée de sang. Ce n'était pas nouveau, c'était presque naturel à ce stade.
Les infirmières, comme toujours, arrivèrent pour nettoyer. Elles me regardaient avec des expressions qui m'étaient familières : dégoût, mépris, haine. Elles ne prenaient même plus la peine de les cacher.
« Tsk, sale bâtard… Tu peux pas juste crever et nous foutre la paix ? » lâcha l'une d'elles en commençant à ramasser les draps souillés.
Je souris faiblement et répondis :
« Ce n'est pas quelque chose qu'on est censé dire à un patient… »
L'autre infirmière répliqua en s'approchant et en attrapant mon col :
« Si je ne t'ai pas encore tué, c'est parce que je suis très patiente. »
Ah, bien trouvé, le jeu de mots. J'approuve.
Je ne répondis pas, mais elle serra un peu plus fort, comme pour tester mes limites. Puis elle relâcha et siffla :
« Franchement, j'en ai marre. »
Sa collègue lui répondit en ricanant :
« T'inquiète, ça va s'arranger. J'ai entendu dire que sa précieuse sœur avait perdu un bras… "accidentellement". »
Mon cœur s'arrêta net.
« Quoi ? »
Elles éclatèrent de rire, comme si elles venaient de partager une blague hilarante.
« Ouais, cette idiote de Marine. Apparemment, elle s'est faite avoir pendant un raid. »
Mon corps bougea avant que mon esprit ne puisse suivre. Je saisis brusquement la main de l'infirmière qui m'avait attrapé plus tôt.
« Quoi, tu te rebelles pour ta stupide sœur maintenant ? » ricana-t-elle.
Je n'avais pas la force de répondre. Mon esprit était ailleurs. Marine… non… ce n'est pas possible.
Je relâchai ma prise, et elles se moquèrent davantage. Mais je m'en fichais. Tout ce qui comptait, c'était de vérifier. Je devais savoir si c'était vrai.
La douleur se fit plus vive, mais rien de tout cela ne m'arrêtait. Rien ne comptait plus, sauf Marine. Je n'avais plus rien à perdre. Je me redressai lentement, retirant les fils et les tuyaux qui étaient reliés à moi.
Les infirmières ne tentèrent même pas de m'arrêter, comme si elles espéraient que je meurs enfin. Je crachais du sang en marchant, chaque pas m'arrachant des cris de douleur. Mais je ne m'arrêtais pas. Je ne pouvais pas.
Je n'avais qu'une pensée : Marine.
L'hôpital était un enfer, mais comme si le destin lui même était contre mon existence, dehors, il pleuvait. La pluie frappait ma peau comme des lances glacées, me transperçant jusqu'aux os. Mais même ça ne m'empêchait pas de continuer.
Une heure plus tard, j'arrivai devant la maison.
Je frappai à la porte avec ce qui me restait d'énergie, mais personne ne répondit. J'entrai. Un pas, puis deux, jusqu'à arriver dans le salon. Là, je la vis.
Marine, assise seule. Ce n'était pas la Marine que je connaissais. Elle buvait de l'alcool, ce qu'elle détestait. Et puis je remarquai qu'il ne lui restait plus qu'un bras.
Mes jambes se dérobèrent sous moi. Les larmes se mirent à couler sans que je puisse les retenir. Je n'avais plus de force, mais je voulais la voir, je devais la voir.
Elle se tourna brusquement et me fixa, son visage rouge de colère et d'alcool.
« Qu'est-ce qu'un malade fait ici et en plus trempé ? »
Elle avait déjà remarqué que c'était moi. Elle m'avait reconnu sans un mot, peut-être grâce à ses nouvelles compétences.
Je peinai à articuler.
« C'est… c'est que j'avais… »
Elle leva la main, m'interrompant d'un geste brusque.
« Entendu que je n'avais plus qu'un bras ? » dit-elle froidement, comme si elle avait lu dans mes pensées.
Je tentai de répondre, mais avant que je puisse dire quoi que ce soit, elle se leva, furieuse. Elle s'avança vers moi, son regard empli de douleur.
« Tout ça… tout ça, c'est de ta faute ! »
Je sentis mon cœur se briser. Ces mots étaient des coups de poignard. C'était comme si chaque syllabe m'enfonçait un peu plus dans le gouffre.
« Maman, papa… mon bras, rends-le-moi ! »
Ces paroles résonnèrent dans ma tête. Mon monde s'est tout simplement effondré.
Je n'avais jamais vu Marine dans un tel état. Elle s'effondra, ses larmes coulant à flots. Elle se précipita vers moi, m'attrapant, me suppliant de la prendre dans mes bras comme si elle s'était rendue compte de ce qu'elle venait de dire.
« Je...je ne voulais pas dire ça...»
« Pardonne moi....»
« Hiro.....Hiro »
Je ne pouvait lui en vouloir non elle avait totalement raison. Toutes les tragédies que la famille a dû enduré jusqu'à aujourd'hui avaient tous pour cause mon existence. Une vérité que je ne connaissais que trop bien.
Alors Je la pris, la serrant contre moi. Je voulais lui dire que tout allait bien, mais je savais que c'était un mensonge. Je caressai sa tête, murmurant des mots d'encouragement que je ne croyais même pas.
« Ma princesse… »
Elle me regarda, ses yeux remplis de tristesse, et ses lèvres bougèrent, mais je n'entendais plus rien. Le monde devenait flou autour de moi.
« Hiro… Hiro… »
Je la serrai plus fort, essayant de lui donner tout l'amour que je pouvais. Mais je savais que je n'avais plus le temps.
Puis, soudainement, tout s'arrêta.
Je vis les derniers messages du système apparaître devant mes yeux.
[Le système est satisfait de ce désespoir. Il vous en remercie.]
Je ricanai faiblement.
Il ne s'était pas montré ne serait ce qu'une seule fois malgré toute mes tentatives pendant 9 ans et aujourd'hui il sort de nulle part et me sort ça ?..... J'ai même plus la force d'être en colère.
« Je suis content de t'avoir diverti, mon frère. »
Mon souffle était court, mes forces m'abandonnaient. Je crachais du sang, mes yeux se fermaient lentement. Mais avant de sombrer dans l'obscurité, je caressai une dernière fois la tête de Marine.
« Ma princesse… ne laisse pas ce monde te vaincre. »
Je ne pouvait pas l'entendre mais au mouvement de ses lèvres j'ai compris un tant soit peu ce qu'elle me disait :
« Ne m'abandonne pas aussi !!»
Suite à cela je mordit mes lèvres de frustration car je savais que c'était ma fin , elle allait dorénavant être seule sans aucune famille.
Je me déteste !
Et alors, tout disparut. Mes yeux se fermèrent pour la dernière fois, mais je n'étais plus là pour entendre les derniers mots de Marine.
Quel existence futile j'ai mené....
Le système, cependant, avait encore quelque chose à dire.
[Le système veut cependant en voir davantage.]
Et là, avec un sourire aux lèvres, je pensais, avant que tout ne se termine :
« CE PUTAIN DE BATARD !!!!! »