POV Ava
La journée avait été longue à l'hôpital, et je sentais la fatigue s'insinuer dans mes muscles. Pourtant, lorsque Lucian m'avait proposé de sortir boire un verre, j'avais accepté sans hésiter. Pourquoi pas ? Cela me changerait les idées, et si cela pouvait, au passage, agacer un peu Jace… tant mieux.
Après une douche rapide, je me prépare, optant pour une robe simple mais élégante. Alors que je finis de me maquiller, j'entends frapper à la porte. Surprise, je vais ouvrir, et là, je tombe sur Jace.
— « Jace ? Que fais-tu ici ? » dis-je, incrédule.
Il me fixe, ses yeux brillants d'une émotion que je ne parviens pas à identifier.
— « Salut Ava. Que fais-tu ce soir ? » demande-t-il d'un ton presque hésitant.
— « Mhmm… je sors, pourquoi ? »
Il fronce les sourcils, et je vois son expression se durcir.
— « Avec qui ? »
— « Avec Lucian. » dis-je, franche.
Sa mâchoire se crispe, et je sens la tension monter entre nous.
— « Tu ne peux pas sortir avec lui ! » s'énerve-t-il soudainement.
Je reste un moment interdite devant son ton autoritaire, puis une colère sourde commence à bouillonner en moi.
— « Ah bon ? Et pourquoi cela ? »
Ses yeux changent légèrement de couleur, virant au doré. Je reconnais ce signe : son loup n'est jamais loin lorsqu'il est contrarié.
— « Écoute, Jace, ma vie privée ne te regarde plus ! » dis-je, ma voix s'élevant à mon tour.
— « Ava, ne m'oblige pas à te donner l'ordre de rester chez toi ! » tonne-t-il, ses mots résonnant comme une menace.
Mon sang ne fait qu'un tour.
— « Mais putain, toi, tu peux vivre ta vie comme bon te semble, et moi je dois rester chez moi comme un bon petit chien qui obéit à son maître ? Franchement, Jace, va te faire foutre ! »
Sans attendre sa réponse, je prends mes clés et cours jusqu'à ma voiture. Je l'entends m'appeler, sa voix emplie de frustration et, peut-être, d'autre chose, mais il ne me suit pas. Il sait qu'il ne peut plus me contrôler.
Alors que je roule, mes mains serrant le volant un peu trop fort, la colère m'aveugle presque. Comment ose-t-il ? Après tout ce qu'il m'a fait subir, il croit encore avoir le droit de me dicter ma conduite ? S'il continue comme ça, je demanderai à Alpha Elyas de partir plus tôt que prévu. Je n'ai plus rien à faire dans cette fichue ville.
Arrivée devant le bar, je repère Lucian, un sourire charmeur sur les lèvres. Je me calme légèrement et vais à sa rencontre.
— « Salut Ava. »
— « Salut Lucian. » dis-je en tentant un sourire, bien que mon humeur soit toujours ombragée.
Il plisse les yeux en me regardant.
— « Tu n'as pas l'air dans ton assiette. »
— « Oh, rien. Une visite inattendue qui m'a mise hors de moi. »
— « Jace, je suppose ? »
Je le regarde, surprise.
— « Oui, comment as-tu deviné ? »
Il esquisse un sourire en coin, mais ses yeux s'assombrissent légèrement.
— « Il n'était pas content d'apprendre que je souhaite mieux te connaître. »
Nous entrons dans le bar et choisissons une table tranquille dans un coin. La soirée démarre bien, entre rires et discussions légères. Lucian se révèle charmant, intéressant, et surtout… attentif. Tout ce que Jace n'a jamais été.
Mais alors que la soirée avance et que les mojitos s'accumulent, je commence à sentir que j'ai un peu trop bu.
— « Je ne te laisserai pas repartir en voiture, Ava. » dit Lucian avec un sourire.
— « Toi aussi, tu as bu autant que moi ! » dis-je en riant.
— « À pied, alors. »
Nous quittons le bar et marchons tranquillement sous la lumière pâle de la lune. L'air frais me fait du bien, dissipant légèrement les effets de l'alcool. Mais la sérénité du moment est brusquement rompue lorsque Lucian se tourne vers moi, un air étrange dans les yeux.
— « Ava… as-tu une marque de naissance ? » demande-t-il soudainement.
Sa question me prend de court, et je ris nerveusement.
— « Euh… c'est quoi cette question ? »
— « Réponds-moi. » insiste-t-il, son ton grave.
Mon rire s'éteint, et je sens une pointe de malaise.
— « Euh… oui. » dis-je finalement, hésitante.
— « Un croissant de lune ? »
Mon cœur rate un battement.
— « Oui, en bas du dos. Pourquoi ? »
Il me fixe intensément, ses traits se durcissant légèrement.
— « Je voulais juste être sûr que tu étais la bonne personne. »
Je fronce les sourcils, décontenancée.
— « Comment ça, la bonne personne ? »
Je n'ai pas le temps de finir ma phrase. Une douleur fulgurante éclate à l'arrière de ma tête, et tout devient noir.
Lorsque je rouvre péniblement les yeux, tout est flou. Ma tête me lance, et une odeur de terre humide m'entoure. Je suis couchée sur le sol froid, et une voix familière résonne au loin.
— « Tu es certain qu'elle est celle que nous cherchons ? »
Je lutte pour retrouver mes esprits. Qui parle ? Où suis-je ? La panique commence à m'envahir alors que des éclats de voix continuent de me parvenir.
— « Elle a la marque. La prophétie ne ment pas. »
La prophétie ? De quoi parlent-ils ? Je tente de bouger, mais mes membres sont lourds et entravés. Je sens mon cœur s'accélérer. Que veut Lucian de moi ? Et pourquoi semble-t-il si sûr que je suis spéciale ?
Je serre les dents et tente de maîtriser ma respiration. Je dois comprendre ce qui se passe… avant qu'il ne soit trop tard.