Les choses au travail étaient un peu tendues. Emily était paranoïaque depuis plusieurs jours. Elle écoutait les conversations, essayant de glaner autant qu'elle pouvait. Mais pour une fois, l'oncle répugnant de Derek - elle avait tout à fait le droit de le nommer ainsi puisqu'il avait demandé à voir son soutien-gorge la première fois qu'ils s'étaient rencontrés. Il avait fait passer ça pour une plaisanterie, puis avait proposé de la payer pour espionner Derek, en utilisant de l'argent et d'autres choses - à l'époque, il l'avait lorgnée d'une manière qui ne laissait place à aucun malentendu quant à ce que ces autres choses impliquaient. Depuis, elle le détestait activement.
Mais même en canalisation toute sa répulsion et en essayant de s'en servir pour découvrir quelque chose, n'importe quoi, sur les plans que l'oncle de Derek pourrait avoir, elle n'avait rien trouvé. Elle avait décidé d'abandonner lorsque l'homme l'avait repérée adossée à un mur dans l'espoir d'entendre quelque chose. Il lui avait jeté un regard lent de haut en bas, s'était attardé sur sa poitrine, et avait fait un clin d'œil. Elle lui avait offert un sourire glacial avant de retourner faire son rapport à Derek qu'il n'y avait toujours pas de progrès.
Cela faisait des heures que cela s'était passé, et Emily avait depuis longtemps quitté le travail. Elle utilisait maintenant son temps libre pour se ressourcer de la meilleure façon qu'elle connaissait. Manger de la glace et regarder un marathon de films avec sa mère.
Elles venaient juste de terminer le deuxième film lorsque sa mère lui tapota légèrement l'épaule.
"Je suis contente que tu ailles bien," lui dit sa mère lorsqu'elle se tourna vers elle. Remarquant son air perplexe, la femme plus âgée expliqua.
"Je sais que juste avant que je parte tu avais de nouveau du mal à dormir. Étaient-ce les cauchemars ?" Ne se fiant pas à elle-même pour parler, Emily hocha la tête. C'était le plus proche d'être honnête à propos de ses habitudes de sommeil avec sa mère.
La femme plus âgée lui lança un regard triste, puis elle tendit la main derrière les coussins du canapé et lui tendit quelque chose.
C'était une bouteille pleine de somnifères.
"Au cas où tu en aurais besoin, ils sont bons pour l'année," dit sa mère, très sérieuse, et Emily dut retenir un rire hystérique. Elle s'était tellement habituée à cacher les choses que sa mère croyait réellement que les pilules faisaient effet, et que ce qui avait été une réaction d'Emily aux pilules était son comportement étrange parce qu'elle ne pouvait pas dormir.
Essuyant une larme, elle accepta les pilules.
"Merci, maman. Je vais m'assurer de les avoir sur moi au cas où j'en aurais besoin,"
Cette nuit-là, elle se rendit à la salle de bain, sortit deux pilules et les jeta dans la toilette. La bouteille finit sur la table de nuit, et lorsqu'elle se réveilla quelques heures plus tard, couverte de sueur à cause de son cauchemar, elle les fixait droit dans les yeux. Se levant, elle prit les pilules et les regarda.
Elle n'avait pas envie de les prendre. Mais elle était presque submergée par l'impulsion de les jeter contre le mur. Elle ne le fit cependant pas. Au lieu de cela, elle choisit de les reposer et d'aller à son tiroir d'artisanat. Il se remplissait à nouveau, ses cauchemars reprenant de plus belle.
Mais elle avait encore un peu d'énergie, et elle profiterait des petites choses, même de ses sessions de broderie secrètes aussi longtemps qu'elle le pourrait. Bloquant toutes ses autres inquiétudes, Emily se laissa absorber par le travail de couture.