Dans la chambre tamisée, Esme était allongée sur le lit, un oreiller soutenant son dos. Bien que son teint ait retrouvé de la couleur, la fatigue pesait encore sur ses traits. À ses côtés, Ander veillait en silence, assis sur un fauteuil près du lit, les bras croisés.
Autour d'eux, le reste du groupe s'était rassemblé : Bullet, Adam, Aria, Sina, Stefan, Luna et Rivia. L'inquiétude flottait dans l'air tandis qu'Adam brisa le silence en premier :
— Comment te sens-tu, Esme ? demanda-t-il d'une voix posée.
Avant qu'elle ne puisse répondre, Ander prit les devants :
— Elle va bien. Le médecin lui a prescrit du repos, mais rien de grave, déclara-t-il d'un ton neutre.
Un soupir collectif de soulagement s'éleva dans la pièce. Cependant, l'atmosphère se chargea de nouveau de gravité lorsque la conversation dériva sur l'incendie.
— Comment un tel incident a-t-il pu se produire ? questionna Luna, les bras croisés.
— Ce n'était pas un accident, affirma Ander, son regard s'assombrissant. Je pense que c'était une tentative d'attentat contre Esme.
Un silence pesant suivit cette déclaration. Bullet brisa la tension en demandant :
— Qui voudrait l'attaquer ?
Adam échangea un regard avec Ander avant de hausser les épaules.
— Le seul ennemi que je connaisse, c'est Edgard, répondit-il avant d'ajouter avec une pointe de précaution : Sans vouloir t'offenser, Aria.
Aria leva les yeux au ciel avant de secouer la tête, signe qu'elle ne se sentait pas concernée par cette accusation. Stefan, appuyé contre le mur, intervint alors :
— Il est en prison. Et sous surveillance constante.
— Justement, dit Ander, son regard perçant balayant l'assemblée. C'est pourquoi je pense que nous avons un autre ennemi. Mais je ne sais pas encore qui.
Un silence pesant s'installa à nouveau. Tous froncèrent les sourcils, assimilant les implications des paroles d'Ander.
À l'écart, Rivia restait silencieuse. Ses doigts se crispèrent légèrement sur le tissu de sa tunique. Quelque chose dans son regard trahissait un trouble profond. Subrepticement, elle se leva et quitta la pièce sans un mot, tentant d'être aussi discrète que possible.
Une fois dans le couloir, elle inspira profondément, sa poitrine se soulevant sous l'effet de l'agitation. Ses pas la menèrent jusqu'à une alcôve où elle se mit à tourner en rond, une main serrée contre sa poitrine.
— Que dois-je faire… ? murmura-t-elle pour elle-même, luttant contre ses pensées tumultueuses.
Le piège du jardin
Les jours passèrent et Esme retrouva suffisamment de force pour quitter sa chambre. Ce matin-là, elle se promenait dans les jardins du domaine, appréciant la douce caresse du vent sur sa peau. Les fleurs en pleine floraison diffusaient une senteur apaisante, et pour la première fois depuis longtemps, elle se sentit véritablement détendue.
Mais cette quiétude ne dura pas.
Alors qu'elle s'avançait entre les haies, un bruit furtif attira son attention. Elle se retourna, son instinct lui soufflant qu'elle était épiée. Puis, tout bascula en une fraction de seconde.
Le sol sous ses pieds céda brusquement. Une trappe dissimulée s'ouvrit sous elle, et elle bascula dans le vide. Un piège !
Esme sentit son corps être attiré vers le bas, son cœur s'emballa sous l'effet de la panique. Mais au moment où elle pensait être condamnée à la chute, une main agrippa violemment son poignet.
— Tiens bon !
Rivia.
Avec une force insoupçonnée, Rivia la retint de justesse, ses muscles tremblant sous l'effort. Esme sentit ses pieds frôler le vide tandis que Rivia, les dents serrées, la hissait hors du gouffre.
Dans un dernier sursaut, Esme roula sur l'herbe, haletante. Son cœur battait à tout rompre. Elle leva les yeux vers Rivia, qui, elle aussi, semblait sous le choc.
Sans réfléchir, Esme se redressa et la serra dans ses bras.
— Tu m'as sauvée… murmura-t-elle, sa voix encore tremblante. Merci, Rivia.
Rivia ne répondit pas. Ses bras étaient restés le long de son corps, figée par ce qui venait de se produire. Elle n'arrivait pas à croire ce qui venait de se passer.
Elle avait agi sans réfléchir. Pourquoi ?
Le silence entre elles était chargé de questions non posées. Mais pour l'instant, seule la certitude que quelque chose de plus grand se jouait planait au-dessus d'elles.