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Le nom du serviteur était Raphaël.
À part son apparence éblouissante, il n'avait rien de bon. Il faisait tout ce que Théodore lui disait sans se plaindre, il obéissait à chaque ordre fastidieux et l'exécutait parfaitement, ce qui rendait Théodore de plus en plus en colère. Il avait l'impression que ses attaques atterrissaient sur un doux coton, qui n'avait absolument aucun impact.
Il voulait voir un changement d'expression sur le visage de Raphaël. Il voulait fissurer ce regard stoïque et faire apparaître diverses émotions dans ces yeux argentés. Cependant, deux semaines s'étaient écoulées et Théodore n'avait toujours pas réussi.
Raphaël s'était parfaitement intégré à la Résidence Valmor, se liant d'amitié avec chaque serviteur et se faisant à la maison. Même Ben avait glissé quelques bons mots pour lui lorsque Théodore l'avait brimé la dernière fois! Il... Il était beaucoup trop charmeur pour son propre bien! Il ne devrait pas se pavaner avec cet air magnifique sinon tout le monde serait définitivement envoûté!
Une série de coups doux résonna dans sa chambre suivie de la voix profonde et agréable qu'il entendait chaque matin. "Jeune Maître, c'est Raphaël. J'entre."
Théodore ferma les yeux et fit semblant de dormir alors qu'en réalité, il était déjà bien réveillé quelques instants auparavant.
Il entendit la porte s'ouvrir, puis un silence tranquille, assourdissant. Théodore attendit avec une calme délibéré. Une chose qu'il avait réalisée à propos de Raphaël était que ses pas ne faisaient aucun bruit. Il avait surpris Théodore à quelques reprises lorsqu'il venait d'arriver. Maintenant, Théodore s'y était habitué. Il pouvait même l'imaginer. Raphaël vérifierait d'abord le feu dans la cheminée pour voir si le bois était suffisant, remplirait la baignoire d'eau chaude, puis s'approcherait de la fenêtre pour tirer le rideau, laissant le soleil éclatant tomber juste sur les yeux de Théodore.
Il grogna et se retourna, les yeux toujours confortablement fermés. Il sentit la présence de Raphaël planer au-dessus puis sa voix fraîche et basse résonna juste à côté des oreilles de Théodore. "Jeune Maître, c'est déjà le matin."
Théodore frissonna et ouvrit les yeux à contrecoeur. Il serra les jambes dans un effort pour calmer la partie inférieure de son corps en furie. Qu'est-ce qui pouvait bien clocher chez lui? Comment pouvait-il réagir juste à la voix de Raphaël?! Ça faisait une semaine que c'était comme ça et Théodore n'avait toujours pas trouvé comment résoudre le problème. Il était trop gêné pour en parler à Ben, de peur que le chef de service finisse par en informer Raphaël, et il n'était pas assez proche des autres serviteurs non plus.
"Jeune Maître, je vais retirer votre couette si vous n'êtes pas levé dans trois... deux... "
"Je suis levé ! Je suis levé, d'accord ?!" Théodore s'assit et cracha avec une expression féroce, essayant de paraître aussi effrayant que possible si ce n'était pour ses cheveux en bataille qui ressemblaient à un nid d'oiseau. "Tu es si impatient!"
"Il fait beau aujourd'hui." dit Lu Yizhou d'un ton égal. "Jeune Maître devrait sortir prendre un peu de soleil sinon il ne grandira pas."
Les yeux de Théodore s'ouvrirent furieusement. "Qui ne grandira pas ?! Ne prends pas la grosse tête juste parce que tu es bien plus grand que moi !" Voyant le serviteur toujours là à le regarder, Théodore gronda. "Qu'attends-tu ? Déshabille-moi !"
"Très bien." Ses lèvres s'incurvèrent en un léger sourire.
Théodore frappa du poing sur l'oreiller, furieux. Pourquoi avait-il l'impression de jouer exactement selon les règles de Raphaël ?! Il déchargea sa colère sur les pauvres oreillers pendant un moment puis se leva avec une expression réticente sur le visage.
"Je vais te déshabiller, d'accord ?" Confirma-t-il encore avec cette voix profonde et sexy.
Les extrémités des oreilles de Théodore rougirent et il détourna la tête avec un harrumph. Ses cils papillonnèrent alors que Lu Yizhou tendait la main pour défaire les boutons de son pyjama, révélant une étendue de peau laiteuse en dessous du cou. Et imprimée au milieu de la pâleur, une marque de naissance vivide en forme d'étoile en dessous de sa clavicule. Lu Yizhou s'arrêta et traça la marque de naissance du bout des doigts, si doucement et soigneusement que Théodore frissonna et recula d'un bond.
"Toi…" Le visage de Théodore rougit de colère. "Arrête ça ! Combien de fois dois-je te dire de ne pas faire ça ?! Pourquoi es-tu si intéressé par ma marque de naissance de toute façon ?!"
"Ah…" Il cligna des yeux. "Mes excuses. Je ne l'ai pas fait exprès."
C'était encore pire ! Théodore hurla intérieurement. Il agrippa son pyjama et se précipita vers la salle de bain, les perles accrochées au rideau tintant bruyamment à cause de son mouvement brusque.
"Jeune Maître ?"
"Non !" s'exclama Théodore avant que le serviteur puisse le rattraper. "Je n'ai pas besoin de toi aujourd'hui ! Sors et attends que j'aie fini !"
Il y eu un silence avant qu'il entende Raphaël répondre. "Très bien. Si vous avez besoin de quelque chose, appelez-moi, Jeune Maître. Je serai juste derrière la porte."
Théodore attendit que la porte soit fermée avant de retirer ses vêtements de manière désordonnée et de sauter dans la baignoire, plongeant son corps dans l'eau, des bulles s'échappant de sa bouche.
Stupide ! Idiot Théodore ! Pourquoi agis-tu toujours de manière excessive devant Raphaël ? Tout est de la faute de Raphaël ! Blâme cet homme qui caresse toujours sa marque de naissance avec ces mains douces, faisant sentir bizarre tout le corps de Théodore !
Il remonta soudainement à la surface, provoquant des éclaboussures et mouillant le sol. Saisissant son membre durci qui ne montrait aucun signe d'apaisement, chaque fois qu'il pensait aux doigts fins de Raphaël, à la façon dont cette voix veloutée résonnait dans son esprit et à ces yeux argentés qui résonnaient avec son âme, il était submergé par un désir indescriptible de se rapprocher plus qu'il ne l'était déjà. Théodore ferma les yeux tandis qu'il s'immergeait dans le plaisir charnel, ses sourcils se fronçant dans l'effort de supprimer les halètements qui jaillissaient de ses lèvres. Des frissons parcoururent tout son corps. Peu à peu, ses mouvements s'intensifièrent et il se libéra dans l'eau, sa respiration rapide avec des rougeurs infusées dans ses joues, rendant ses traits encore plus exquis.
D'un autre côté, Lu Yizhou était appuyé contre le mur à l'extérieur, un soupir s'échappa de ses lèvres. [Es-tu sûr qu'il n'est pas Ren Zexi ?]
[666 : Non, Hôte ! 666 en est sûr. Juste parce qu'il a la même marque de naissance ne signifie pas qu'il est la même personne. Pour commencer, Ren Zexi est juste un personnage créé par le simulateur. Il n'est pas une vraie personne. Peut-être c'est pourquoi il y a des similitudes entre eux. Après tout, ils sont tous créés par Dieu Admin.]
Lu Yizhou huma. Il comprenait ce que 666 voulait dire mais chaque fois qu'il regardait dans les yeux de Théodore, il ne pouvait s'empêcher de penser à Ren Zexi.
Il n'avait aucune idée pourquoi. Ils étaient clairement deux personnes différentes avec un apparence et une personnalité différentes donc... pourquoi l'instinct de Lu Yizhou continuait-il de lui dire qu'il avait raison ?
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Lu Yizhou poussa un chariot rempli de plats exquis spécialement cuisinés pour Théodore. Ils auraient dû sentir merveilleusement bon mais pour lui, ils n'étaient pas différents de l'odeur rance de quelque chose de pourri. Il supporta le malaise et resta aux côtés de Théodore tandis que l'adolescent mangeait lentement son petit-déjeuner.
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En le voyant manger avec appétit, les yeux de Lu Yizhou tombèrent involontairement sur sa nuque blanche et impeccable qui était encore humide de vapeur. S'il observait intensément, il pouvait percevoir les cartes de ses veines ainsi que le sang qui courait dans ses veines.
Du sang chaud, délicieux.
Grooowl~
Théodore s'arrêta et tourna lentement la tête vers la source du son : l'estomac de Raphaël. Stupéfait, il remonta la tête en interrogation et trouva le serviteur se tenant le front, exaspéré. "Mes excuses, Jeune Maître."
Clang ! Théodore posa brusquement sa cuillère, le visage sombre. "C'est votre estomac ?"
C'était la première fois que Théodore voyait un changement dans l'expression de Raphaël. C'était le genre d'impuissance et de frustration sans exutoire et d'une certaine manière, cela donnait encore plus envie à Théodore de se moquer de lui. "Vous avez faim ? Vous n'avez pas mangé ?" Il croisa les bras et se pencha en arrière, un sourire narquois sur les lèvres. "Supplie-moi, alors. Si tu le fais, je pourrais avoir un cœur tendre et partager ma nourriture avec toi."
Hélas, Raphaël était tout aussi têtu alors qu'il secouait la tête. "Non, non. C'est la nourriture du Jeune Maître. Comment ce serviteur pourrait-il la manger ?"
Le visage de Théodore s'assombrit, mécontent. Pourquoi ne pouvait-il pas simplement céder et admettre qu'il avait effectivement besoin de l'aide de Théodore ? Ou Raphaël préférerait-il mourir de faim plutôt que d'accepter son offre ? Ils avaient été ensemble du jour à la nuit pendant deux semaines, était-ce seulement lui qui pensait qu'ils s'étaient un peu rapprochés ?!
La colère avait toujours été l'émotion que Théodore trouvait la plus difficile à contrôler. Frappant son poing sur la table, il rugit. "Si je te dis de t'asseoir, alors assieds-toi ! Si je te dis de manger, alors mange ! Pourquoi ça te prend tant à te décider ?!"
Raphaël cligna des yeux, apparemment déconcerté par son emportement soudain. Théodore le fixa, sans aucune intention de reculer. Son regard disait qu'il était prêt à lui trancher la tête et à la mettre comme ornement sur le mur si le serviteur osait refuser après qu'il eut fait l'effort d'abaisser sa fierté.
"...D'accord." Dit-il, impuissant.
Au final, Théodore gagna. Il obtenait toujours ce qu'il voulait. Il tira Raphaël pour le faire asseoir à côté de lui et fourra la cuillère dans la main du serviteur. "Mange. Qu'est-ce que tu attends ? Je ne veux pas être responsable si tu meurs de faim plus tard."
Théodore surveilla de près le serviteur alors que celui-ci engloutissait la moitié de la nourriture sur la table. En voyant cuillerée après cuillerée entrer dans sa bouche, Théodore fut rempli d'un sens d'accomplissement sans précédent. Lu Yizhou posa la cuillère après un moment et grimaça, disant qu'il était déjà rassasié.
Il a si peu mangé, grommela Théodore. Pas étonnant qu'il soit si maigre et pâle.
"Excusez-moi, Jeune Maître. Il y a autre chose que je dois faire." Déclara poliment Lu Yizhou.
"Va !" Théodore agita sa main impatiemment, à peine satisfait du court moment qu'ils avaient passé ensemble.
Après qu'il eut été laissé seul, il fixa la cuillère avec laquelle Raphaël avait mangé et hésita légèrement avant de continuer à manger avec la même cuillère, le cœur légèrement accéléré.
Donner à Raphaël de la nourriture quand il avait faim ; Théodore... avait bien fait, n'est-ce pas ?
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Mini théâtre
Lu Yizhou se pencha et vomit tout ce qu'il avait mangé, la tête lui battant de douleur et l'estomac crispé par une extrême famine. Des veines bleues ressortaient sur son cou, particulièrement visibles sur sa peau pâle. Une paire de crocs surgit de ses dents alors qu'il avait des haut-le-cœur, se sentant si étourdi comme s'il était en train de mourir.
Dans son esprit, 666 n'arrêtait pas de rouspéter incessamment.
[666 : Je t'ai déjà dit de ne pas manger la nourriture des humains ! Regarde dans quel état tu es maintenant, Hôte ! Tu es même pire que lorsque tu ne manges rien !]
Il se nettoya la bouche et mâcha dix Pilules de Restauration du Sang. Elles avaient commencé à avoir le goût du sable dans sa bouche. Deux semaines seulement et il avait presque cédé à la tentation du sang. C'était dangereux.
[666 : Hôte, écoutes-tu 666 ?! C'est pour ton bien, ah !]
[Tais-toi…]
Il savait. Bien sûr qu'il savait que manger de la nourriture humaine ne ferait qu'aggraver son état. En fait, il n'était pas sûr de pouvoir tenir encore longtemps en se fiant uniquement aux Pilules de Restauration du Sang.
Cependant, chaque fois qu'il plongeait son regard dans ces yeux couleur noisette en forme d'amande, Lu Yizhou se retrouvait à vouloir se plier à tout ce que Théodore disait.
Cela est certainement... très différent de son comportement habituel.