Chereads / Faironne / Chapter 137 - Arc 7 – Épisode 9 : Voyage A L’Origine Du Conflit : Conclusion.

Chapter 137 - Arc 7 – Épisode 9 : Voyage A L’Origine Du Conflit : Conclusion.

Toujours envahi par la rage, Densetsu persiste dans l'émission d'une intense lumière, pour le plus grand bonheur de son rival. Les compagnons les plus proches du Shirenai sont abasourdis. Quel flux phénoménal ! Quelle chaleur écrasante ! Quel signal assourdissant ! Quelle vibration déroutante ! Tout indique que ce n'est plus le même homme qui se dresse sous leurs yeux. Tout à coup, son épée est brisée en mille morceaux pour être remplacée par une lame d'énergie blanche, comme celle que Rai emploiera. Puis, grâce à un mouvement bref mais violent, un croissant d'énergie fonce à vive allure sur le Zigrik.

« On dirait ma technique ! » s'étonne l'observateur temporel.

En guise de réplique, Fumiaki produit une boule de feu. Leurs attaques entrent en collision. Une énorme onde de choc est créée. Des éclairs s'abattent d'un seul coup, faisant naître des incendies.

« C'est eux deux seulement qui provoquent ça ?

- Ce n'est rien... Malheureusement... » enchérit la voix qui l'accompagne depuis le début.

Un tel chaos grandissant, une telle catastrophe en devenir, procure une jouissance sans pareille chez Fumiaki.

« Ramène-toi !! »

Le désormais émissaire de Yamos lui fonce dessus, poings embrasés. La lame d'énergie blanche vient se transférer dans le corps du Shirenai. Dû à la présence de son élément, les mains se durcissent, émettant encore plus de lumière. Comprenant que celle-ci renforce ses capacités, les quelques traces de crainte qui subsistaient disparaissent. L'épéiste ferme les yeux. Une lueur vive inonde sa main droite. Ils s'entrechoquent poing contre poing. Une onde de choc encore plus puissante que la précédente vient tout bousculer. Les personnes encore présentes sont reculées sur plusieurs mètres.Cette fois-ci, les éclairs, le feu, de l'eau et même le sol sous les adversaires, sont absorbés par l'énergie noire, intensifiée par l'énergie blanche.

« Donne tout ce que tu as ! » hurle le Zigrik, le visage presque déformé par l'extase avant d'intensifier son aura.

Le cratère sous eux s'agrandit. Les lieutenants de chacun des deux combattants tentent tant bien que mal de se mettre à l'abri.

« Lâche-toi !! »

Il prend subitement le dessus, envoyant son rival dans le décor. Plus personne ne reconnaît leur chef en la personne totalement inconsciente de ses actes qui domine le champ de bataille.

« Toute cette puissance qui grandit encore et encore... C'est si... Si... Satisfaisant !... Quelle merveilleuse trouvaille ! Quelle fabuleuse découverte !... Que j'ai hâte de mettre la main sur tout ce que nous sommes capables de réaliser !... Ce monde n'a guère besoin d'êtres nuisibles comme vous. »

Malgré ce qu'il vient de se manger, Densetsu est encore conscient. Malgré la douleur qui lui tiraille les côtes, il se relève difficilement. Impossible de nier que son opposant est devenu tellement plus fort qu'avant. Si seulement il savait comment utiliser ce que lui et les siens ont pu découvrir à leur tour...

« Fargresaz. »

Sous l'influence progressive de l'Interdit, une aura blanche commence à l'envahir.

« Qui me parle ? Est-ce grâce à ça qu'il est devenu ainsi ? exige-t-il de savoir malgré une petite perte de conscience, preuve de la solidité sous-estimée de son esprit.

- Fargresaz ! »

La manifestation physique de sa nouvelle énergie gagne du terrain. Un violent mal de tête l'assaille. Cependant, alors que l'Interdit pensait l'accès mental totalement conquis, il rencontre un obstacle de taille : le fait que ce Shirenai ait pu atteindre le Kuwanoren le rend plus hermétique à l'emprise.

« Qui êtes-vous ? »

Grâce à la chaleur qu'il perçoit, son adversaire remarque le changement qui s'opère.

« Craque… Craque... Craque ! »

Fumiaki fait surgir deux boules de feu noir de ses mains. L'eau, la chaleur et l'électricité présents dans l'air sont absorbés par elles. Son halo prend encore d'ampleur, se traduisant sous la forme de secousses à la magnitude progressive. Grâce à cette sensation, Densetsu comprend que sa puissance croît de plus en plus. Qu'est-il sensé faire ? Avec l'absence de solutions, un léger désespoir s'infiltre dans sa carapace.

« Je ne pourrais pas […]

- Fargresaz !! »

Tout à coup, ses cheveux adoptent une teinture intégralement blanche. Ce qu'il émet inonde les yeux du Zigrik d'une joie indescriptible. Excité, il fonce à vive allure vers sa proie. Le Shirenai tire en réplique un rayon d'énergie blanche, qui prend par surprise son ancien collègue, l'obligeant à se protéger avec ses deux sphères noires. L'impact crée une onde qui transforme la végétation environnante en masses d'énergies rouges, bleues et vertes. Ces dernières sont avalées par le Zigrik, provoquant un nouveau renforcement. Ravi de ce qu'il vient de déguster, il s'essuie la bouche brièvement avant de se lâcher.Il prend l'avantage.

« J'en veux encore plus ! »

C'est la première fois que Densetsu se confronte à un tel niveau de menace. Malgré tout ce que lui a transmis l'élément de la terre, il ne trouve pas de réponse. Le Shirenai est sur le point de céder. Quand, tout à coup ;

« Qu'est-ce que vous faîtes ?! » hurle quelqu'un d'autre au loin.

Surpris par cette voix qui lui est très familière, le spectateur temporel se retourne. C'est alors qu'il découvre un groupe de personnes menées par un homme, torse apparent, pantalon de lin à l'allure tribale, cheveux longs et lisses, qui tient dans sa main droite un sceptre doré. Aucun doute possible. Il s'agit du plus célèbre des Kiyuzas : le grand Ki- Ramen en chair et en os. Les deux combattants désormais hôtes d'énergies de l'Interdit se retournent vers lui. Les techniques en cours sont brutalement interrompues.

« Cessez votre affrontement immédiatement ! leur ordonne-t-il.

- Qui es-tu pour m'ordonner ça ?! » répond violemment Fumiaki avant d'amplifier son aura.

Les catastrophes naturelles provoquées par la confrontation entre leurs nouvelles puissances prennent encore plus d'importance. Agacé qu'un inconnu vienne s'interposer, il tire un projectile de feu noir vers lui. Sa cible ne bouge pas.

« Léokatyon. » prononce-t-il avec un calme olympien.

Sans forcer plus que ça, l'attaque est désintégrée en un instant. Une réaction qui laisse bouche bée les deux manieurs d'éléments les plus puissants de tout Faironne. Aucune chaleur n'a été perçue par Fumiaki. Qu'est-ce que c'était que ça ? Même question que se pose Densetsu. Jamais il n'a ressenti une telle onde ! Pour Renko, preuve suffisante pour confirmer l'identité de cet être surpuissant. Ce n'était pas qu'une simple légende. Son modèle est là. Voilà quel niveau il doit atteindre pour respecter les dernières paroles de ses maîtres.

« Je viens au nom des Kiyuzas ! Vous êtes en train de fragiliser l'équilibre instauré par Faironne ! Si vous persistez, ce qu'elle nous a légué va céder ! Veuillez cesser votre affrontement immédiatement !

- Que je… M'arrête ? » s'étonne le Zigrik, la rage étouffant presque sa voix.

Comme écho à cette émotion, deux flammes noires surgissent de ses mains. Par réflexe, son adversaire se remet en garde.

« Jamais de la vie ! Densetsu ! Terminons notre combat ! »

Ignorant désormais l'homme pourtant auteur d'une démonstration de force assez conséquente, le Zigrik fonce vers sa proie, entamant alors un violent enchaînement de coups. Ki-Ramen effectue quelques petits mouvements avec sa main gauche et son sceptre. Le Shirenai esquive comme il peut. Quand, soudain ;

« Péopar Ki ! »

Une rafale de vent, produite par la formule que le Kiyuza vient de prononcer, percute, de flan, Fumiaki. Il est brutalement poussé à terre. Une action choquant à la fois l'affilié à la terre et à la fois Renko, subjugué. Aucun élément n'a été utilisé. Comment est-ce possible ? Quelle énergie utilise-t-il ? Quelques secondes plus tard, son ancien homologue hiérarchique se relève, un peu sonné.

« Qu'est-ce que c'était ? » s'interroge le chef de Vanka.

Abasourdi par ce qu'il vient subir, il se tourne vers son auteur.

« Petit… Fumier… »

Après un renforcement éclair de sa manifestation physique d'énergie noire, grâce à un déferlement de feu noir produit sous la plante de ses pieds, il fonce à grande vitesse vers lui. Aucune réaction de la part de sa nouvelle cible. Arrivé à sa hauteur, il enchaîne de multiples attaques à l'aspect très brouillon. A la hauteur du titre qui est le sien, son adversaire, avec un sang-froid exemplaire, esquive tout. Les autres Kiyuzas restent impassibles. Alors que Fumiaki allait le frapper en plein visage, un sceau l'intercepte.

« Quoi ?!

- Dismiser. »

Grâce à ce dernier et à la formule prononcée, l'énergie impliquée dans son assaut se retourne contre lui, le propulsant sur plusieurs mètres, sous les yeux médusés de ses propres lieutenants, des trois compagnons de Densetsu et des derniers Zigriks encore présents.

« Il faut qu'il devienne notre allié ! s'extasie Zatori.

- Une telle maîtrise de son flux énergétique… Elle est supérieure à celle de notre chef. commente Elka.

- Je n'ai jamais vu ça.

- Espérons qu'il le vaincra. » conclut Teru.

La violence que coup qu'a reçu l'ancien conseiller résulte en un crachat de sang. Une chose qui n'a pas vécu depuis longtemps, réveillant même certains souvenirs douloureux.

« Toi qui a reçu une part de l'héritage de notre mère, éjecte le poison qui coule dans tes veines tant qu'il est encore temps. En continuant à l'accepter, tu ne fais qu'aggraver ton cas. L'Interdit ne porte pas son nom par hasard. »

Ne comprenant qu'à moitié ce qu'il lui raconte, encore bien affecté par l'impact qu'il a encaissé comme il a pu, il le vise malgré tout.

« J'ai… Une mission à accomplir... Notre monde mérite... D'évoluer. Vous ne comprenez rien... Mieux, vous refusez de comprendre. »

Lorsque leurs regards se croisent, Ki-Ramen, comme Rajik, aperçoit un œil unique inversé violet. A cet instant, il comprend que tout espoir de le remettre sur le droit chemin est perdu. Lui qui ne voulait pas en arriver à ce stade se sent bien obligé de mettre un terme à sa pauvre vie. Ainsi, il commence à rassembler de l'énergie neutre dans son sceptre. Tout à coup, le Shirenai se tient la tête. Pendant plusieurs secondes interminables, il fait tout ce qu'il peut pour pas que la voix de Yamos ne prenne le dessus.

« Fargresaz ! »

Malheureusement, ce n'est pas assez. Comme possédé, Densetsu charge vers son rival.

« N'y va pas ! » ordonne le Kiyuza.

Pris de court, il n'a point le temps de l'arrêter. C'est alors que, tout à coup, Fumiaki produit de multiples filaments épais d'énergie noire vers lui qui empalent l'assaillant de toute part. Son aura blanche est drainée. Lorsqu'elle atteint son destinataire, l'énergie noire explose. Le corps de Fumiaki n'existe plus, se transformant en une masse géante de feu noir. Toutes les énergies élémentaires existant de manière naturelle à proximité sont absorbées. Une terreur sans égale pétrifie tous les affiliés assistant à ce désastre. Un spectacle horrifique pour l'observateur temporel. Voilà ce qui risque d'arriver si personne n'ose mettre fin à l'existence des enfants de l'Interdit.

« Je dévorerai tout ! Un nouveau monde naîtra ! »

A cause du déséquilibre progressif que cela provoque, des brèches violettes s'ouvrent partout.

« Il sera gouverné par un tout nouveau dieu ! »

La menace est devenue trop sérieuse.L'homme qui sera vénéré encore pendant plus de deux siècles s'avance. Plein de sceaux apparaissent sur son corps et se mettent à briller. Ses yeux deviennent gris. Un léger halo s'échappe. Sentant une puissance incommensurable s'approcher de lui, comme un réflexe de survie, le Zigriktire une multitude boules de feu vers lui.

« Rokmer. »

Grâce à l'application précise d'une pression d'énergie neutre dessus, elles sont comme figées sur place pour ceux qui ne connaissent pas l'existence de cette dernière.

« Léokatyon. »

Puis, en y infiltrant celle-ci et en l'expulsant aussitôt, les attaques du serviteur de Yamos sont désintégrées. Une action qui ne décourage en rien l'homme à l'origine du bordel en cours. L'aura de Densetsu est d'autant plus forcée. La vitesse de drainage s'accélère. La masse noire et les brèches grossissent.Renko et Ki-Ramen perçoivent l'image de l'œil inversé.Les catastrophes naturelles continuent de s'étendre sur tout le Continent. La mer se déchaîne. Les vents balayent tout. Les éclairs frappent en nombre. Des incendies ravagent tout sur leur passage.

« Alors ? On a peur ? Quoique tu fasses, étranger, la fin de votre monde a sonné ! » hurle Fumiaki avec une voix déformée.

Dans les rangs Kiyuzas, l'inquiétude gagne du terrain. Aucun phénomène de ce genre n'a été répertorié dans les récits sacrés. Un homme parmi eux se permet même de retranscrire tout ça sur un parchemin.

« Apportez-moi les réceptacles ! » ordonne Ki-Ramen.

Deux citoyens le rejoignent sans rechigner. Le moment qu'ils craignaient tant va arriver. Ils lui tendent un collier et une bague, ce qui sera appelé artefacts de la légende plus tard : les futurs Hoshaku et Kirioku. Avant de procéder au scellement des créations de l'Interdit, il jette un regard vers le Zigrik.

« Nous ignorons ce qui l'a motivé à aller jusque-là. Cependant, nous pouvons facilement déduire qu'il était déjà souillé avant. »

Puis, envers Densetsu un court instant, sans rendre un quelconque jugement sur lui. Après, une profonde respiration, il tend son sceptre.

« Itiwiyon ! »

Un sceau à la structure et aux symboles plus complexes que tout ce qui sera utilisé plus tard, se reproduit sur les bijoux et le haut de l'objet de culte.Vanka, piquée par la curiosité, l'observe attentivement. Une fois le seuil énergétique désiré atteint,Ki-Ramen fonce vers la masse noire.

« Ne t'approche pas ! » hurle Fumiaki.

Il lui balance un nombre incalculable de filaments noirs.

« Zéréyon. »

Grâce à des mouvements très rapides, tout est esquivé sans grande difficulté. Les lieutenants Shirenais sont stupéfaits, surtout l'affilié à la foudre. Il ne parvient pas à le suivre du regard. Comme une dernière tentative pour le repousser, la masse d'énergie noire produit un énorme jet de flammes fonçant droit vers lui.

« Zéréyon. »

En utilisant une nouvelle accélération plus importante que la précédente, il passe à travers l'attaque du serviteur de Yamos. Puis, il saute et, d'un coup de sceptre, pose le sceau sur l'énorme amas noir. Ce dernier entre en résonance vers celui présent sur la bague. Le Kiyuza transfère toute son énergie neutre autour de Fumiaki et vers le bijou. Malheureusement pour lui, il n'a pas le temps de comprendre ce qu'il se passe quand, tout à coup, il est transporté vers l'objet. La masse rétrécit.

« Non ! » hurle le futur prisonnier.

Dans un élan de désespoir, il tente d'attaquer Ki-Ramen. Le transfert lui inflige quelques brûlures au passage.

« Non !! »

Le Zigrik est alors entièrement absorbé. La pierre arborant la bague devient intégralement noire. Les brèches violettes disparaissent.Densetsu est libéré mais son énergie reste active. Ses blessures se résorbent. A cause du coup que cela impliquait, le Kiyuza est essoufflé.

« Vous étiez à la hauteur de votre titre. » commente Renko.

Le dernier fondateur encore en vie observe les environs.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Où est Fumiaki ? »

Lorsqu'il pose les yeux sur celui qui vient de sauver le monde d'une catastrophe irréversible, en ignorant évidemment ce qu'il vient de réaliser, il se demande s'il l'a tué.Le Kiyuza, malgré le contrecoup du scellement, s'approche de lui. Tout de suite, le Shirenai pense qu'il va être le prochain. Par réflexe, il matérialise une nouvelle lame d'énergie blanche sans être pleinement conscient de comment il y parvient et la tend vers lui. Teru et Zatori veulent lui venir en aide mais une force invisible les bloque.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? exige de savoir l'affilié à la foudre.

- Vous allez le tuer, n'est-ce pas ? Après tout, il le mérite aussi ! Il a cédé à la tentation en accueillant un produit de ce Yamos ! vocifère Renko.

- N'approchez pas ! » hurle Densetsu avec une pointe de panique.

Évidemment, le Kiyuza n'obéit pas.

« Fargresaz. »

Ce mot si significatif, comme pour répondre au stress que ressent le dernier hôte encore présent, renforce son halo blanc. Et, comme les fois précédentes, il se tient la tête.

« Pourquoi as-tu ça en toi ? » lui demande Ki-Ramen.

Cette question surprend son destinataire. En observant attentivement l'expression de son visage, la peur qui habitait l'affilié à la terre se dissipe.

« Je… Je voulais juste protéger les miens… Je voulais protéger le monde que j'affectionne… Lorsque, malheureusement, nous avons découvert comment il a pu accéder à cette... Chose... Et que je n'étais pas certain de l'emporter face à elle, j'ai décidé de l'imiter... Maintenant, je me rends compte à quel point c'était stupide... Si vous voulez m'exécuter pour mes actions, je comprendrai. »

Malgré la sincérité évidente de l'épéiste, le voyageur temporel, l'esprit imbibé par tout le discours transmis par Daigaku et Aritsune, n'en croit pas un mot. Tout à coup, le Kiyuza voit sa peau se raidir. Des rides apparaissent. Ses cheveux deviennent gris, ce qui décontenance le Shirenai et plus particulièrement Renko.

« Qu'est-ce qui vous est arrivé ? réclame-t-il de savoir.

- Tu mérites de vivre. »

Le choix délivré par ce dernier choque encore plus celui qu'il transporte dans le passé. Ki- Ramen pose le sceau sur lui et réenclenche un transfert cette fois-ci vers le collier.

« Qui êtes-vous ?

- Un protecteur de Faironne comme toi. »

L'énergie blanche est totalement transférée à l'intérieur. Le Shirenai retrouve son état normal, pour la grande surprise de ses alliés les plus fidèles.

« Comment avez-vous su pour tout ça ?

- J'aimerais pouvoir éclairer ta lanterne, géomancien. »

Soudain, sa peau perd en volume.

« Mais le temps m'est compté.

- Dîtes-moi votre nom.

- Je m'appelle Ki-Ramen… Émissaire de Faironne et gardien du savoir Kiyuza. »

Le ki restant en lui commence à quitter son corps.

« Ne laissez jamais l'Interdit… Revenir. »

Il s'écroule, mort. Densetsu a les yeux focalisés sur sa dépouille, lui vouant à ce moment un profond respect.

« Pourquoi vous ne l'avez pas tué ?! Il a été un agent de ce Yamos ! » se plaint Renko.

Ses lieutenants arrivent à vive allure auprès de lui.

« Vous allez bien ? demande Teru.

- Oui… Je vais bien…

- C'était qui lui ? enchaîne Zatori.

- Je ne sais pas… Il a juste dit qu'il était comme moi, un protecteur de Faironne.

- Qui ? » poursuit Elka.

- Il nous a tous sauvé… Je crois qu'il voulait dire qu'il protégeait le monde. »

Renko ne prête guère attention à leur conversation. En témoigne son regard, rempli de haine.

« Trouvons les survivants et tuons-les ! Ils doivent payer pour avoir collaboré avec lui ! avance le manieur de feu.

- Non. répond immédiatement son supérieur.

- Pourquoi ?

- Avoir été témoin d'un truc pareil, ça ne sortira pas de leurs esprits. S'ils sont suffisamment intelligents, ils ne le reproduiront pas. De plus, Fumiaki n'a eu aucun gêne à s'en prendre à ses semblables. Je pense que ça suffit largement pour les refroidir. »

Un argument suffisamment solide sur le moment pour qu'aucun ne le remette en cause. Densetsu regarde les Kiyuzas, toujours présents. Intrigué par leur absence totale d'implication dans le conflit, il tente de marcher vers eux. En vain, trop épuisé. Elka le prend et lui permet d'avancer.

« Qu'est-ce que vous voulez faire ? lui demande-t-elle.

- Emmène-moi.

- N'y allez pas. On ignore leurs intentions. recommande Teru.

- C'est un ordre. »

Par dépit, il n'ajoute rien. Les quatre Shirenais arrivent jusqu'au peuple maître de l'énergie neutre. Un froid s'installe.

« Je ne vous connais pas… Mais… En tant que fondateur de Kigen, je tiens à vous remercier. »

Aucune réaction.

« Cet homme… Était votre chef ?... Il m'a dit… Que j'étais un protecteur de Faironne. »

A l'évocation de ce nom, les Kiyuzas sont surpris.

« Pouvons-nous faire connaissance ? » conclut le Shirenai en tendant sa main droite.

Tout juste après ce geste, pour une fois, Renko n'est plus embarqué dans le temps mais emmené un tout nouvel espace, intégralement blanc, traversé par des courants rouges, verts, jaunes, bleus et gris. Il se retrouve face à face avec Ki-Ramen.

« Après ce triste événement, mon peuple, en collaboration avec les Shirenais, cacha les deux énergies. Ils fusionnèrent mon sceptre avec ce qu'il restait de l'unique lieu de culte présent dans le Continent central et lui donnèrent mon nom, sous l'impulsion de cet affilié à la terre. Sans doute, pour me rendre hommage. En errant ici, j'ai voyagé sans cesse dans le temps, passé ou présent. »

Une image des trois compagnons de Densetsu en train de s'en aller, l'un après l'autre est projetée en toile de fond. Zatori partit au Nord, Elka à l'Est et Teru au Sud.

« J'ai appris qu'un accord fut conclu entre cet homme et ses confrères. Ils ne voulaient plus revivre ce qu'il venait de se passer et fondèrent, de leurs côtés, d'autres civilisations. Pour les Shirenais du Nord, ils devaient envoyer leur meilleur guerrier tous les dix ans au centre en échange de toute inaction de leur part pour d'éventuels conflits. Pour les Shirenais du Sud, aucun envoi militaire mais alimentaire. Et, enfin, pour ceux de l'Est, Densetsu a accepté leur absence totale de contribution. »

Puis, une autre image montrant un Kiyuza rejoindre Densetsu au poste de conseiller.

« Un autre accord fut conclu entre les Shirenais et les miens. Une sorte de garde alternée pour préserver le secret du triste événement qui s'était produit. Pendant deux siècles durant, ce système avait fait ses preuves. Aucune menace de l'Interdit réveillée ou nouvelle. Cet homme avait été à la hauteur de ses convictions jusqu'à sa mort. »

Puis, plus rien, juste les courants qui viennent de temps en temps entourer le visiteur.

« Tu connais tout ce qui concerne le passé de ton monde. Tu es ici hors du temps, hors de tout. Tu es le seul à avoir réussi à traverser ça... Pourquoi es-tu là ?

- Je veux protéger Faironne ! Comme vous ! Quelle question ! Surtout après tout ce que je viens de voir !

- Tu nourris pourtant une haine envers cet homme qui, en utilisant le mal, voulait le bien. Tout n'est pas manichéen, jeune Kiyuza. Parfois, il existe un juste milieu. Ni bon, ni mauvais. Un arbitrage extrême n'amène que des situations extrêmes.

- Pourquoi ça a mal tourné ? Ces énergies sont encore là ! On tolère leur activité ! Alors, qu'à tout moment, elles peuvent ramener Yamos et détruire Faironne ! Ce n'est pas ce que vous voulez, n'est-ce pas ? »

Face à cet argument, le plus célèbre représentant de son peuple n'ajoute rien.

« Il faut que quelqu'un agisse ! Et si je dois mourir comme vous pour y arriver, je le ferai ! »

Un petit silence s'installe, durant lequel celui surnommé l'émissaire de Faironne réfléchit. Alors que quelques courants le frôlaient, Renko se met à violemment les repousser.

« Personne ne devait connaître leur existence excepté mon peuple et les descendants de cet homme. Depuis le malheureux événement que tu as vu, les miens décidèrent qu'en aucun cas, sauf situation contraire, ils ne se mêleraient de près ou de loin à ce qu'il se passe avec les êtres aptes à manier les forces léguées par notre chère mère. Notre doctrine a toujours été la même. Nous servons Faironne. Nous perpétuons son héritage et préservons sa mémoire. Nous avons donné notre confiance.

- Ils ont trahi votre parole ! Parfois, le juste milieu ne suffit plus. Laissez-moi finir votre travail. Quoiqu'il arrive, notre magnifique monde ne s'effondrera pas. » supplie-t-il en lui tendant la main droite.

En le fixant attentivement, l'homme que tout Kiyuza vénère perçoit, malgré la colère évidente, une tristesse profonde, quasiment identique à ce qu'il avait pu entrevoir chez Densetsu. Après tout, cet affilié à la terre avait tenu sa parole. Entre sa mort et le temps où vit son visiteur, quelque chose a du mal tourner. De plus, savoir que les deux enfants de l'Interdit vivent actuellement de manière tout à fait normale alors que ça ne devrait pas être le cas. Avec ce qu'il a pu constater, à n'importe quel moment, tout peut s'emballer à nouveau et provoquer un déséquilibre énergétique pire que le précédent.

« Jeune Kiyuza, n'oublie pas qui tu es et quel est ton devoir.

- Je vous le jure. »

Convaincu, il se laisse totalement disparaître. Les courants s'effacent. Les pupilles de l'épéiste à l'énergie neutre disparaissent. A l'intérieur de la grotte, depuis son départ dans le temps, son corps flottait au milieu de la pièce. Tous les sceaux présents viennent s'incruster un à un dans le corps du Kiyuza. Le symbole correspondant se dessine sur sa peau. Alors que quelques-uns venaient à peine d'intégrer son être, un symbole d'œil non-inversé apparaît sur son front. Son halo est activé.

« Yamos… »

Il ouvre les yeux.

« Ne reviendra pas ! »

C'est alors que, à cause de la quantité déjà impressionnante de ki présente en lui, il émet une puissante onde. A l'extérieur, les escaliers se fissurent. En fonction du talent éveillé chez lui, chaque citoyen la ressent de manière différente. Certains ont des nausées. D'autres ont failli chuter. Ou encore d'autres subirent une brève paralysie. Les seuls immunisés par tous les symptômes que connaîtra la population sont le vénérable et Rajik. Le premier, dû à son rang qui exige une maîtrise très avancée du ki et une élévation assez particulière, ne ressent rien du tout. Pour l'amoureux des combats, c'est tout le contraire. Une chaleur puis un froid intense. Des tremblements puis des crampes. Une douleur indescriptible. Ses sens sont en alerte. Quelque chose de grave vient de se produire.