La lumière céleste s'était éteinte, laissant derrière elle une tension palpable. Cronos, debout, dominant de sa stature, observait ses frères et sœurs qui l'entouraient. Ils avaient tous plié le genou devant lui, non par amour, mais par une crainte profonde et viscérale. Car en ce moment précis, Cronos n'était plus seulement leur égal : il était devenu leur roi, un être d'un pouvoir incomparable, presque effrayant dans son intensité.
Cronos sentit l'énergie parcourir son être, une force brute qui pulsait en lui comme un cœur supplémentaire. Elle semblait fusionner avec chaque fibre de son existence, l'élevant au-delà de tout ce qu'il avait jamais imaginé. Son esprit, bien que encore jeune comparé à celui des anciens primordiaux, pouvait percevoir l'étendue de ce pouvoir.
« Une puissance née des cieux et de la terre, façonnée par mon acte. Je ne suis plus seulement leur frère, mais leur guide, leur souverain, » pensa-t-il en serrant les poings.
Il se tourna vers Gaïa, sa mère, qui, bien qu'affaiblie par les événements récents, se tenait droite devant lui. « Ce pouvoir, » dit-elle, « n'est pas seulement un cadeau. Il est aussi une charge, une flamme qui consume si elle est mal utilisée. Rappelle-toi, Cronos : le ciel t'a donné sa force, mais la terre te l'a accordée. Ne trahis pas tes origines. »
Cronos ne répondit pas immédiatement, mais son regard, dur et inflexible, ne laissait transparaître aucune crainte. Dans son esprit, une conviction grandissait : ce pouvoir lui appartenait, entièrement et indiscutablement.
Du point de vue de ses frères et sœurs, Cronos était devenu une figure écrasante. Son aura dorée semblait palpable, comme si elle imposait sa présence dans l'air lui-même. Hypérion, le titan de la lumière, qui avait toujours été fier de sa puissance, baissa les yeux, incapable de soutenir le regard de son frère. Océanus, souvent stoïque, serra les mâchoires, conscient qu'aucune force aquatique ne pouvait rivaliser avec cette nouvelle autorité.
Cependant, tous ne partageaient pas cette crainte. Rhéa, sœur de Cronos, le regardait avec un mélange d'admiration et de résignation. Elle voyait au-delà de l'aura imposante, au-delà du masque de froideur que Cronos s'était imposé. Elle savait que derrière cette puissance brute se trouvait un être encore fragile, cherchant à comprendre l'étendue de son rôle.
Rhéa s'avança doucement, brisant le cercle de ses frères et sœurs paralysés par la crainte. « Cronos, » dit-elle d'une voix calme mais ferme, « nous te suivrons, non pas parce que nous le devons, mais parce que nous croyons en toi. Mais souviens-toi, un roi ne règne pas seul. Un roi a besoin de ceux qui l'entourent pour prospérer. »
Ces mots, bien que prononcés avec douceur, firent naître un éclat de colère dans les yeux de Cronos. Mais il la maîtrisa rapidement. Rhéa était différente. Elle ne lui opposait pas de défi, mais lui rappelait subtilement la fragilité de son règne naissant.
De son côté, Michael observait tout avec une fascination analytique. Il avait vu Cronos recevoir ce pouvoir, une force qu'il percevait comme une sorte de manifestation divine, presque palpable à travers l'énergie cosmique.
« Ce pouvoir, » pensa-t-il, « semble amplifié par son ambition. Mais il est instable. Il repose sur des liens fragiles, des alliances forcées par la peur. Cronos s'est élevé, mais il marche sur une corde raide. »
Michael nota également la différence de réaction parmi les titans. La crainte de ses frères et sœurs était évidente, mais la position de Rhéa introduisait une dynamique plus nuancée.
Dans l'esprit de Cronos, les choses étaient claires. Ses frères et sœurs devaient comprendre leur place. Alors, d'un geste puissant, il fit apparaître une image dans l'air : une sphère d'énergie brillante et tourbillonnante, qui semblait contenir l'essence même de son pouvoir .
« Regardez bien, » déclara-t-il d'une voix qui résonna comme un tonnerre. « Ceci est la source de mon pouvoir. Elle est née de l'union du ciel et de la terre, renforcée par mon acte contre notre père. Cette force ne connaît pas de limite, et tant que je la détiendrai, je serai invincible. »
Mais, dans les recoins de son esprit, une voix persistait, une ombre qu'il ne pouvait ignorer. C'était une pensée fugace, mais puissante : « Cette force pourrait me consumer un jour. »
Michael, observant cette démonstration, fronça les sourcils. Il voyait les failles dans l'approche de Cronos. « Ce pouvoir, » pensa-t-il, « n'est pas aussi absolu qu'il le croit. L'équilibre qu'il impose est forcé, et toute chose forcée finit par céder. »
Alors que les titans se dispersaient, retournant chacun à leurs propres occupations, une ombre se posa sur Cronos. Ce n'était pas celle de ses frères, ni même celle de Gaïa. C'était Nyx, l'obscure, qui restait toujours en retrait.
« La lumière peut éblouir, » dit-elle d'un ton cryptique avant de s'effacer dans les ténèbres.
Cronos, bien qu'agacé par ses paroles, ne put les ignorer. Même avec son pouvoir immense, il sentait que quelque chose lui échappait, quelque chose de plus grand que lui