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Derek avait commencé à prendre des somnifères pour enfin pouvoir dormir. Et les somnifères lui avaient donné cela.
Mais malheureusement, ils avaient aussi apporté avec eux… le brouillard. Peu importe combien il s'efforçait de suivre le monde rapide dans lequel il vivait, rien ne lui venait facilement désormais. Et avec chaque jour qui passait, le brouillard devenait de plus en plus dense jusqu'à ce qu'il se réduisait juste à grogner en avançant, et à essayer de son mieux de faire semblant de savoir ce qui se passait alors qu'il était complètement perdu. Son esprit s'éteignait souvent à un moment donné après que les salutations aient été échangées.
Les choses n'étaient pas si mauvaises, il essayait de se rassurer. Certes, sa mère lui lançait des regards encore plus inquiets pendant les brefs moments où ils se voyaient. Mais la personne avec laquelle il passait la plupart de ses journées, Emily, ne semblait rien remarquer de préoccupant donc il devait être au moins quelque peu fonctionnel. Tellement perdu dans le brouillard, il ne lui venait même pas à l'esprit que quelque chose pouvait ne pas aller chez Emily, tout comme quelque chose n'allait pas chez lui.
Choisissant de croire qu'elle aurait demandé s'il avait l'air de ne pas être lui-même, Derek s'était dupé lui-même pendant un petit moment. Mais tout s'était écroulé autour de lui avec une visite de son oncle.
"Ah, neveu, je suis si content de t'avoir trouvé…" Derek dévisageait son oncle. Il cligna des yeux, une fois, deux fois, essayant de déterminer s'il avait oublié un rendez-vous, mais il ne pouvait penser à rien, donc il se contenta d'acquiescer.
Il avait fixé un écran vide pendant plus d'une demi-heure. Mais lorsque son oncle avança plus loin dans le bureau, Derek ferma son ordinateur portable. Il valait mieux que l'homme pense qu'il avait travaillé sur quelque chose.
Comme prévu, l'oncle suivit du regard ce mouvement. Les yeux verts similaires aux siens se rétrécissant avant que son oncle ne puisse se reprendre.
"Allons, neveu, que penses-tu que je ferais, voler des secrets d'entreprise et les vendre au plus offrant?" L'homme plus âgé rit, le son trop fort pour les oreilles de Derek.
Il essaya de reculer sa chaise, mais son oncle n'en fit rien. Il s'approcha, contournant les chaises de l'autre côté du bureau de Derek et se tenant juste à côté de lui.
Il sentait non seulement un affreux parfum hors de prix, mais aussi la fumée de cigarette. La combinaison était suffisante pour donner la nausée à Derek.
"Maintenant, neveu, vu que je semble t'avoir attrapé pendant que tu as un peu de temps libre, parlons affaires," Une main se leva et se posa sur son épaule. L'odeur de parfum et de cigarettes s'intensifia.
Derek voulait être n'importe où sauf là, mais lorsqu'il essaya de s'éloigner, l'expression de son oncle changea. Ses yeux devenaient froids même si un sourire étirait son visage.
"Viens, parlons affaires neveu,"
Si Derek devait dire exactement de quoi ils avaient parlé durant cette horrible demi-heure, il ne le saurait sincèrement pas. Tout ce qu'il savait c'est que, son oncle avait ouvert la bouche et n'avait jamais cessé de parler.
Le son de sa voix, ses mots, son odeur, tout cela pesait sur Derek et le laissait si confus qu'il pouvait à peine réfléchir. Quand son oncle, toutes ses dents exposées, produisit un document de nulle part et lui demanda de signer. Derek se retrouva à le faire en pilote automatique. Il sut presque instantanément qu'il avait fait une erreur.
Mais à ce moment-là son oncle avait arraché le papier et souriait comme un chat.
"Excellent, je savais que tu verrais raison neveu, maintenant je dois juste aller faire des copies de cela," L'homme était parti après cela, laissant Derek avec le sentiment inébranlable qu'il avait fait quelque chose de terrible.
Cette nuit-là, lorsqu'il rentra chez lui, il ne perdit pas de temps. Il alla directement dans son aile, trouva les somnifères et les broya tous en poudre un par un. Il dispersa la poudre à travers le domaine du manoir en prétextant prendre une promenade.
Comme prévu, cette nuit-là, le sommeil ne vint pas pour Derek. Mais cela ne le dérangea pas autant qu'à l'habitude de regarder les ombres. Cette nuit-là, son cerveau revenait lentement mais sûrement en ligne. Les cellules que les somnifères avaient rendues dormantes s'activant au fur et à mesure qu'elles revenaient à la vie.
Et petit à petit, à mesure que le raisonnement complexe lui revenait, il réalisa quelque chose de très important.
Il avait fait une terrible erreur en signant ce que ce soit que son oncle avait apporté avec lui.
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