Dans le calme de la nuit, la tempête apparut sans prévenir, sa fureur brisant le silence. Au début, Yuri ne se réveilla pas, jusqu'à ce qu'un rocher soit lancé contre leur abri au toit de fer, les faisant tous trois sursauter de leur sommeil avec un fracas tonitruant.
Yuri voulait savoir ce qui se passait.
Tuss se prépara, les oreilles aux aguets et après quelques instants, il les informa que le vent s'était intensifié.
Yuri pouvait également entendre le vent. C'était une symphonie alarmante de hurlements et de grincements, transportant poussière et débris, occasionnellement interrompue par un écrasement retentissant. Elle se demandait si c'était la maison de quelqu'un qui était endommagée ou qui s'effondrait.
Zeek se leva, vérifiant la porte de fer rouillée pour s'assurer qu'elle était sécurisée. Il regarda ensuite le toit en tôle au-dessus de lui et exprima son inquiétude que le vent était plus fort que d'habitude.
Il s'inquiétait que leur toit puisse être emporté.
Tuss jeta également un œil vers le toit. Il avait veillé à renforcer les murs lorsqu'ils le construisaient, mais il n'avait pas trouvé de bon plan pour le toit.
À vrai dire, avoir un toit était déjà un privilège ici, car de nombreux abris à proximité n'avaient même pas de toits, juste les quatre murs nus.
Yuri les rassura avec confiance que cela tiendrait car elle l'avait renforcé, manipulant subtilement les feuilles de fer avec ses pouvoirs d'Enova.
Elle minimisa le tumulte extérieur en disant que ce n'était qu'un peu de vent et suggéra qu'ils devraient retourner se coucher.
Tuss la regarda avec incrédulité. Pour lui, le chaos à l'extérieur était bien plus que "juste un peu de vent". Il pouvait clairement entendre des abris s'effondrer parmi les bruits.
Yuri bailla à nouveau. Elle avait été occupée à remodeler le "monde" dans ses rêves. Elle était dans la seconde moitié de son cycle de sommeil lorsque le bruit l'interrompit. Elle était exténuée, extrêmement fatiguée.
Elle se recoucha, partageant son attention entre contrôler les plaques de fer et retourner dormir.
Soudain, quelqu'un frappa à leur porte de fer, criant d'une voix désespérée pour qu'ils ouvrent et offrent un refuge.
Zeek se tourna vers Tuss et exprima son avis qu'il pourrait s'agir de personnes cherchant un abri contre la tempête.
Tuss se tourna vers Yuri pour des conseils. Elle répondit en leur laissant la décision.
Après avoir réfléchi un instant, Tuss décida de les laisser entrer.
Lorsque Zeek ouvrit la porte, un courant d'air et de poussière s'engouffra. Yuri eut à peine le temps de fermer les yeux, manquant de voir les personnes cherchant refuge.
Ce n'est qu'après que Zeek eut refermé la porte qu'elle ouvrit les yeux. Devant elle se tenaient deux hommes et une femme. Malheureusement, c'étaient les mêmes personnes qui l'avaient forcée à abandonner le morceau de fer la veille.
Yuri exigea calmement des excuses.
La femme, à l'allure négligée, avait une lueur d'embarras dans les yeux. À contrecœur, elle bégaya des excuses aussi douces qu'un murmure.
Avant que Yuri puisse réagir, les deux hommes s'inclinèrent et s'excusèrent bruyamment pour leurs actions de la veille et les remercièrent de leur offrir un abri.
Yuri fut prise de court. Ces deux hommes robustes semblaient bien plus contrits et plus humbles. Maintenant, elle se demandait ce qu'elle pouvait dire en retour.
Tuss, avec une touche de menace dans les yeux, leur demanda s'ils lui avaient effectivement volé quelque chose.
"On dirait que nos fils se sont croisés," dit l'un des gars, un sourire nerveux sur le visage. Il regarda Tuss avec précaution, puis demanda finalement, "Tu es Tuss, n'est-ce pas ? Le premier élève de l'Académie Militaire n°1 ?"
Les yeux de Tuss devinrent glaciaux lorsqu'il répondit, "Oui ?"
"J'ai vu tes photos, et je t'ai vu une fois de loin aux Jeux Intercollegiaux. Nous sommes tous de l'Académie Militaire n°2," se hâta de dire le garçon, se présentant sans attendre de question, "Je suis Edgar, en deuxième année à l'Académie Militaire n°2. Voici Cass, et voilà Priscilla, nous sommes tous dans la même classe."
Lorsque Cass et Priscilla entendirent le nom de Tuss, leurs yeux s'écarquillèrent de surprise, puis se remplirent d'un mélange d'admiration et de regret.
"Je ne pensais pas qu'il épouserait vraiment une femme avec un bras manquant," murmura Priscilla sous son souffle.
Yuri : " ?"
Le vent à l'extérieur commença à se renforcer, hurlant comme un loup. Quelqu'un frappa à la porte, brisant le silence à l'intérieur.
Zeek ne prit même pas la peine de demander qui c'était cette fois. Il ouvrit simplement la porte.
Les gens s'entassèrent, remplissant le petit espace en un rien de temps. Yuri dut se lever, se reculant elle et Tuss dans un coin, sa main planant protectrice sur lui.
"Faites de la place, nous devons entrer aussi !"
"Il n'y a plus de place, la maison va s'effondrer si nous entassons encore plus de gens."
"Hé, attrape ma main, je suis sur le point de m'envoler."
"Nous ne pouvons plus faire entrer de gens, pourquoi ne pas vous diriger vers les mines ?"
"Pas question, on serait emportés ou écrasés par des trucs qui tombent avant même d'arriver aux mines."
"Il n'y a rien à faire, c'est déjà plein."
"Je m'en fiche, je rentre."
Crac.
Quelque chose venait de se briser.
Les personnes essayant de forcer leur entrée se figèrent, devenant soudain immobiles.
"Accrochez-vous les uns aux autres et sortez ensemble, vous devriez pouvoir arriver aux mines," suggéra quelqu'un.
La foule serra les dents et acquiesça, "D'accord, direction les mines alors."
La porte se referma, gardant le vent à l'extérieur. Avec autant de personnes entassées dans un si petit espace, et étant donné que tout le monde était piégé sans pouvoir se doucher depuis plus de dix jours, l'odeur était... vraiment mauvaise.
Yuri se sentit étourdie à cause de la puanteur, mais en regardant Tuss, elle se sentit plus stable. Elle savait que Tuss avait un nez très sensible, et peut-être souffrait-il encore plus.
Tuss était effectivement en train de lutter, se sentant comme s'il allait vomir à tout moment. À ce moment-là, il aurait préféré affronter la tempête à l'extérieur plutôt que d'être écrasé dans cette pièce comme des sardines en boîte.
Sans réfléchir, il tourna son visage vers Yuri, son nez effleurant sa taille.
"Boum, boum, boum." Son cœur commença à battre la chamade. Pour une raison quelconque, Tuss resta là où il était.
Soudain, il sentit une odeur agréable. C'était comme l'odeur de l'herbe fraîche après une averse, et l'odeur venait de—
Tuss prit quelques respirations profondes. Ses yeux avaient un air étrange alors qu'il se demandait, Nous sommes tous sales, alors pourquoi Yuri sent-elle si différemment ?"
Tuss ne pensa pas immédiatement à l'odeur comme étant des phéromones. De plus, Yuri avait déjà dix-huit ans, et les chances qu'elle se différencie étaient minces. Même si elle se différenciait, elle serait probablement une alpha, pas la rare bêta. Si c'était une phéromone d'alpha, la première réaction de Tuss serait de se retirer, non pas comme maintenant, où il souhaitait pouvoir en respirer davantage.
Le vent continua sa chanson sauvage pendant la majeure partie de la nuit. Yuri était si épuisée qu'elle sentait qu'elle pourrait s'endormir debout. Ses jambes étaient engourdies, mais son seul bras continuait obstinément à protéger Tuss.
À ce moment-là, Tuss s'appuyait sur elle, son visage enfoui dans sa taille, dormant comme un bébé.
"Le vent s'est arrêté !"
Quelqu'un cria soudainement, réveillant la foule somnolente.
"Il n'y a plus de bruit, ça doit vraiment être arrêté."
"Ouvrez la porte, il faut que je sorte d'ici, pour l'amour du ciel. Ça pue avec toutes ces personnes entassées."
"Tu te plains de l'odeur, mais c'est toi qui t'es forcé à entrer ici. T'as de la chance d'être en vie, arrête de te plaindre."
.....
Lorsque la porte métallique grinçante s'ouvrit, les gens tombèrent dehors.
Tuss se réveilla aussi. Réalisant sa position, son cœur se remit à battre la chamade. Il s'écarta nonchalamment, reconnaissant que la poussière le couvrait et que personne ne pouvait voir son visage et ses oreilles rouges.
Il jeta un coup d'œil à Yuri. Elle secouait son bras et tapait du pied, agissant comme d'habitude. Il ressentit un soulagement, mais aussi une étrange sensation de déception.
Edgar, Cass, et Priscilla étaient les derniers à sortir. Ils semblaient vouloir dire quelque chose mais hésitaient. Finalement, Edgar fut poussé en avant. Il jeta un coup d'œil à Yuri, puis à Tuss, et demanda prudemment, "Pourrions-nous peut-être travailler ensemble régulièrement ?"
Tuss ne dit pas un mot. Yuri leva un sourcil, huma et dit, "Bien sûr."
"Si, je veux dire, si vous avez des plans, n'oubliez pas de nous inclure," dit Edgar, l'air sérieux.
Cass et Priscilla regardaient aussi nerveusement Tuss et Yuri.
Yuri tordit la bouche et leva les yeux au ciel, "Les gars, nous sommes handicapés."
"Mais vous êtes des handicapés incroyables," s'exclama Edgar.
Cass et Priscilla hochèrent la tête furieusement, "Ensemble, nous pouvons sûrement trouver quelque chose."
Yuri ne dit rien, car elle pensait que ces jeunes étaient un peu trop confiants.