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Chapter 21 - La Chute des Cieux

La tyrannie d'Ouranos, éternellement suspendu au-dessus de la Terre, avait atteint son paroxysme. Les cieux étaient devenus un poids insupportable pour Gaïa, ses enfants, et le monde en formation. Sa domination absolue ne permettait aucun équilibre, et son mépris pour ses propres progénitures ne faisait qu'alimenter une rage collective.

Gaïa, dans un moment de désespoir et de lucidité, convoqua ses enfants enfermés dans ses entrailles. C'est dans ce silence oppressant qu'elle dévoila une arme forgée dans son propre ressentiment : une faux cosmique, symbole de rébellion et de libération.

« Mes enfants », dit-elle d'une voix grave, « il est temps de briser ces chaînes. Celui qui se montre assez courageux pour défier le ciel portera cette arme et changera le cours des choses ».

Un silence s'ensuivit, chaque frère regardant l'arme et les ténèbres de leur propre peur. Finalement, Cronos, mû par une ambition insatiable et un désir profond de liberté, s'avança.

« Père règne sans partage, dit-il calmement. Si nous ne nous levons pas, nous périrons sous son joug ».

La rébellion s'organise

Cronos appela ses frères à l'unité.

« Si nous agissons ensemble, le ciel ne pourra nous écraser ».

Océan, sage et hésitant, répondit :

« Ce que tu proposes changera à jamais notre destin. Mais à quel prix ? »

Hypérion et Japet, bien que méfiants, finirent par accepter. Le groupe, sous la direction de Cronos, se prépara à l'affrontement. Gaïa, avec une douleur silencieuse, guida ses enfants jusqu'à l'endroit où Ouranos descendrait.

Ouranos descendit cette nuit-là, comme il l'avait toujours fait, ignorant les murmures et les ténèbres mouvantes. Il s'approcha de Gaïa, sa présence écrasant tout autour de lui.

« Pourquoi sembles-tu tendue, femme ? »

Gaïa, dissimulant sa haine derrière un sourire glacé, répondit :

« Peut-être que les cris de nos enfants enfermés dans les ténèbres résonnent encore dans mon cœur ».

Ouranos éclata de rire.

« Hahahahaha »

« Ils ne sont rien. Juste des erreurs que j'ai corrigées avant qu'elles ne menacent mon règne »

Avant qu'il ne puisse ajouter un mot, Cronos surgit des ombres, brandissant la faux.

« Père, ce que tu as appelé correction n'est que cruauté. Et cela s'arrête aujourd'hui »

Ouranos, surpris, tenta de se défendre, mais sous-estima Cronos n'ayant pas aperçu l'arme tenue par celui là se fut une erreur mortelle , avec la force de l'ambition et de la rage, cronos abattit la faux avec une précision implacable. Le ciel fut tranché, et le corps d'Ouranos tomba lentement, éclipsant tout dans sa chute.

Blessé mortellement, Ouranos, dans un dernier souffle, fixa Cronos avec fureur mais un sourire inexplicable apparut.

« Hahahaha »

« Tu crois m'avoir vaincu ? Tu n'es qu'un reflet de ce que je suis. Souviens-toi : ce que tu fais aujourd'hui sera fait contre toi demain »

Ayant aperçu la faux il tourna son regard vers Gaïa avec une lueur de regret et de rage .

« Et toi, ma femme, tu as semé une graine de destruction. Tes enfants porteront ton fardeau, tout comme moi j'ai porté le mien »

« Que vous le vouliez ou non les cieux régneront hahahaha »

Avec ces mots, son essence commença à se dissiper, laissant derrière lui une lumière diffuse qui imprégna le cosmos.

Cronos, désormais vainqueur, se tourna vers ses frères.

« Le ciel est tombé. Nous sommes libres »

Les autres titans hésitèrent le regard rempli de regret avant de s'agenouiller. Océanus murmura :

« Nous avons échappé à l'emprise d'un tyran. Mais Cronos… ne deviens pas ce que tu as détruit »

Cronos ignora ces mots et proclama son règne, s'élevant au sommet du monde comme le nouveau roi. Pourtant, malgré sa victoire, une ombre planait sur lui, une marque laissée par l'acte qu'il avait accompli.

Gaïa, libérée du poids d'Ouranos, ressentit un soulagement mêlé de tristesse. Elle savait que son fils, en renversant son père, portait déjà les germes d'une nouvelle tyrannie. Elle contempla le ciel, désormais libre, mais vide, et murmura à Nyx, qui observait depuis l'ombre :

« Est-ce là le prix à payer pour la liberté ? »

Nyx répondit d'une voix calme et profonde :

« Chaque acte porte en lui des conséquences. Le chaos que tu as libéré ne disparaîtra pas, il changera simplement de forme »

Alors que le cosmos se rétablissait après la chute d'Ouranos, une voix profonde et intemporelle s'éleva. C'était Ananké, la nécessité elle-même, qui parlait pour la première fois.

« Ce cycle est immuable. Ce qui a commencé par la rébellion finira dans le sang. Cronos, tu es le nouveau roi, mais souviens-toi : la couronne porte un poids que seuls les cieux peuvent comprendre ».

Ces mots résonnèrent dans l'univers, marquant un tournant inévitable. Cronos, bien qu'ébranlé, repoussa ses doutes. Il régnait désormais, et rien, pensait-il, ne pourrait l'arrêter.

Depuis son point d'observation, Michael suivit chaque détail. Il voyait l'histoire se répéter, des actes de rébellion nourrissant de nouveaux cycles de domination.

« Un cycle éternel de douleur et de pouvoir », murmura-t-il. Peut-être que pour briser cette boucle, il faut plus que de la force.

Il tourna son attention vers l'énergie cosmique qui imprégnait encore l'espace. Quelque chose avait changé. Les événements qu'il venait de voir semblaient avoir laissé une empreinte sur cette énergie, une forme de chaos organisé. Il tendit la main, tentant de manipuler ces fragments d'essence, mais ils lui échappèrent.

« Ce pouvoir ne m'appartient pas encore. Mais si je dois intervenir un jour, il me faudra plus que des questions. Il me faudra des réponses ».

Michael, bien que spectateur, commençait à comprendre que même un observateur pouvait devenir acteur, à condition de maîtriser les forces qui l'entouraient