Dans le tumulte de Séoul, au cœur du district d'Incheon, vivait Jihoon, un collégien de quinze ans dont l'esprit brillait bien au-delà de son âge. Là où les autres élèves trouvaient leur joie dans les bavardages animés et les jeux de cour, Jihoon se distinguait par son indifférence stoïque envers ces distractions futiles. Pour lui, socialiser n'était qu'une perte de temps, une activité sans substance qui éloignait les esprits des véritables enjeux de la vie.
Jihoon était un intellectuel passionné, un stratège en devenir. Ses journées étaient remplies d'une soif insatiable de connaissances. Il dévorait des livres sur l'histoire, la politique, et les théories de gouvernance, des œuvres souvent bien trop complexes pour ses pairs ou même ses enseignants. Machiavel, Sun Tzu, Rousseau... leurs écrits n'étaient pas de simples lectures pour lui, mais des manuels de vie, des guides qui alimentaient sa vision du monde.
À l'école, Jihoon était une figure imposante malgré sa taille modeste et son visage juvénile. Premier de sa classe depuis des années, il dominait chaque sujet, chaque examen avec une aisance presque surnaturelle. Mais sa supériorité intellectuelle n'était pas sa seule marque distinctive : il était également le délégué de classe, un rôle qu'il considérait comme une opportunité de mettre en pratique ses idées de leadership. Pourtant, pour ses camarades, il n'était pas un leader chaleureux ou amical. Il était respecté, parfois craint, mais rarement apprécié.
Jihoon parlait peu et toujours avec une précision chirurgicale. Ses ordres étaient exécutés sans question, non par affection mais par reconnaissance de son autorité naturelle. Il ne s'embarrassait pas de plaisanteries ou de compliments superflus. Lorsqu'un camarade venait lui demander conseil, il répondait avec une lucidité brutale, qui laissait peu de place à l'empathie.
Cependant, derrière son apparente froideur se cachait une âme tourmentée. Jihoon voyait le monde comme un vaste échiquier, où chaque mouvement devait être calculé, chaque pièce exploitée à son maximum. Ce regard cynique sur la vie était le fruit de son environnement : une société hypercompétitive où les relations humaines semblaient plus souvent dictées par des intérêts qu'un véritable attachement.
Ses parents, des professionnels accaparés par leurs carrières respectives, étaient souvent absents, laissant Jihoon s'élever presque seul. Cet isolement familial ne l'affectait pas en surface — il considérait cette solitude comme un terrain fertile pour son esprit. Mais dans ses moments les plus sombres, il se demandait parfois à quoi cela servait-il de tout savoir, de tout comprendre, s'il n'avait personne avec qui partager ses pensées les plus profondes.
Son école n'était qu'un microcosme de la société qu'il méprisait. Les élèves, selon lui, ne cherchaient qu'à suivre les tendances, à se conformer à un moule. Les enseignants, bien qu'impressionnés par son intellect, le trouvaient difficile à approcher. Et pourtant, Jihoon était convaincu qu'il avait un rôle à jouer dans ce monde, une mission bien plus grande que celle d'un simple étudiant : il voulait prouver qu'une société pouvait être dirigée par la raison et non par l'émotion, par l'efficacité et non par les compromis.
Mais ce qu'il ignorait encore, c'était que ses rêves de gouvernance parfaite allaient bientôt être mis à l'épreuve d'une manière qu'il n'aurait jamais imaginée.
Le jour où tout changea arriva sans prévenir, un après-midi ordinaire dans la salle de classe. Alors qu'il corrigeait les devoirs des élèves en retard — une tâche qu'il trouvait aussi agaçante qu'inutile — une lumière étrange envahit la pièce, suspendant le temps, brouillant la frontière entre le réel et l'irréel. En une fraction de seconde, Jihoon sentit son monde basculer, et le solitaire stratégique qu'il était se retrouva projeté dans une situation où ses idéaux seraient confrontés à une réalité brutale et cruelle.
Son aventure venait de commencer.