La salle de réception bourdonnait d'une activité frénétique alors qu'Ava retrouvait enfin ses parents, tout sourire aux côtés de l'Alpha Elyas. Celui-ci rayonnait de fierté et vint immédiatement à sa rencontre.
« Ava ! Comment s'est passée ta première semaine ? » demanda-t-il, une lueur sincère dans le regard.
Ava esquissa un sourire poli, tout en retenant l'envie de baisser les yeux. « Très bien, Alpha. J'ai été accueillie chaleureusement par toute l'équipe, vraiment. »
« Je suis ravi d'entendre ça, » répondit-il en lui tapotant l'épaule. « Si jamais il y a quoi que ce soit, viens m'en parler. Ta place est ici. »
Elle acquiesça, murmurant un « Merci, Alpha » tout en se demandant ce qu'il attendait réellement de ce retour forcé dans la meute.
Il la contempla un instant de plus, son regard glissant sur sa tenue. « Cette robe te va à merveille, » dit-il doucement.
Ava rougit malgré elle. « Merci beaucoup pour ce cadeau, elle est vraiment magnifique, » répondit-elle, tentant de dissimuler l'embarras que lui procurait tant de compliments.
« C'est bien normal, » répondit-il avec un sourire, « je veux te convaincre que ta place est parmi nous. »
Ava força un sourire en retour, consciente du poids de ses mots. Mais le son de la cloche retentit, interrompant l'échange.
« C'est l'heure, » murmura l'Alpha avant de se diriger vers la grande scène.
Ava suivit le regard du public qui se posait sur Jace, debout aux côtés d'Elyas et entouré des anciens de la meute. La cérémonie était solennelle, le genre de moment qui suscite un profond respect. Les anciens entamèrent le rituel, chantant les promesses de protection et d'engagement, rappelant l'honneur et le poids des responsabilités. Mais un passage en particulier capta toute l'attention d'Ava.
« Alpha Jace, durant cette première année, tu feras tes preuves, » proclamait un des anciens d'une voix grave. « Nous te guiderons, mais la force de ta meute résidera dans la présence d'une Luna. D'ici un an, tu devras te lier pour que notre meute prospère. »
Elle comprit soudain pourquoi Alpha Elyas insistait tant pour qu'elle reste : il espérait sans doute qu'avec le temps, elle changerait d'avis. Comme si la simple attente d'une année pouvait effacer cinq ans de douleur et de rejet… Elyas devait avoir oublié que c'était SON fils qui l'avait repoussée, qui avait choisi une autre, une louve qui, elle, n'avait pas été désignée par la déesse de la Lune.
Les applaudissements la tirèrent de ses pensées, lui rappelant qu'elle n'avait écouté qu'à moitié. Elle fixa Jace un instant, sans se départir de sa façade indifférente. Il semblait dans son élément, enjoué et entouré de tous ces visages qui le félicitaient. Elle, cependant, se sentait toujours en décalage, comme une étrangère parmi eux.
Elle s'éloigna lentement, cherchant ses parents pour les avertir de son départ. « Papa, maman, je rentre. Je suis fatiguée et demain, je travaille, » annonça-t-elle avec une détermination tranquille.
« Déjà ? » demanda sa mère avec une pointe de tristesse dans la voix. « Ne veux-tu pas rester un peu plus ? »
Ava lui offrit un sourire rassurant. « Désolée, maman, mais il vaut mieux que je sois en forme demain. »
Après des adieux rapides, elle se glissa hors de la foule et se dirigea vers la sortie, savourant l'air frais de la nuit. Son téléphone vibra : un message de Stella.
« Ava, où es-tu ? »
Elle répondit brièvement, expliquant son départ, puis se remit en route. Mais un bruit de pas derrière elle lui fit accélérer le pas.
« Tu sais, quitter une cérémonie si tôt, ce n'est pas très poli, surtout quand il s'agit de celle de ton Alpha, » fit une voix qu'elle aurait voulu ignorer. Jace.
Elle ne ralentit même pas. « J'étais là pour la cérémonie. Mon devoir est accompli. »
« Ava, attends. »
Elle se tourna, fatiguée. « Quoi, Jace ? Je n'ai pas besoin de tes sermons. Je suis fatiguée, demain, je bosse. »
Mais, contre toute attente, il semblait différent, plus hésitant, presque… vulnérable ?
« Ce n'est pas ça, » répondit-il. « Je voulais juste… m'excuser. » Il marqua une pause, comme s'il cherchait ses mots. « Je sais que tu n'avais pas envie de rester, et que tout ça est compliqué. »
Elle le regarda, abasourdie. Des excuses ? De sa part ?
« Euh… ok. Merci, je suppose. »
Il semblait hésiter encore, puis lâcha enfin ce qu'il avait sur le cœur. « Je t'ai vue avec Lucian tout à l'heure. »
Ava le regarda, les yeux plissés, devinant où il voulait en venir. « Oui, il a l'air très gentil. Étonnant, d'ailleurs, quand on sait qu'il fait partie de ta famille. »
« Écoute, Ava… » Il avait cet air grave, comme si ce qu'il allait dire importait réellement. « Fais attention à toi. Lucian n'est pas… » Il soupira, cherchant ses mots. « Il essaie peut-être de te manipuler, de se rapprocher de toi uniquement pour que je me trompe dans mes décisions. Il veut que j'échoue. »
Elle éclata d'un rire sans joie. « Vraiment, Jace ? Tout tourne encore autour de toi, n'est-ce pas ? Comme si je devais te consulter pour mener ma vie ! Je ne suis plus ta préoccupation. Tu m'as rejetée, il y a cinq ans. Tu as Avery. Alors, pourquoi cela devrait-il te poser problème si quelqu'un d'autre s'intéresse à moi ? »
Il ouvrit la bouche, mais elle ne lui laissa pas le temps de répondre. « Ta vie parfaite, tes besoins, tes préoccupations… et les autres, dans tout ça ? Tu n'en as rien à faire. »
Sans attendre de réponse, elle tourna les talons et partit en courant, ses talons claquant sur le sol, le laissant seul avec son égoïsme.
Elle courut, le souffle court, jusqu'à chez elle, où elle s'effondra sur son lit. Sloan, sa louve intérieure, tenta de l'apaiser. « Ava, calme-toi. Peut-être qu'il essayait juste de te protéger. »
Ava serra les poings, encore bouillonnante. « Sloan, après toutes ces années, tu devrais savoir que ses intérêts passent toujours avant tout. C'est bien la première fois qu'il me parle avec un minimum de considération. »
Sloan se fit hésitante, « Peut-être qu'il a changé. »
« Peut-être que moi aussi j'ai changé, » murmura Ava avec détermination. « Et je ne le laisserai plus jamais me manipuler. »
Elle ferma les yeux, éreintée, prête à affronter un nouveau jour où elle pourrait, enfin, avancer.